jeudi 27 mars 2008

Avoir la sensation qu'une partie de l'espace "saisie" (vue) , correspond à telle chose,tel être "perçu", telle réalité construite : est-ce la vision ?

Je vois, je constate l'existence d'une forme sélectionnée , dont les différentes parties (plages lumineuses) interfèrent (interagissent) différemment avec certaines vibrations lumineuses du "visible" (de l'infrarouge à l'ultraviolet) . En fin de compte, mon "esprit" perçoit, attribut une signification à cette chose qu'il a déjà entrevue (analysée) et retrouvée dans ses souvenirs et qui correspond à une réalité "entreposée" quelque part dans le cerveau !


A l'aide du sens de la vue (comme avec les autres sens) , notre esprit est informé sur le monde extérieur, et peut en reconstruire une représentation par l'instrument des yeux et du système nerveux . Dans ce processus de la vue, l'esprit, l'œil et le système nerveux sont associés intimement pour former une entité autonome, un seul tout . Quel que soit le facteur qui affectera l'un des élément de ce tout, l'ensemble sera atteint , modifié et influencé . Dans la réalité, il n'est possible d'agir que sur les yeux (source de la sensation) et l'esprit (le système de l' interprétation, de la perception) . Le système nerveux qui les met en rapport, qui établit les passerelles nécessaires au bon fonctionnement de l'ensemble , ne peut être influencé qu' indirectement .

Le processus de la vue peut être décomposé par l'analyse en trois processus complémentaires : la sensation, la sélection et la perception .

Ce qui est "senti " (décelé, détecté) est un ensemble de sensa (structures qui possèdent la faculté d'être sensible aux stimulations, aux impressions produites par les objets sur les sens) par une série de détecteurs de la rétine (cônes et bâtonnets, ainsi que d'autres neurones, cellules visuelles) à l'intérieur du champ de vision ; un sensum visuel est l'une des taches colorées qui forment pour ainsi dire la matière première de la vue . Le champ visuel représente la totalité de ces taches susceptibles d'être à l'origine d'une sensation à chaque instant (les mécanismes moléculaires de la vision ne seront pas envisagés dans ce billet).


La sensation est immédiatement suivie d'une sélection, processus par lequel une partie du champ visuel est discriminée (distinguée) , séparée du reste . Ce processus est basé (repose sur) physiologiquement sur le fait que l'œil enregistre ses images les plus précises au point central de la rétine, la région de la macula (tache : dépression de la rétine au pôle postérieur de l'œil, dite aussi tache jaune à l'endroit où l'axe optique aboutit) avec sa petite fovea centralis (partie centrale de la rétine où l'acuité visuelle est la plus élevée) , point de la vision la plus aiguë (intense, vive) . Il existe également, cela va s'en dire (c'est une chose tellement incontestable, qu'il est inutile de l'expliquer) , une base psychologique pour la sélection de la "scène" apparue , car en toute occasion il y a quelque chose (un élément particulier) dans le champ visuel qu'il nous importe (qu'il convient) de distinguer plus clairement que toute autre partie de ce champ .
Le processus final comporte la perception . Ce processus amène la reconnaissance du sensum senti et sélectionné, comme l'apparence d'un objet physique existant dans le monde extérieur . Il est nécessaire de rappeler que les objets physiques ne sont pas donné comme une réalité primordiale ; ce qui est donné, c'est seulement une série de sensa , et un sensum (qui résulte du balayage de la totalité de l'image formée sur la rétine) qui est quelque chose , un élément "qui n'a pas de substratum "(ce qui, présent derrière les phénomènes, leur sert de support) .
Dans une autre façon de dire, le sensum comme tel n'est qu'une simple tache de couleur sans rapport avec un objet physique extérieur . Cet objet physique extérieur ne fait son apparition que lorsque nous avons distingué par sélection le sensum en l'utilisant pour le percevoir . C'est notre esprit qui interprète le sensum comme l'apparence d'un objet physique dans l'espace extérieur .
Cela ne fait pas de doute, à en juger par le comportement (les agissements) des petits enfants, que nous n'entrons pas dans le monde des perceptions toutes faites des objets . Le nouveau-né commence par sentir une quantité de sensa vagues, indéterminés, qu'il ne sélectionne même pas et qu'il perçoit encore moins comme des objets extérieurs . Petit à petit, ( peu à peu, par degrés peu sensibles) , il apprend à discriminer (mettre à part, cataloguer) les sensa qui ont le plus d'intérêt et de signification pour lui et à l'aide de ces sensa sélectionnés, il arrive graduellement à percevoir les objets externes, à travers un processus d'interprétation convenable .
Cette faculté d'interpréter les sensa sous la forme d'objets extérieurs physiques est probablement innée (que nous apportons en naissant ?) ; mais elle exige pour se manifester convenablement une quantité d'expériences accumulées et une mémoire capable de retenir ce lot (cet assortiment) d'expériences . Cette interprétation, cette explication de sensa sous forme d'objet physiques extérieurs ne devient rapide et automatique qu'au moment où l'esprit peut tirer parti (exploiter) de son expérience passée de sensa similaires, heureusement interprétés de la même façon (sauf lorsqu'il existe des "artefacts " : des éléments qui ne sont pas naturels.
Chez les adultes, ces trois processus de sentir, de sélectionner et de percevoir sont simultanés dans toute activité visuelle . Nous n'avons connaissance que de l'ensemble , dans sa totalité, des trois processus décrits ci-dessus, et non de chacun d'eux isolément, dont la coordination seule culmine (domine, est enregistrée dans une image non décomposable dans des conditions normales, perceptible par notre entendement) dans l'acte de voir .

Voici encore une autre étape, qui va vous permettre de comprendre comment se construit à un moment donné une nouvelle structure qui va favoriser des acquisitions inédites et autoriser la possession d'une compréhension de notre environnement plus complète, et ainsi , d'être en mesure d'acquérir de nouvelles potentialités .

Bien à vous, Gerboise .

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