lundi 28 septembre 2009

Imagination, Irrationnel et Esprit critique, voici des inconcilliables incompatibles . Deuxième partie : suite du Vendredi 18 Septembre 2009 .

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Voici l'épilogue du livre du Professeur Guy Lazorthes : L'Imagination, Source d'irréel et d'irrationnel, Puissance créatrice .

- L'homme, éternel questionneur,

ne se contente pas de l'observation et de l'étude des phénomènes ; il veut savoir de quelle réalité plus profonde ils sont révélateurs, savoir et comprendre ce qui est, et ce qu'il est .

La supériorité de son cerveau par rapport à celui de l'animal vient de qu'il est source non seulement de pensée rationnelle mais aussi d'imagination grâce auxquelles il formule des hypothèses, découvre des mécanismes et réalise des œuvres .
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Sa rationalité toute-puissante et son imagination féconde ne sont pourtant pas capable de lui fournir des réponses précises et assurées aux questions angoissantes du pourquoi et du comment de l'Univers, de la Vie et de l'Homme ... Croire au pouvoir de la Science d'atteindre un jour la Réalité est aussi insensé que de vouloir découvrir des mystères du monde dans les textes sacrés ...


- La raison n'appréhende la Réalité ni dans sa complexité, ni dans sa diversité .
Le savant sait que ses observations et ses déductions sont pour une part subjectives car limitées par les capacités incomplètes et incertaines de ses sens et de son cerveau . Il sait aussi que son raisonnement se heurte à des frontières infranchissables . Il est toutefois persuadé que les principes et les causes ignorés à ce jour obéissent à la rationalité .

La pensée scientifique classique, nous rappelle Edgar Morin [ La crise de la rationalité, Ac. Sciences Morales et Politiques, 21 Mai 1979 ; Science avec conscience, Fayard, 1982 ; Vers un nouveau paradigme, Sciences humaines, n° 47, 1995 ], s'est édifiée sur trois piliers que sont

" l'ordre ",
la " séparabilité " ,
la " logique inductive et déductive identifiée à une raison absolue "
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Les assises de chacun de ces piliers sont aujourd'hui ébranlées : tout désordre était considéré comme le fruit de notre imagination provisoire ; or l'idée d'un ordre universel a été mise en cause en micro-physique en cosmophysique, en physique du chaos ... Les idées d'ordre et de désordre cessent de s'exclure .

la notion de séparabilité correspond au principe cartésien selon lequel il faut pour étudier un phénomène ou résoudre un problème les décomposer en éléments simples ; or l'objet de nombreuses études est constitué par les interactions entre éléments et non par leur séparation . Le réductionnisme est critiqué : les fonctions du tout ne correspondent pas à celles des parties, celle du cerveau pas à celles des neurones .

La raison absolue repose sur les principes d'induction et de déduction ; nous ne pouvons pas nous en passer mais elle n'est pas l'instrument de la preuve et de la certitude ; l'imagination vient souvent à son aide .

La Science révèle un Univers de plus en plus complexe, à la fois compliqué dans l'instant et de surcroît évolutif dans le temps . Il n'est ni simple, ni répétitif .
Un phénomène n'est pas définissable exactement et réellement par un nombre fini de mots et de signes, pas plus que ne le sont les mouvements de la mer à chaque point de sa masse ; les données causales sont innombrables .

La Science entame chaque jour l'inconnu, mais il persistera toujours des incertitudes et un inconnaissable sur les grandes questions de l'Univers et de la Vie : Origine et Devenir .


Ce qui est encore inconnu ne peut pas être irrationnel .

L'association de la Science et de la Magie est absolument rédhibitoire ( qui constitue un défaut, un empêchement absolu, radical) en ce XXe siècle, alors qu'au XVIIe siècle, Johannes Képler, qui avec Galilée découvrait les fondements de la science moderne, était à la fois astronome de génie et astrologue convaincu .

Le vrai scientifique doit garder l'esprit ouvert ; il ne doit pas nier systématiquement les idées nouvelles .

L'origine des météorites divisait les savants au XVIIIe siècle et du début du XIXe . Comment une pierre pouvait-elle tomber du ciel ? Lavoisier le niait : " Aucune pierre ne peut tomber du ciel parce qu'il n'y a pas de pierre dans le ciel " ! Les découvertes de Galilée, Newton, Darwin, celles de la circulation du sang, de la radioactivité, de la vaccination ... ont été niées .

A l'annonce d'une découverte, on constate souvent trois réactions successives :

" Ce n'est pas vrai " ,
" Ce n'est pas important " et enfin
" Ce n'est pas lui " ... ou
" on le savait " .

Il ne faut pas refuser a priori ce qu'on n'explique pas en l'état actuel des connaissances ; on ne peut pourtant pas tout admettre sans esprit critique et surtout pas créer la confusion en mêlant des faits rationnels et démontrés, avec ceux qui, sortis de l'imagination, sont folles fantasmagories et délirantes élucubrations . L'irrationnel est incompatible avec la rigueur scientifique .

- Les hommes naissent égaux ; il est de bon ton de le déclarer .

Égaux, il appartient à la société qu'ils le soient sur le plan de leurs droits et de leurs chances de réussite . En fait, ils ne le sont pas du point de vue morphologique pas plus que des points de vue biologique, psychique et affectif .

Le départ dans la vie se fait dans l'inégalité .

Certains sont beaux et forts, d'autres sont laids et difformes . Certains sont plus ouverts aux sciences, d'autres à la musique ou aux arts, d'autres aux langues ou à l'éloquence, d'autres aux travaux manuels .

Certains ont un esprit rationnel, d'autres vivent dans l'imaginaire .

Le regard de chacun d'entre nous diffère . Le même spectacle, le même objet contemplés par un peintre, un naturaliste, un physicien, un poète, un médecin, un prêtre, sont enregistrés, analysés, décrits, racontés de façon différente .

Quelques-uns, heureusement les plus rares, paraissent ne faire intervenir dans leurs pensées et leur comportement ni la raison, ni l'imagination ; ils ne se posent pas de question sur leur origine, sur leur raison d'être, sur leur devenir ; ils naissent, ils vivent au jour le jour, ils se nourrissent, ils s'accouplent, ils ont des joies animales, ils meurent . Tels sont probablement les primitifs, mais aussi nombre de nos contemporains .

D'autres sont dominés par une imagination débordante que ne tempère aucune pensée rationnelle . Ils croient aux forces surnaturelles, cherchent le secours dans les pratiques irrationnelles . L'ère de l'énergie atomique, de la navigation cosmique, des ordinateurs de plus en plus perfectionnés, est aussi celle des horoscopes et des guérisseurs . Beaucoup d'esprits sont des proies faciles pour les illusionnistes et les mystificateurs .

D'autres ont des pensées et des actions inspirées et réglées par la seule rationalité .
Pour eux, rien n'est mystérieux, ni divin . La science découvrira un jour le comment et le pourquoi de l'origine du Monde et de l'Homme qui n'est qu'un simple chaînon de l'évolution animale né par hasard et sans avenir spirituel .

Viennent enfin ceux qui, armés " d'esprit de finesse et d'esprit de géométrie " , comme disait Blaise Pascal, mettent en œuvre toutes leurs facultés, du plus strict raisonnement à l'aléatoire mais féconde imagination pour aborder les mystères de l'Univers et de la Vie et pour régler leur façon de penser et de vivre .


- Notre raison doit limiter ses exigences à la connaissance des faits et aux données phénoménales du monde sensible, c'est-à-dire qui ont pour base les témoignages de nos sens .

- Notre vue est partielle et inachevée .
- Nous n'atteignons pas le fond des choses .
- Les théories actuelles sur l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie ... sont des constructions de notre esprit ; elles peuvent être effacées par d'autres .
- Des concepts nous échappent ; nous tombons dans l'illusion lorsque nous prétendons enfermer dans le rational les idées de l'immortalité de l'âme, de l'existence de dieu, de l'infini, de l'éternel ... ou de simples concepts d'esthétique que ne régissent pas des lois .

" Notre cerveau étroit est fait pour le monde de tous les jours à notre dimension " [ Jean Hamburger, La Raison et la Passion, Seuil, 1984] .

L'imagination est appelée à l'aide lorsque nous tentons de prophétiser l'avenir . Elle est aléatoire .

En 1938, un questionnaire sur ce que serait la société de 1958 fut présenté à un groupe de savants ... Dans les réponses, il ne fut évoqué ni la télévision, ni le transistor, ni l'ordinateur, ni le laser, ni le nucléaire, ni l'avion à réaction, ni les découvertes médicales antibiotiques ... Combien de savants prophètes se sont ainsi ridicularisés . Les capacités d'imagination et de clairvoyance ne sont pas donné à tous et les circonstances sont plus ou moins favorables . Léonard de Vinci, Jules Verne furent d'exceptionnels génies .

Dans l'infiniment grand et dans l'infiniment petit, nous rencontrerons toujours des frontières infranchissables et inimaginables à notre échelle .

Notre savoir de plus en plus lourd de connaissances n'est rien par rapport à tout ce que nous ignorons .

Notre pouvoir accru dans les dernières décennies est des plus relatifs . Les victoires sur les maladies qui pour nous, êtres chétifs, méritent d'être magnifiées, ne sont que retard de la mort . La victoire sur l'attraction terrestre qui pour nous, êtres rampants, est bouleversante n'est que saut de puce à l'égard de l'infini du temps et de l'espace . Même si un jour l'Homme parcourt le Cosmos sur des vaisseaux spatiaux, il ne sortira jamais de l'immensité du système solaire .

Même s'il augmente considérablement le pouvoir de ses sens et de son cerveau grâce à des appareils amplificateurs, ses représentations mentales se heurteront toujours à l'incertain, à l'inaccessible, à l'inconnaissable .

Tout ce à quoi nous attribuons de l'importance n'en a que pour nous et pour le moment échu ... Une vie humaine même très longue est un instant entre deux éternités ; elle est éphémère par rapport à l'histoire de l'Homme, qui n'est elle-même qu'un point et un moment dans l'Univers infini .

Que cet inconnaissable n'entame pas notre curiosité, notre raison, notre passion, notre imagination .

Devant le fantastique spectacle de l'Univers, devant le mystère de la Vie, nous sommes à la fois animés par le désir de savoir et de découvrir, et par des pensées lyriques et métaphysiques tout domaine où l'imagination est reine . Elle n'est pas seulement utile à l'écrivain, au peintre à l'ingénieur, au chercheur, mais à tout homme . Elle permet de progresser, de trouver des solutions nouvelles . Mais elle doit toujours être soumise à la raison sinon elle peut égarer et conduire à la fantaisie, à l'utopie, à l'irrationnel .

Nous espérons que le réalisme de Guy Lazorthes sera pour vous un point d'ancrage pour ne pas vous perdre entièrement dans les profondeurs de l'infini des possibilités de Réflexion de notre " Entendement ", de notre compréhension du monde qui nous entoure, dans lequel nous sommes intégralement immergés et dépendants.

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

mardi 22 septembre 2009

Premières clartés du matin : Paul Verlaine ~ Chanson d'Automne , Sagesse ~!Réflexions sur le fait de faire de son esprit une boutique d'Apothicaire !


Café Le Cloporte, 13 Rue de l'Ancienne Comédie à Paris.

Ce billet sera le premier d'une série concernant les faits, les facteurs et les éléments divers, qui contribuent au cours du temps [ la durée de la vie d'une personne, d'un être humain], à :

- à faire diminuer progressivement ou brutalement la qualité de sa Réflexion, de son esprit critique, de sa présence d'esprit : éléments qui seraient responsables d'une réflexion déficiente, d'une acquisition des Savoirs ,qui deviendrait de plus en plus difficile , ces derniers devenant médiocres et même parfois , totalement absents .

C'est un premier point de vue concernant cette situation : une disparition progressive, la destruction, d'une qualité !

- mais il existe toujours une deuxième possibilité responsable de cette carence : c'est dans notre situation, dans ces circonstances, le manque d'éléments intrinsèques et/ou extrinsèques qui servent à les forger dès l'enfance en particulier la genèse progressive de la réflexion .

C'est dans l'ordre des choses en ce monde : lorsqu'une matière, un objet, un phénomène, une propriété, un concept, un être, apparaît [ou disparaît] il y a, il existe toujours deux ou plusieurs sortes de possibilités .

1 - Celles qui dépendent de la genèse, d'une élaboration de la chose ,

2 - Celles qui sont à l'origine de sa disparition, de son extinction, de son élimination .

Dans le premier cas : Absence de synthèse, de formation. Les conditions de genèse, de croissance, de développement ne se sont pas produites .

Dans le deuxième cas : présence, action d'éléments de destruction, d'instabilité, de transformation . Les conditions d'épanouissement, de prolifération cessent et la disparition est inévitable ; des facteurs négatifs vont agir et être à l'origine de la décrépitude, dans des conditions néfastes .

D'où ce conseil impératif, utile en toute circonstance :

Ne pas "se jeter " immédiatement sur la première et seule idée venue à l'esprit, mais penser à la nécessité absolue,de réfléchir à toutes les autres possibilités, éventualités, hypothèses ...

Ce type de comportement éviterait bien des déboires, des échecs et des erreurs bien regrettables conduisant la plupart du temps à des désastres de toute nature .

Dans le cas présenté ici de Paul Verlaine, ce grand poète : un esprit et un corps bien " construits " en sa toute première jeunesse, se sont " altérés, dégradés, aliénés, avilis, dépravés " au cours du temps, sous l'emprise des excès alcooliques ...

Quel gâchis ! ( Situation désastreuse, échec total)

Nous serons amenés à présenter des exemples de cas inverses dans lesquels les circonstances de l'enfance ont été défavorables à l'édification, à la construction d'un esprit ouvert, curieux, vif, audacieux et bien "rempli , garni " ; mais par contre plus tard , où certaines conjonctures ( situations qui résultent d'une rencontre de circonstances favorables ) de la vie adulte seront le point de départ d'une nouvelle situation propice à l'essor de l'esprit .

Quelles perspectives de bonheur !
( Situations favorables à la création, réussite sans limites)

Voici deux poèmes de Verlaine :


Chanson d'Automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte .

Déchéance, décrépitude ...

...Verlaine n'est pas aussi noir que la légende l'a décrit . S'il a été malheureux, s'il l'a toujours été, on s'en apercevait quelquefois à ses mutismes soudains, à ses sauvageries, qui étaient plutôt de la timidité de chat échaudé, dès qu'il a pu surmonter inquiétudes et regrets, nul homme plus avenant, plus gai, plus obligeant que ce rude . Il parlait beaucoup, disait tout, parfois brutalement, presque toujours d'une façon amusante . Il riait de grand coeur et sans fiel .

Le " qu'en dira-t-on " , les rumeurs méchantes, lui avaient mis aux mains une lyre murale dont les cordes ressemblaient fort à des barreaux . Les barreaux , Verlaine les assumaient . Ce furent les galons et les chevrons d'un poète errant, d'un philosophe honnête quand même, à travers toutes tentatives et en dépit de tel tempérament infernal .


Sagesse ...

Bon chevalier masqué qui chevauche en silence .
Le malheur a percé mon cœur de sa lance .

Le sang de mon vieux cœur n'a fait qu'un jet vermeil .
Puis s'est évaporé sur les fleurs, au soleil .

L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche .

Alors le chevalier Malheur s"est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché .

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure .

Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un cœur me renaissait, tout un cœur, pur et fier

Et voici que, fervent d'une candeur divine .
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or je restais tremblant, ivre, incrédule un peu .
Comme un homme qui voit des visions de Dieu .

Mais le bon chevalier, remontée sur sa bête .
En s'éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria [ j'entends encore cette voix] :
" Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois . "

J'avais peiné comme Sisyphe
Et comme Hercule travaillé
Contre la chair qui se rebiffe .

J'avais lutté, j'avais baillé
Des coups à trancher des montagnes .
Et comme Achille ferraillé .

Farouche ami qui m'accompagnes .
Tu le sais, courage païen .
Si nous en fîmes, des campagnes .

Si nous avons négligé rien
Dans cette guerre exténuante .
Si nous avons travaillé bien !

Le tout en vain : l'âpre géante
A mon effort de tout côté
Opposait sa ruse ambiante .


Fléau, calamité qui s'abat sur un homme !


C'est, disait-on à l'époque, lors de la conquête de l'Algérie, que l' absinthe était ( liqueur alcoolique verte, nocive, faite avec une plante aromatique amère, en vogue à l'époque) cette " Sorcière verte ", source de folie et de crime, d'idiotie et de honte ( sa fabrication a été effectivement interdite par une loi en 1915) .

C'est elle qui tuera lentement le poète comme elle a tué, diminué ou rendu folle toute une génération d'intellectuels . Pour tous ceux qui, comme Verlaine, guettaient " l'Heure Verte " tant attendue dès les cinq coups d'horloge, haïe et adorée à la fois, offrait avec les sortilèges de ses paradis artificiels un sursis empoisonné .

Être ivre, oublier les réalités sordides, les bassesses humaines, la misère, oublier la solitude ! Aimer et être aimé . Être un autre dans un autre monde . L' Absinthe pour Verlaine c'était aussi cela : un songe pour initié .

Nous pourrions nous interroger sur la possibilité d'éradiquer les méfaits des drogues de toutes natures, matérielles , morales,ces dernières liées au langage ,aux écrits, aux images , mutilés , trompeurs ; nos anciens du XIXe siècle, raisonnables , avaient réussi à faire disparaître cette " Tueuse verte ! "

. Pourquoi ne pas utiliser les mêmes armes de nos jours ?

Le Savoir et la Réflexion de tous, biens parmi les plus précieux, inestimables , les plus utiles, mais les plus mal partagés, et incorrectement répartis pour les êtres humains que nous sommes, pourraient progresser harmonieusement pour le bien de l'Humanité !

Cordialement, bien à vous, Gerboise .


vendredi 18 septembre 2009

Imagination , Irrationnel et Esprit critique, voici des inconciliables* incompatibles** .

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* inconciliable, : concilier, faire aller ensemble ce qui était très différent, contraire ; **incompatible : qui ne peut coexister, être associé avec une autre chose.

Voici un livre qui va nous amener à réfléchir sur un sujet qui se situe au cœur, au plus profond de l'âme humaine et qui concerne des comportements plus fréquents que nous pouvions l'entrevoir au premier abord . Il s'agit de :

L'imagination Source d'irréel et d'irrationnel , Puissance créatrice , écrit par Guy Lazorthes ,né en1910, publié aux éditions ellipses ,à Paris en 1999 dans la collection Culture et Histoire [ 10 euros !] .

Guy Lazorthes est Professeur d'Anatomie et de Chirurgie du Système Nerveux . Ses recherches ont porté essentiellement sue la vascularisation et la circulation du cerveau et de la moelle épinière . Il a été doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Toulouse . Il est membre de l'Institut [Académie des Sciences] et de l'Académie Nationale de Médecine .

Voici l'avant-propos de l'éditeur situé au verso de la couverture de l'ouvrage :

" L'homme, éternel questionneur, ne se contente pas de l'observation et de l'étude des phénomènes : il veut savoir de quelle réalité profonde ils sont révélateurs, comprendre ce qui est et ce qu'il est .

Armé de son intelligence, de son affectivité, de sa mémoire, son esprit s'exprime par deux facultés principales : la raison et l'imagination .

Ces deux facultés, parfois antagonistes mais complémentaires, forment un couple contrasté .

Cet ouvrage dresse un tableau de l'imagination, propre à l'homme et au coeur de l'humanité, en quatre volets (étapes) :

- l'imagination dans l'histoire culturelle, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours ;

- l'imagination comme source d'irréel et d'irrationnel, au croisement des songes, des mensonges, des mythes, des mythologies, de la magie et des sciences occultes ;

- l'imagination comme puissance créatrice dans les œuvres littéraires, artistiques et scientifiques ;

- l'imagination dans l'abord de infiniment grand ( l'espace sidéral ) et petit (l'atome) , et de infiniment complexe (en parlant des choses abstraites, qui n'est pas simple, qui embrasse un grand nombre de parties diverses, entremêlées et parfois hétérogènes, formant un tout physique ou psychique) .

Cet ouvrage sera lu avec profit par tout lecteur " honnête lecteur " dans le cadre de sa culture générale . Étudiant en facultés de médecine, de pharmacie, de sciences humaines et sociales . Préparationnaires des concours des grandes écoles, futurs infirmiers ... et par tout être humain épris d'honnêteté ( elle implique le respect de ses engagements, dans quelque domaine que ce soit, que l'on ne cherche pas à tromper autrui et soi-même : honnêteté scrupuleuse ) , d'intégrité ( débattre de l'intégrité d'une personne suppose qu'elle est d'une probité totale, que tous ses actes sont irréprochables : intégrité d'un magistrat, d'un jury) et de probité ( c'est le respect exact des obligations qu'impose l'honnêteté et, en outre, l'idée que l'on a de la justice qui définit cette probité de quelqu'un : c'est un être d'une grande droiture, on ne peut pas douter de sa probité ) ."

Nous aimerions reproduire sa conclusion [elle est cinglante, mais réaliste] qui concerne le troisième point[ La magie et les sciences occultes] de la deuxième partie[volet] du livre [ L'imagination source d'irréel et d'irrationnel] .

" La raison a beau crier, l'imagination a établi dans l'homme une seconde nature "
Blaise Pascal , Pensées .

Voici cette conclusion admirable du Professeur Guy Lazorthes , cette méditation, [cette Réflexion, ces Savoirs] , cette préoccupation éthique, humanitaire, sociale, compréhensible, légitime, qu'il laisse percer , entrevoir, apparaître, dans ce texte qui est d'un immense intérêt pour nous tous !

" Le marché de l'irrationnel (qui n'est pas du domaine de la raison) est aujourd'hui florissant . Les phénomènes para-normaux fascinent . Jamais les occultistes ( adeptes des sciences occultes et des pratiques qui s'y rattachent) de tout acabits ( catégories) n'ont été aussi nombreux et aussi variés : mages, illusionnistes, hypnotiseurs, théosophes ( adeptes de la théosophie : nom générique de diverses doctrines, imprégnées de magie et de mysticisme, qui visent à la connaissance de Dieu) , guérisseurs, radiesthésistes, spirites ( personnes qui évoquent les esprits) , astrologues, pythonisses ( prophétesses, voyantes) , voyantes ...
pullulent .

Une abondante et inépuisable littérature sur le fantastique et sur l'occultisme ( ensemble des sciences occultes : doctrines et pratiques secrètes faisant intervenir des forces suprasensibles qui ne sont reconnues ni par la religion, ni par les sciences exactes, rationnelles) connaît un grand succès ; un ouvrage de Nostradamus (médecin et astrologue français, 1503-1566, célèbre par son recueil de prédictions ) a pulvérisé les records d'édition . Un festival du film sur les phénomènes paranormaux a lieu tous les deux ans .

Des personnes sensées, apparemment raisonnables et instruites, sont inhibées ( paralysées) par la superstition, croient aux " esprits " et font confiance aux thaumaturges ( faiseurs de miracles, magiciens) .

On ne peut pas en vouloir aux ignorants de confondre science et illusionnisme ; l'homme est par nature mu par un besoin d'évasion vers le merveilleux, le fantastique, même l'absurde .

On supporte par contre mal que ceux qui ont la possibilité de savoir, et ceux qui savent, aient si peu d'esprit critique .

Une prétendue " science nouvelle " ou " science parallèle " ? est opposée à ce qui est appelé " science officielle des savants rationalistes " ! Comme si une science pouvait être ou ne pas être officielle et comme si des savants pouvaient être irrationnels !

En fait, on a tord de croire à la généralisation du bon sens et du savoir .

La naïveté ( état d'une personne qui est pleine de confiance et de simplicité par ignorance, par inexpérience) et la crédulité ( grande facilité à croire , état d'une personne crédule: qui a une confiance aveugle en ce qu'elle entend ou lit) sont des permanences de l'esprit humain.

L'ignorance des faits les plus élémentaires dans laquelle vivent beaucoup, même dans les milieux les plus évolués, est attristante .

D'un sondage commandé par le Centre National 'Études Spatiales, il résulte qu'à la question " Est-ce la Terre qui tourne autour du Soleil ou l'inverse ? " , un français sur quatre répondit : c'est le Soleil qui tourne autour de la Terre : Copernic et Galilée ont dû sursauter dans leur tombe ! Pas moins de 35% des Français croient aux soucoupes volantes et aux extraterrestres ...

" Rien mieux que la bêtise humaine ne donne l'idée de l'infini " [ Ernest Renan] .

Le fait nouveau est que le monde de l'étrange (ce qui est très différent de ce qu'on a l'habitude de voir, d'apprendre ; qui étonne, surprend) se veut scientifique . Les arts magiques tentent de prendre l'apparence de sciences authentiques : des astrologues prétendent rendre leurs prévisions plus " scientifiques " en utilisant un ordinateur ; Les magiciens s'efforcent de cumuler les avantages du prestige de la Science et ceux du mystère . Les illusionnistes, qui transmettent la pensée à distance, tordent les objets ou communiquent avec les esprits... n'avaient pas la prétention de ceux qui se baptisent parapsychologues et qui bâtissent des hypothèses prétendues scientifiques .

Les " fausses sciences " occultes ont pénétré dans certaines sphères officielles . " Depuis quelques années, écrit Jean Bernard, [L'Homme changé par l'Homme, Buchet-Chastel, 1973] , la magie cherche à revêtir une robe scientifique ... C'est ainsi que sont préparés d'horribles mélanges où se trouvent associés la sagesse hindoue, la Caverne de Platon [ allégorie exposée par Platon dans le livre XII de La République] , William Blake [ Poète, peintre et visionnaire du XVIIIe siècle ] , l'électroencéphalographie, les réflexes conditionnés, les enzymes les plus raffinés, les rythmes circadiens (se dit d'un rythme biologique qui s'étend sur une durée d'environ vingt-quatre heures) , les champs magnétiques ... "
Ainsi s'étend une magie neuve, enveloppée des oripeaux (vêtements voyants et excentriques, vieux habits) d'une pseudo-science . Elle envahit certains laboratoires ;

rien de plus naïf qu'un savant dans un domaine qui n'est pas le sien ... ( hélas, oui !)

La nature est toujours de bonne foi dans les laboratoires ; cela explique que d'authentiques scientifiques acceptent avec une crédulité d'enfants des pseudo-faits de télépathie et de radiesthésie .

Les moyens d'information : presse, radio, télévision, accordent beaucoup d'attention aux phénomènes dits " paranormaux " . Il serait dans leur rôle au contraire de faire comprendre ce que sont la connaissance et la rationalité .

Ils maintiennent la confusion en mêlant le vrai et l'illusion, le prouvé et l'imaginé .

Comment pourrait-on le leur reprocher ? Le Colloque de Cordoue organisé par France Culture [Octobre 1979] , qui fut une sorte de rencontre officielle de la science et de l'irrationnel, constitue un insupportable mélange de genres . Il a réuni des psychologues, des spécialistes des doctrines extrême-orientales et des physiciens . Olivier Costa de Beauregard déclara :

"Les phénomènes fondamentaux de la para-psychologie sont logiquement impliqués par le formalisme de la mécanique quantique [ théorie des quanta, ensemble des théories ~de la lumière, des atomes ~ et des procédés de calculs issus de l'hypothèse des quanta ~valeur discontinue à laquelle correspond une manifestation d'énergie ~] et de la relativité [ d'Einstein, 1905, selon laquelle certaines lois physiques se conservent dans des systèmes en mouvement relatif les uns par rapport aux autres, mais non dans tous . La relativité a remis en question la conception de l'espace et du temps ]. "

Il parla d'un " télégraphe spatio-temporel " qui rendrait possible la voyance aussi bien dans le passé que dans le futur, c'est-à-dire la précognition ... !! Quel charabia ! Tout au long de l'année 1980, d'innombrables articles, émissions, ont évoqué cette rencontre ; certains pour en faire un événement unique par le fait qu'il représenta le dialogue de différents modes de pensée jusque-là coupés les uns des autres ; d'autres, dont Alfred Kastler [ professeur physicien alsacien, 1902-1984, membre de l'Académie des sciences, 1964, Prix Nobel de Physique en 1966] et Jean-Claude Pecker [ , 1923 -, Astrophysicien français, professeur au Collège de France, membre de l'Académie des Sciences ; en 2005, il a reçu l'International Humanist Award, délivré par l'international Humanist and Ethical Union ] ~ " Le flou, le ténébreux, l'irrationnel " , Journal Le Monde, Dimanche 14-09-1980~ pour en contester la qualité et l'honnêteté scientifique, pour déplorer la publicité qui en fut faite et pour critiquer la participation de vrais scientifiques .

La science vit-elle en une crise due à son excès de rationalisme ?
Est-elle sur le point de prendre en compte ce qui, jusque-là, était magie ?

L'affirmation de Max Born ,1923 [ Physicien allemand, 1882-1970, puis britannique,en 1939, théoricien exceptionnel, Prix Nobel de physique en 1954 ] , selon laquelle au niveau des particules infiniment petites on ne peut que prédire des probabilités, l'énoncé du " principe d' incertitude " par Werner Heisenberg [ 1901-1976, physicien allemand, Prix Nobel de physique en 1932, un des fondateurs de la mécanique quantique en 1925, avec l'autrichien Erwin Schrödinger et le Français Louis de Broglie, Prix Nobel de physique en 1929, membre de l'Académie des Sciences en 1933 ] et la déclaration de Niels Bohr selon laquelle la matière ne peut être décrite comme elle est en elle-même mais comme elle apparaît, ont fait mettre en doute le principe du déterminisme universel qui conditionnait aussi bien le mouvement des astres que la chute des corps .

Einstein ne peut se résoudre à sa perte : dans un article fameux en 1935, il s'exclama :

" Dieu ne peut pas jouer le monde aux dés " .

Ce qui signifie que l'interprétation indéterministe de la mécanique quantique ne permet pas de conclure à l'irrationalité du monde .

Est-ce un phénomène sociologique ?

L'irrationalisme ne subsiste pas seulement parmi les personnes exclues de l'enseignement long ou chez les personnes âgées ; il est aussi très vif chez ceux qui sont cultivés et dans les générations les plus jeunes . Il résulte d'enquêtes sérieuses que 33% des cadres supérieurs croient aux phénomènes para-normaux, 50 000 astrologues et voyants exercent en France, 400 000 sont affiliés à des sectes, 10 millions ont consulté un astrologue ou une voyante, 60 % croient à l'explication des caractères par l'astrologie [ signes du zodiaque ] et 45 % aux prévisions des voyantes .

C'est attristant ! Les statistiques montrent que les femmes croient nettement plus que les hommes à l'astrologie et au paranormal, surtout si elles sont isolées ou divorcées ...

Se réfugie-t-on dans le paranormal comme on le fait dans les drogues par insatisfaction ?

Croit-on que le sort individuel dépend de la conjonction des astres (situation des objets célestes dans le ciel) , en conséquence de l'angoisse créée par une situation familiale, sociale, professionnelle ?

Les " croyants " voient des faits et les déclarent indubitables ( dont on ne peut pas douter, qu'on ne peut mettre en doute) là où les " sceptiques " ne voient rien de probant .

" L'homme voit ce qu'il sait " a dit Goethe .

Les preuves fournies aux partisans des pouvoirs occultes, selon lesquelles les résultats ne sont pas supérieurs à ceux du calcul des probabilités , n'ont aucune chance de réduire le besoin de merveilleux qu'ils portent en eux .

" Nous respectons la raison, mais nous aimons nos passions " [Alain] .

La vague d'irrationalisme constatée représente peut-être une réaction à la science toute puissante et aux méthodes rationnelles classiques qui réduisent tout en termes de mesure et donnent l'image d'un monde désenchanté .

Chaque pouvoir engendre un contre-pouvoir !

Deux siècles de science rationnelle n'ont pas libéré le monde civilisé des superstitions et de la magie .

Les hommes préféreront toujours les rêves aux réalités ; le paranormal, le fantastique représentent une fuite devant la réalité médiocre et l'insatisfaction .

Il y a peu d'espoir d'éclairer les illuminés et de ramener les mystificateurs et les escrocs sur le chemin de la vertu, mais on ne peut pas se lasser de tenter d'informer les égarés et de prévenir les victimes .

Beaucoup de ceux qui croient aux parasciences ne sont pas pour cela opposés à la science ; ils pensent que les scientifiques doivent étendre leur activité de recherche aux pratiques paranormales !


Un scientifique ne doit ni tout croire, ni tout nier a priori des phénomènes qui sont inexplicables en l'état actuel des connaissances .

Les découvertes ont plus d'une fois ridiculisé ceux qui avaient déclaré leur impossibilité : les disciples de Descartes à la fin du XVIIe siècle ont jugé la théorie newtonienne de l'attraction universelle complètement absurde ! Des scientifiques ont manifesté leur scepticisme lorsque l'électromagnétisme est né . La théorie de la relativité a été jugée fantaisiste ! Le plus lourd que l'air ne devait jamais pouvoir voler ... ! La désintégration des corps radioactifs était inimaginable ... ! l'atome était insécable ... !

Les faits doivent être examinés avec d'autant plus d'attention qu'ils sont difficiles à admettre .

On les rejette d'ailleurs parfois avec regret : qui ne souhaiterait correspondre à distance avec ses amis et dans l'au-delà avec ses disparus, et qui ne souhaite connaître l'avenir ?

Malheureusement, cela n'arrive qu'à ceux qui y croient ou en vivent ...
Marcel Boll, 1886-1958, Professeur à l'Ecole des Hautes Études Commerciales , fondateur de l'Union Rationaliste : " L'Occultisme devant la science, PUF, 1947 , déclare que tous ceux qui se sont prêtés à des expériences n'ont jamais rien constaté .

" La coïncidence, la fraude, l'imagination, la crédulité, le manque d'esprit critique, etc. , suffisent à rendre compte de tout ce qui est raconté sur la télépathie, sur la clairvoyance, sur la prémonition, la télékinésie, le magnétisme animal, etc. "

Jean Rostand, Carnet d'un Biologiste .

Pour vous convaincre bien davantage de l' intérêt de lire cet ouvrage, nous vous présenterons dans un prochain billet l'épilogue que le Professeur Guy Lazorthes propose à ses lecteurs pour conclure sur l'ensemble de ce sujet passionnant .

Cordialement, bien à vous Gerboise .

mercredi 16 septembre 2009

Les fromages:une tradition ancestrale,une histoire de réalités et de légendes[ troisième partie,suite duLundi7Septembre 2009] ;qui et que sont- ils ?

(pour agrandir chacune des trois figures, réaliser chaque fois un clic gauche dessus , puis ensuite reculez d'une page pour quitter la vue agrandie).


Les labels et appellations d'origine.

Dans une logique de protection du consommateur, les pouvoirs publics ont développé un certain nombre de signes officiels de qualité . L'appellation d'origine contrôlée [ AOC ] , les labels agricoles créés en 1960, la certification de conformité créée en 1988 et l'agriculture biologique constituent les 4 signes français de qualité, de spécificité .

L'appellation d'origine contrôlée : AOC, contrôlée par l'INAO .

Officiellement, " constitue une appellation d'origine la dénomination d'un pays, d'une région ou d'une localité servant à désigner un produit qui en est obligatoire et dont la qualité ou les caractéristiques sont dues au milieu géographique comprenant des facteurs naturels et humains " .

Mise en place en 1919, l' AOC est un outil juridique qui protège la dénomination d'un produit .

C'est l'Institut national des appellations d'origine [ INAO] qui représente l'autorité compétente en matière d'AOC et qui, à ce titre, est responsable de la défense des produits qui en bénéficient . L'obtention d'une AOC se fait selon une procédure unique . Le demandeur ne pouvant jamais être une personne ou une entreprise privée, le dossier est établi par plusieurs producteurs, réunis en un syndicat de défense de l'appellation future . Il doit comporter les raisons qui motivent la demande d'AOC, la preuve de l'usage du nom et de la notoriété du produit et le lieu au terroir du produit par la présentation des facteur naturels, techniques et humains qui confèrent au produit son caractère . Le dossier est alors soumis au comité régional, puis national, existant pour le produit concerné, qui décide de la reconnaissance ou non d'une nouvelle appellation d'origine .

Une fois la reconnaissance accordée, le dossier est transmis aux ministères de l'Agriculture et des Finances aux fins d'homologation par décret ou arrêté .

A ce jour[ 1996] , le secteur des AOC comprend deux grandes catégories de produits : les vins et spiritueux, les produits laitiers [ beurres et fromages] . Une troisième catégorie regroupe quelques produits de différentes natures [ olives noires et huile d'olive de Nyons , Drôme et de la vallée des Beauxde Provence ; miel de Lorraine, noix de Grenoble, etc. ]

L'appellation d'origine protégée : AOP protégée par l'Union Européenne .

A partir du 1er Mai 2009, le logo européen AOP sera obligatoire sur les emballages de tous les produits bénéficiant du logo AOC français et qui ont rejoint la famille des AOP européennes .

NOUS VOUS INVITONS SI VOUS LE DESIREZ A CONTACTER LE CNIEL/ CNAOL 42, rue de Châteaudun 75314 Paris cedex 09 , Téléphone 33 1 49 70 71 00 .

Courriel : www.fromages-aop.com

Contacts : Anne Richard , arichard@cniel.com
Contact : Denise Navarro , dnavarro@cniel.com

pour obtenir la plaquette gratuite, petit livret très mince, très intéressant, car on y trouve par région, les diverses AOP, et des "coup de coeur ", recettes et conseils .

Voici un aperçu de quelques fromages parmi les milliers que recèle et produit notre pays .


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1 - Emmenthal : fromage à pâte pressée et cuite, à croûte jaune, présentant de grands trous ; possède un arôme très fin et un léger goût de noisette .
2- Roquefort : fromage à pâte onctueuse et persillée ; goût piquant, salé, au parfum de lait de brebis .
3 - Fourme d'Ambert : fromage à pâte ferme, persillée, chauffée et pressée ; goût très personnel, légèrement teinté d'amertume . Ce fromage est moins fort que les autres fromages bleus .
4 - Cantal : fromage à pâte pressée demi-dure ; jeune possède une légère amertume, vieux il est plus piquant .
5 - Ossau-iraty-brebis-pyrénées : fromage à pâte légèrement pressée et non cuite ; goût de noisette et de plantes sauvages et son arôme évoque subtilement le lait de brebis.
6 - Mimolette tendre : fromage à pâte pressée demi-dure ; a une saveur et douce, franche, parfois salée .
7 - Bleu d'Auvergne : fromage à pâte ferme et persillée ; goût salé.
8 - Vacherin mont-d'or : fromage à pâte molle et croûte lavée ; léger goût acidulé, au parfum de résine, qui emplit la bouche dû à l'épicéa qui l'entoure.
9 - Comté : fromage français à pâte pressée et cuite voisin du Gruyère, plus compact et plus fort ; le Comté devient très parfumé lorsque l'affinage atteint 18 mois ; fabriqué avec du lait d'été, sa saveur est plus prononcée que le fromage à pâte plus claire et au goût de noisette, obtenu avec le lait d'hiver.
10 - Rambol aux noix : fromage frais .
11 - Maroilles : fromage à pâte molle, à croûte lavée ; odeur puissante et personnelle à laquelle il doit son surnom imagé de " puant " . Plus le fromage est vieux, plus il est fort et épicé .
12 - Rigotte de Condrieu : fromage de chèvre à caractère affirmé .
13 - Pont-l'évêque : fromage à pâte molle à croûte lavée ; son odeur avec l'âge est particulièrement puissante, acceptable quand il est jeune .
14 - Livarot : fromage à pâte molle, à croûte lavée ; il a un parfum aromatique et un goût piquant, légèrement acide et épicé .
15 - Boulette d'Avesnes : fromage à pâte molle renferme des condiments[persil, estragon, girofle, poivre ] ce qui se traduit par une odeur aromatique et un goût puissant.
16 - Saint-nectaire : pâte pressée non cuite, se vend souvent crémeux ; goût délicat de noisette, légèrement épicé .
17 - Epoisses frais : fromage à pâte molle , onctueuse à croûte lavée ; se reconnaît à son paefum pénétrant et à son goût prononcé .
18 - Pouligny-saint pierre : fromage de chèvre à pâte molle spontanée ; jeune a une saveur douce, légèrement acidulée qui prend une note boisée après affinage .
19 - Valençay : fromage de chèvre à pâte molle ; moelleux, au goût de noisette .
20 - Camembert : fromage à pâte molle et à croûte fleurie ; il dégage, lorsqu'il prend de l'âge, un parfum boisé de champignon .
21 - Chaource : fromage à pâte molle et croûte fleurie ; jeune il est légèrement acidulé . Le fromage affiné est fruité, avec un goût de noisette .
22 - Brie de Melun : fromage à pâte molle et à croûte fleurie ; la saveur du Brie va du délicatement acide au piquant, et salé.
23 - Saint-marcellin : fromage à pâte molle, lisse est onctueuse et fondante ; il dégage au nez une nette odeur de champignons et sa saveur, douce, lactique, est fruitée .
24 - Crotin de chavignol de Touraine : fromage à pâte molle et à croûte spontanée ; goût typique de chèvre, moins prononcé en été et plus intense en automne .
25 - Sainte-maure de Touraine : fromage de chèvre à pâte molle à croûte spontanée ; le Sainte-Maure de Touraine a un léger goût de champignon associé à un net parfum de chèvre, qui s'intensifie avec l'affinage .
26 - Boule de chèvre : fromage frais, assez maigre, malaxé avec des épices et des aromates .
27 - Chabichou : fromage à pâte molle ; le Chabichou du Poitou possède une saveur un peu acide, de lait de chèvre . En s'affinant son goût devient plus intense, sans être trop fort . Il sent légèrement la chèvre .
28 - Boursin à l'ail : fromage frais, mou et fondant, plus ou moins écrémé et parfois rallongé de crème fraîche ou mêlé, aromatisé à l'ail et aux fines herbes et aromates de toutes provenances .
29 - Saint-florentin : fromage de vache frais .

Prochain rendez-vous dans le monde des fromages, du goût , des odeurs, des diverses propriétés liées à l'élaboration des diverses étapes de la naissance de ces voluptueuses denrées conduisant aux plaisirs raffinés et à une jouissance pleinement savourée .

A très bientôt, pour un nouveau thème dans ce monde au plus au point exceptionnel à de très nombreux points de vue , bien à vous, cordialement, Gerboise .

lundi 14 septembre 2009

L'énigme* étrange, ambiguë**, ambivalente*** du CO2 atmosphérique : " mythes et réalités " ****

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* énigme : ce qui est difficile à comprendre, à expliquer ou à connaître dans des domaines divers ~naturels, l'énigme de la formation de la Terre , du réchauffement climatique ; ~sociaux, résoudre une énigme policière ,un problème fondé sur des affirmations équivoques ; ~ou propres à l'homme, leurs comportements dans cette affaire reste une énigme pour toute personne exerçant tout son esprit critique .

** ambiguë : l'ambiguïté d'un propos laisse l'auditeur ou le lecteur, incapable de décider d'un contenu, plus ou moins confus dans la pensée ; savoir différencier l'ambiguïté , caractère de ce qui présente deux ou plusieurs sens possible [ dont l'interprétation est incertaine] et l'

*** ambivalence, caractère de ce qui comporte deux composantes de sens contraire .

**** il s'agit d'une simple mise au point contradictoire [d'un point de vue " anormal " qui doit être élucidé] , nécessaire, en vue de développer l'esprit critique de toute personne curieuse, faisant preuve de bon sens, désirant comprendre toute la " Réalité " d'un problème .

Peut-être existe-t-il des raisons sérieuses de provoquer des modifications dans le mode de vie des êtres humains ! cela serait compréhensible si ces raisons valables existaient ! Mais alors, il faut le dire franchement, mais ne pas laisser, surtout les enfants , " les mômes " en pleine élaboration [gestation] de la construction de leur entendement dans ce type erroné, aberrant, bancal, de relation au savoir . Laissez-les, au moins, envisager et discuter l'ensemble de tous les point de vue du problème posé par ces manifestations atmosphériques de notre planète .

[ Il est nécessaire qu'ils soient capable d'établir une relation cohérente entre les températures à la surface de notre planète et la source essentielle de la chaleur ,de l' énergie, provenant de l'astre solaire en perpétuelle évolution dans les manifestations régnant en sa surface ] .

C'est pour cette raison , dans un but essentiellement constructif, que Gerboise vous propose de prendre connaissance du livre de Christian GERONDEAU :" CO2 un mythe planétaire " , Mars 2009, préfacé par Valéry Giscard d'Estaing, publié TFI Entreprises , les Éditions du Toucan [ 17,90 euros].

L'auteur, est polytechnicien[ promotion 1957 ] , ancien élève de l'École nationale des Ponts et Chaussée et expert indépendant . Il est l'auteur de l'Ecologie, la Grande Arnaque, publié aux Éditions Albin Michel en 2007 . Il dédie son ouvrage à ses douze petits enfants, pour qu'ils contribuent à un monde plus raisonnable .

C'est un ouvrage qui vous permettra : - de faire le point sur ce problème vital,qui doit préoccuper tous les hommes de bonne volonté ; - et de pouvoir prendre en considération vraiment tous les problèmes que pose cette " représentation " , cette interprétation univoque du réchauffement climatique .

Voici la présentation du contenu de ce livre par l'Editeur, situé au verso de sa couverture .

" Quand nous réduisons nos émissions de CO2, nous ne réduisons rien du tout ! Tel est le " Paradoxe Gerondeau " qui repose sur un constat imparable (inévitable, incontournable ) .

Nous savons tous que le pétrole sera épuisé dans quelques décennies . Les quantités que les pays industrialisés ne consommeront pas le seront par des pays émergents et les émissions de CO2 resteront donc inchangées quoi que nous fassions .

Qui pourrait " croire " en effet que nous ( toute l'humanité industrielle et commerciale) laisserons inutilisée le pétrole, le gaz ou le charbon que la planète recèle encore ?

... Enfin un livre qui nous invite à remettre en question nos certitudes les plus solides ( insufflées, inoculées par certains ) ."

Voici finalement la Préface de cette " mise au point " réalisée par Valéry Giscardd'Estaing, ancien élève de l'École Polytechnique, il entre à l'Inspection Générale des Finances en 1952, ancien Président de la République de 1974à 1981.

" L'intérêt de la pensée d'un esprit scientifique, c'est qu'elle est à la fois objective et inventive . C'est le cas pour Christian Gerondeau, ingénieur de grand renom, qui applique sa réflexion à l'un des dossier qui préoccupe le plus notre époque, celui des changements climatiques .

Christian Gerondeau prend pour point de départ une réflexion originale et qui débouche sur des interrogations fondamentales . Il pense que nous faisons fausse route en cherchant à réduire nos émissions de gaz carbonique, car ce n'est pas réaliste . Pour y parvenir, la seule solution, selon lui, serait de cesser d'extraire du sol de la planète les énergies fossiles ou du moins de plafonner leur extraction . Or, nous faisons exactement le contraire en encourageant la recherche pétrolière, en développant des réseaux de transport de gaz naturel, et en ouvrant de nouvelles mines de charbon .

Dès lors que ces énergies fossiles sont sorties du sol, elles seront de toute manière consommées, et produiront des émissions de gaz carbonique .

Si ce n'est pas nous, ce sera fait par d'autres et les émissions de gaz carbonique resteront au même volume .

La seule solution serait de limiter l'extraction du pétrole, du gaz naturel, et du charbon, mais il n'existe aucun consensus ( entente, accord) mondial pour le proposer .

Christian Gerondeau avance d'un autre côté une pensée originale en indiquant qu'il en résultera probablement peu de mal pour la planète car il montre, comme d'autres scientifiques, qu'il n'existe pas de lien établi de façon certaine entre la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère et d'éventuels changements climatiques . Ceux-ci résultent d'évolutions beaucoup plus complexes qui trouvent, sans doute leur origine bien au-delà de l'atmosphère ( activités de la surface solaire, liées aux taches noires ... !) .

... Ce livre a le mérite de nous conduire à nous interroger sur les idées reçues, et peut-être à découvrir des voies d'avenir plus réalistes . "

Préambule ( entrée en matière) de l'ouvrage .

" L'année 2008 restera dans l'Histoire comme celle du grand krach financier dont personne n'avait prévu l'ampleur . Il peut donc arriver que les meilleurs esprits de la planète ne voient pas la réalité des choses, chacun répétant ce que disent les autres ( voir l'ouvrage de Gabriel Tardes : Les Lois de l'Imitation, 1890, dont certains chapitres peuvent être téléchargés à partir du site de l'UQAC, Université du Québec à Chicoutimi .
Gabriel Tarde, philosophe et sociologue français, 1843-19O4, fut juge à Sarlat en Dordogne et professeur au Collège de France à Paris ) et la pensée unique régnant alors sans partage .

Tel est ce qui se passe dans un autre domaine, celui de l'écologie . Les années récentes ont vu s"établir un consensus (une entente !) global autour d'une idée dominante : il est du devoir de chacun de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et d'abord du gaz carbonique - CO2 - qui en constitue l'essentiel .

Les pages qui suivent montreront à quel point cette apparente " bonne idée " repose sur une analyse erronée des phénomènes qui donnent lieu aux émissions, et entraîne la dilapidation de sommes considérables par les individus, les entreprises et les États ... "

Nous espérons que la lecture de ce livre participera à l'édification progressive de votre esprit critique et vous permettra d'apprendre à considérer les problèmes importants de notre monde avec toute la sagacité , la perspicacité, le discernement, l'intelligence, la lucidité et l'ouverture d'esprit , nécessaires pour devenir une personne hors du commun .

Cordialement, bien à vous, bonne lecture et réflexion, Gerboise .

dimanche 13 septembre 2009

Premières clartés du matin : Réflexions sur les prospectives , les anticipations des lendemains !



" La seule " prospective " qui m'intéresserait serait celle de l'affectivité . Peu importe quels seront, demain, l'aspect des cités, la forme des maisons, la vitesse des véhicules ...

Mais quel goût aura la vie ?

Quelles seront pour l'homme les nouvelles raisons d'agir ?

Où puisera-t-il le courage d'être ? "

Jean Rostand,
Inquiétudes d'un biologiste, Éditions Stock, 1967, réédition Livre de poche, 1973 .

Voici des questions d'actualité en cet Automne 2009 que de nombreux êtres humains [ ainsi que Gerboise] , dans leurs " occupations professionnelles "et de la vie de tous les jours, doivent [sont obligés , sont contraints ] de se poser ! Nous devons tous être solidaires et nous rendre compte qu'il doit être redoutable d'avoir à s'interroger, et à être amené à formuler de tels problèmes .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .


vendredi 11 septembre 2009

Premières clartés du matin : Croyance, le fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible; est-ce une certitude ou une conviction ?


Ne pensez-vous pas qu'elle s'est vraiment prise au jeu,cette enfant, qu'elle y "croit " vraiment ? La croyance à cet âge, n'est-ce pas merveilleux ? Cette dernière va conduire, va acheminer ce petit être humain, avec ses expériences successives, vers les prémisses de la raison, puis petit à petit , plus tard, vers le rationnel .

" Les petites filles exagèrent fréquemment les gestes de jeu quand elles miment le comportement adulte .

.Pour le petit d'homme, une vie abritée, étroite, inactive est un désastre . Pour que sa vie d'adulte soit réussie, il doit déborder d'activités dans son enfance : c'est l'instinct de jeu qui l'y pousse, et fait qu'il y parvient, dans des circonstances normales ."

Desmond MORRIS, Zoologue,[ auteur du " Singe nu " et du " Zoo humain " ] , La clé des gestes, Éditions Bernard Grasset, 1992 . Un livre digne d'être lu comme les deux précédents .

Un autre grand Biologiste, Jean Rostand, dans ses " Entretiens avec Éric Laurent " en 1975, bibliothèque de France-Culture, Éditions Stock, nous parle de la croyance .

" Les gens croient que la biologie va leur expliquer ce qu'est ce qu'est la vie, ce qu'est la conscience . Je crois aussi qu'ils s'intéressent beaucoup aux données réelles, à la réalité biologique, aux découvertes applicables .
Le public boude les livres d'histoire des sciences, il ne s'intéresse pas à ce qu'on a pensé (et pourquoi, comment ?) il y a cent ou deux cents ans . Cela se comprend .

Actuellement, on est débordé par trop de problèmes .

On veut savoir ce que la science apporte aujourd'hui et ce qu'elle apportera demain [...] . La biologie ne peut pas fournir réponse à tout, mais elle peut apporter un grand nombre de solutions partielles . "


L'enfance, l'adolescence, la formation de Jean Rostand .

" Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me revois cherchant des insectes dans le gazon, attrapant des papillons, fouillant les mares pour en extraire les têtards, des punaises d'eau et des larves de libellules . J'avais la passion de tout ce qui vit, de tout ce qui remue, de tout ce qui grouille ... C'est là une passion assez commune dans l'enfance, qui s'est trouvée renforcée, justifiée, par la lecture de livres de J.H. Fabre [ Souvenirs entomologiques] ,

" Je rêvais d'être naturaliste, comme d'autres rêvent d'être explorateurs ou général " [ comme cette petite fille, ci-dessus, qui rêve d'être une maman ! en " donnant la becquée ! " à sa poupée] "

" Dès lors, je n'eus plus qu'un rêve, devenir naturaliste, étudier les animaux, comme Fabre, et, comme lui, écrire des livres sur eux [...] . Et dès l'âge de dix-huit ans, j'avais tout spécialement fixé mon attention sur les batraciens, c'est-à-dire les grenouilles et les crapauds, car en 1910, les découvertes de Bataillon sur la parthénogenèse ( reproduction sans mâle dans une espèce sexuée, comme le réalisent naturellement les pucerons et les abeilles) artificielle de la grenouille avaient frappé mon esprit. "

Jean Rostand , " La vie, cette aventure, 1953 .

Bien à vous, Gerboise .

mercredi 9 septembre 2009

Premières clartés du matin:Soucis,préoccupations majeures des hommes de tous les " temps "! des commencements ... présentement ... des lendemains ...


.Diligence ,seul lien à cette époque entre les hommes ,qui par tous les temps, ici lors d'un hiver rude, sillonnait les espaces entre les bourgades de nos campagnes au XIXe siècle .

Aussi longtemps que l'on remonte dans la mémoire des hommes, les phénomènes d'origine géophysiques [ volcanisme, tremblements de terre, raz de marée ...] astronomiques [perturbations atmosphériques, inondations ,ouragans ...] et humaines [ famines, épidémies ...] leur sont apparus comme étant la cause possible et/ou les conséquences plausibles, éventuelles d'événements politiques et de changements climatiques .

Les anciens savaient très bien que le retour des saisons n'apportait pas la même quantité de pluies ou d'ensoleillement, et leur variabilité était un sujet d'inquiétude dans les régions dépendant fortement des éléments naturels .

Dès l'avènement de l'agriculture, au Néolithique (se dit de la période la plus récente de l'âge de pierre et ce qui appartient à cette période) , le climat devint certainement un sujet constant d'intérêt et d'interrogation ( il en est ainsi, actuellement, pour beaucoup de sociétés du tiers monde ,et même pour nos agriculteurs, à une autre échelle bien-entendu !) pour une population dont la survie dépendait (et dépendent toujours de nos jours) essentiellement de la récolte à venir .

C'est pourquoi on trouve les éléments de la météorologie [ le vent, la pluie, la sécheresse] et de l'astronomie [ le Soleil, la Lune] associés aux divinités qui manifestaient leur satisfactions ou leur colère selon l'attitude des humains . Qu'il s'agisse d'éclipses, de passage de comètes ou de taches solaires, les phénomènes astronomiques ont été associés aux guerres, aux épidémies, aux tremblements de terre et aux changements météorologiques .

Au fil des millénaires, les agriculteurs ont scruté les cieux avec angoisse pour deviner le temps à venir, pour savoir si la pluie attendue serait pour demain, ou pour prendre les précautions nécessaires avant le déchaînement des éléments du ciel .

Une certaine connaissance empirique s'est dégagée, donnant naissance aux nombreux dictons ( sentences passées en proverbes : En avril, ne te découvre pas d'un fil ; Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin ; Bel automne vient plus souvent que beau printemps ; Automne en fleurs, Hiver plein de rigueurs ; A la Saint-Firmin, l'hiver est en chemin) que l'on continue d'évoquer même en cette fin de XXe siècle .

Il y eut des fluctuations climatiques importantes dans le passé : des décennies froides où tout gelait à l'occasion d'hivers particulièrement rudes, ou pourrissait au cours d'étés pluvieux et frais . On connut également des années d'abondance, marquées par des températures clémentes ou encore des périodes de sécheresse extrême .

De toujours ,les fluctuations du temps et du climat, sont intervenues dans les activités de l'humanité ; s'étonner à outrance , d'une manière excessive, démesurée, des variations climatiques et météorologiques actuelles, consiste à faire preuve d'outrecuidance, ce comportement fréquent des personnes qui ont une confiance excessive , illimitée, dans leurs jugements et dans leurs paroles,agissant avec désinvolture et impertinence envers autrui en l'absence de tout esprit critique .

Cordialement votre, bien à vous, Gerboise .

lundi 7 septembre 2009

Les fromages: une tradition ancestrale, une histoire de réalités et de légendes [ deuxième partie , suite du vendredi 4 Septembre 2009 ].


Les provinces de France - La Savoie et le Dauphiné . (suite n°5 du 27 Janvier 2009) .
Cette gravure, comme les précédentes est extraite du merveilleux petit livre de Doré Ogrizek que nous conseillons toujours d'acquérir : Les Provinces de France, publié en Novembre 1953 par les Éditions Odé . L'ouvrage est préfacé par Georges Duhamel, de l'Académie Française . L'illustration ci-dessus [ peut-être agrandie par un clic gauche] est de Jacques Liozu et de Samivel . La gastronomie a été réalisée par Edouard de Pomiane .

" La Savoie est le point géographique où la France touche le ciel . Elle le reçoit avec les honneurs dus à son rang, avec sa cuisine, avec ses fromages, avec ses vins .

La Savoie est le paradis des fromages .

Chaque village a les siens, dont il est jaloux . D'aucuns dominent la situation : reblochon, vacherin, palendru, chevrotin, toutes les tommes avec ou sans fenouil ou marc de raisins .

Pour faire valoir ces petites merveilles, la Savoie produit des vins délicats, Roussette de Seyssel, Crépy et beaucoup d'autres sans nom .

La cuisine de ces montagnes est une série de réussites . Dans les torrents on pêche, à la main, trites et écrevisses . Les truites sont cuites au bleu . Quand aux écrevisses, on les fait cuire dans le vin blanc . Ensuite on en extrait les queues pour les noyer dans de la crème et du fromage fondu . Le tout est porté au four pour y être gratiné . On fait tout gratiner ( cuire en gratin: manière d'apprêter certains mets que l'on met au four après les avoir recouverts de chapelure, de fromage râpé ) dans cette région neigeuse où il y a un four dans chaque maison . Dans le même four, on fait cuire un biscuit devenu classique .

Et voici la Chartreuse et sa liqueur . Elle est la gloire du Dauphiné, de cette région admirable où dans chaque village on trouve une aubergiste qui sert des gratins de pomme de terre au lait, à la crème et à l'ail . Dans les hôtels, on goûte à ces merveilleux tournedos reposants sur une sauce blanche à la crème, tandis que les truffes toutes noires en masquent la surface . Et des fromages aussi : Sassenage, St-Marcellin, Picodon de Dieulefit ! "

Voici l'introduction de C. Thouvenot :" Le fromage et les hommes " du Traité des Éditions Lavoisier, présenté le vendredi 4 Septembre 2009 .


" Qui songerait, lorsqu'il fabrique, vend ou consomme du fromage, à toute l'épaisseur humaine, historique et géographique de ce produit né d'éléments naturels, simplement conjugués ( joints ensembles, la conjugaison de différentes causes) : l'animal, l'herbe et l'eau . Et pourtant... si on ignore où et quand, homme ou femme, on a commencé à traire des animaux et à fabriquer du fromage, on est certain que cet aliment a préoccupé très tôt les êtres humains .


On sait que dès le néolithique récent, 6000 ans avant J.C., l'homme polit la pierre, cultive certaines plantes, domestique des animaux et construit des cités sur le site desquelles on retrouve des vestiges de vases perforés en poterie crue ou en vannerie, qui servaient à égoutter le caillé (substance ayant l'apparence d'un gel, plus ou moins consistant, obtenue après coagulation du lait par voie lactique, présure ou mixte) .

- Des peintures rupestres (qui sont exécutées sur une paroi rocheuse) de la Préhistoire découvertes en France, en Espagne mais aussi au Sahara, fertile en son temps, représentent ce qui semble être le travail du lait et du fromage . Des fresques, des poteries perforées servant de moules, des inscriptions hiéroglyphiques (caractères, signes des plus anciennes écritures égyptiennes) , des récipients ayant contenu le produit, découverts souvent dans les tombes, prouvent que les Sumériens (peuple asiatique organisés en cités-États en Basse Mésopotamie, dont la principale appartenait à la première dynastie d'Ur , vers - 2700 ; puis vint la cité de Lagash, puis celle de Larsa . Leur empire s'étendit du Golfe Persique à la Méditerranée . Ils inventèrent l'écriture cunéiforme et développèrent l'irrigation, l'architecture, la sculpture,et les arts du métal) , les Egyptiens fabriquaient le fromage .

- Les Basques, race pré-indo-européenne, ont, dès 3000 avant Jésus-Christ, des mots désignant le fromage et le petit lait . Des Indo-Européens, tribus nomades, venues des steppes de l'Asie jusqu'à la vallée du fleuve Dniepr, envahissant les Balkans et l'Europe du Nord vers - 3000-2000 avant J.C., apportent avec eux leur savoir-faire fromager .

- A la période gréco-romaine, Homère, dans l'Odyssée, décrit, vers 850 avant J.C., le cyclope dans son antre :

~Il trait (traire) avec le plus grand soin ses brebis, ses chèvres bélantes ... Puis, laissant cailler la moitié de ce lait, il la (le !, le caillé ; à ce propos nous reparlerons des conséquences de cette imprécision néfaste vue dans certaines publicités !) dépose dans des corbeilles tressées avec soin et met l'autre moitié dans des vases pour se désaltérer et être son repas du soir ~ .

- Les Grecs considéraient le lait de vache comme malsain et n'utilisaient que celui de chèvre et de Brebis . Ils produisirent un riche assortiment de fromages frais et fermentés tant au pays même [ Macédoine, Thessalie, Péloponnèse] que dans les multiples colonies qui essaimaient tout autour du bassin méditerranéen [ Sicile, Crète, Bythinie, etc.] .
Le fromage est très utilisé seul ou en pâtisserie . Séché, il nourrit soldats et marins .

- Les écrivains romains Caton [ 234-149 avant J.C.], Varron [ 116-27 avant J.C.], Virgile [70-19 avant J.C.] et surtout Columelle, au premier siècle de l'ère chrétienne, renseignent sur l'existence, la fabrication et les modes de consommation des fromages que l'on vend sur les marchés de Rome . Le marché laitier de la ville [le velabrium] recèle d'innombrables variétés locales et importées : des fromages locaux, mous, frais ou durs, au lait de vache, de brebis ou de chèvre, en forme de briques, de meules à moulin, de miches ou de cônes tronqués, plus ou moins salés, épicés ou non, fabriqués en ville ou venus des grandes fermes comme celles dégagées à Pompéi, qui comportent toutes une caseale, une salle à fromage ; des fromages importés de toutes les contrées de l'Empire, d'Helvétie [ Suisse] , de la Gaule [ Lozère, Gévaudan, pays nîmois ou toulousain ], de Grèce [Péloponèse], du Moyen-Orient [Pont-Euxin] et même de Grande Bretagne .

A l'inverse, de grandes quantités de fromages du pays s'exportent vers les plus lointaines garnisons et permettent aux légionnaires (des légions romaines) de retrouver un peu des saveurs de chez eux .

Avec les fromages, les Romains répandent les techniques de leur affinage dans tout l'Empire, même chez les Barbares du Nord .

- De l'époque médiévale au XVIIIe siècle ce sont les monastères ( les abbayes bénédictines,dès le VIIe siècle) , presque seuls centres de la civilisation rurale après la chute de l'Empire romain et " la grande nuit " consécutive aux invasions des IVe et Ve siècles, qui donnent un nouvel essor à la fromagerie .

Pour l'Église, les fromages sont aussi précieux que l'or . Ils servent dans toute l'Europe, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle à payer la dîme ( ancien impôt sur les récoltes, prélevé par l'Église) . Beaucoup d'églises européennes ont été construites sur des " fondations de fromage " .

Les premières laiteries fromagères se développent surtout chez les moines Cisterciens ( l'Abbaye de Cîteaux, fondée en 1098 par Robert de Molesme en Côte-d'Or, à l'Est de Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne) . Les moines de Saint-Bernard ne mangent pas de viande, privilégient les produits laitiers, élèvent un nombreux bétail et ont des excédents de lait . Grands voyageurs et bâtisseurs - les " granges " cisterciennes essaiment dans toute l'Europe - ils savent retrouver les techniques et en inventer de nouvelles . Ils se transmettent les connaissances, secrets et tours de main, de bouche à oreille, sans risque de voir s'éteindre la lignée comme dans les familles . Ainsi, les moines ornent-ils encore certains fromages actuels ...

Comme à l'époque romaine, le trafic européen des fromages redevient très actif surtout à partir du renouveau commercial et de la renaissance des villes, au XIIe etXIIIe siècles et aux siècles suivants .

Dès le IXe siècle, les Vikings, pillards mais aussi porteurs de civilisation, répandent la fabrication des fromages scandinaves dans les pays baltes, en Angleterre, en Normandie, dans la région de la Volga et de la mer Noire, même jusqu'à Byzance . Inversement, ils rapportent de Hollande le fromage de Leiden [ Leyde] encore fabriqué en Norvège [ le nökkel, qui porte d'ailleurs les clés de la ville de Leyde ] .

Les Hollandais sont très tôt exportateurs .Les Frisons vendent du fromage à la cour de Charlemagne dès l'an 800 . Aussi loin qu'on puisse remonter dans l'histoire des Pays-Bas, on retrouve des textes relatifs à la fabrication et à l'exportation de fromages . Dès le XIIIe siècle, mais plus encore aux siècles suivants, l'edam et le gouda sont envoyés par voie de terre et d'eau vers les Etats allemands . Les marchands de la Hanse, ligue des commerçants des grands ports du Nord [ Hambourg, Brême, Lubeck, etc.] ,se rendent aux marchés hebdomadaires d'Amsterdam, d'Edam ou de Gouda, tandis que ceux de Rotterdam et Dordrecht approvisionnent les provinces rhénanes via le Rhin . Le trafic est tout aussi intense avec les ports français, Rouen, La Rochelle et Bordeaux .

Les kaaswaag, maisons de pesage des fromages, sont particulièrement imposantes : celle du marché d'Alkmaar en témoigne encore aujourd'hui .

Les Suisses, producteurs déjà réputés à l'époque romaine, expédient leurs fromages [ dont l'emmental] vers Bâle, Strasbourg et les villes du Saint Empire romain germanique par le Rhin ; vers Lyon par le Rhône . L'ouverture du col du Saint Gothard au XIIIe siècle facilite la pénétration des marchés italiens et par là, grâce aux intermédiaires surtout vénitiens, les fromages suisses, de grande conservation, atteignent les marchés du Moyen-Orient où les Croisés européens sont installés et se battent depuis deux siècles .

Dès le XVe siècle se différencient les régions à bonne herbe et à bon bétail : polders conquis sur la mer en Hollande ou alpages de haute altitude en Suisse, et les régions plus isolées, situées loin des ports et des grandes routes . Celles-ci se bornent à produire des fromages de consommation locale et rapide tandis que celles-là se vouent aux fabrications plus soignées et de longue conservation . Les échanges de recettes et de méthodes de fabrication s'intensifient et des fabricants expérimentés, hollandais et suisses, se fixent au XVIIe et XVIIIe siècles surtout dans des contrées nouvelles en introduisant les variétés de leur pays . C'est l'ère des " copies " et des " imitations " qui commence .

Du XIXe siècle à nos jours, le fromage entre dans l'ère scientifique et technologique, objet du présent livre et pourtant il ne se " désincarne " pas, il reste " humain " . En voici quelques exemples au hasard de mes lectures et de mes recherches : Théophile Gautier, en 1863, trouve

" ce petit fromage de chèvre, jaspé et persillé de vert, excellent éperon à boire "

dans le Capitaine Fracasse .

Anatole France s'attarde en1878 dans le

Chat maigre aux sensualités du fromage de Brie étalé sur le pain tendre .

Fromage de Brie que, quelques siècles auparavant, le poète Saint-Amant chante déjà :

" O Dieu, quel manger précieux . Quel goût rare et délicieux " ..
.

Alain-Fournier dans sa Correspondance pense doucement au

" parfum du fromage de campagne à quatre heures " .

Jean Giono évoque dans Regain en 1930

" le fromage jauni entre les feuilles de noyer et parfumé aux petites herbes semblant un morceau de la colline même avec toutes ses fleurs " ...

Les industriels fromagers eux-mêmes, depuis que leurs étiquettes existent à la fin du XIXe siècle, ont toujours manié avec brio et art naïf tous les ingrédients évoquant les hommes et leurs terroirs fromagers, ceux qui y travaillent ou ceux qui y gravitent : les pré verts, les vaches plantureuses, les fermières bien enveloppés, les petits villages, les petits ruisseaux, les clochers, les moines rubiconds ( très rouges de peau sur le visage ) et tonsurés, les châteaux dans la verdure, les bourgeois gourmands, les soldats, les prolétaires ...

Qui dit que le fromage n'est qu'une simple composition biochimique et n'a pas ou n'a plus d'épaisseur humaine ? "


Seulement, que des personnes qui devraient réfléchir davantage, au lieu de répéter, d'imiter sans discernement des idées reçues, toutes faites .

Nous poursuivrons cette aventure dans un troisième volet par un essai de réponse à une question redoutable tant elle est complexe :

Qu'est-ce que le FROMAGE ?

Cordialement votre, bien à vous, Gerboise .