mercredi 25 février 2009

Ressentir la nécessité de créer ; éprouver le besoin[la curiosité, l'appétit, la soif, l'envie, le désir] de faire surgir des nouveautés,de l'inédit.

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Les plus authentiques créations [qui expriment des vérités profondes, émanent de la personnalité, de cette action de donner l'existence, de faire, d'organiser une chose qui n'existe pas encore et non des habitudes superficielles, des conventions] de l'intelligence (acuité intellectuelle) paraissent, semblent, ont l'air souvent d'une telle simplicité, clarté, voire d'une telle évidence ( caractère incontestable de ce qui s'impose à l'esprit avec une telle force qu'on n'a besoin d'aucune autre preuve pour en connaître la vérité, la réalité) qu'on serait porté à croire (avoir une attitude d'adhésion intellectuelle) qu'elles appartenaient depuis longtemps au patrimoine (ce qui a été hérité, l'apanage, le bien exclusif) de l'esprit .

C'est qu'il nous est très difficile de distinguer l'évidence que la pénétration ( la capacité à savoir, la compréhension des choses, la perspicacité, l'habileté ...) d'un homme vient de nous faire apparaître ( se montrer tout à coup aux yeux, se détacher du reste) et celle qui s'est toujours présentée comme telle à l'esprit .

Or, c'est bien dans ce pouvoir de faire surgir ( se manifester brusquement) de nouvelles évidences que réside (demeure, a son siège) essentiellement le don (disposition innée pour quelque chose, avantage naturel) de créer, de tirer du néant, de concevoir , de faire surgir, de faire naître ...

Bien à vous, Gerboise .

mardi 24 février 2009

Quelques réflexions pertinentes lors de l'édification d'un texte,qui doivent traverser l'esprit pour ajuster subtilement son sujet sans se disperser.

Lors de l'élaboration, de l'organisation d'un texte, il est irréalisable, illusoire de commencer par la perfection et les premières conceptions et productions engendrées, sauf par des hasards heureux, sauf dans ces moments où les idées arrivent exactement informées et équipées, ainsi que des fragments du futur qui seraient les hôtes du présent, les premières ébauches seront toujours confuses, maladroites et difformes . Ici, il y a du trop et de fausses richesses, qu'il faudra émonder ., des lacunes ; l'esprit a passé sans transition d'une idée à l'autre . Ici, c'est une phrase banale, issue de la mémoire et qui remplace ou qui attend une formule neuve, dont elle n'est que la figure .
Trop d'abondance, de volume superflu, qui ne sert à rien, trop de sécheresse, de faux pleins et de grands vides, voilà l'état de ce premier jet . Pour donner à ces pages leur équilibre,leur élégance significative, il faudra bien chercher un caractère prépondérant, caractéristique et, tant que nous serons soumis aux lois du langage, ce caractère s'exprimera dans une formule concise et sobre. C'est un préalable indispensable ! L'acte et l'art d'exprimer efficacement sa pensée, c'est de conduire l'expression de ses idées sur un point précis, la capacité de discerner l'essentiel et la volonté de s'y tenir ; par conséquent, de faire des sacrifices . Précision veut dire bien sûr, évidemment, d'accepter les sacrifices des éliminations et de l'abstraction !

Bien à vous, Gerboise .

lundi 23 février 2009

Premières clartés du matin : Quelques réflexions .

" En matière scientifique, pour être cru (accepté) il faut prouver . En politique, les discours d'un orateur doué de prestige suffisent à créer d'imaginaires certitudes ."

" Pour beaucoup d'êtres, la vie serait parfois bien lourde si la nature ne leur avait donné la faculté de parler sans réfléchir et d'émettre des opinions dépourvues de tout fondement . "

" Le monde est-il réel ou irréel, fini ou infini, créé ou incréé, éphémère ou éternel ? La science n'entrevoit pas le moment où elle pourra répondre à une seule de ces questions . "

Gustave Le Bon, Les incertitudes de l'heure présente, 1924 .

Bien à vous, Gerboise .

dimanche 22 février 2009

Le troupeau humain ! Constat,analyse et description d'une situation séculaire qui s'amplifie, s'étend, s'intensifie,qui concerne à présent nos jeunes.

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Vous savez que l'on peut grouper les hommes d'après de nombreux critères, tels que leur origine géographique, leur langue ou leur religion ... On pourrait établir aussi d'autres catégories : les classer, par exemple, d'après le plus ou moins de constance de leur volonté . Il y aurait alors deux classes d'êtres humain : Ceux qui sont " tout le monde " , ceux, qui " appartiennent au troupeau "[qui sont passifs et qui imitent la majorité] , et les hommes de caractère, agissant seul, individuellement, avec énergie, fermeté, obstination et persévérance .

Vous pouvez observer ces deux espèces d'individus dès l'école ! Les hommes du troupeau, qui montrent un caractère moutonnier, grégaire,[qui suivent aveuglément les autres, les imite sans discernement], qui prennent pour modèle tout ce qu'ils voient faire, même lorsqu'une voix , intérieure austère et douce, leur murmure tout bas que c'est contre le devoir et contre l'ordre .
Ils n'ont pas le courage d'obéir, de se soumettre à cette voix intime, parce qu'ils ont peur d'exciter le rire des autres, ils ont peur des interprétations malicieuses que l'on peut donner à leur manière personnelle d'agir .

Celui qui se sépare de la masse, de la multitude, " du gros des troupes " , en quelque chose risque de paraître, de sembler, d'avoir l'air ridicule ( grotesque, ringard) aux autres ; de là vient que l'épithète, le qualificatif " d'original " appliquée à un homme évoque le plus souvent quelque chose de comique, quoique, étymologiquement, il n'ait pas d'autre signification que celle-ci : Celui qui se distingue du troupeau, de la majorité, qui n'agit pas comme tout le monde .

Est-ce que cette manière de faire : se tenir droit et ferme, ne pas copier les autres sans avoir réfléchi (comme certains ont pu le faire à l'école primaire ! où ils ont pris cette habitude qui leur " colle toujours à la peau " !) , ne pas approuver toujours la majorité, est-ce que tout cela ne peut pas venir d'un sentiment très raisonnable, très sérieux, qui constituera quelque chose d'excellent pour le troupeau lui-même, qui est tout le monde ?
Malheureusement, nous le savons, la masse se méprend ( fait fausse route ) constamment sur celui qui ne se conforme pas bien à ses conventions . Elle voit en lui un censeur (un juge qui critique les opinions, les comportements) ; et elle commence à rire pour ne pas avouer que celui qui reste à l'écart est le plus sage : elle le rend ridicule à plaisir et le traite d'original, " d'empêcheur de tourner en rond " c'est-à-dire une personne qui gêne les autres dans leur certitudes . C'est pourquoi il est bien difficile de se maintenir inébranlable (intransigeant) dans une telle solitude, et bien peu ont le courage de leurs convictions jusqu'au bout . Beaucoup d'hommes renient chaque jour leurs convictions les plus sacrées, parce qu'ils ont peur d'être insultés ou persécutés - et une épreuve semblable a dû commencer pour vous dans une cour de récréation ! Là, un petit garçon arrive en classe, l'âme très innocente : il a pris la ferme résolution de ne jamais rien dire ni rien faire d'inconvenant . Mais, hélas ! il est de mode parmi ses condisciples de faire des saillies grossières et de dire des paroles équivoques ; s'il ne veut pas rire, s'il n'apporte aucune contribution à l'entretien, on commence à se moquer de lui, à l'injurier et même à le calomnier . Mais voilà, il est un petit animal sociable, aussi pense-t-il qu'il faut hurler avec les loups, et pour se faire valoir, pour avoir avec lui les rieurs, il essaye même de dépasser les autres . Vous avez là un garçon, un homme du troupeau . Il n'a aucune force de résistance . C'est exactement comme pour une épidémie de grippe : quand elle court à travers la ville, beaucoup restent indemnes ; tandis que d'autres sont jetés sur leurs lits par la maladie . Ces derniers n'avaient aucune force de résistance contre le mauvais microbe .

Les paroles qu'on n'ose répéter devant les parents ou les maîtres, c'est comme une espèce de grippe, un catarrhe (grippe ) de l'âme, qui de temps en temps traverse les écoles, les groupements, et choisit ses victimes parmi ceux qui n'ont point de force de résistance . Ceux-là tombent pour faire comme les autres ; les indépendants seuls restent fermes, ils vont et viennent en sûreté, voire même à l'hôpital, où ils peuvent utilement donner des soins aux malades, sans être atteints eux-mêmes .

Prenons un autre exemple . Celui d'un jeune écolier, qui ne veut pas se contenter de parcourir le monde en aveugle et de mener la vie d'une salamandre ou d'un hanneton, un jeune garçon qui s'applique à méditer sur la vie et les souffrances de ses semblables, sait combien l'instituteur, le maître d'école, gémit douloureusement quand il ne peut pas tenir sa classe en repos . Combien d'éducateurs de la jeunesse meurent jeunes et déçus, parce qu'ils ont été usés et poussés à bout par les difficultés journalières !
Et bien ! supposons qu'un écolier, insuffisamment conscient de sa responsabilité, arrive dans une classe où l'on prend plaisir à déranger, par tous les moyens, les leçons du maître, du professeur des écoles, et où l'on s'amuse à se faire punir et mettre à la porte ; - s'il est " du troupeau " , il imitera d'abord les autres, puis il pensera :

" Après tout, je ne puis pas, à moi tout seul, y rien changer - dès lors pourquoi ne m'amuserai-je pas aussi ? Pourquoi m'exposerais-je à perdre les bonnes grâces de mes camarades ? Ils m'accuseraient de ne songer qu'à me faire bien voir du maître, de l'adulte éducateur " .

Mais si nous avons un jeune , garçon ou fille, indépendant, qui ne se laisse pas impressionner par les faits et gestes des autres, un jeune qui a le courage, au contraire, d'être fidèle à sa conscience et de se tenir d'aplomb quoique isolé, en face de la majorité, alors... alors... - eh bien ! dites-moi vous-même ce qu'il fera ...

Nous nous sommes servi tout à l'heure du proverbe :

" Il faut hurler avec les loups " .

C'est la maxime coutumière des hommes du troupeau . Il faut selon eux se mettre à l'unisson de tous les discours grossiers et imprudents, de tous les commérages et de toutes les actions odieuses ; il faut faire comme les autres, même quand les autres manquent à l'honnêteté ou à la vérité ; il faut que ces loups nous comptent parmi eux et nous tiennent pour un des leurs ... Autrement, ils nous dévoreraient .

La grande, très grande peur d'être dévorés - voilà donc quelle devrait être notre conductrice en cette vie !
Si c'était vrai, qui aimerait encore la vie ?

Vous le voyez bien, si ce proverbe devait gouverner le monde, on n'y entendrait plus que des hurlements de loups . Nous n'aurions point eu de héros, ni d'héroïnes, au cœur desquels nous puissions nous réconforter . Nous n'aurions ni les sages de l'antiquité, ni ceux de l' Inde, ni les nobles âmes de nos temps modernes . Nous n'aurions pas Garrisson, le libérateur des esclaves, ni tous ceux qui se sont élevés haut et ferme, malgré la rage de la calomnie et des accusations téméraires - nous n'aurions pas ceux qui sont restés fidèles jusqu'au bout à leur idéal de devoir et de perfection morale . Finalement, ils ont triomphé de toutes les faiblesses, car il vient un moment où les loups eux-mêmes n'osent plus hurler quand ils sont en face de celui qui sait se posséder dans une fidélité absolue . C'est pourquoi au lieu de la maxime des loups hurleurs, nous vous laissons une autre bien plus fortifiante :

" Celui qui n'a d'autre maître que sa conscience deviendra un réformateur et un maître du monde "
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Il sera nécessaire de se poser , dans un premier temps, la question : Comment devrions-nous , pourrions-nous intervenir dans ce contexte ? Grave interrogation, n'est-ce pas ?

Bien à vous, Gerboise .

vendredi 20 février 2009

Données sur la réelle compétence de la fonction de chef: "être orfèvre en la matière " [*] . Le leg d'un outil inestimable d'Emile Chartier,dit ALAIN.

[*] S'y connaître parfaitement sur " les dessous " et les non-dits de ce concept.

Nous allons continuer à présenter des " Propos de ce Personnage " hors du commun , qui les a fait paraître quotidiennement dans la Dépêche de Rouen dès 1906 jusqu'à 1938 ! car ils nous apportent une richesse de Réflexions, parfois très difficile à analyser, qui nous incite à nous poser des questions cruciales sur notre société, toujours pertinentes de nos jours .


Nos seules interventions seront d'expliciter et de définir certains termes et expressions, au fil du texte, qui nous ont semblé devoir l'être ! Le reste se passe de commentaires , tout est là , n'est-ce-pas ? Cependant si des questions surviennent dans votre esprit, que vous ne sauriez en un premier temps, résoudre, vous pouvez toujours les poser dans la rubrique : commentaires , en fin du billet . Nous serons toujours heureux de vous apporter une réponse .

Voici celle parue le 8 Janvier 1911 dans cette Gazette de Rouen [n° 38, Propos sur les pouvoirs, Éditions Gallimard] particulièrement réaliste et pleine d'enseignements . Elle a pour propos[!] de nous faire entrevoir que " la fonction du chef " ne relève pas (toujours) de la compétence technique.

" L'administration, par sa nature, choisit et élève (prend en considération) les diplomates, non les savants .

Tout administrateur doit être prometteur (encourageant par des promesses, même en l'air ! de " Gascon ", non tenues) , conciliateur (qualités d'un personnage qui s'efforce de concilier, à tout prix, les différentes " parties "[individus, groupes ...] entre elles ; concilier : faire aller ensemble, rendre harmonieux ce qui était, est, très différent, contraire ) , pacificateur (vertu d'un personnage qui est capable de ramener la paix et de calmer les esprits ) .

Les colères, les envies, les rivalités, les compétitions, les intrigues, les dénonciations, voilà sa matière propre (caractéristique) . Il n'y a pas ici de spécialités ;

Il faut savoir la mécanique humaine
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Ainsi ce n'est pas la science juridique qui fait un bon préfet ; ni la science des phénomènes électriques qui fait un bon directeur des télégraphes (en pleine expansion à cette époque, 1911, d'où le choix de l'auteur du Propos) ; ni la science des annuités et des risques qui fait un bon directeur de la mutualité ; ni la science des transports qui fait un bon directeur des chemins de fer ; ni la science des courants et des remous (hydraulique) Supérieure des Travaux Publics qui fait un bon directeur de la navigation fluviale ; ni la science des pierres, des mortiers, des bétons (diplômé de l'École) , qui fait un bon directeur des ponts et chaussées ; ni la science de la peinture, de la sculpture, du théâtre, qui fait un bon directeur des beaux-arts .

Ces sciences conviennent à de petits ingénieurs sans avenir, ou à de petits chefs de bureau, ou à de petits agents voyers (à l'époque, officiers préposés à la police des chemins et à celle des rues) , ou à des petits habilleurs ou metteurs en scène .

Dès que l'on s'élève, on règne sur des hommes, non sur des choses, et l'on a à considérer non pas les lois des choses, mais la marche des passions .

Voilà ce que signifie la formule connue : " C'est un bon technicien, mais ce n'est pas un bon administrateur " .

Je lisais récemment qu'un grand inventeur des télégraphes venait de mourir, avec une toute petite retraite. Je me demandais au premier moment : "Comment n'était-il pas chef de service" ? La réponse est aisée à trouver . Il savait le télégraphe, non les passions (ce qui régit les êtres humains!) . Comment aurait-il pu recevoir des solliciteurs, deviner ce qu'ils ne disaient pas, apercevoir leurs desseins (leurs buts, leurs intentions) cachés, peser (estimer) leur ambitions ; reconstruire leur ménage, évaluer leurs dettes, flairer ( discerner) leurs alliances, évaluer leurs dettes, flairer leurs cousinages (agir familièrement avec quelqu'un) , et jusqu'aux protecteurs (!) de leurs femmes, et en même temps se cacher à eux, dissimuler, feindre ( donner pour réel un sentiment, une qualité que l'on n'a pas ) un vif intérêt pour les choses de peu ( insignifiantes ) , accueillir d'un air glacé (avec impassibilité) les révélations inattendues ; parler enfin pour ne rien dire, insinuer et nier, laisser entendre et ne rien faire entendre, user la faim ( les envies) de l'adversaire en lui jetant des possibles inextricables (que l'on ne peut démêler que très difficilement) ; le renvoyer content et mécontent, irrité pour de nouveaux griefs (sujets , motifs de plainte) , et oublieux des anciens, et en somme opposer une passion à une autre, et coupler les désirs comme des chiens, afin de les tenir sans tirer trop sur la corde ?

Tout cet art n'a aucun rapport avec la connaissance des courants électriques et des signaux distincts courant (se déplaçant) en même temps sur le même fil .
Je dis même que les deux sciences ne vont guère ensemble . Car l'inventeur est un ingénu (qui a une sincérité innocente et naïve) , qui pense tout haut (qui ne cache rien aux autres) ; ses idées sont plus fortes que lui . Au contraire, à vouloir faire taire les idées, on les endort .

Le vrai diplomate est celui qui ne pense rien .

De là un choix inévitable des médiocres pour la plus haute direction ; je dis des médiocres dans la science même . Par exemple, je suis sûr que le directeur des télégraphes est médiocre en science télégraphique; le directeur de navigation médiocre en science hydraulique ; le directeur de l' Observatoire, médiocre en sciences astronomiques ; le directeur de la mutualité, médiocre en science économique .


Mais tous sont supérieurs dans l'art de tromper .

Le technicien reste au second rang, heureux encore s'il y arrive . De là l'incompétence des chefs, en toute chose, et l'impuissance des services techniques, en toute chose, excepté à faire oublier leur impuissance et leur incompétence ; à quoi ils s'entendent (ils sont passés experts et se comprennent eux-mêmes ) merveilleusement ".

Oui, nous pouvons dire que l'auteur avait " la dent dure " (être sévère dans la critique ) , mais aussi qu'il était un observateur de la condition humaine hors pair ( sans égal) . Sa pénétration dans cette conscience humaine était admirable et remarquable . Elle doit être pour nous un modèle de Réflexion, utilisable à tout instant, et dans toutes les circonstances .

Que dire de plus que l'auteur ? Je vous laisse savourer, apprécier le contenu de l'une des réflexions qu'Alain dispensait chaque jour à ses contemporains et qu'il nous a ainsi légué pour nous en imprégner .

Bien à vous, Gerboise .

mercredi 18 février 2009

Enigmes,mystères concernant la beauté et de la laideur .Constat: Pourquoi certains apprécient l'harmonie et d'autres les déséquilibres,l'incohérence ?

" Des goûts et des couleurs il ne faut discuter " dit un vieux proverbe (tous les goûts sont dans la nature, il faut savoir admettre la diversité des dispositions de chacun) .

Chacun possédant sa conception propre de l'esthétique, de l'harmonie , il est difficile de mettre tout le monde d'accord sur certains chapitres touchant la beauté . A dire vrai quelques points demeurent indiscutables : un magnifique cheval qui vous quémande de l'attention , une rose toute perlée de la rosée du matin , un gracieux papillon, un ciel constellé d'étoiles, un splendide ouvrage, certains visages, des regards profonds, semblent beaux à tout le monde ; tandis qu'une grosse araignée velue, une charogne pourrissante, un lépreux même vous implorant du regard de le considérer comme un être humain, produisent un effet de répulsion . Mais, entre ces deux extrêmes , s'étend une zone imprécise, non définissable [une sorte de "frontière vague " ] où l'unanimité ne peut être atteinte : chacun apprécie comme il l'entend la beauté, [l'attirance d'une femme, la splendeur d'un monument, le charme d'un tableau ou le caractère prégnant (qui s'impose à l'esprit, riche de potentialités) d'une œuvre littéraire .

En réalité chaque homme, chacun d'entre nous, par le fait qu'il possède une conscience, dispose d'une besace (d'un " nid " secret) avec deux compartiments : un favorable et un défavorable . Dans le premier il met ce qu'il estime être beau, bien, harmonieux, fécond , rejetant dans l'autre tout ce qu'il croit laid, mauvais, haïssable, néfaste . Cette" besace à jugements " lui permet de choisir entre les innombrables objets, concepts, que lui offre le monde extérieur . S'il n'a pas assez de personnalité pour le faire de son propre mouvement, il se laisse guider par quelqu'un d'autre . Là, interviennent les réflexes conditionnés de l'éducation, le rôle des critiques et des conseillers, la pression des conformismes ambiants . En fin de compte, tout bien considéré, la façon dont la majorité des êtres humain place une œuvre dans ses besaces (ses sacs intérieurs !) constitue une sorte de plébiscite (sorte d'approbation) permanent(e) décidant de la gloire ou de l'opprobre, du discrédit .
Par un juste retour des choses (par un juste retournement de la situation) , cela permet aussi, au regard de l'histoire, de porter un jugement sur chaque société, à chaque époque, d'après la façon dont elle oriente ses préférences .

Beauté : qualité de ce qui plaît et remplit d'admiration, de ce qui charme par une certaine perfection ...

" L'agrément est arbitraire ; la beauté est quelque chose de plus réel et de plus indépendant du goût et de l'opinion " .[La Bruyère]

Laideur : caractère de ce qui est laid au physique ou au moral . Laid, qui choque par ses imperfections, par ses défauts, notre sens de la beauté ; tout ce qui est désagréable à la vue, qui est contraire à la bienséance, à la probité ...

" Un homme qui a beaucoup de mérite et d'esprit, et qui est connu comme tel, n'est pas laid, même avec des traits qui sont difformes, ou s'il a de la laideur, elle ne fait pas son impression " .[ La Bruyère ]

Problème complexe qui mérite réflexion ! n'est-ce-pas ? Mais problème crucial que nous devrons toujours prendre en considération, si nous voulons comprendre réellement les " mondes " et les comportements de ceux qui nous entourent, et peut-être aussi de nous-même !
Nous essayerons de répondre à la question posée dans notre titre dans un prochain billet .

A bientôt, bien à vous, Gerboise .

mardi 17 février 2009

L'art et la manière d'écrire correctement les mots d'une langue : notre orthographe est souvent arbitraire . Réflexions et considérations essentielles

Pour commencer nous allons attirer votre attention sur le fait qu'il existe souvent un désaccord [* voir plus loin ] entre la prononciation et l'orthographe des mots français : l'écriture ne reproduit pas fidèlement les sons ; ceci donne lieu à de nombreuses fautes .

Il semble au premier abord, que l'on devrait écrire les mots comme on les prononce . C'est l'orthographe dite " phonétique " . Il y a lieu de distinguer l'orthographe de mots et l'orthographe d'accord .
En fait la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir .

Si défectueuse et si arbitraire qu'on puisse juger notre orthographe, il est essentiel de l'accepter comme un fait de société, comme une nécessité, une obligation, une exigence indispensable, inévitable ou comme une convenance sociale et s'y soumettre, parce que les fautes d'orthographe, trop souvent présentes , suffisent à qualifier une personne et ainsi, à la classer dans la catégorie des illettrés, ou pire dans le groupe des gens étourdis et peu sérieux sur lesquels on ne pourra pas strictement s'appuyer en toute confiance !

[*] Les causes de ce désaccord entre l'orthographe et la prononciation sont diverses , voici :

A - Notre orthographe ne correspond pas à la prononciation actuelle .

Vous devez savoir que notre langue à fait suite à la langue latine (elle-même très influencée par la langue grecque ) . Au fur et à mesure que la prononciation des mots latins [ceux de la langue de l'empire romain] se transformait, on s'efforçait d'adapter l'écriture à cette prononciation . Mais à partir du XIIIe siècle environ, on prit l'habitude de conserver la même orthographe alors que la prononciation continuait à se modifier . Il en résulte que l'orthographe actuelle correspond à peu près à la prononciation sous Philippe II Auguste, 1165-1223, Roi de France, 1180-1223, qui pourvut l'université de Paris de statuts en 1215 .

Avant François 1er [ 1494-1547, Roi de France, 1515-1547, qui fut un des grands introducteurs de la Renaissance Italienne en France] , ni l'orthographe ni la prononciation du français n'étaient soumises à des règles fixes ; le désordre était poussé à ce point que l'on trouve souvent dans le même manuscrit plus de vingt variantes pour le même mot . L'imprimerie commença la réforme, mais ce fut surtout le XVIe siècle qui régularisa définitivement le langage parlé et le langage écrit, en ramenant ce dernier dans la voie de l'étymologie, telle, du moins, qu'il la concevait, et en fixant le langage parlé d'après l'usage à la cour du Roi . Les règles posées à cette époque et complétées par l'Académie française (en 1635, Richelieu la charge de donner à la langue une orthographe officielle) au commencement du siècle suivant, et en réalité, mises en pratique plus par les corporations d'imprimeurs que par les écrivains ou le public lettré, furent un peu plus tard légèrement modifiées par Voltaire et Beauzée, et ce sont elles qui règnent encore aujourd'hui . Par suite de cette réforme, plusieurs milliers de mots ont perdu quelques- unes de leurs lettres ; d'autres en ont ajouté ou repris .

La question de la réforme de l'orthographe a repris une certaine actualité dans les dernières années du XIXe siècle . Les difficultés de notre orthographe sont nombreuses, mais en définitive, la lutte est entre deux systèmes : le système phonétique qui prétend écrire comme l'on parle, et le système étymologique, qui veut conserver dans chaque mot la trace de son origine . Nous avons déjà dit pourquoi un système phonétique rigoureux est une chimère ( illusion sans rapport avec la réalité) ; ajoutons que son introduction brusque mettrait dans un extrême embarras toutes les personnes de l'âge adulte .

On lit avec les yeux, non avec les oreilles,

et un changement agressif dans les figures et les associations de lettres rendrait les mots méconnaissables et la lecture pénible . Qui reconnaîtrait sous les formes filosofi ou fotografi , les mots philosophie ou photographie ? D'autre part, les jeunes gens élevés avec une nouvelle orthographe ne liraient plus qu'avec peine les anciens livres . Enfin, comment se ferait, dans l'écriture, la distinction des mots dont la prononciation est semblable ?
C'est surtout pour la langue scientifique, qui se lit plus qu'elle ne se parle, que cette distinction a de l'importance : il convient que des orthographes différentes aident à l'intelligence des mots qui se ressemblent . Nous citerons, par exemple, trois suffixes très usités dans la langue scientifique qui se confondraient d'une manière fâcheuse dans l'orthographe phonétique, ce sont : file dérivé du latin filum , fil ; phile , du grec philos , ami, et phylle , du grec phullon , feuille .

Il est important de distinguer également l'orthographe de mots et l'orthographe d' accord .

Sur la seconde, il y a peu à dire si ce n'est que quelques grammairiens ont accumulé des conceptions insoutenables . La vérité est que l'accord est déterminé par des règles générales et le sens de la phrase . Tout accord qui peut se justifier par le sens et la logique doit être considéré comme correct .
Pour l'orthographe de mots, il y a lieu de s'en tenir, en principe, à l'orthographe étymologique .

En définitive, la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Il faut savoir en prendre son parti . Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir ; mais il y a un intérêt manifeste à ce que les variations soient aussi lentes que possibles . Tandis que les modifications du langage n'offrent que des avantages très minimes, le fait de ne plus comprendre les anciens auteurs présente des inconvénients graves . Aussi la sagesse paraît être dans une attitude conservatrice qui met un frein aux fantaisies du caprice et de la mode . Sans empêcher les changements nécessités par le progrès des idées .


B - Notre orthographe est dans l'obligation d' " avoir des égards " pour l'étymologie .

Les grammairiens, surtout depuis la Renaissance[XVIe siècle], ont voulu que l'orthographe respecte l'étymologie ( science de la filiation des mots, reconstitution de leur histoire, de leur origine) et conserve le plus possible aux mots français, en dépit de leur prononciation, la forme du mot latin dont ils provenaient . C'est ainsi que nous écrivons temps et corps avec p et s pour rappeler tempus et corpus , mais ni le p ni l' s ne se prononcent .
D'autre part, certains mots transmis par la parole ne s'écrivent pas comme d'autres, de même origine, calqués directement par les savants sur le mot latin . Ainsi, de bouche en bouche au cours des siècles, aurum est devenu or , tandis que le verbe aurifier a été fait d'après le latin . Il se trouve donc qu'aujourd'hui le même son o est noté de deux façons différentes dans ces deux mots . Des erreurs ont été commises et des lettres ajoutées, qui n'existaient pas en latin : c'est le cas pour le p de dompter et de d de poids .

C - Donc, on peut constater que notre orthographe peut être fréquemment arbitraire (qui dépend de la seule volonté, libre arbitre, n'est pas lié par l'observation de règles, de raisons) .

Certaines orthographes sont dues à la fantaisie des clercs [des intellectuels, des lettrés] , des imprimeurs ou des grammairiens . Dans la famille de char , seul le mot chariot ne prend qu'un r . Trappe a deux p alors qu' attraper n'en a qu'un . Siffler prend deux f et persifler un seul, etc.

Au XXe siècle, avec l'école obligatoire, tout le monde est concerné par ces problèmes . Si les controverses concernant une orthographe compliquée et peu cohérente, étaient déjà posées par les écrivains, les imprimeurs et les clercs, elles sont maintenant soulevées par les " pédagogues " , les spécialistes de la langue et l'opinion publique .

Nous aurons l'occasion de poursuivre ce passionnant sujet à l'occasion de notre investigation sur nos façons d'exprimer nos Savoirs et notre Réflexion à l'aide de notre belle langue française.

A bientôt, bien à vous, Gerboise .

vendredi 13 février 2009

Considérations sur la place relative des "degrés d'organisation" dans l'apparition,la création, la stabilité, l'évolution des choses de notre monde .



Ce monde dans lequel nous vivons nous présente des objets, des êtres, des phénomènes . Notre dessein, notre visée, notre ambition même, est d'attirer votre attention sur ce qui est essentiel pour vous faire comprendre l'importance d'un déchiffrement, d'une traduction en clair, qui vous permettra de justifier leur présence en un lieu et à un moment de leur existence et donc d'accéder aux " éléments " de leur genèse .


" Tous les esprits qui sont capables d'une telle synthèse ont le devoir impérieux (auquel on ne peut résister) de l'entreprendre . Autrement l'énorme foisonnement ( surabondance, prolifération) de nos connaissances risque de devenir un fatras (un amas ou un ensemble confus, hétéroclite, de choses sans valeur, sans intérêt) informe, écrasant l'humanité sous sa masse " [ Henri PRAT, 1960].

Le monde terrestre qui nous entoure, et dont nous faisons, en quelque sorte, parti (dont nous sommes, d'une certaine manière, issu ) , est constitué d'objets plus ou moins figés [fossilisés !] , plus ou moins en évolution, qui résultent souvent de l'aboutissement et de la coparticipation de phénomènes de nature très différente et parfois très éloignés dans le temps .

C'est la Géologie [qui va constituer le support de notre réflexion car elle est universelle] , cette science de la Terre, dont l'étude apprend à se familiariser avec les objets matériels, actuels et anciens, à toutes les échelles d'espace et de temps : massifs granitiques des vieux socles , bâtis continentaux (ensembles qui supportent les vieux socles d'âge précambrien ), ou intrusions plus récentes des chaînes hercyniennes ou alpines ; cristal de feldspath ; inclusions dans les cristaux, etc.

Chaque objet évoque tout d'abord l'idée de volume, c'est-à-dire d'espace à trois dimensions .

Comme l'avait énoncé Héraclite, philosophe grec de l'époque Ionienne, tout objet possède en outre une durée : Chaque massif de granite est né, a évolué, s'est transformé, a été atteint par l'érosion et puis a disparu .

Nous le verrons et nous vous le ferons comprendre et admettre dans l'ensemble de ce texte .

La Géologie n'a donc pas attendu la Physique pour atteindre, à sa manière, la notion d'espace-temps [4 dimensions] et elle se préoccupe depuis longtemps de reconstituer les " visages " successifs de parties plus ou moins étendues de la Terre : reconstitutions paléogéographiques (anciennes dispositions des géographies successives, chronologiques, dans le temps et dans l'espace) et de les enchaîner comme les images et séquences d'un film [histoire géologique] . Chaque " être géologique " possède également une masse et une composition chimique, c'est-à-dire une dimension matérielle . Il dégage de la chaleur ou en reçoit, émet des radiations variées, modifie localement le champ électrique ou/et magnétique, diffuse autour de lui des molécules solubles ou volatiles, etc. , ce qui constitue la dimension énergétique .

Chaque " être matériel " envisagé doit donc être considéré comme un système hyperspatial, c'est-à-dire comme un groupement d'éléments matériels en interaction continue, mettant en jeu des variables (des paramètres, des facteurs) à la fois spatiales, temporelles, matérielles et énergétiques .

La Géologie est encore loin d'avoir exploré le complexe : espace-temps-matière-énergie, ce qui est son objectif ultime . Cependant, elle se préoccupe depuis assez longtemps d'esquisser les bilans matériels des échanges de toutes natures ; par exemple, lorsqu'un massif granitique se " met en place " dans des terrains sédimentaires ou métamorphiques, que leur emprunte-t-il et qu'introduit-il dans son auréole (zone de transformations concentriques) , son " enveloppe " ?

En ce qui concerne la dimension énergie la Géologie paraît encore au stade des tâtonnements, oscillant entre les applications de la Thermodynamique classique et celles de l'Energétique cristalline ou " réticulaire " [des réseaux cristallins] (arrangements périodiques des atomes et des molécules dans l'espace) .

Le groupe espace-temps représente la Géologie traditionnelle ; le groupe matière-énergie représente à peu près la Géochimie dans son sens le plus large en y joignant la Thermodynamique, mais ces coupures sont quelque peu arbitraires . Retenons seulement que l'on peut plus aujourd'hui pratiquer la Géologie sans utiliser la Géochimie .

Toute matière[et énergies, thermiques, mécaniques, radiatives] est structurée, c'est-à-dire organisée d'une manière plus ou moins complexe . On peut distinguer ainsi des niveaux d'organisation, liés à la notion de continuité et de discontinuité .

Tout système continu, c'est-à-dire d'un seul tenant (ce qui n'est pas séparé, d'une seule pièce) à une certaine échelle, devient discontinu lorsqu'on l'observe dans le détail (à une autre échelle d'investigation) . Par exemple, le corps humain est un système continu, d'un seul tenant, pareillement à un océan ou à une étoile . Mais examiné, investigué à l'aide d'un moyen de grossissement, au microscope, il se révèle discontinu et constitué d'un très grand nombre d'unités analogues entre elles, les cellules, séparées par des étendues de nature différente .

Dans les sciences de la Terre les niveaux d'organisation principaux, du plus simple au plus complexe, sont : l'atome- le minéral- la roche- l'appareil rocheux- la chaîne de montagne[actuelle ou ancienne, et alors reconstituées par un certain nombre de raisonnements] - l'écorce terrestre- les zones concentriques de la planète jusqu'en son centre . A chaque niveau d'organisation, un objet est formé, constitué, par une population d'objets du niveau inférieur .

A chaque niveau d'organisation on peut établir des lois, qui régissent la population d'objets appartenant au niveau inférieur .

Dans l'exemple biologique, les lois de la chimie du vivant, valables à l'échelle moléculaire, ne peuvent pas être appliquées purement et simplement au niveau de l'individu en activité . Ce dernier offre, en plus, des ensembles structuraux autonomes, organisant les phénomènes biologiques . Et l'on ne peut comprendre complètement tout le système " animal " qu'en se plaçant successivement à tous les niveaux .

De la même manière, si nous étudions un ensemble rocheux, nous devrons nous placer successivement à diverses échelles .

D'abord l'échelle du " massif rocheux ", dont nous analyserons l'anatomie ,un massif de granite peut présenter dans sa partie centrale des minéraux à " grains fins " [millimétrique] et à sa périphérie une roche à très gros cristaux [centimétriques] ; cette anatomie qui porte sur des surfaces topographiques (discontinues car cachées par toutes sortes de choses :terre arable, forêts, formations géologiques plus récentes en discontinuité ... ) de plusieurs kilomètres, même de plusieurs dizaines, centaines et même davantage, sera représentée sur des cartes à diverses échelles .
Puis l'échelle du "front de taille " dans une carrière ,ou sur le bord d'une route, échelle à laquelle nous pouvons observer par exemple des orientations de mégacristaux de feldspaths .

Puis celle d'un échantillon de la taille du poing, que nous examinons à l'aide d'une loupe pour en connaître la composition minéralogique ainsi que les relations structurales entre les minéraux ; ce niveau d'examen correspond à peu près à l'histologie des biologistes et à la cytologie des botanistes .

Enfin l'étude plus intime des minéraux constitutifs : par exemple, les zonations à l'intérieur des feldspaths ; les variations de la composition chimique variant de zone en zone, du cœur du cristal vers sa périphérie [à l'aide d'une microsonde électronique] ; la présence d'inclusions fluides ou solides [verres ou micro inclusions minérales piégées lors de la croissance du mégacristal ou formées lors d'une cristallisation interne des liquides magmatiques piégés lors de sa croissance .

Seule l'étude à tous ces niveaux d'organisation, pratiquée sur de nombreux objets, peut commencer à laisser entrevoir des interprétations génétiques .

Si nous utilisons des termes, des mots empruntés à l'étude du monde organique, c'est parce que les mots recèlent une certaine puissance dynamique et qu'ils stimulent la pensée lorsqu'on les transpose d'un domaine de la science à l'autre .

A chaque niveau d'organisation et spatial correspondent des méthodes et des techniques différentes . Le géologue étudie des objets ou des systèmes qui vont en général de quelques micromètres ( quelques millionièmes de mètres) [par exemple les inclusions fluides dans les minéraux] aux milliers de kilomètres ; de l'épaisseur d'une couche ou d'un filon aux fosses marines de milliers de kilomètres de longueur et de 100 km ou plus de largeur . Sa profondeur d'investigation ne dépasse guère, dans les masses continentales les plus profondément érodées, 20 ou 30 km . Il étudie donc l'écorce terrestre à des échelles variées .

Le géophysicien se donne pour objet d'étude la Terre entière, dont il veut connaître les caractéristiques physiques et les surfaces de discontinuité jusqu'en son centre, c'est-à-dire jusqu'à 6000 km de la surface .

Le minéralogiste travaille à l'échelle du centimètre, du micromètre et de l'angström (dix milliardième de mètre ) , puis cède la place au physicien atomiste .
Il ne faut donc pas s'étonner de rencontrer, chez ces divers spécialistes, des attitudes d'esprit très différentes, à tel point que l'on a parfois l'impression qu'ils n'appartiennent pas à une confrérie (une communauté) dont l'objet commun est de faire progresser les Sciences de la Terre ! Dans cette confrérie disparate le géologue est assez souvent tenu par ses collègues pour un parent un peu " attardé " . L'analyse de cette situation peut tenir en quelques mots .

Le minéralogiste physicien travaille dans des structures fixes et mesurables ; s'il se trompe, c'est avec des chiffres ! Le géophysicien travaille sur des paramètres mesurables : vitesse des ondes sismiques, variations du champ de la pesanteur, variations du champ magnétique ... Il a de plus l' " avantage " de viser le plus souvent à des profondeurs [dizaines, centaines, milliers de kilomètres] auxquelles on ne peut pas vérifier directement ses hypothèses . Dès qu'il travaille aux profondeurs accessibles aux sondages (aux forages pétroliers par exemple) ou aux travaux miniers ses prévisions - facteur essentiel pour tester, non seulement la solidité mais aussi les difficultés d'une science - deviennent très vulnérables . Sa collaboration avec le géologue, en lui demandant quel modèle est le plus plausible pour expliquer le phénomène physique mesuré, évite des erreurs inadmissibles .
Malgré cela on a vu des milliards d'euros engouffrés dans des campagnes de prospection géophysique mal préparées, parce qu'ici " joue la magie du chiffre et des courbes ! "
Par contraste, on " reprochera " plus ou moins explicitement ou confusément, au géologue de ne quantifier (attribuer des valeurs chiffrées à un phénomène) que rarement ses raisonnements, avec l'idée sous-jacente " (implicite, qui est impliqué dans une proposition, un fait, sans être formellement exprimé) qu'il ne sait pas le faire " . Une telle attitude n'est ni très juste, ni très sérieuse . Elle va nous permettre de mettre en évidence, en relief, des qualités nécessaires pour être en mesure d'acquérir des " Savoirs "intuitivement, en utilisant sa propre expérience et d' être capable d'une " Réflexion " efficiente (efficience : faculté de faire, de produire un effet, vertu d'efficacité, de pouvoir ) .

Voici quelques éléments formateurs :

- apprendre comme ont su le réaliser certains géologues des " enchaînements de phénomènes ", ce qui est une véritable science .
- savoir utiliser, comme les physiciens les " mathématiques ", leur formation de " naturaliste " basée surtout sur l'observation et l'interprétation comparative des objets et des phénomènes dynamiques dans l'espace et la durée .
- être capable de reproduire expérimentalement, par synthèse, des objets naturels de la Nature .
- être constamment contraints de confronter les témoignages du passé avec les phénomènes actuels : sédimentation, volcanisme, érosion, transformations de toute nature ... etc.
- être obligé de faire appel aux données de multiples disciplines, leur domaine d'investigation s'étendant sur toutes les échelles intermédiaires entre l'angström et les milliers de kilomètres, ce qui requiert une extension culturelle considérable . Et, ainsi, être capable de" jeter des ponts " entre toutes les sciences de la matière dans l'espace et dans le temps et également dans le champ de toutes les sciences humaines .
- être capable de créer et poursuivre des collaborations humaines multi-disciplinaires dans de très nombreux champs de la connaissance, et ainsi de savoir faire preuve d'esprit critique dans le jugement sur les apports de nombreux spécialistes .
- être capable de comprendre le fonctionnement intellectuel et les types de raisonnements émis par d' autres scientifiques, techniciens , ingénieurs, économistes , médecins , et même politiques ... dans un ensemble de contextes variés .
- être conscient de la relativité des phénomènes, des comportements des êtres humains dans de nombreuses circonstances, et surtout être capable de " jauger " les informations et spécialement celles qui se disent pouvoir " vulgariser " ( répandre des connaissances en les mettant vraiment ou soi-disant à la portée du grand public ; vouloir faire preuve de vulgarisation en vue de manipuler, influencer, téléguider, les esprits [fantasme social de très nombreux individus ou de " groupes dits de pression " ] ; le fait d'adapter un ensemble de savoirs pédagogiques, techniques, scientifiques, sociologiques, politiques, financiers, médicaux, de manière à les rendre accessibles à un " lecteur " non spécialiste ) .
- savoir envisager les faits, les mécanismes, les évolutions de toutes natures, à des échelles de durées de plusieurs centaines de millions d'années et également de quelques secondes, minutes, heures, mois et de quelques années, quelques siècles ... !

Ces qualités essentielles que doit posséder un " excellent Géologue " , [[ que nous pouvons résumer- mais mal - par des mots : intuition, aptitude à la vision dans l'espace,,sens de l'orientation, sens de l'auto-critique, c'est-à-dire du va-et-vient incessant entre l'hypothèse construite (voir l'analyse technique boursière !) , les faits qui la nuancent ou l'infirment, reconstruction d'une autre hypothèse, honnêteté intellectuelle, etc. , ]] doivent être en possession, maîtrisées par tous ceux qui veulent prétendre utiliser les savoirs de toute nature !

Enfin, il ne faudrait pas oublier que l'invention, la découverte de ce qui ne se dévoile pas " aux premiers regards " , est une germination de l'esprit, qui requiert avant tout la quiétude (calme paisible, tranquillité) et ne peut s'accommoder ni de la défense frénétique d'intérêts, ni des incessantes enquêtes et demandes de justifications dont on accable les véritables chercheurs scientifiques ou des autres " champs de la Connaissance " .

Bonnes réflexions et à bientôt, Gerboise .

mercredi 4 février 2009

Les contradictions,les inconpatibilités,les incohérences du ciel étoilé,du firmament :voûte céleste antique "portant "les étoiles !ou témoignages [*]


Installés à 2857 mètres d'altitude, près du sommet du pic du Midi de Bigorre [Hautes Pyrénées] , apparaissent au premier plan les coupoles, les antennes et les bâtiments de l'observatoire, haut lieu des études astronomiques .
Le pic du midi domine de ses 2872 mètres tout un monde de gorges profondes, de cirques et de lacs, au-delà duquel s'élève la barrière des hauts sommets . A l' Est le regard découvre les montagnes d'Andorre; à l'horizon la vue s'étend jusqu'en Espagne .


[*] relatifs et fallacieux qui demandent, pour les interpréter avec pertinence, de posséder et d'exercer un esprit critique de grande valeur, pour ne pas se laisser abuser par les apparences .


Leçons de modestie et d'humilité devant les " façades " des choses de ce monde ! , et enseignements en vue de maîtriser la réalité des phénomènes, de la matière inerte et des êtres vivants
.

Quand nous regardons, nous observons un paysage terrestre, par exemple : celui du point de vue de l'observatoire du Pic du Midi de Bigorre avec son premier plan et les lointains brumeux des sommets espagnols à une trentaine de kilomètres , nous pouvons admettre que les images des objets nous parviennent instantanément . Cette distance est franchie par la lumière en un dix-millième de seconde ; nous pouvons donc dire, pratiquement, que nous voyons un état de ces lointains, simultané de celui des bâtiments de l'observatoire avec son antenne, objets voisins de nous ,visibles sur cette photographie .

Mais levons les yeux vers le ciel .

La lune est, en moyenne, à 385000 kilomètres de la Terre, et nous envoie donc sa lumière (réfléchie par sa surface) en un quart de seconde . Mais les nouvelles (les images ) que nous recevons de la planète Neptune sont un peu moins fraîches : Elles restent trois heures en route . Quant à l'étoile la plus rapprochée, Alpha du Centaure, elle est à 43 trillions de kilomètres, soit quatre ans et demie de parcours de la lumière qui se meut dans l'espace à ~300000 Km par seconde [ cette vitesse : c = 299.792. 458 mètres par seconde, fut déterminée par Léon Foucault, à Paris en Septembre 1862 à l'observatoire de Paris, à l'aide d'un miroir tournant à grande vitesse, 24.000 tours par minutes] ; la 24e, par ordre de distance est la Polaire, à 438 trillions de kilomètres, ou quarante-six ans et demi de lumière .
Or, ce sont là nos voisines immédiates . Mais on a évalué à 30000 ans le temps nécessaire à la lumière pour traverser diamétralement la Voie Lactée, notre Galaxie . Comment imaginer depuis combien de temps voyagent les rayons que nous recevons des autres nébuleuses ?
Arago, savant et homme politique français, a calculé que, si la Voie Lactée était transportée, transférée assez loin de nous pour que nous la vissions, comme certaines d'entre elles, sous un angle spatial de 10 minutes, sa lumière mettrait au moins un million d'année à nous parvenir . Or, il n'y a pas de raison pour que, parmi ces nébuleuses presque imperceptibles avec les plus puissants instruments, il ne s'en trouve pas de beaucoup plus grandes que la Voie Lactée ; et leur éloignement dépasserait donc beaucoup celui qui vient d'être indiqué .

Ainsi, non seulement nous ne voyons pas les étoiles comme elles sont en ce moment, non seulement nous les voyons dans le passé, mais ce passé diffère de l'une à l'autre, et peut différer formidablement pour deux d'entre elles qui, situées à peu près dans le prolongement l'une de l'autre, nous paraissent immédiatement voisines dans l'espace (voir schéma ) .

Nous continuons à en voir, qui sont éteintes depuis des siècles ; et d'autres brillent depuis non moins longtemps, qui n'apparaîtront qu'à nos lointains descendants .
Suivant le mot d'Anatole France :

" Nous embrassons d'un seul regard, en levant les yeux au ciel, des aspects qui ne sont point contemporains . Les lueurs des étoiles, qui se confondent dans nos yeux, y mélangent en moins d'une seconde des siècles et des milliers de siècles "[ Monsieur Bergeret à Paris ] .

Dans les considérations qui précèdent, n'intervient que le mouvement relatif des radiations lumineuses ; il suffit à nous faire voir simultanés des événements aussi distincts que le départ de deux rayons qui nous arrivent ensemble de la Lune et d'une nébuleuse . Si tous les astres étaient immobiles, les choses se passeraient ainsi .

Mais ils ne sont pas immobiles . Outre le mouvement diurne et la parallaxe, qui sont des mouvements d'ensemble relatifs à la rotation et à la révolution terrestres, outre le mouvement relatif peu connu qui résulte de la translation du système solaire, chaque étoile a son déplacement propre ; l'aspect du ciel varie constamment, dans des conditions qui nous sont inconnues .

Considérons une des étoiles les plus rapprochées, l'étoile Véga par exemple, qui se trouve à 50 trillions de lieues de nous . Supposons-la animée d'un mouvement de translation rapide de 100 kilomètres à la seconde, dans le sens le plus apparent pour nous, dans le sens transversal . Elle parcourrait dans le ciel 2 millions de lieues chaque jour environ, ou 800 millions de lieues par an, ou 2 trillions et demi de lieues durant les 30 siècles qui nous séparent de la période chaldéenne . Or, que l'on songe que ce parcours énorme de 2 trillions et demi de lieues ne nous apparaîtrait, à la distance de Véga, que sous un angle de moins de trois degrés ! [ H. Guilleminot. Les nouveaux horizons de la science, Paris, Steinheil, 1913 ] .

Mais ce parcours correspond aux conditions les plus favorables qu'on puisse imaginer : on a considéré une des étoiles les plus rapprochées de nous, la 23e [ elle n'est que 1300000 fois plus éloignée que le soleil ], et on a supposé sa course très rapide et normale au rayon visuel . Les autres, beaucoup plus éloignées et décrivant des trajectoires quelconques avec des vitesses plutôt inférieures, subissent des déplacements apparents bien moindres .

La déformation des constellations es donc pratiquement insensible ; si les Chaldéens nous avaient légué des photographies célestes, nous n'y relèverions que des différences insignifiantes par rapport à nos clichés . Mais enfin, ces différences existent ; et pendant que la distance angulaire de deux étoiles varie, leur lumière chemine vers nous .

Nous voyons donc notre voisine, Alpha du Centaure, dans la direction où elle était il y a quatre ans et demi, quand le rayon qui frappe notre oeil s'est mis en route ; et telle autre se montre à nous dans sa direction d'il y a un million d'années . Il est clair que la distance angulaire que nous mesurons entre elles n'est ni celle d'aujourd'hui, ni celle d'il y a quatre ans ou un million d'années . Elle ne répond à rien de précis ; c'est une pure illusion .

Ainsi, aucun homme n'a jamais eu et n'aura jamais le droit de dire : " Je vois le ciel tel qu'il est " .

Ce que nous voyons, c'est une configuration (forme extérieure d'une chose, d'un lieu) des étoiles qui n'a jamais existé ; une apparence ( aspect qui nous apparaît de quelque chose, la manière dont elle se présente à nos yeux ) fallacieuse (trompeuse) provenant de la rencontre, sur notre rétine, d'impressions impossibles à classer dans le temps et dans l'espace .

Le spectacle du ciel étoilé, que poètes et théologiens vantent comme l'exemple de l'harmonie parfaite, est celui de l'incohérence la plus désordonnée !

Nous voyons qu'en toutes circonstances, il est absolument nécessaire de posséder et de développer son esprit critique au moment opportun , pour ne pas se laisser abuser par les apparences . C'est une question de dignité, d'amour propre, pour sa propre personne ! que de ne pas être manipulé, ni par les hommes, ni par les phénomènes de nos environnements matériels .

Bien à vous, Gerboise .