lundi 17 mars 2008

Embrasement à Bordeaux en 1863 : pétrole en feu sur la Garonne .


La gravure ci-dessus représente de nombreux voiliers : des trois-mâts , en flammes au milieu du fleuve, la Garonne, et en premier plan en bas de la vue, à gauche, la foule sur les quais et toutes les petites embarcations surchargées de naufragés .

Ce fut un spectacle d'apocalypse ( fin du monde, tragédie irréelle) , de voir l'incendie du port de la ville . Sa description à posteriori ( à la suite de l'évènement, après, ultérieurement ) ne peut se réaliser sans qu'une poignante (bouleversante) émotion surgisse encore dans les esprit, malgré des souvenirs vieux de presque un siècle et demie . La grande conflagration (embrasement, explosion violente) allumée sur la Gironde par des navires chargés de Pétrole fut dantesque . Des flammes, qui semblaient sortir des eaux, enveloppaient les silhouettes des bâtiments condamnés, qu'on avait abandonnés à leur voracité .
Elles s'élançaient jusqu'aux nuages avec d'affreux grincements sinistres, en quelque sorte ironiques, comme si elles tournaient en ridicule les moyens restreints dont disposait la ville pour combattre de si épouvantables calamités (malheurs) .
Entassée, ramassée sur les quais, la population suivait d'un oeil épouvanté cet effrayant et impressionnant brasier en observant les péripéties (rebondissements ) de ce drame insolite, inattendu et déconcertant . Elle regardait, avec un morne désespoir, les pompes à vapeur arrosant sans relâche les maisons, que la chaleur intense et extraordinaire des foyers allumés dans le voisinage avait à moitié carbonisées .

L'histoire des causes de la catastrophe est aussi instructive que lamentable . Le 28 septembre, un navire belge, le Comte-de-Hainaut, entrait en rade, chargé de 1400 caisses d'essence et de cent barils d'huile . Un chaland, la Sainte-Trinité, était bord à bord, occupé au transbordement du Pétrole . La nuit survenant, le douanier qui était chargé de donner le permis de circulation demande une lumière . Un mousse de la Sainte-Trinité s'empresse de le satisfaire . Pour y parvenir, l'enfant frotte une allumette sur sa vareuse . Aussitôt éclate une explosion formidable. Mousse, patron et douanier sont précipités dans le fleuve .
Ce qui était sage, c'était de remorquer la gabarre (embarcation généralement plate, servant au transport des marchandises, au chargement et au déchargement des navires) incendiée dans le bas du fleuve, où elle aurait brûlé sans danger .
Le capitaine du port s'avise d'échouer le brûlot (bâtiment chargé de matières inflammables et explosives, et destiné à porter l'incendie et la destruction à d'autres vaisseaux) sur un banc de sable . Mais la Sainte-Trinité brûlait encore quand la marée se mit à monter . Voyant que la Sainte-Trinité va être mise à flot, et remonter vers Bordeaux, le capitaine du port ordonne de saborder ( faire sauter pour envoyer par le fond, détruire, couler) le navire . Hélas ! au lieu d'un seul brûlot il y en eu ( il s'en produisit) une multitude, qui portèrent partout la désolation . Toute la flotte commerciale qui garnissait la Garonne aurait disparue si les Abeilles ( petits remorqueurs) n'avaient fait évader ( tirer au loin ) une multitude de navires, et si des héros, dont le nom est resté inconnu, n'avaient affronté le fleuve de feu pour couler une à une les caisses encore intactes qui nageaient (flottaient , entraînées par le courant) dans l'eau du fleuve .

Voici une narration circonstancielle de ces évènements terribles , qui ont fait partie des annales recensant les grandes catastrophes des débuts de l'aventure du Pétrole .
Elle constituera un exemple, pour certains des lecteurs de notre site, d'une description équilibrée d'évènements séquentiels, et pour les autres, elle permettra de constater que les débuts de l'aventure pétrolière ne furent pas dépourvus d'incidents majeurs, aux effets et aux conséquences considérables . Bien à vous, Gerboise .

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