dimanche 5 avril 2009

La LECTURE, cette ouverture de l'esprit dont nous ne devons pas nous priver si nous ne voulons pas stagner," faire du sur place "! [première partie]

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- Et moi, dressé sur la pointe des pieds je lus :
" La vengeance poursuivant le Crime " .

Le petit Brisquimi âgé de dix ans environ, a été envoyé, en qualité d'aide, au maître berger Boutignan qui garde les troupeaux à la bergerie de Bronzet . Il fait le récit de sa première entrevue avec son maître .

Douloureuse ignorance .

Vie d'Enfant . Batisto Bonnet, traduction d'Alphonse Daudet, éditions Fayard .

Batisto Bonnet, né vers 1850, à Bellegarde, dans le département du Gard . Doué d'une vive sensibilité et possédant naturellement l'art de raconter, il écrivit Vie d'Enfant où il conte, avec un charme exquis, ses souvenirs d'enfance . L'ouvrage, écrit en provençal, a été traduit par Alphonse Daudet .

" "A la bergerie de Bronzet, on remarquait, sur l'une des murailles blanchies à la chaux, dans le cadre rougeâtre et criblé de petits trous, une vieille gravure d'un tableau de Prudhon (peintre français mort en 1823 . Son chef-d'œuvre est justement : la Vengeance poursuivant le Crime ) .
" Petiot (petit, tout petit) , me fit le vieux pâtre (berger) Boutignan, le jour où j'arrivai à la bergerie, on m'a dit que tu savais lire ; est-ce que ce serait vrai ? - Je lis un peu, pas beaucoup ... - Dis, est-ce que tu pourrais me lire ce qu'il y a d'écrit sur ce tableau ? - Et moi, dressé sur la pointe des pieds et relevant la tête, je lus : La Vengeance poursuivant le Crime . - Oui, c'est bien ça ! s'écria le pâtre tout joyeux ; mon petit ami, tu es un homme, tu en sais plus que ton maître berger " .
Et alors, silencieux et pensif, Boutignan alla s'appuyer pendant quelques instants contre le manteau (partie de la cheminée en saillie au-dessus du foyer, de l'âtre) de la cheminée , puis, comme quelqu'un qui a assez ruminé (tourner et retourner lentement dans son esprit) ce qu'il cherchait, il se lève, fait quelques pas vers la porte restée grande ouverte, et lance ces paroles dans l'espace :

" Oh ! mon pauvre père, mon bon père, comme vous aviez raison de le dire :

quelle belle chose c'est que la LECTURE !

LIRE ! se fortifier l'esprit avec l'esprit des autres ,

s'imbiber ( mouiller au travers, est employé ici au figuré avec le sens d'imprégner, se remplir de connaissances, de réflexions efficientes [ conditions nécessaires et suffisantes pour leurs créations ] ) le coeur des sentiments qui vous agréent ; lutter avec ceux qui luttent, oublier ses mauvaises heures dans les tristesses d'un poète, l'aimer, le suivre, le combattre ou l'applaudir, selon que ses pensées s'accordent aux vôtres ou s'en séparent ... Quelle consolation dans la vie ! Que c'est beau, mon fils ! Quelle belle chose tu sais là ! Est-ce que tu saurais écrire ! Brisquimi ? - Je connais un peu la grosse (écriture en lettres bâtonnets par rapport à l'écriture, la graphie courante ) . La grosse ou la fine, qu'est-ce que ça fait, nigaud ( qui se conduit d'une manière sotte, niaise ; avec une nuance affectueuse, en parlant à un enfant ) ? Tu sais écrire, faire parler le papier, que demandes-tu de plus ? ... Quand le papier parle, barbe blanche s'incline ( la vieillesse écoute et se tait) ! ... Ah ! si j'avais su, si je savais ce que tu sais, qui sait ce que j'aurais dit, ce que j'aurais fait ? J'aurais toujours pu dire le poids que j'ai là, qui m'écrase la poitrine ...

Dans les livres, je verrais autre chose que le noir et le blanc que j'y vois ; je pourrais lire, écrire, penser ; je pourrais être fier, être heureux dans ma vie de pâtre, car alors, en dehors de l'adresse (des choses manuelles pratiques et de finesse d'esprit) que j'ai, je pourrais dire fièrement : je suis un homme . Mais je ne sais ni a ni b ; je suis un imbécile, un zéro en chiffre ! Je suis un homme manqué ! "

Un grand sanglot traversa ces dernières paroles . ""

Batisto Bonnet

Faut-il toujours s'incliner [ sans esprit critique, sans réaliser une réflexion approfondie des informations qui nous parviennent de toute part : surtout celles qualifiées de " vulgarisation " ] devant ce que dit le papier, celui des journaux par exemple, où réagir, ingurgiter sans " se désaltérer " à des sources qui nous permettront de ne pas nous laisser nous intoxiquer passivement ? Dilemme (alternative contenant deux propositions contraires ou contradictoires entre lesquelles il faut choisir ; situation problématique présentant des issues apparemment inconciliables) devant lequel se trouve trop souvent Gerboise ! La réponse à cette importante, primordiale question , se trouve dans l'ensemble de toutes les pages de notre Blog Savoirs et Réflexions . A vous, esprit curieux, de la rechercher au fil des textes publiés depuis notre introduction du Dimanche 10 Décembre 2006 .

Dans quelques jours nous allons poursuivre notre escapade ( le fait d'échapper aux obligations, aux habitudes de la vie quotidienne) , dans ce monde fabuleux de la Lecture, cette activité de l'esprit inhérente ( qui appartient essentiellement à un être, activité qui est jointe inséparablement) à une personnalité humaine .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci. J'ai recherché ce texte depuis des années sans en avoir trouvé aucune trace. Je l'avais lu dans le livre de lecture en programme en clase de CM2(1998-1999). Ce texte m'a beaucoup marqué. Merci infiniment.

Unknown a dit…

Ah, oui, tout esprit éclairé a été marqué par cette lecture. 30 ans ont passé. Cette page reste vivace en moi. J'aurai le privilège d'en faire part à la conférence universitaire sur la rôle de l éducation à UNESC ( Criciuma, Brésil ) en langue Portugaise. Que Dieu m'inspire.