jeudi 28 juin 2007

Premières clartés du matin : Constat

Les témoignages collectifs sont très souvent inexacts . Ils correspondent, en général aux fantasmes, à l'imagination créatrice de l'esprit qui déforme la réalité . Parfois ce sont les désirs secrets d'un être , peut-être également les illusions (apparences trompeuses) de son esprit qui travestissent le soi-disant perçu. Ils renferment, recèlent ainsi , des erreurs de traduction , de transmission dues à l'intervention d'un participant .Ils se propagent inexorablement, déformés ,véhiculés , diffusés par voie d'imitation , et de contagion . C'est de cette manière que naissent certaines rumeurs et que se créent les fausses déclarations, partout , même dans les collectivités scientifiques et techniques .
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Vous trouverez certainement des exemples correspondants à cet état de chose , dans le comportement de nombreuses personnes . A bientôt, Gerboise .

mercredi 27 juin 2007

à propos de la présence d'esprit et de l'à-propos (*)

(*)Aptitudes construites par l'expérience ou par prédisposition ; vivacité de pensée naturelle liée à l'acuité (1) de nos sens , aux circonstances ( aux éventualités telles que les obligations, les provocations , les excitants qui éveillent, font naître des sensations , qui arrivent, qui interviennent et qui aurait pu ne pas arriver : accidentel, soudain, imprévu, éventuel) et au contexte dans lequel on se situe ; mais également à notre "état d'esprit "du moment : l'art de "saisir" l'occasion , de s'adapter instantanément (en un éclair), tout en maîtrisant l'art de la prudence et le sens des réalités , à l'air du temps, aux circonstances .

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Il est nécessaire dans un premier temps de vous présenter, après cet avertissement, les définitions classiques des dictionnaires, avant de vous proposer les réflexions qui nous sont venues à l'esprit en préparant ce message . Nous avons découvert au fur et à mesure de notre progression dans ce champ du savoir un monde complexe qui nous a demandé beaucoup de "présence d'esprit !" et" d'à propos"!, et de recherches, avant de construire un commentaire constructif, certainement incomplet ; nous comptons sur les lecteurs du blog pour l'enrichir et , ainsi, nous faire profiter de leurs remarques positives et de leurs objections .

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Présence d'esprit :

-qualité d'esprit qui fait qu'on est toujours prêt à répondre et à réagir avec "à-propos" (je n'ai pas eu la présence d'esprit de présenter cet argument à la réunion) ;

-promptitude (rapidité) d'esprit qui fait faire ou dire sur le champ ce qu'il y a de mieux à faire ou à dire, surtout dans des circonstances difficiles ou pressantes ;

-aptitude à faire ou à dire sans hésitation ce qui est à-propos ,

"La présence d'esprit se pourrait définir une aptitude à profiter des occasions pour parler ou pour agir ", Vauvenargues, De la présence d'esprit .

-qualité de l'esprit par laquelle on fait, on dit, sans hésitation, ni délibération, ce qui est à-propos ; il a eu la présence d'esprit de se taire .

A propos de , locution prépositive, au sujet de ; ne pas confondre avec :

L'à-propos , nom masculin :

-l'opportunité, le caractère d'une chose dite ou faite au moment convenable ;

-d'une façon adaptée au temps, au lieu, aux personnes ;

-esprit d'à-propos , présence d'esprit .

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(1) acuité de notre esprit , (lucidité, clairvoyance, perspicacité ...

Nous reprenons la définition de l'acuité et la citation du discours LXIII , pages 705 à 707 , de Baltasar Gracia'n y Morales , Jésuite, (1601-1658), naît en Aragon, Espagne dans son Traité : Art et Figures de l'esprit , 1642 ; la traduction est celle parue aux Éditions du Seuil en 1983 . L'existence de l' édition de 2005 , publiée également par les Éditions du Seuil , de toute son oeuvre : des Traités, politiques, esthétiques, éthiques ,présentés et traduits par Bénito Pelegrin , doit-être connue par les lecteurs du blog Gerboise ; voici , pris dans le glossaire des mots techniques ,les sens donnés à l'acuité :" c'est la manifestation à travers laquelle on peut juger de l'esprit de quelqu'un . Trait, pointe , mot acéré, mordant, piquant ; pique, flèche verbale ; riposte tranchante, parole aiguisée . Mais un geste, un silence, un tableau peuvent aussi bien traduire cette forme externe de l'incernable esprit qui ne peut être analysé qu'à travers ses diverses figures ".

Les trois pages du discours LXIII :Des quatre causes de l'acuité , doivent être connues car elles apportent au lecteur toute la profondeur de réflexion de Baltasar Gra'cian . Cette oeuvre, publiée aux Éditions du Seuil, sera reprise et commentée plus tard dans notre blog ; vous pouvez dès maintenant faire acquérir (33 euros) , et consulter cet ouvrage dans la Bibliothèque la plus proche de votre domicile .
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Un ensemble de réflexions sera présenté, ainsi que des exemples , à suivre

dimanche 24 juin 2007

La raison et la passion :Réflexion sur les limites de la connaissance



C'est le titre d'un livre , sur lequel je reviens souvent tant j'ai été captivé, même subjugué lors de sa première lecture vers Noël 1985 ; oui, tout-à-fait conquis par la transcendance ( ce qui dépasse en étant supérieur ou d'un autre ordre, remarquable) d'un texte admirable par la profondeur de son discours, incomparable, exceptionnel . J'avais recommandé à des milliers d' étudiants des DEUGS scientifiques d'en prendre connaissance, eux qui avaient décidé de choisir un parcours scientifique pour leurs études ; mais j'aurais pu également proposer sa lecture à des étudiants en sciences humaines , en médecine ou en économie en vue de leur apporter un point de vue ouvert sur les réalités du monde, de l'être humain, rationnelles et même irrationnelles ; mais , malheureusement, des cloisons souvent étanches existent entre les disciplines ; elles sont redoutables à franchir ; là , n'existe pas encore la liberté , que l'on trouve en rédigeant un blog comme Gerboise .


Qui est ce savant qui nous a ainsi séduit ?


Il s'agit du Professeur Jean Hamburger, de l' Académie des Sciences et de l'Académie Nationale de Médecine, né à Paris en 1909, décédé en 1992 .Il est le créateur de la Néphrologie, science de l'étude du rein normal et de ses pathologies,( maladies); il réalisa la première greffe réussie au monde en 1953. Il fut le créateur en France du concept de réanimation médicale .
Il a en outre publié une série d'essais sur la condition humaine et montré comment la réflexion biologique peut apporter des vues nouvelles sur le sens de l'aventure de l' Humanité .

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Son livre : La raison et la passion , Réflexion sur les limites de la connaissance a été publié aux Éditions du Seuil en septembre 1984 .

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Nous reproduisons ici sa citation de René Descartes, Méditations touchant la première philosophie, Paris, Soly, 1641 /, présentée en préambule de son ouvrage :

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"Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans sa vie se défaire de toutes les opinions que l'on a reçu et reconstruire de nouveau et dès le fondement tout le système de ses connaissances" .

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Gerboise recommande à tous ceux qui désirent enrichir leur rapport au savoir de se procurer cet ouvrage de réflexion, qui à sa parution coûtait 65 Francs (~ 10 euros actuels) . Cette somme est dérisoire par rapport à la richesse de la teneur de son contenu . Si cette somme est trop importante pour vous, faites le acquérir par la bibliothèque la plus proche .

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Nous commenterons plusieurs thèmes plus tard, concernant certaines idées des chapitres du livre, qui sont en relation avec le développement des valeurs de notre blog . Aujourd'hui, nous vous demandons simplement de réfléchir à la conclusion du livre que voici . Elle sera commentée comme certaines de nos citations .

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Conclusion de Jean Hamburger :

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"La logique est inscrite dans le cerveau de l'homme, il est mathématicien sans le savoir ; il a soif de classification (relative ou absolue ?), de clarté, de déductions (conclusions) bien faites . Il a soif d'une finalité (caractère de ce qui tend à un but ) qui a, tout à la fois, ouvert les chemins de la science et créé un confort quotidien de la pensée .

Mais voici qu'aujourd'hui la réflexion scientifique vient troubler ce jeu traditionnel :elle révèle ( fait apparaître ) de grandes failles dans notre façon habituelle de raisonner . Elle montre que notre cervelle a des faiblesses, truquant ( dénaturant, truquer :changer pour tromper) les images qui forment le décor (la toile de fond, le contexte) de nos pensées . Elle suggère que quelques-uns des problèmes qui nous fouaillent ( vient de fouet , qui nous aiguillonnent, qui nous animent), tel celui de la signification du monde et de notre vie, sont suspects de non -validité : poser ces problèmes, c'est supposer {imprudemment et orgueilleusement } que le monde extérieur a des "structures intellectuelles" analogues aux nôtres et que les concepts que forment notre esprit continueraient d'être valables si les hommes disparaissaient de la terre . Après cette disparition , le monde ne resterait peut-être pas poétique, la poésie est en nous ; de même, il n'est pas sûr que le monde aurait un sens (ensemble d'idées intelligibles ?, le sens donné est très difficile à saisir !) dans l'acception( signification), que nous donnons au concept de sens . Et semblable doute s'insinue (s'introduit) dans la légitimité de bien d'autres questions, par exemple celle du commencement et de la fin du monde . Nous savions que la connaissance était cernée (entourée) de frontières (cette notion fondamentale pour les rapports aux savoirs sera développée plus tard dans notre blog), mais nous pouvions espérer que seuls les moyens de les franchir nous manquaient encore . Nous apercevons désormais que ces frontières sont probablement par essence (par définition ) des murs infranchissables (insurmontables) .

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Bridés ( freinés)dans notre désir violent de connaître et de comprendre, apercevant de plus en plus clairement que cette soif ne sera jamais étanchée (assouvie, réalisée), il faudra bien que nous apprenions peu à peu à n'en ressentir aucune amertume (découragement)ni frustration .

On ne peut souffrir de l'absence de réponse à des questions ineptes (tout à fait absurdes ou stupides) . Mais ce n'est assurément pas sans application ni effort que l'on peut renoncer ainsi à des habitudes millénaires de pensée . A froid (sans émotion, sans passion, sans emportement), nous reconnaîtrons peut-être que nos interrogations sur le sens de notre vie et la signification du monde sont de simples fantasmes (situations imaginées), nés d'une attitude questionneuse tout à fait anthropomorphes ( qui fait de l'être humain le centre du monde) . Mais ce sont là des interrogations qu'on ne jette pas facilement aux orties . S'en débarrasser est pourtant la seule façon de comprendre l'inanité (inutilité ) de nos angoisses ( malaise psychique et physique, né du sentiment de l'imminence, approche, l'arrivée d'un danger) . Ceux qui voient des paroles de désespoir dans la célèbre phrase de Jacques Monod ( Biochimiste français, 1910-1976, Prix Nobel de Médecine en 1965) "l' homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers " sont victimes d'une illusion d'optique mentale ( erreur de point de vue en ce qui concerne cette réalité) :ressentir douloureusement "l'indifférence de l'univers " ( état d'un monde qui n'éprouve ni douleur, ni plaisir, ni crainte, ni désir) , c'est prêter à l'univers l'équivalent de sentiments humains . Démasquer ( percer à jour) ainsi les questions illusoires ( trompeuses) et ne plus succomber à leur tentation devrait être source d'apaisement . Cette ascèse (cette privation voulue, ce mépris ) rejoint peut-être par certains côtés, dans sa recherche de la paix intérieure, la recherche spirituelle de certaines disciplines d'Extrème-Orient, nées dans les pays où surgit un jour l'idée, hélas fugitive (brève ), des bienfaits de la non-violence . Malheureusement, à la différence des disciplines orientales en quête de sérénité ( de paix, de tranquillité) , cette ascèse-là naît d'une réflexion sur la nature de la connaissance scientifique : autant dire qu'elle est de diffusion improbable dans une communauté humaine où l'esprit scientifique n'a que peu pénétré . C'est sans doute une raison supplémentaire pour qu'on s'attache à l'étude de méthodes différentes d'information et d'éducation .
Ainsi la science, en plus de l'aventure somptueuse ( éblouissante) qu'elle offre à l'esprit humain, pourrait être indirectement source de méditations ( réflexions) capables de nous délivrer du sentiment d'absurdité (d'incohérence ) .

Mais la connaissance scientifique demeure tout à fait inapte ( inadaptée) à répondre à nos besoins profonds de transcendance ( supériorité, perfection) . Les seules recherches licites ( qui n'est défendu par aucune loi) de vérités absolues portent sur notre vie intérieure, notre royaume personnel de pensée et d'émotion . Dans ce domaine qui est le nôtre, les murs aveugles ( sans réflexion ni discernement ) de nos exigences personnelles n'existent plus . Les frontières même que la connaissance scientifique se découvre, sa dépendance constante de postulats (principes indémontrables ) mentaux de départ, offrent une liberté nouvelle à la recherche d'autres sortes de vérités, nées de nos actes de foi, de nos élans, de nos passions . Là, les vertiges de nos interrogations illusoires ont disparu, laissant le champ libre à tous nos émerveillements .La cage est ouverte, le foisonnement ( proliférer) devient illimité, il échappe aux critiques dérisoires ( futiles, insignifiantes) que prétendrait lui imposer une raison hors-jeu (en dehors d'une réalité ) .

Quand Charlie Chaplin (dit "Charlot"), dans Limelight, entend la pauvre fille qu'il a recueillie lui déclarer que la vie n'a aucun sens, il lui répond :
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Life is a desire, not a meaning ,
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ce qu'on pourrait maladroitement traduire : "la vie est passionnelle ( inspirée par des élans affectifs), non rationnelle ( qui ne provient pas de la raison)", si la phrase traduite ne perdait pas en route (durant cette opération ) une bonne partie de sa force . Ainsi les poètes découvrent parfois d'instinct ce que la réflexion scientifique met des années à découvrir . "
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Bonne réflexion sur cette conclusion parfois un peu abstraite, et surtout sur l'ensemble du livre, très ouvert sur de très nombreux sujets plus faciles à comprendre . Comme nous l'avons déjà précisé au début, nous prendrons , plus tard, certaines parties comme thèmes de réflexion .

A bientôt, Gerboise .

samedi 23 juin 2007

Essai sur la représentation spatiale des identités remarquables


Il existe plusieurs possibilités pour démontrer l'équivalence des deux membres d'une identité remarquable , ainsi que nous l'avons expliqué par téléphone à un de nos lecteurs . Le graphique ci-dessus, avec ses commentaires est beaucoup plus pratique qu'une conversation orale pour faire comprendre l'intérêt de cette représentation spatiale . Et puis, nous avons voulu faire connaître cette possibilité à ceux, bien entendu, qui n'ont pas pensé à cette solution .

Nous l'avons présenté dans notre blog,car elle s'insère très bien dans le cadre de nos outils pour mieux se représenter les connaissances ; la vision dans l'espace joue un rôle prépondérant dans notre appréhension du monde . Mêmes conseils que d'habitude pour agrandir le graphique : un clic gauche, puis un clic gauche sur page précédente pour revenir sur le texte initial .

La première solution pour démontrer ces identités remarquables est algébrique, c'est la plus fréquemment utilisée, et pour certains élèves la plus difficile à assimiler !

C'est ce que l'on qualifie de fonction discursive, c'est-à-dire qui procède par une série de raisonnements successivement ordonnés (opposée à intuitif) dans le temps et de manière séquentielle et abstraite .

La deuxième solution que nous préconisons, dans la première étape de l'apprentissage , (elle sera associée , bien sûr, plus tard à la démonstration algébrique) est la représentation géométrique dans l'espace simultanée et visuelle .

Le graphique ci-dessus montre le "super-carré" dont la valeur du côté est a+b ; et le "super cube "dont la valeur de l'arête est également a+b .

Nous pouvons observer plusieurs particularités intéressantes :

Tout d'abord, chacune des 6 faces carrées du "super-cube" dont les 12 arêtes sont toutes égales et valent a+b , est équivalente au "super-carré" de la première identité , dont les 4 côtés sont égaux et valent a+b .

Ensuite, vous remarquerez que les trois parallélépipèdes a x a x b , donc à base carrée, sont dans le prolongement des 3 faces perpendiculaires entre elles, du cube a x a x a ; il en est de même pour les 3 parallélépipèdes b x b x a , donc à base carrée , qui eux sont dans le prolongement des 3 faces perpendiculaires entre elles, du cube b x b x b .

Enfin, il n'existe qu'un seul point de contact entre les deux cubes d'arête "a" et d'arête "b" . Ce point correspond à leur sommet commun : sommet interne sur le plan inférieur du petit cube (dont l'arête est "a" ), et le sommet interne sur le plan supérieur du grand cube (dont l'arête est "b") .

La présentation géométrique évite que des élèves apprenant cette partie des mathématiques , développent a + b au carré par le carré de a, plus le carré de b, ce qui est erroné ; mais ce qui est plus grave, ceci montre que ces jeunes élèves n'éprouvent pas le besoin de réaliser une application numérique en remplaçant par exemple a par le chiffre 2 , et b par le chiffre 3 et ainsi très simplement, vérifier l'égalité des deux termes de l'identité :2 + 3 au carré égale 25 ; et non 4 + 9 le carré de a plus le carré de b, dont le résultat est 13 .

Souvent, et même presque toujours, les enseignants présentent uniquement la méthode algébrique ! Cette dernière est abstraite et difficilement mémorisable, (sinon par coeur bêtement , sans comprendre réellement la signification de ce que l'on est entrain de faire) et très difficilement applicable à l'élévation au cube (à la puissance trois comme disent les calculateurs entraînés ! (a + b) x ( a + b) x ( a + b) .

La méthode géométrique permet de "voir dans l'espace" ce que représente par exemple :a x a x b et b x b x a ; ce sont deux types de parallélépipèdes, l'un à base carrée a x a et de hauteur égale à b, et l'autre à base carrée b x b et de hauteur a .

Après cette vision spatiale, la méthode algébrique et la méthode géométrique seront mises en synergies : elles se renforcent mutuellement .

Nous espérons que ces précisions vous permettront de tirer profit de cette vision dans l'espace ; lors d'une prochaine intervention dans ce blog, nous appliquerons la vision spatiale à des "coupes géologiques" qui nous permettrons de nous représenter l'intérieur des couches géologiques sédimentaires déformées lors de la formation des chaînes de montagnes .A bientôt, Gerboise .

jeudi 21 juin 2007

Premières clartés du matin : Attitudes, états d'esprit

"Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez " .
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Nicolas BOILEAU, L'Art poétique

lundi 18 juin 2007

Proposition de texte concernant le sujet de réflexion sur l'esprit critique ( n° 1' )

  • Avant de vous présenter le texte que nous avons l'intention de vous faire connaître, en vue de répondre aux questions posées le mardi 12 Juin 2007, nous vous proposons de prendre connaissance de l'article de Wikipédia, l'encyclopédie libre, concernant l'esprit critique proprement dit . Voici ci-dessous le lien qui vous permettra d'y accéder directement . Dans le texte" sujet "du mardi , une erreur que nous venons de corriger s'était glissée : il s'agissait , concernant la date d'aujourd'hui , du Lundi 18 Juin et non du 17 Juin, veuillez excuser cette étourderie, merci !) .


http://fr.wikipedia.org/wiki/Esprit_critique

Pour nous , l'esprit critique est l'attitude intellectuelle consistant dans la tendance à n'admettre aucune affirmation , aucun fait , sans avoir reconnu sa légitimité (son bien-fondé, juste).
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Il existe chez l'être humain une crédulité (naïveté, confiance naturelle) , qui l'incite à accepter passivement (sans aucune initiative) les idées qui se présentent à son esprit .Celles là lui viennent spontanément(naturellement, sans réflexion) ou lui sont suggérées (dictées)du dehors .
Cependant, il arrive un moment où, mis en défiance(soupçonneux) par sa propre expérience ou par des contradictions(incompatibilités) surgissant entre les opinions venues de l'extérieur, il commence à se défier de ses idées, de ses propres croyances . Il donne à partir de ce moment-là libre cours à sa prudence, à sa réserve ; il peut même en arriver à douter à l'égard de lui-même et plus encore, envers autrui . Peu à peu, il prend conscience des conditions admissibles de l'affirmation vraie . C'est à ce moment là, dans ces conditions, que surgit dans son entendement l'attitude, l'état " d'esprit critique " .
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Regardons maintenant en quoi consiste cet esprit critique, quelle est son origine, sa nature, quels sont ses fondements , ses relations avec d'autres qualités et défauts ? Il repose sur quoi, il se résume à quel champ des comportements ; en définitive, faire preuve d'esprit critique, cela revient à quoi faire pour l'acquérir, le fortifier , l'ancrer fortement" tout en lui laissant de la souplesse, une sorte d'esprit critique envers lui-même"?
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Précisons, en commençant, qu'il importe de ne pas le confondre ," cet esprit critique," avec l'esprit de critique . Les individus faisant preuve de ce dernier sentiment sont des êtres malveillants et partiaux . Ils censurent, blâment, condamnent, détruisent,soulignent que les défauts des personnes et de leurs oeuvres , sans aucun examen objectif . Cette disposition d'esprit malsaine, préjudiciable, malhonnête, déplorable, peut être si exagérée chez certains êtres humains qu'elle dégénère comme en manie de faire ressortir les défauts, parfois inexistants des personnes et des choses, sans même qu'on leur demande leurs jugements . Ils se créent leur affirmation ; la critique est aisée .

Le mot critique vient du grec et signifie "qui est capable de discerner, de juger, d'avoir une opinion de grande valeur . L'esprit critique est l'esprit de bon jugement . Au sens élevé du mot, juger signifie avoir l'attitude mentale que devrait posséder le l'arbitre, l'expert qui va rendre un avis, prendre une décision, rendre une sentence . Ce type de personnage doit se montrer impartial . Il doit faire taire ses préférences personnelles et attendre patiemment, que toutes les raisons de choisir se soient montrées . Ce qui implique également, que cet arbitre pèse objectivement toutes les raisons de l'acte, donne à chacune d'elles sa véritable valeur, son poids authentique, sans rien ajouter de celles qui lui sont chères, ni retrancher celles qui lui sont défavorables .

Posséder ( avoir à soi quelque chose dont on a la liberté actuelle de disposer) l'esprit critique c'est, par conséquent, s'astreindre (s'obliger strictement), s'imposer, à chercher exactement et sans passion, toutes les preuves susceptibles d'entraîner la décision dans un sens ou dans l'autre, les garder toutes dans l'esprit avec leur véritable valeur . L'esprit critique est en somme le sens de la preuve absolue !

L'esprit critique est une attitude de l'intelligence qui s'acquiert (s'apprend). C'est l'esprit du libre examen . Il est en totale symbiose avec le bon sens et le jugement . Il suppose le soucis de se renseigner avant de prendre une décision, le désir de chercher à s'expliquer et à comprendre par soi-même . Il se confond avec le doute ( état de l'esprit qui est incertain de la réalité d'un fait, de la vérité de paroles, de la conduite à adopter dans une circonstance, hésitation, incertitude, perplexité ; être dubitatif, incrédule :c'est-à-dire difficile à persuader ou à convaincre ), une des condition essentielles de la science sur lequel tous les scientifiques (les "anciens savants") ont insisté, depuis Galilée, Descartes jusqu'à Claude Bernard, Pasteur et Louis de Broglie .

C'est l'honneur de Descartes d'avoir posé comme règle que seul le critère de vérité réside (se situe) dans l'évidence de la raison .

"N'admettre aucune chose comme vraie que je ne la connusse évidemment être telle " .Ici, le libre examen devient esprit d'indépendance intellectuelle .

Il faut bien se garder aussi de confondre le doute avec le scepticisme ." Le sceptique est celui qui ne croit pas à la science, à une certaine vérité et qui croit à lui-même ...Le douteur est un vrai savant, il ne doute que de lui-même et de ses interprétations, mais, il croit à la science" écrit Claude Bernard .

L'esprit critique constitue un des éléments essentiels de l'esprit scientifique .Il consiste à n'accepter aucune assertion sans contrôle et à réagir contre cette crédulité naturelle qui nous porte à admettre comme vraie la première idée qui se présente à notre esprit, le premier récit qui nous est proposé .Pasteur l'a admirablement défini : "N'avancez rien qui ne puisse être prouvé d'une façon simple et décisive . Ayez le culte de l' esprit critique . Sans lui , tout est caduc " .

Dernier avertissement : l'esprit critique n'est pas autre chose que la mise en oeuvre de l'attitude réfléchie de l'esprit averti des dangers de la précipitation, comme dit Descartes, et soucieux de n'affirmer qu'à bon escient (avec discernement) . C'est en somme le besoin de preuves .

Après la présentation de ces prémisses (affirmations dont on tire des conséquences et des conclusions), il est temps d'essayer de répondre aux questions posées le 12 Juin .

A partir de quel moment, de quel âge !, peut-on essayer de commencer à développer un "Esprit critique" chez un jeune enfant (à l'école Primaire ou au Collège ?).

A l'occasion de quels apprentissages des savoirs, ce rapport à l'esprit critique, peut-il être enseigné, inculqué . Par quels moyens :expériences simples (celles proposées dans ce blog ou d'autres ),observations dans la nature, examens, observations d'objets, de descriptions de phénomènes ...etc. , peut-on faire entrer progressivement dans l'entendement d'un jeune esprit ce type d'intérêt très utile concernant les êtres et les choses .

Est-il possible de présenter des exemples simples à l'enfant , dans lesquels des éléments de réflexion touchant à des contextes où la notion "d'esprit critique"est compréhensible et accessible . Peut-on commencer à essayer de "faire émerger" dans l'entendement de ces jeunes enfants à l' École Primaire, des rudiments nécessaires à l'abandon de ces comportements ancrés dans leur esprit, pour y installer ce nouveau rapport à leur connaissance juvénile (qualités propre à la jeunesse) ?

Chercher à s'expliquer, à comprendre par soi -même, paraît nécessaire sinon indispensable à toute vie intellectuelle réelle .Aussi, une telle éducation apparaît-elle souhaitable au niveau de l'École Primaire .Le futur citoyen doit apprendre à juger en connaissance de cause (avec raison et justesse) .

L'éclosion, puis, la culture de l'esprit critique , devraient être amorcées (mises en route) dès ce stade de leur formation . Mais, à ce propos, il existe deux positions contradictoires parmi ceux qui ont donné leur avis concernant ce problème .

--Certains,"les contestataires", radicalement opposés à cette éducation au stade primaire élémentaire, prétendent qu'il est difficile à l'enfant enraciné , bien établi dans son égocentrisme, de changer de point de vue . Il n'a pas à discuter . Le doute est, pour lui, malaise, embarras, inquiétude ; il a besoin de certitude, d'assurance . Il existe un danger de tout remettre en cause, puisque le Maître détient vérité et sagesse . Il suffit de les lui imposer de façon autoritaire et dogmatique (catégorique). C'est une manière aisée de favoriser" l'esprit de critique "systématique et stérile .

--D'autres, "contradicteurs des précédents", le sens de la critique, et même d'esprit critique existerait chez le jeune écolier d'aujourd'hui, beaucoup plus éveillés que celui d'autrefois . Mais que veut dire éveillé, n'est-ce pas superficiel, factice ; n'est-ce pas simplement une impression devant de nouveaux comportements inexistants jadis ,en l'absence de la Télévision et de l' Internet, par exemple ? Il est possible d'en faire l'éducation, mais, à la condition de doser celle-ci, suivant l'âge de l'écolier et de sa maturité, de son épanouissement , en prenant certaines précautions .

Dans quelles circonstances , et avec quelles méthodes, quels outils pourra t-on atteindre notre but ?

Les éventualités offertes par l'École Primaire de développer l'esprit critique de l'écolier sont nombreuses, depuis le niveau du Cours Élémentaire . En somme toutes les matières peuvent s'y prêter . C'est une question d'art, d'intelligence de la part du Maître et surtout une attitude à faire acquérir par l'enfant . Le principe en est : faire chercher l'enfant, découvrir, vérifier par lui-même, plutôt que de lui dire ou lui imposer . Comparer, juger les faits sans précipitation ni esprit de prévention (de préjugé, de partialité) . Il est utile pour faciliter sa compréhension de l'orienter discrètement et de lui fournir les informations et les connaissances nécessaires .

Aux premiers âges, fournir du merveilleux à l'enfant parce que son esprit le réclame . Mais, par la suite, aux cours plus élevés, c'est insuffisance d'esprit critique que d'habituer l'enfant à croire fermement aux récits de prodiges, d'évènements merveilleux, de descriptions d'animaux fabuleux, ou lui faire croire que dans le domaine historique ou sociologique, les choses ont toujours été et sont partout, telles qu'elles sont, autour de nous . L'histoire doit enseigner la complexité et la relativité (caractère que présente la connaissance de ne pouvoir saisir que des relations et non la réalité même ) des choses humaines .

La langue française et le calcul permettent dans des cas très simples de faire réaliser à l'enfant la correction de ses propres participations, de susciter et de conduire à leurs propos des réflexions pertinentes accessibles à sa pensée ainsi que des amorces de jugements à leur portée . Il sera nécessaire de leur faire admettre l'utilité de la justification des réponses présentées .

Les valeurs de l'éthique, du sens du devoir, de l'honnêteté, de la moralité doivent être abordées en vue de leur faire admettre les qualités relatives des règles ; ne pas aborder dès le début la notion de valeur relative , trop complexe . Les problèmes du goût des autres, du respect d'autrui, de la tolérance doivent servir d'exemples en suggérant simplement, en montrant des conséquences plus ou moins graves et particulièrement de la possibilité de certains dangers .

Mais, à une certaine étape de l'évolution de l'enfant, viendra le moment où, chez lui ou chez l'adolescent, apparaîtra le désir de marquer sa personnalité par des choix, des solutions originales, voire une certaine volonté de confrontation, sinon d'opposition avec le "formateur" . L'activité expérimentale aide précisément à concrétiser ces aspirations .Elle forme à la juste appréciation des limites, un peu à l'image des activités sportives, elle contribue à ce que le jeune individu parvienne à se mieux connaître en lui inculquant le sens de l'équilibre, mais aussi du relatif et de la mesure . Elle affine, elle éduque, elle perfectionne les facultés de raisonnement, elle incite à rejeter les solutions toutes faites, ou montre qu'il existe plusieurs solutions au même problème .

Certains formateurs , développent exagérément le rôle de l'esprit critique dans les sciences , et présentent de nombreux cas , où la simplification nécessaire déforme profondément le sens des notions utilisées . C'est une erreur très regrettable , car elle persistera définitivement dans l'entendement du futur étudiant ;on les retrouve d'ailleurs dans les copies d'examens à l'Université !

Et puis, pourquoi se limiter à la science ? Pourquoi toujours tout centrer sur elle ? N'y a-t-il pas d'autres champs de l'activité humaine aussi nobles, qui sont également importants à ce point de vue de l'esprit critique ? C'est une erreur de laisser croire à un enfant que l'esprit critique est nécessaire uniquement aux contextes de la science ; il faut montrer très tôt à l'enfant qu'il faut l'exercer pour les jugements des affaires humaines et en particulier pour l' Ecologie .Nous reviendrons certainement sur ce thème essentiel dans lequel exercer son Esprit Critique est fondamental . Nous aborderons également la notion de "Doute" qui demandera un long développement . Bien à vous, Gerboise .






dimanche 17 juin 2007

Premières clartés du matin : Les veillées d'autrefois, sereines(*), paisibles, studieuses, pas d'agitation télévisuelle si envahissante de nos jours ?

C'est un mode de vie spectaculairement différent, [Faire un clic gauche dans l'image pour l'agrandir et saisir ainsi les détails de ces scènes de la vie d'antan ] "le jour et la nuit", par rapport à la foule téléspectatrice d'aujourd'hui , entièrement absorbée, assujettie (faire de quelqu'un son sujet, marque une dépendance plus étroite, due à une "autorité" ou à une obligation habituelle à qui l'on se soumet) par le monde actuel .
Chacun vaquait (vaquer à, s'occuper librement d'une chose agréable, intéressante ou utile quand on a le loisir de le faire) à ses occupations, prenait le temps de penser, de réfléchir tranquillement, s'adonnait (orienter librement son activité dans tel ou tel sens , aux choses toutes simples de la vie"en particulier le bonheur de vivre", sans avoir à subir une pression extérieure consciente ou inconsciente) à ses passes temps favoris (occupations diverses, projets ..., assumées en général librement par quelqu'un) dans le calme des foyers (lieu qui évoque l'intimité de la famille, parfois aussi le pays natal) . D'autres discutaient, conféraient ensemble sur un sujet pour rechercher une vérité ..., émettaient des idées, concevaient des projets , dans ce cercle familial , entre amis , entre personnes "de bonne compagnie" .
La réalité quotidienne des soirées actuelles pour un très grand nombre d'individus" rassemblés virtuellement" à la même heure, absorbant les mêmes programmes de télévision, qui feront souvent l'objet des conversations extérieures du lendemain , est tout-à -fait autre ! Quelque soit l'émission regardée (absorbée ou survolée) il n'existe
plus (de moins en moins) ces comportements simples d'autrefois ; actuellement l'ensemble des téléspectateurs forme une foule rassemblée derrière cette " lucarne" (ouverture sur un monde extérieur), et soumise aux mêmes influences , à l'uniformité, à la standardisation .
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(*)Sereine : en parlant du temps qui passe, se dit de l'ambiance des lieux où des personnes jouissent d'une grande tranquillité d'esprit ;
(*)Paisible : en parlant des choses, implique l'absence de toute cause extérieure qui pourrait troubler la tranquillité , et ainsi perturber la réflexion, la concentration de l'esprit .
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Il s'agissait aujourd'hui de présenter simplement un constat surgit dans mon esprit en parcourant les images anciennes et captivantes de cette revue d'un autre siècle (Octobre 1891) "Le Monde Illustré".Quels jugements porter sur chacun de ces deux modes de relations ,de vie?
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C'est à vous de nous le dire , de nous proposer un avis ! Merci à l'avance . Bien à vous, Gerboise

vendredi 15 juin 2007

Mahomet, le Prophète et l'homme d' Etat , vers 570-632 . 2ème Partie

(faire un clic gauche dans l'image pour l'agrandir, utiliser les ascenseurs pour la parcourir et ensuite faire un clic gauche sur la flèche "précédente" pour revenir sur la page du texte )
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L' Islam a été créé par le génie du prophète Mahomet, de conserve (ensemble) avec l'histoire de l'Arabie . Depuis la domestication du chameau(méhari, dromadaire à une bosse) arabe, environ deux mille ans avant Mahomet, la traversée de l' Arabie devenait possible . Les idées et les institutions s'étaient infiltrées (avaient pénétré) dans la péninsule depuis le Croissant fertile( Région d'Asie Occidentale, en forme d'Arc de cercle, couvrant une bande étroite à l'Est de la Méditerranée, Palestine, Liban, s'élargissant vers le Nord, Syrie, puis s'orientant vers le Sud-Est, Plaine du Tigre et de l' Euphrate en Iraq, pour rejoindre le Golfe Persique . Nom historique relatif aux puissants Empires de Babylonie, d'Assyrie et de Phénicie )qui la jouxte (près de ) au nord . Les effets de cette infiltration avaient été cumulatifs et, au temps de Mahomet, les forces spirituelles accumulées en Arabie étaient prêtes à exploser . Cependant, elles n'auraient pu se donner libre cours si Mahomet n'avait surgi pour les diriger .A l'inverse, si Mahomet était né avant que les temps soient mûrs en Arabie, sa vision, sa détermination et sa sagacité elles-mêmes auraient pu être vaincues .
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La péninsule arabique est un sous-continent .Sa superficie est du même ordre de grandeur que celle des péninsules indienne et européennes . Mais, contrairement à ces deux dernières, la péninsule arabique est aride, à l'exception des hautes terres de sa pointe Sud-Ouest (le Yémen et l' Asir ) qui reçoivent les moussons et sont la réplique, sur la rive africaine de la mer Rouge, des hautes terres d'Erythrée et d' Abyssinie, dans l 'Ethiopie d'aujourd'hui . La ville natale de Mahomet, La Mecque, est située à une altitude relativement basse dans les hautes terres qui dominent la mer Rouge, juste hors de portée des moussons . Mais La Mecque n'est pas privée de pluies ; une source intarissable la rend habitable . Toutefois son approvisionnement en eau est insuffisant pour permettre à une population urbaine de vivre de l'agriculture ou même de l'élevage . Jusqu'à une époque récente, celui-ci était le seul moyen de subsistance pour la population de la majeure partie des trois quarts habitables de l'Arabie .Une communauté urbaine établie autour de la source de la Mecque devait vivre du commerce, et ce commerce devait être protégé par des sanctions religieuses contre la tentation qu'éprouvaient les nomades pasteurs de prélever une dîme trop forte sur les caravanes des marchands urbains .
Depuis la domestication du chameau, une route terrestre relie le Yémen à la Palestine et à la Syrie .

Cette route passait par La Mecque ; et lorsqu'on établit un sanctuaire (la Ka'ba ) près de la source de La Mecque et que ce sanctuaire eut acquis un certain prestige, les habitants de la ville purent tirer profit de l'organisation d'une foire annuelle que pouvaient fréquenter les commerçants, qui étaient aussi des pèlerins, au cours d'une trêve obligatoire, qu'il eût été sacrilège de rompre .



Quoique la population d'Arabie ait été et soit encore peu nombreuse elle a toujours formé des groupes importants en raison de l'étendue de la péninsule et de la salubrité de la steppe qui descend graduellement des hautes terres de l'ouest vers la rive arabique du golfe Persique et vers la vallée de l'Euphrate .



En Arabie , la nature a toujours été chiche à l'égard de l'homme jusqu'à ce que , au XXe siècle, l'homme ait puisé le pétrole sous la surface . Jusqu'à ce moment là, les habitants de l'Arabie, sauf au Yémen, ont toujours souffert de la faim, et l'introduction progressive, grâce au chameau (dromadaire à une seule bosse), de la civilisation en Arabie s'est toujours accompagnée de l'émigration (exode, expatriation, action de quitter son pays pour aller dans un autre .Émigration s'oppose à Immigration qui désigne la même action, mais considérée par rapport à l'entrée dans un pays étranger, alors que l'émigration est considérée par rapport au pays que l'on quitte) des populations arabes .

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Toutes les langues sémitiques (sémite, se dit des différents peuples appartenant à un groupe ethnique originaire d'Asie Occidentale et parlant des langues apparentées ; les arabes sont des sémites) sont nées et ont été propagées hors d'Arabie par des émigrants ( ) de la péninsule .




Une langue sémitique yéménite a été introduite dans les hautes terres érythréo-abyssiniennes (sur l'autre rive de la mer Rouge, sur le continent africain) à une date inconnue . La langue d'Accad a été introduite dans le bassin du Tigre et de l'Euphrate, la langue de Canaan en Palestine et en Syrie et ensuite, successivement, les langues amorrhéennes et araméenne dans les deux cornes du Croissant fertile avant que les émigrants de langue arabe ne suivent les traces des premiers émigrants de langue sémitique .




Au VIIIe siècle avant J.-C., les Assyriens repoussèrent la première invasion connue d'Arabes d'Arabie . Au IIe siècle avant J.-C. , la monarchie séleucide ne put empêcher une seconde invasion arabe et, à cette époque, les émigrants arabes s'établirent de façon permanente en Syrie et en Mésopotamie . L'énorme émigration qui suivi la mort de Mahomet en 632 et une autre émigration qui eut lieu au XIe siècle ont balayé( passé à travers) le Croissant fertile et l' Afrique du Nord.



Aujourd'hui, un dérivé de l'araméen, le syriaque, qui a précédé immédiatement la langue arabe dans le Croissant fertile, y a presque complètement disparu ; le copte, qui descend de la langue de la langue égyptienne pharaonique, a disparu en Egypte, sauf dans l'usage liturgique (culte institué dans une église) ; au nord-ouest de l'Afrique, la langue berbère d'origine s'est vue confinée ( forcée de rester dans ...) dans les forteresses (lieu fortifié pour défendre une zone territoriale ) naturelles des hautes terres et du désert par l'avance de l'arabe .



Le mouvement inverse des idées et des institutions vers la péninsule s'est également intensifiée du temps de Mahomet .Une trinité de déesses, vénérées ( considérer avec le respect dû aux choses sacrées) aux IIe et IIIe siècles de notre ère à Hara, au nord-ouest de la Mésopotamie et dans l'oasis de Palmyre, à l'extrémité nord du désert arabique, s'est également introduite dans le Hedjaz (au nord-ouest des hautes terres d'arabie ). Le Judaïsme , introduit peut-être pour la première fois par des réfugiés des guerres judéo-romaines de 66-70 et de 132-135, avait gagné des adeptes (partisans, disciples, sympatisants ) dans le Hedjaz, dans les oasis de Tayma, de khaybar et de Yathrib (Médine, "la ville" du Prophète Mahomet) et également au Yémen . Le christianisme de son côté avait fait des adeptes au Yémen . Au VIe siècle, cette région avait aussi été entraînée dans la compétition commerciale et politique qui s'était développée entre les Empires Romain d'Orient et Perse . Depuis une date imprécise antérieure à 523, et à nouveau de 528 à571 environ, le Yémen se trouvait sous l'autorité du royaume d'Aksoum , qui était chrétien et par conséquent, satellite (annexé, dépendant ) de l'empire romain d'Orient ; de 571 environ à 630, il se trouva sous la domination Perse . Entre 550 et 575, un vice-roi aksoumite du Yémen tenta de marcher sur La Mecque . Les dates de la vie de Mahomet, de 570 environ à 632, concordent pratiquement avec les deux dernières guerres romano-perses qui furent aussi les plus épuisantes, et se déroulèrent 572 à 591 et de 604 à 628 .Chaque empire avait déjà enrôlé (amener à entrer dans un groupe ) des Arabes pour protéger les marches (les avancées ) de sa frontière avec l'empire rival .La capitale de la marche arabe de l'Empire Perse était Hirah, près du futur site du cantonnement ( campement militaire) arabe musulman de Kufa . La dynastie arabe rhassanide gardait les marches de l'Empire romain d'Orient en Syrie . Dans les guerres romano-perses, les arabes servirent les deux belligérants (qui prend part à la guerre ) comme mercenaires . Ils y gagnèrent non seulement leur solde, mais aussi de l'entraînement militaire et de l'expérience, et ils dépensèrent une partie de leur argent à s'équiper, par exemple en achetant des cuirasses et en élevant des chevaux de guerre .



L'excellente race arabe représentait un véritable tour de force : en Arabie, le cheval était, et l'est encore, un subtitut ( remplaçant) du chameau (dromadaire) domestique .



Après la mort de Mahomet, le cheval arabe transporta les conquérants arabes, au-delà des frontières de l'Arabie, jusqu'à la Loire, la Volga et l' Iaxarte .(nom grec du fleuve Syr-Daria, 2906 km, qui se jette dans la mer d'Aral )



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Donc, à l'époque de Mahomet, les civilisations du Levant (de l' Orient) et de l'Iran cernaient La Mecque de tous les côtés, et Mahomet lui-même partit à la rencontre de la civilisation de l' Empire romain d'Orient .

Lorsque les Arabes ne servaient pas les Romains d' Orient et les Perses comme mercenaires, ils commerçaient avec eux . Mahomet lui-même conduisit des caravanes de la Mecque à Damas et vice -versa au service de sa future épouse Khadidja, une négociante de la Mecque . Il faut sans doute situer ses voyages au cours des années de paix qui vont de 591 à 604 . Après que l'empereur perse Chosroès II eut envahit et occupé successivement la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et l' Egypte, le commerce de La Mecque avec l'Empire d' Orient dut devenir précaire (incertain, instable).

La date a laquelle Mahomet reçut pour la première fois un message de Dieu se situe vers 610 . A cette époque, il avait épousé khadidja et il occupait une maison à La Mecque .
L'expérience religieuse de Mahomet prit la forme d'apparitions (manifestations, visions ) de l'archange Gabriel .Il entendit Gabriel (un des archanges des traditions Juives, Chrétiennes et Musulmanes) lui dicter des mots et lui ordonner de les transmettre à ses concitoyens de la Mecque . Tout d'abord, il douta de l'autorité qui s'attachait à ces apparitions, et il hésita à passer aux actes, mais elles persistaient et que les ordres devenaient impératifs, il finit par y croire et y obéir . Le coeur du message transmis par Mahomet était qu'il n'y avait qu'un vrai Dieu, le Dieu (( Allah, équivalent du mot qu'employaient les chrétiens de langue syriaque pour désigner Dieu, Alaba )). Le monothéisme était dans l'air en Arabie à cette époque, comme il l'avait été dans l'Empire romain durant le siècle qui avait précédé la conversion au christianisme de Constantin Ier en 312 .
Selon le message de Mahomet, la première et la principale exigence de Dieu à l'égard de l'homme était sa soumission ( docilité, asservissement, résignation) (( Islam )) . L'un de ses commandements particuliers était que les riches et les puissants devaient pratiquer la charité à l'égard des pauvres et des faibles --par exemple, les veuves et les orphelins . Lorsque Mahomet fut convaincu de l'authenticité ( sincérité) de sa mission, il parla, comme l'avait fait Jésus, comme quelqu'un qui est investi ( pourvu de...) d'autorité .
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Le message fut aussi mal reçu à La Mecque qu'il l'avait été à Nazareth .
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La Mecque était un Etat-oasis gouverné par des oligarques ( oligarchie, régime politique dans lequel la souveraineté appartient à une classe restreinte et privilégiée), les Banou Quraych, qui gagnaient leur vie par le commerce, à la façon des oligarques de Palmyre aux IIe et IIIe siècles . Ils pratiquaient avec efficacité et sans pitié une économie d'entreprise privée ;ils étaient conscients que le succès de leurs affaires dépendait du prestige (attrait particulier ) de leur sanctuaire ; ils craignaient que , si l'appel de Mahomet en faveur du monothéisme l'emportait, la Ka'ba, qui abritait un panthéon (monument ), ne perdit de son prestige et que le commerce de La Mecque ne souffrît de voir son indispensable sanction religieuse discréditée (faire perdre l'estime dont quelqu'un jouissait , diminution de la confiance ) . Il est possible aussi que les Quraych aient été offensés par le ton autoritaire de Mahomet ; car, quoiqu'il fût lui-même quraychite, il ne faisait pas partie du cercle fermé de la classe dirigeante .

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Pendant douze ans, Mahomet prêcha à la Mecque à ses risques et périls (en acceptant d'en subir toutes les conséquences ) . Il fit quelques adeptes (sympatisants ), qui se trouvèrent eux aussi exposés à un tel danger que Mahomet les autorisa à chercher refuge dans le royaume chrétien d'Aksoum . En 622, le sort de Mahomet s'améliora de façon spectaculaire . Des envoyés de l' Etat-oasis agricole de Yathrib l'invitèrent, à sa surprise, à émigrer chez eux et à y prendre le pouvoir . Yathrib était déchiré par des dissensions (divisions profondes, discorde, désaccord )politiques que ses habitants n'arrivaient pas à surmonter . En 622, Mahomet s'enfuit de La Mecque avec un seul compagnon, Abu Bakr .Les fugitifs échappèrent aux poursuites et, à Yathrib, Mahomet remplit sa mission politique avec le plus grand succès . Les Yathribites avaient deviné avec beaucoup de perspicacité ses capacités . Et pourtant, jusqu'alors, son expérience de l'administration s'était limitée à la direction d'une petite secte religieuse persécutée . Il se montra néanmoins tout à fait à la hauteur de cette nouvelle situation .

Dans un champ d'application beaucoup plus vaste, en tant que dirigeant de Yathrib, Mahomet réconcila les factions de la ville entre elles et avec les adeptes de l'islam venus de La Mecque pour le rejoindre .La majorité non juive de Yathrib semble être devenue musulmane avec empressement, et leur nouvelle religion commune constitua un lien effectif entre les autochtones et les réfugiés .

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Les Etats souverains font la guerre, et Mahomet, devenu chef d'Etat, n'hésita pas à combattre ses concitoyens de La Mecque . La situation politique de Mahomet était différente de celle de Jésus lorsque celui-ci avait accepté de se laisser arrêter . Jésus était sujet de l'Empire romain, et, s'il s' était révolté, sa rébellion aurait coûté de nombreuses vies juives, sans aucun espoir de victoire militaire .

Mahomet avait une chance de l'emporter, et c'est ce qui se produisit d'ailleurs . Mais ses succès comme chef d'Etat et comme belligérant eurent les mêmes conséquences pour l'islam que la conversion de Constantin ( 1er, Flavius empereur romain de 306 à 337) pour le christianisme . Ils compromirent ( mirent en danger, nuire) la religion avec la politique et la guerre .

Dans sa ville refuge, Mahomet était stratégiquement bien placé pour faire la guerre à La Mecque, car Yathrib était situé sur la route qui va de La Mecque à la Syrie .Il n'hésita pas à pillier les caravanes de La Mecque, même pendant les mois de la trêve (cessation provisoire des hostilités )annuelle . En 630, La Mecque capitula . Mahomet accorda aux quraychites, la tribu à laquelle il appartenait, des conditions de paix favorables, et fit la fortune de la Ka'ba et de son pèlerinage en les incorporant aux institutions de l'islam .En 632, année de sa mort, la souveraineté de son gouvernement était reconnue dans toute l'Arabie, jusqu'aux frontières méridionales des tribus nomades arabes qui faisaient allégeance (soumission, obéissance ) soit à l'Empire d' Orient, soit à l'Empire Perse .

L'une des conditions de la soumission politique à l'Etat de Mahomet était la conversion ( fait de passer d'une croyance considérée comme fausse à la vérité présumée) à l'islam mais, dans bien des cas, ce n'était que pour la forme, spécialement à La Mecque .

Les guerres de Mahomet entre 622 et 632 étaient de peu d'importance comparées à la guerre romano-perse contemporaine de 604-628, mais l'effet combiné de la grande guerre du nord et des petites guerres d'Arabie eut d'immenses conséquences .

La profusion (surabondance) de butin fut l'un des moyens par lesquels Mahomet maintint l'unité de son corps politique hétérogène, et s'assura sa loyauté .

Les habitants de La Mecque furent les premières victimes de l'appétit de la communauté musulmane pour le pillage ; la spoliation (dépouillement, vol ) des clans juifs à Yathrib et plus tard à Khaybar se révéla encore plus lucrative (rénumération avantageuse , qui procure des profits) .

Mahomet savait que Juifs et Chrétiens étaient les "Peuples du livre ", c'est-à-dire qu'ils possédaient des Ecritures contenant des enseignements et des commandements qu'ils regardaient comme des révélations divines . Mahomet accepta en toute confiance leur croyance à ce sujet . Lui-même voyait dans le Coran qui lui avait été dicté l'ultime ( le tout dernier, l'extrême) révélation de Dieu, une révélation définitive, spécialement, spécialement destinée aux Arabes, et donc en langue arabe . Comme le monothéisme était la vérité fondamentale révélée dans le Coran, tout comme dans les Ecritures juives et les Evangiles, Mahomet pouvait espérer recevoir la sympathie et le soutien des clans arabes de Yathrib qui avaient embrassé le judaïsme ( religion des juifs) .Cependant, il était bien naïf (candide, qui est plein de confiance excessive ) de sa part de croire que les juifs de Yathrib abandonneraient leur judaïsme pour l'islam en raison du fait que le Coran était le livre dans lequel Dieu donnait sa révélation (faire connaître ce qui était inconnu ) aux fidèles de langue arabe . Mahomet ne pouvait ignorer que les juifs avaient refusé avec persistance d'abandonner le judaïsme pour le christianisme .A la différence des païens (les gens de l'antiquité païenne, non chrétienneou non judaïque ) , les juifs de Yathrib ne répondirent pas à l'appel de Mahomet qui leur demandait de devenir musulmans .

Mais , de plus, ils se montrèrent insolents, d'une façon aussi gratuite que téméraire ( hardi à l'excès, avec imprudence) . Ils firent remarquer que le Coran contenait un grand nombre d'erreurs dans ses références aux enseignements de la Torah (la Loi en hébreux, ensemble des 5 premiers livres de la Bible) . Or, si ces erreurs étaient grossières, elles étaient inoffensives .Pour Mahomet cependant, la rebuffade (mauvais accueil, refus hargneux, méprisant) était blessante et lui portait tort . Sa riposte fut brutale, hors de proportion avec l'offense des juifs, et faisait fi ( dédaigner, mépriser) des principes moraux . Les juifs de Yathrib constituaient une minorité, mais ils étaient riches, Mahomet donna à la majorité musulmane de la communauté yathribite carte blanche pour les dépouiller (dévaliser ) et les évincer (déposséder ) . La dernière fournée des victimes yathribites de Mahomet ne fut même pas autorisée à partir sans rien emporter . Ils ne furent pas seulement dépouillés : les hommes furent massacrés ; quant aux femmes et aux enfants, ils furent réduits à l'esclavage par Mahomet .

Ainsi le brigandage ( vol ou pillage commis avec violence et à main armée) , la guerre et le massacre comptèrent au nombre des moyens par lesquels Mahomet implanta l'islam . Les mêmes crimes ont été commis par les chrétiens et, moins fréquemment, par les bouddhistes . Dans les Ecritures juives, ils sont également attribués à Moïse et à Josué . Mais les fondateurs du bouddhisme (doctrine religieuse fondée dans l'Inde ; elle est issue du brahmanisme ) et du christianisme, eux du moins, ne donnèrent pas ces mauvais exemples à leurs successeurs .

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Voici un résumé de l'ensemble du contexte dans lequel les débuts de la religion musulmane se réalisèrent . Il permet de comprendre cet évènement considérable et surtout l'influence des environnements physiques et humains dans lesquels se jouèrent une grande partie de l'histoire de l'humanité . Nous poursuivrons cette narration et commenterons la suite de cette aventure humaine dans quelques semaines . A bientôt, Gerboise .
















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jeudi 14 juin 2007

Premières clartés du matin : Butiner, c'est glaner infatigablement, c'est un travail noble qui petit à petit, conduit à l'abondance .

"Sitôt que les premières fleurs

S'épanouissent sur les versants,

La butineuse ailée s'envole,

Quitte son merveilleux empire

De miel odorant et de cire

Et va chercher sur les coroles

Les doux messages

du printemps ."

Alexandre Sergueievitch Pouchkine, Poète, dramaturge et romancier russe, (1799-1837) ; il reçu une éducation française, célèbre par ses poèmes, son génie fut reconnu très tôt . En 1815 Joukovski écrivit : " Notre jeune et prodigieux Pouchkine est l'espoir de notre littérature." Pouchkine voulait "dire simplement des choses simples ". Il y a réussi à la perfection . Avec clarté, sobriété, grâce, harmonie, élégance, il a su exprimer l'âme et raconter la vie russe .

A bientôt, Gerboise .

mercredi 13 juin 2007

Un "Coup de coeur" merveilleux lorsqu'on pénétre dans ce " jardin des mot " que nous offre Jacqueline de Romilly


C'est aux Editions de Fallois qu'est paru ce nouvel ouvrage de Jacqueline de Romilly, au mois de Mars 2007 . Sa découverte par nous, Gerboise, a été un véritable bonheur et nous nous empressons de vous faire connaître son existence , car c'est un véritable enrichissement qui se produit à chaque page . Dans ce billet, nous reproduisons l'analyse de l' Editeur, ainsi que la Préface de André GIOVANNI . Nous ne pourrions mieux faire nous même , pour mettre en valeur ce texte .Vous pourrez trouver à la fin du livre ,( son prix de 18 euros est accessible à beaucoup d'entre vous, sinon faites le acquérir par votre bibliothèque la plus proche ) une liste d'ouvrages aussi passionnants de l'auteur , dans différentes Maisons d' Editions .


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"Chaque mois, depuis des années, Jacqueline de Romilly essaie de nous faire partager son amour de la langue française .

Ce qu'elle veut avant tout, c'est nous en donner le goût .C'est-à-dire qu'elle insiste plus sur sur les beautés de cette langue que sur les dangers qui la menacent .

A partir d'un mot qu'elle a choisi, elle cherche à en préciser le sens, la valeur correcte, l'étymologie, ainsi que l'évolution qui, en fonction des changement de la société, des découvertes scientifiques, ou des réflexions des écrivains, a chargé ces mots de nuances nouvelles . En sommes, elle nous fait vivre le roman des mots .

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Les langues, en effet, ne cessent de se transformer . S'il existe des inventions inutiles et pédantes(vaniteuses), qui ne sont en réalité que des fautes portées par une mode souvent précaire (incertaine), il existe aussi des changements qui reflètent notre histoire et notre pensée . Il est passionnant d'en suivre le cours .

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Peu à peu les mots se chargent d'une riche complexité .

Réunies ici pour la première fois en un volume, ces promenades dans un jardin des mots nous permettent de contempler, en compagnie du meilleur guide que l'on puisse avoir, l'un des plus beaux paysages de la langue française ".

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.Jacqueline de Romilly est professeur de grec ancien . Elle a enseigné dans différents lycées, à la faculté de Lille, à l'Ecole normale supérieure, à la Sorbonne . Elle a été la première femme professeur au Collège de France, puis la première femme menbre de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres . Elle a été élue à l'Académie française en 1998 .


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Voici la Préface de l'ouvrage, par André Giovanni .

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Antoine de Saint-Exupéry, l'auteur de Terre des hommes, ne cessa jamais tout au long de sa vie de se poser cette question : "Que faut-il dire aux hommes ? "

Les écrivains, les journalistes, tous ceux qui par l'écrit ou par la parole s'adressent aux autres hommes, devraient. s'interroger de la même façon . Le célèbre aviateur, disparu en mission de guerre en1944, avait noté cette réflexion pathétique (émouvante, bouleversante ) : "On ne peut plus vivre sans poésie, couleur, amour . Rien qu'à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue . Il ne reste rien que la voix du robot et de la propagande . "

Journaliste et homme de presse depuis de longues années, je me suis toujours interrogé sur cette vocation .

Créer, diriger une publication destinée au grand public est une responsabilité exaltante (stimulante), mais redoutable .

C'est pourquoi je me suis toujours posé cette même question : "Que faut-il dire aux hommes ?"

Les contraintes qui s'imposent chaque jour dans nos métiers soulèvent d'autres interrogations : "Comment leur dire ? Avec qui le dire ? "

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J'ai toujours admiré Jacqueline de Romilly pour son engagement de professeur et son témoignage d'écrivain .

Dans la préface de son livre Ecrits sur l'enseignement, elle partage les inquiétudes de Saint-Exupéry :"Savoir réfléchir par soi-même et s'exprimer exactement, savoir éviter les duperies (tromperies) de la propagande et les malentendus avec autrui, savoir raisonner et prévoir, n'est-ce pas la suprême liberté ? Et la liberté des individus ne garantit-elle pas mieux toutes les libertés de l'Etat ?

Lutter contre "la voix du robot et de la propagande ", c'est son engagement, comme celui de Saint-Ex .Un engagement stimulant pour le courage et l'honneur de l'esprit .

Jacqueline de Romilly écrit encore :" L'enseignement est sans doute ce qui compte le plus pour l'avenir d'un pays, c'est sans doute également ce qui, aujourd'hui, va le plus mal en France . La crise que nous avions, naguère (autrefois), été un certain nombre à dénoncer, n'a fait dans les institutions que s'aggraver, comme si toutes les mesures tentées, fût-ce avec la meilleure foi du monde, se trouvaient au passage happées et détournées de leur sens ."

Je lui ai donc proposé de s'adresser aux lecteurs de Santé Magazine - un lectorat de plus de 5 millions - pour leur dire ce qui, à ses yeux, était devenu nécessaire et urgent . Ainsi est née la rubrique "Santé de la langue française " dont le succès n'a pas cessé de s'affirmer au long des mois et des années .
La maîtrise de la langue est la condition idéale pour garder une bonne santé intellectuelle, physique et morale .
La santé, c'est savoir bien se comporter dans la vie, autant pour soi-même que pour les autres. Discerner (distinguer) le vrai du faux, connaître les limites entre le Bien et le Mal, trouver son équilibre à travers les mouvements qui nous entraînent du passé vers l'avenir . Pour bien exprimer ses sentiments, ses souffrances éventuelles, et en repérer les causes, il faut une grande lucidité (bon sens) et de la justesse dans l'expression .
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En septembre 1998, Jacqueline de Romilly intitulait sa première chronique "Contre l'enflure (exagération, extravagance) des mots" : " La langue que nous parlons, que nous avons apprise depuis notre enfance et qui se parle depuis des siècles, celle qui nous sert à nous exprimer dans notre vie de tous les jours, peut être plus ou moins bien portante . Si elle va mal, notre pensée, notre vie quotidienne en seront modifiées " .
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Les chroniques de notre grande amie, réunies dans ce livre, prolongent son enseignement professoral et illustrent son combat d'écrivain . Au fil des pages, elle ausculte notre langue, son évolution, dénonce ses dérives, stimule notre goût et réveille la vie de notre culture .Avec une extrême compétence, elle se réfère à l'histoire . Son recours constant à l'étymologie grecque ou latine précise la valeur et le sens des mots, et leur filiation (parenté) .Elle propose des leçons de vérité pour que nous y puisions l'universel .
Michel de Montaigne, dans la préface de ses Essais, avertissait ainsi son lecteur :" Ceci est un livre de bonne foi (sincère)" Le recueil de Jacqueline de Romilly est aussi "un livre de bonne foi " . Je le placerait volontiers dans ma bibliothèque à côté des Essais .
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Certes, il relève d'un autre genre littéraire, mais par son sens de l'humain, ses exemples empruntés à la vie quotidienne, sa verve, son humour, il est proche de l'humaniste du XVIe siècle dont la sagesse faite de clairvoyance et de finesse psychologique continue de nous enseigner .
"C'est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être ", écrivait Montaigne .
N'est-ce pas aussi une absolue perfection, et comme divine, de savoir bien maîtriser sa langue pour défendre le bonheur d'être ?
Dans une de ses chroniques intitulée "La langue menacée ", Jacqueline de Romilly s'engage dans une défense de l'humanisme .
"La série des articles que je donne ici est intitulée Santé de la langue ; or, mon devoir est de dire que cette santé est aujourd'hui atteinte . Pourquoi cela ? En grande partie parce que nous permettons que notre langue soit, ici en France, mal parlée, et plus souvent encore mal écrite . Le fait est évident, et nombreux sont ceux qui déjà ont tiré la sonnette d'alarme .
"... l'orthographe disparaît, et j'ajouterai que l'écriture même risque de disparaître . Car, quand les signes n'ont plus ni clarté,ni logique, ils ne permettent plus de communiquer, d'aucune façon."
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Comment ne pas être fier d'avoir invité Jacqueline de Romilly pour qu'elle nous dise, avec une franche liberté, ce que tous les hommes de notre temps doivent entendre ?
La garde de la langue française, notre bel héritage, est impératif .
C'est un devoir pour chacun d'entre nous ."
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Bonne lecture, Gerboise .



mardi 12 juin 2007

Thème inédit :Participation à un sujet de réflexion sur l'esprit critique (n°1)

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Les visiteurs du blog Gerboise peuvent s'il le désirent s'impliquer dans cette nouveauté en construisant eux-mêmes un projet de texte . Une proposition sera réalisée par nous , et concernera la construction d'un document modèle et le développement des idées essentielles relatives à ce sujet ; elle sera publiée Lundi prochain , le 18 Juin 2007, pour vous tous .Vous pourrez en discuter le contenu et proposer des points de vue personnels différents qui seront par la suite commentés dans ce blog.
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Voici le thème d'exercice de rédaction proposé :
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A partir de quel moment, de quel âge !, peut-on essayer de commencer à développer un" Esprit critique" chez un jeune enfant (à l'école Primaire ou au Collège ?)
A l'occasion de quels apprentissages des savoirs, ce rapport à l'esprit critique, peut-il être enseigné, inculqué .Par quel moyens : expériences simples (celles proposées dans ce blog ou d'autres), observations dans la nature, examens d'objets, de descriptions de phénomènes ... etc. , peut-on faire entrer progressivement dans l'entendement d'un jeune esprit ce type d'intérêt très utile concernant les êtres et les choses .
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Les commentaires constructifs et critiques (!) seront les bienvenus . à bientôt, Gerboise.

lundi 11 juin 2007

Premières clartés du matin : Réalité, Idéal ou Utopie (*)

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"L'homme d'Etat capable de prévoir toutes les répercussions(1) de ses actes serait comparable au joueur d'échecs lisant sur l'échiquier de son adversaire les possibilités invisibles résultant du déplacement des pièces visibles ."
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Docteur Gustave Le Bon, Psychologie des temps nouveaux, 1920, Flammarion
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(*) Réalité :ce qui est réel, considéré : soit absolument,"il faut voir la réalité,c'est le réalisme" (disposition à voir les choses comme elles sont et à prendre les mesures en conséquence); soit relativement, dans un de ses domaines particuliers, "réalité de la vie, réalité politique" où, il est nécessaire de tenir compte des divers contextes dans lesquels on se situe .
Idéal ou Utopie :La justice sociale est un idéal qu'il est nécessaire d'atteindre , la suppression radicale de l'injustice est une utopie, idéal qui, par sa nature même est irréalisable .
(1) Les suites, conséquences : suites nécessaires ; Répercussions, conséquences lointaines, imprévisibles mais réelles, qui se font sentir comme un choc en retour en des lieux ou des temps assez éloignés de leurs origines .
A bientôt, Gerboise .

samedi 9 juin 2007

Mahomet , le Prophète et l'homme d'état, vers 570-632 .1ère Partie

La vie musulmane au Moyen Âge (XIIIe siècle) :l'école .Manuscrit des Séances de Harîrî, op. cit. (Ektachrome, Armand Colin .


Jusqu'au VIIe siècle, les Arabes, qu'ils fussent nomades (Bédouins) ou sédentaires, du Sud ou du Nord, à l'état tribal ou vivant dans le cadre institutionnel d'un royaume, n'étaient pas sans religion .Les tribus bédouines pratiquaient l'adoration de quelques idoles, et, parmi les sédentaires, il s'en trouvait de nombreux qui avaient adhéré, depuis bien longtemps, à la religion d' Etat de l' Empire Byzantin, à savoir au christianisme :il y avait des Arabes chrétiens en Syrie, dans les provinces romaines qui bordaient la Méditerranée (Liban et Israël actuels), dans les déserts de la Jordanie, et aussi en Arabie du Sud (chrétiens éthiopiens) . Enfin, dans les oasis, notamment à Yathrib (la future Médine), certains Arabes étaient acquis, depuis des siècles à la religion juive .

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Tout a basculé en l'an 610 , lorsqu'un homme de la Mekke (La Mecque), Muhammad, fils de 'Abd Alläh, fils de ' Abd al-Muttalib, connu des Occidentaux sous le non de Mahomet, reçu la Révélation .


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La religion qu'il a prêchée est une religion monothéiste qui célèbre le même Dieu que celui des juifs et des chrétiens, le dieu d' Abraham ; comme le judaïsme et le christianisme, elle repose sur un Livre Saint révélé par Dieu au Prophète Mahomet, le Coran et, comme le judaïsme et le christianisme, il en est issu une vaste organisation politique et une civilisation nouvelle .
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Mahomet (vers 570-632 ) a d'abord prêché l'Isläm , c'est-à-dire la soumission à Dieu (Alläh, le Dieu unique, absolu, tout-puissant et éternel, créateur de toutes choses, omniscient (universel) ) dans sa ville natale de La Mekke . Il a réuni une communauté (umma) de premiers croyants, qu'on appelle les Compagnons du
Prophète ; après avoir émigré à Yathrib (Médine), en 622 (c'est ce qu'on appelle l'Hégire), il continua sa prédication et jeta les bases de l'organisation politique et économique de la communauté islamique : aux Compagnons de la première heure se sont alors joints les
Yathribains "auxiliaires" du Prophète ou ansärs . A sa mort, ses successeurs, appelés califes,assurèrent l'expansion de l'Isläm en Arabie, au Moyen Orient, en Afrique du Nord et jusqu'en Europe (Espagne) .

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Le mot Isläm a alors connoté non seulement un grand mouvement religieux aux formes multiples, mais aussi une puissance politique de premier plan, dont les Arabes ont perdu le contrôle au profit des Turcs ottomans à partir du XIVe siècle . Par ailleurs, la religion islamique s'est répandue en Extrême-Orient (Chine, Pakistan) et dans l'Asie du Sud-Est (au XIIIe siècle), puis plus tardivement, en Afrique noire . A travers tous ces pays, l'Isläm a pris deux grandes
formes : le Sunnisme (Isläm réputé orthodoxe) et le Chiisme, pratiqué par les musulmans qui considèrent les trois premiers califes, comme des usurpateurs et qui sont les partisans de' Ali,quatrième calife et seul successeur légitime du Prophète selon eux .
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De même que le christianisme repose sur des livres saints (les Evangiles) et sur la volumineuse littérature des Pères de l'Eglise, de même l'Isläm repose sur un Livre Saint, le Coran, recueil des révélations reçues et prêchées par Mahomet et sur les écrits des Compagnons et de leurs successeurs concernant le Prophète, ses habitudes, ses paroles, son mode de vie, etc.
l'ensemble de ces "traditions" (en arabe hadïth) constitue la Tradition du Prophète ; elles ont été recensées dans le courant des deux siècles qui suivirent l'Hégire (on dit : "un Hadïth" pour citer une tradition particulière, et "le Hadïth " pour désigner leur collection) ; ceux qui les ont collectés sont appelés des traditionnistes .
Les hadïths nous rapportent une foule de paroles, d'usages, d'évènements qui ont fait partie de la vie du Prophète . Parmi ces usages, il en est qui sont supérieurs à tous les autres : ce sont les comportements civils ou religieux du Prophète dans des situations particulières, dont l'ensemble est la "Coutume du Prophète" ou Sunna, rapportée par les grands traditionnistes de l'Islam .
Enfin, les Compagnons du Prophète et leurs successeurs qui se sont spécialisés dans l'étude du Coran et de la Sunna ont dégagé de cette étude, en s'appuyant sur le consensus universel de la communauté musulmane, un droit religieux : le fiqh .La jurisprudence islamique, après de nombreuses querelles entre les savants qui l'étudiaient, a finalement abouti à quatre grandes Ecoles de droit, appelées (d'après le nom de leurs créateurs) hanafite, malékite, shafiite et hanbalite .
Fin de la première partie, à bientôt, Gerboise .







vendredi 8 juin 2007

Premières clartés du matin : Une pensée dans la sérénité des plantes aquatiques

Les nénuphars sont ancrés dans le fond de l'étang . Ici, Nymphaea capensis, fortement parfumée peut y prendre toute son ampleur (développement), ses fleurs exotiques qui naissent dans la nuit, ne durent qu'une journée,elles se dressent franchement au-dessus du plan d'eau, ses feuilles flottantes rayonnent majestueusement dans cet oasis, ce havre (refuge) de paix .
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Entre le calme et l'agitation ,( alternative ou dilemme), ici, ci-dessus, nous avons fait notre choix en toute quiétude ; mais Théodore JOUFFROY, (1796-1842) dans ses mélanges philosophiques (huitième leçon), nous propose une alternative (*), même un dilemme(*) crucial ! (essentiel à résoudre si nous en sommes capables) .
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"Il faut donc choisir de deux choses l'une : ou souffrir (1) pour se développer, ou ne pas se développer, pour ne pas souffrir . Voilà l'alternative de la vie, voilà le dilemme de la condition terrestre ."
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Que penser ? Est-ce du même ordre que cette alternative ou ce dilemme délivré en graffiti sur un mur de la Sorbonne en 1968, déjà cité dans ce blog :
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"Je suis parfaitement heureux, laissez moi dans mon ignorance"
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(*) On parle d'une alternative chaque fois que, dans une situation donnée, n'existent que deux possibilités incompatibles pour résoudre un problème (les deux termes de l'alternative) .Le dilemme se présente comme une alternative d'un type particulier . Il impose une contrainte qui est absente de l'alternative : on présente une alternative à quelqu'un, mais on l'enferme dans un dilemme .
(1) Souffrir : supporter, accepter un "fardeau" pesant, avec une idée de force et de courage nécessaire .
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"Ceux qui n'ont jamais souffert ne savent rien ; ils ne connaissent ni les biens ni les maux ; ils ignorent les hommes ; ils s'ignorent eux-mêmes ". Fénelon
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"Qui sait tout souffrir peut tout oser " Vauvenargues
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(1') Souffrir :endurer, tolérer (supporter chez les autres ce qu'on désapprouve), supporter avec une patience constante, qui montre une sorte de résignation, qui résiste à la contrainte sans se plaindre . Pâtir :souffrir par le fait du manque de moyens ou du nécessaire .
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Voici de nombreux sujets de réflexion qui nous permettront, une fois examinés et traités, de poursuivre notre connaissance du monde qui nous entoure, dans de très nombreux contextes stimulants pour l'esprit . Bien à vous , Gerboise .