lundi 20 avril 2009
Le langage : Fonction d'expression de la pensée, des sentiments, des passions et de communication entre les hommes [*]
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[*] Cette compétence est mise en œuvre au moyen d'un système de signes vocaux [parole] et éventuellement de signes graphiques [écriture] . Façon de s'exprimer . Faculté d'exprimer sa pensée, tout ce qui se passe dans l'esprit . Langue propre à une Nation .
Observez l'image ci-dessus !
Regardez ce tableau montrant la frégate la " Confiance " commandée par Robert Surcouf, et le vaisseau anglais, le " Kent " de la Compagnie anglaise des Indes , lors de l'abordage du 7 Octobre 1800 , peint par Louis Garneray, aide de camp du Capitaine, grand peintre et écrivain de la Marine .
Cette représentation par l'Image ( peinture) est saisissante, mais elle laisse l'imagination de l'observateur interpréter la situation à sa guise (selon son goût,à son gré, à sa fantaisie, selon sa volonté propre et toutes ses expériences vécues antérieurement) .
La description narrative en langage écrit qui suit va nous permettre de nous faire une certaine représentation imagée plus précise des événements .
Le 30 Mars 1800, sur la jolie frégate la Confiance, réputée rapide et ardente, Surcouf appareille pour une nouvelle campagne . Le 7 Octobre, il croise la route du Kent, vaisseau de la Compagnie anglaise des Indes , déplaçant 1200 tonneaux, armé de quarante pièces de fort calibre, mené par un équipage nombreux et expérimenté, soutenu par un groupe du corps d'élite des Royal Fusiliers de l'infanterie de marine .
Une manœuvre magistrale permet à la Confiance d'agripper le Kent .
Surcouf a vite compris qu'un duel d'artillerie lui serait fatal et c'est avec un art consommé (accompli, parfait) qu'il place sa frégate pour prendre le Kent à l'abordage . Alors les Anglais, passant des sarcasmes à l'incrédulité voient surgir à leur bord une meute en furie .
Tel un correspondant de guerre, Louis Garneray, aide de camp de Surcouf, grand peintre et écrivain de marine, nous a laissé le récit de ce combat de légende . Dans le fatras de la fusillade et des hurlements, c'est un affrontement d'une férocité atroce .
Une " boucherie " , écrit Garneray, Surcouf lance ses hommes à l'assaut du gaillard arrière (sur un voilier, partie extrême du pont supérieur) et de la dunette (superstructure élevée sur le pont arrière d'un navire et s'étendant sur toute sa largeur à la différence du rouf ) , en se frayant, à la hache, un passage dans les rangs anglais :
" Là est la victoire ! " . Le carnage ( massacre, tuerie) s'achève dans la batterie ( réunion de pièces d'artillerie et du matériel nécessaire à leur service ; emplacement destiné à les recevoir) .
Puis tout s'arrête, le Kent est pris .
C'est un triomphe qui accueille Surcouf à l' île de France [aujourd'hui l' île Maurice] , tandis d'humiliation et rage s'expriment en Angleterre !
Vous ne pensez -vous pas que , si nous avions vécu à l'époque, et pu assister à l'arrivée de la frégate à l' île Maurice[ l' île de France à l'époque],
Nous n'aurions pas entendu des récits oraux , des narrations de toute autre nature, susceptibles de nous présenter des événements, des anecdotes très diverses ?,
provenant de tous les protagonistes, de tous les acteurs survivants ?
Et puis se pose des interrogations primordiales, fondamentales, incontournables, liées au fait que chaque intervenant dans les combats , lors de l'abordage, n'a pas été en mesure de se rendre compte de l'ensemble des combats : d'où l'impossibilité de narrer avec toute l'objectivité nécessaire, plus tard, les événement du 7 Octobre, après la durée de navigation pour rejoindre l' île de France, après toutes les soirées où l' On racontait ses exploits personnels lors des affrontements .Les protagonistes, les participants survivants Anglais n'étaient-ils pas , eux aussi, enclins, prédisposés à présenter les faits relatifs à leurs propres comportements, de manière plus ou moins différente ? De plus, la psychologie des équipages de l'époque , dans la marine à voiles, était d'une autre nature que les contemporaines, ce qui devait influer fortement sur les témoignages .
" Le langage de la passion, de la peur, etc. Quel étrange langage tenez-vous là ?
Que votre langage soit doux, franc, sincère, rond, naïf et fidèle . Gardez-vous des duplicités ( qui a deux attitudes, exerce un double-jeu, fait preuve d'hypocrisie, de dissimulation) , artifices (des ruses, des pièges) et feintises (actions de donner pour réel un sentiment, une qualité que l'on n'a pas , faire semblant) ; bien qu'il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de vérités, si n'est-il jamais permis de contrevenir (transgresser,désobéir ) à la vérité ." [Saint-François de Sales]
" Le langage fait avec des mots et de la logique ce que la musique fait avec des notes et du sentiment " [H. Delacroix, langage et pensée] .
" Un langage n'est pas une chose arbitraire, une convention ; loin de là , cela pousse comme une plante " [S. Weil, Écrits de Londres] .
" On ne sait que trop, de nos jours, à quel point les hommes possèdent une perspicacité (une habileté, un discernement) dans leur langage correspondant à celle apprise dans leur enfance, puis au cours de leur vie .
Leurs réactions, leurs relations, leur mode de comprendre et d'être, situés dans le culturel, sont de l'ordre du langage . Les " tenants du féminisme " ont raison d'affirmer que la structure même de la langue place la femme au second plan . Dire Homme pour désigner en même temps le masculin et le féminin est dans l'ordre des choses dans nos sociétés . Construire grammaticalement le féminin à partir du masculin et cent autres exemples de vocabulaire et de syntaxe font comprendre l'attitude masculine [ bien plus que les jeux soi-disant orientant la fille vers la cuisine et l'homme vers la guerre !] .
Le langage est déterminant de la psychologie en même temps que du mode de raisonner.
Nous ne cherchons pas à revaloriser le culturel par rapport au naturel , ce n'est pas ici notre propos, mais à marquer la singularité de ce mécanisme de parole dite et entendue qui détermine à la fois l'être psychique et l'être connaissant, comme si tout ce qui est de cet ordre dépendait de l'expression verbale .
La vue et la parole déterminent plus encore deux modes de penser différents .
Le langage qui s'écrit, implique un cheminement processif ( procédurier) . Mes yeux suivent les mots les uns après les autres, et c'est une succession de compréhensions qui s'enchaînent les unes aux autres . La pensée se développe selon l'axe même de cette succession de mots . La connaissance que je reçois est progressive, les éléments de ce que j'ai à comprendre s'enchaînent successivement et le dévoilement (la révélation, l'explication, la connaissance ) s'effectue au fur et à mesure que je suis la phrase . Elle se déroule dans un certain temps, et cette connaissance est forcément alors discursive ( qui procède par une série de raisonnements ordonnés, qui suit le cours spontané du discours ) , elle progresse au travers des détours de ce discours, elle implique une continuité dans la phrase, une rationalité dans le rapport des mots les uns aux autres .Et finalement elle implique toujours la conscience . Le langage est doté d'une rationalité (qui provient de la raison et non de l'expérience, logique, sensé ) : il faut bien que je comprenne ce que me dit l'autre, et je ne puis le faire que s'il y a une rationalité dans la structure même de ce qu'il dit [rationalité qui n'est pas suffisante mais qui est nécessaire] ; c'est donc une opération consciente à laquelle je suis appelé par la parole qui m'amène non seulement à une connaissance nouvelle mais à une conscience accrue et développée .
Le visuel et la signalisation par images est d'un tout autre ordre :
L'image nous transmet instantanément une globalité . Elle nous donne d'un coup d'œil toutes les informations dont nous pourrions avoir besoin . Elle dispense un stock de connaissances que je n'ai pas à détailler, ni à coordonner autrement que l'image le fait, c'est-à-dire de façon spatiale . Et l'instantanéité de la transmission s'effectue dans la mesure où je me situe dans le même espace que l'image .
Ce que me transmet l'image visuelle est de l'ordre de l'évidence, et nous accédons à une conviction sans critique .
Il est étrange que si souvent on puisse considérer que la photographie puisse être considérée comme une preuve alors que l'on restera hésitant [le manque de " fiabilité " ( digne de confiance) des témoignages ! ] ou devant une démonstration discursive . Là où il y a marque visible, il y a sûreté d'information . Et cette conviction est immédiate, elle ne passe pas par un cheminement de l'inconnu à l'incertain et de l'incertain au connu . Mais cette certitude est fondée sur une absence de conscience .
La connaissance produite par l'image est de l'ordre inconscient .
Nous nous rappelons rarement tous les éléments de l'image, ou du spectacle, mais elle a fortement frappé toute notre personnalité, elle a produit un changement en nous qui a son fondement dans l'inconscient .
Cette saisie globale et inconsciente de tout un lot [ " un paquet " ] d'informations sans suivre le cheminement lent et pénible du discours explique aussi que l'homme soit par paresse naturelle porté à regarder les images plutôt qu'à lire un long texte ou à écouter une démonstration . La paresse intellectuelle fait nécessairement gagner l'image sur la parole, ce que nous constatons en effet très largement .
Et finalement le mode de pensée change : car les images s'enchaînent les unes aux autres selon un mode discursif . On procède par associations d'images et par mutations de clichés . Les éléments qui changent dans l'image présentée ne sont jamais que l'état présent du spectacle, et non pas une série cohérente . Ce n'est pas la caractéristique des signaux électriques qui est à l'origine, mais le mode de succession des images, la pensée par images [ typique dans les bandes dessinées] dont chacune est un tout, et dont la succession s'effectue par bond et par saccade .
Voici des éléments de réflexion donnés ici en vue de pouvoir poursuivre notre interrogation sur la valeur des informations de toute nature , images orales (narrées, chantées ou [ interprétées à l'aide d'un instrument de musique ] ) et/ou écrites ( imprimées ou peintes) qui nous parviennent de toute part !
Bien à vous, cordialement, Gerboise
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