lundi 6 avril 2009
La LECTURE, cette ouverture de l'esprit dont nous ne devons pas nous priver si nous ne voulons pas stagner, " faire du sur place" ! [deuxième partie]
.
A l' ECOLE
" Répandre l'instruction est le premier devoir d'un peuple qui veut rester libre " .
Jean AICARD, 1848-1921 . Il est à la fois un romancier estimé et l'un de nos plus charmants poètes contemporains . A une forme poétique très délicate, il sait ajouter un sentiment exact de la réalité . Les poésies qui composent le Livre des Petits et La Chanson de l'Enfant sont remarquables par la grâce des détails et le charme de l'expression .
" Notre mère, la douce France,
La chère France, dit un jour :
~ Notre ennemi, c'est l'ignorance :
Il faut le vaincre par l'amour ~.
" Au bord des mers, le long des fleuves,
Dans la vallée et sur les monts,
Bâtissons des écoles neuves
Pour les petits - que nous aimons . "
Et pour bâtir maisons nouvelles,
Jamais les maçons plus gaîment,
Ne sont montés sur leurs échelles
Et n'ont pétri plus dur ciment .
Les anciens, se sentant revivre,
S'écriaient, - car beaucoup d'entre eux
N'avaient jamais lu dans un livre :
" Nos enfants seront plus heureux ! "
Alors, la Muse* de l'histoire *1
Vit surgir, d'un coup, par milliers,
Tout blancs sur le vieux territoire,
Des palais - pour les écoliers .
Les livres prirent la parole,
Quand les maçons furent partis,
Et l'on vit courir vers l'école
Tout le peuple des tout petits...
Le cartable battant l'échine* *2
Ou bien leurs cahiers sous le bras,
Les uns, là-haut dans la colline,
D'autres, dans la plaine là-bas,
Tous allaient vers la maison blanche,
Ceux-là se tenant par la main,
Ceux-ci retardés par la branche
Qui met des fleurs sur le chemin .
On quittait la campagne aimée,
On regrettait les papillons,
Mais on chantait comme une armée :
" Enfants ! ... Formez vos bataillons ! "
Et le livre sacré, le Livre,
Avec tous ses feuillets chantants,
Leur criait : " C'est moi qui délivre* ! ... *3
Je brille sur la nuit des temps ! *4
" Venez ! Je donne à qui sait lire
Des bonheurs qui sont infinis ... *5
Les moindres accords de la lyre *6
Sont plus doux que le chant des nids ...
" Je montre aux peuples, dans un rêve,
Ce* que les yeux ne sauraient voir ; *7
L'âme qui rampait, je l'enlève
Sur l'aile d'aigle du savoir !
" Par moi, l'Idée, éblouissante
Et prompte comme les éclairs,
Dispersée et partout présente,
Donne un seul cœur* à l'univers ... " *8
- Par moi, l'âme individuelle
Vit dans tous et* vivra toujours, *9
Et dans la pitié mutuelle
J'ai rassemblé tous les amours ! "
Et les chers petits, sans comprendre,
Couraient vers l'école, - sentant
Quelle amour maternelle et tendre
Les appelait tous en chantant .
Au miel doré de la Parole *10
Ils couraient, filles et garçons,
Et l'essaim*entra dans l'école, *11
Ruche où bourdonnent les leçons .
Or, depuis que la France libre
A des écoles par milliers,
C'est son âme même qui vibre
Dans son rucher plein d'écoliers .
Depuis l'heure toute première
Où l'école neuve s'ouvrit,
Le livre a fait la lumière,
La lettre a créé de l'esprit .
Le petit peuple de la ville
C'est le grand peuple d'aujourd'hui ;
Sa propre histoire le conseille,
Toute l'âme humaine est en lui .
Il sera digne de lui-même,
Si, sachant ce qu'il doit savoir,
Il aime ce qu'il faut qu'on aime,
A l'égal du droit : - le devoir .
Fais ton destin, peuple de France !
La France remet dans tes mains,
Avec un frisson d'espérance,
La clef d'or* de tes lendemains ; * 12
Jean AICARD
* 1 -Muse de l'Histoire : personnage imaginaire représenté comme le témoin des actions des peuples .
* 2 - L'échine : colonne vertébrale .
* 3 - délivre : qui dégage l'esprit de l'ignorance .
* 4 - brille ... : L'idée que contient le livre brille comme une étoile dans la nuit et éclaire les ténèbres de l'ignorance .
* 5 - Rapprochez de la lecture ci-après intitulée : Douloureuse ignorance .
* 6 - accords de la lyre : Les chants de la poésie.
* 7 - ce : L'idéal qui n'existe que dans la pensée .
* 8 - La fraternité .
* 9 - La solidarité .
* 10 - le miel de la parole : image familière aux anciens : la parole est douce comme le miel .
* 11 - essaim : groupe d'abeilles, d'insectes en vol ou posés ; groupe nombreux qui se déplace .
* 12 - La clé d'or : (sens figuré) l'instruction qui décidera de ton avenir .
Après cet admirable texte qui implique le rôle magnifique de la lecture, donc des livres et des bibliothèques , nous poursuivrons dans une troisième partie, l'analyse des implications de la Lecture dans la construction de notre esprit .
Bien à vous, cordialement, Gerboise .
A l' ECOLE
" Répandre l'instruction est le premier devoir d'un peuple qui veut rester libre " .
Jean AICARD, 1848-1921 . Il est à la fois un romancier estimé et l'un de nos plus charmants poètes contemporains . A une forme poétique très délicate, il sait ajouter un sentiment exact de la réalité . Les poésies qui composent le Livre des Petits et La Chanson de l'Enfant sont remarquables par la grâce des détails et le charme de l'expression .
" Notre mère, la douce France,
La chère France, dit un jour :
~ Notre ennemi, c'est l'ignorance :
Il faut le vaincre par l'amour ~.
" Au bord des mers, le long des fleuves,
Dans la vallée et sur les monts,
Bâtissons des écoles neuves
Pour les petits - que nous aimons . "
Et pour bâtir maisons nouvelles,
Jamais les maçons plus gaîment,
Ne sont montés sur leurs échelles
Et n'ont pétri plus dur ciment .
Les anciens, se sentant revivre,
S'écriaient, - car beaucoup d'entre eux
N'avaient jamais lu dans un livre :
" Nos enfants seront plus heureux ! "
Alors, la Muse* de l'histoire *1
Vit surgir, d'un coup, par milliers,
Tout blancs sur le vieux territoire,
Des palais - pour les écoliers .
Les livres prirent la parole,
Quand les maçons furent partis,
Et l'on vit courir vers l'école
Tout le peuple des tout petits...
Le cartable battant l'échine* *2
Ou bien leurs cahiers sous le bras,
Les uns, là-haut dans la colline,
D'autres, dans la plaine là-bas,
Tous allaient vers la maison blanche,
Ceux-là se tenant par la main,
Ceux-ci retardés par la branche
Qui met des fleurs sur le chemin .
On quittait la campagne aimée,
On regrettait les papillons,
Mais on chantait comme une armée :
" Enfants ! ... Formez vos bataillons ! "
Et le livre sacré, le Livre,
Avec tous ses feuillets chantants,
Leur criait : " C'est moi qui délivre* ! ... *3
Je brille sur la nuit des temps ! *4
" Venez ! Je donne à qui sait lire
Des bonheurs qui sont infinis ... *5
Les moindres accords de la lyre *6
Sont plus doux que le chant des nids ...
" Je montre aux peuples, dans un rêve,
Ce* que les yeux ne sauraient voir ; *7
L'âme qui rampait, je l'enlève
Sur l'aile d'aigle du savoir !
" Par moi, l'Idée, éblouissante
Et prompte comme les éclairs,
Dispersée et partout présente,
Donne un seul cœur* à l'univers ... " *8
- Par moi, l'âme individuelle
Vit dans tous et* vivra toujours, *9
Et dans la pitié mutuelle
J'ai rassemblé tous les amours ! "
Et les chers petits, sans comprendre,
Couraient vers l'école, - sentant
Quelle amour maternelle et tendre
Les appelait tous en chantant .
Au miel doré de la Parole *10
Ils couraient, filles et garçons,
Et l'essaim*entra dans l'école, *11
Ruche où bourdonnent les leçons .
Or, depuis que la France libre
A des écoles par milliers,
C'est son âme même qui vibre
Dans son rucher plein d'écoliers .
Depuis l'heure toute première
Où l'école neuve s'ouvrit,
Le livre a fait la lumière,
La lettre a créé de l'esprit .
Le petit peuple de la ville
C'est le grand peuple d'aujourd'hui ;
Sa propre histoire le conseille,
Toute l'âme humaine est en lui .
Il sera digne de lui-même,
Si, sachant ce qu'il doit savoir,
Il aime ce qu'il faut qu'on aime,
A l'égal du droit : - le devoir .
Fais ton destin, peuple de France !
La France remet dans tes mains,
Avec un frisson d'espérance,
La clef d'or* de tes lendemains ; * 12
Jean AICARD
* 1 -Muse de l'Histoire : personnage imaginaire représenté comme le témoin des actions des peuples .
* 2 - L'échine : colonne vertébrale .
* 3 - délivre : qui dégage l'esprit de l'ignorance .
* 4 - brille ... : L'idée que contient le livre brille comme une étoile dans la nuit et éclaire les ténèbres de l'ignorance .
* 5 - Rapprochez de la lecture ci-après intitulée : Douloureuse ignorance .
* 6 - accords de la lyre : Les chants de la poésie.
* 7 - ce : L'idéal qui n'existe que dans la pensée .
* 8 - La fraternité .
* 9 - La solidarité .
* 10 - le miel de la parole : image familière aux anciens : la parole est douce comme le miel .
* 11 - essaim : groupe d'abeilles, d'insectes en vol ou posés ; groupe nombreux qui se déplace .
* 12 - La clé d'or : (sens figuré) l'instruction qui décidera de ton avenir .
Après cet admirable texte qui implique le rôle magnifique de la lecture, donc des livres et des bibliothèques , nous poursuivrons dans une troisième partie, l'analyse des implications de la Lecture dans la construction de notre esprit .
Bien à vous, cordialement, Gerboise .
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4 commentaires:
Merci d'avoir mis ce poème en ligne, mon grand père me le récitait quand j'étais petite et maintenant qu'il n'est plus là j'avais besoin de m le remémorer. Il est plein d'espoir, de vérité et de liberté. Merci encore !!
Souvenir
Merci pour le poeme. Cela me rappele le bon vieux Temps.
Oui oui gaiement je me remémore mes années primaires.merci
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