samedi 31 janvier 2009
Pline l' "Ancien",un des plus grand Esprit de son époque, en ce début de l'ére chrétienne;il nous livra toutes ses connaissances et sa grandeur d'âme.
Naturaliste romain , [+23 à + 79] il était amiral de la flotte de Misène lorsque se produisit l'éruption du Vésuve, où il se rendit tout à la fois pour observer le phénomène et porter secours aux habitants, et où il trouva la mort . Auteur de nombreux traités de grammaire, d'art ..., il est surtout connu par son Histoire naturelle, vaste encyclopédie des connaissances de son temps .
Avec Virgile (poète latin dont l'influence fut très grande sur toutes les littératures occidentales ) , ~ - 70 à ~+ 19 , la poésie avait dit les derniers mots des préceptes champêtres, quand, trois quarts de siècle plus tard, Pline le Naturaliste, esprit aussi vaste qu'écrivain élégant, entreprit de composer une sorte d'Encyclopédie, que le temps a respectée dans son ensemble, alors qu'il ne nous a légué que partielles et mutilées tant d'autres œuvres remarquables d'une bien moindre étendue .
" Pline, a dit Buffon, naturaliste et écrivain français [1707-1788] , semble avoir mesuré la nature et l'avoir trouvée trop petite encore pour l'immensité de son esprit . Son Histoire Naturelle comprend, indépendamment de l'histoire des animaux, des plantes et des minéraux, l'histoire du ciel et de la terre, la médecine, le commerce, la navigation ; l'histoire des arts libéraux et mécaniques, l'origine des usages ; enfin toutes les sciences naturelles et tous les arts humains ; et ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans chaque partie Pline est également grand ; l'élévation des idées, la noblesse du style, relèvent encore sa profonde érudition . Non seulement il savait tout ce qu'on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépendent l'élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d'esprit, une hardiesse ( témérité) de pensée, qui est le germe de la philosophie . Son ouvrage, toujours aussi varié que la nature, la peint toujours en beau ; c'est, si l'on veut, une compilation (recueil) de tout ce qui avait été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avait été fait d'excellent et d'utile à savoir ; mais cette copie a de si grands traits ( caractères de grande qualité ) , cette compilation contient des choses rassemblées d'une matière si neuve, qu'elle est préférable à la plupart des originaux qui traitent des mêmes matières . "
Le travail immense de Buffon fait un si magnifique éloge contient une partie spécialement consacrée à l'agriculture et assez étendue pour qu'en la détachant il ait été possible d'en former un volume où se trouvent résumées, comme d'ailleurs le constate l'auteur lui-même, non seulement toutes les pratiques anciennes, mais encore celles qui, au temps où il écrivait, constituaient de nouvelles découvertes .
Il avait pour but essentiel la vulgarisation des connaissances rustiques . " Ceux, dit-il, qui ont jusqu'à présent traité de cette matière semblent avoir trop oublié qu'ils devaient écrire non pour des savants, mais pour des laboureurs . " Nul doute en effet que les " laboureurs " ses contemporains n'aient tiré de réels avantages du soin qu'il prend d'allier toujours ~sans aucun trivial sacrifice toutefois~ la science exacte à la simplicité, et se donnant à lui-même pour précepte (règle) de la manière d'enseigner que " le temps et l'expérience sont les deux maîtres infaillibles " .
Toujours avide ( impatient de) de pénétrer les secrets de la nature, et d'ailleurs comprenant de la plus noble façon les devoirs inhérents (propres à ) aux importantes fonctions dont il était investi [ car c'était en remplissant avec zèle de hauts emplois qu'il trouvait le temps de se livrer aux études les plus profondes ] , Pline devait couronner la plus active et la plus féconde carrière par un de ces actes d'audace qui font date dans l'histoire de l'honneur et de la passion scientifique .
En l'an 79 de notre ère, Pline commandait à Misène les forces navales romaines, sous l'empereur Titus [construction du Colisée de 75 à 83] , qui défendaient les côtes méridionales de l'Italie, quand arriva cette première et formidable éruption du Vésuve qui devait ensevelir les villes de Pompéi, d'Herculanum, de Stabie, établies au pied de la montagne [ bien que le Vésuve, ancien cratère éteint sans doute, dût offrir les caractères d'une montagne volcanique, on n'avait alors souvenir d'aucune de ses éruptions . Celle de l'an 79 peut donc être considérée comme la première et comme constituant, si nous pouvons ainsi dire, les débuts de l'activité de ce volcan aux âges historiques ] .
A la première nouvelle du terrible événement, le savant, désireux en même temps et de porter secours aux populations et d'étudier de près le phénomène, fit aussitôt appareiller plusieurs galères, avec lesquelles il se dirigea vers le lieu du désastre .
Bientôt cependant le seul navire qu'il montait continua d'avancer sous la pluie de poussières et de pierres embrasées qui obscurcissait le ciel . Impassible, Pline couvrait de notes ses tablettes . Il voulut même aborder, et aborda en effet sur un des points de la côte les plus voisins du volcan . Là, il périt bientôt étouffé (par les gaz suffocants des émanations toxiques ) ; quelques jours plus tard son corps fut retrouvé couvert de cendres .
Quand Pline fait la critique des écrivains qui, selon lui, pour enseigner la science rurale se tiennent en des "régions littéraires trop élevées ", on croit qu'il a particulièrement en vue son contemporain Modératus Columelle [écrivain latin, originaire de Cadix, en Espagne ] , qui, alors que le Naturaliste donnait simplement un des livres de son grand ouvrage [ le XVIIIe] à l'agriculture, composait et publiait un traité d'agronomie, une Économie rurale très complète, très détaillée, et par conséquent très étendue,d'une grande richesse, formant d'ailleurs l'œuvre la plus considérable en ce genre que nous aient léguée les auteurs romains .
L'Economie rurale de Columelle, divisée en douze livres dont un, le dixième, qui traite de la culture des jardins, est écrit en vers, semble en effet inspirée par un désir aussi évident de faire œuvre belle que de faire œuvre utile .
Pendant que Pline, savant austère (sévère, décrivant strictement la réalité sans effets de langage ) , philosophe pratique, tient à être particulièrement entendu des humbles, et pour cela, sans cesser d'être élégant, s'efforce de parler un langage dépouillé de tous vains ornements, Columelle au contraire, poète rêveur, esprit amoureux du beau, du riche langage, entend, selon la charmante locution consacrée chez les anciens, ne jamais prendre la plume sans " sacrifier aux Grâces " .
Disciple enthousiaste du poète des Géorgiques (poème didactique de Virgile) , dont il aspire non à refaire, mais à continuer ou compléter l'œuvre, il recueille, pour l'accomplir pieusement, un vœu qu'a incidemment formé son glorieux devancier .
" Je laisse les jardins ; un autre les chantera, " a dit Virgile en achevant son poème des champs . Cet autre ce sera lui, Columelle .De là ce dixième livre écrit dans la langue des Muses . Et toutes les fois que, sans s'astreindre ( se soumettre) au rythme poétique, l'occasion s'offrira pour lui d'appeler l'inspiration, de subir l'enthousiasme, toujours il s'abandonnera à ses hauts instincts littéraires .
Aussi, pendant que Pline servira de mentor ( de guide, de conseiller sage et expérimenté ) aux paysans, Columelle sera plus particulièrement lu, goûté par les raffinés (dont l'éducation a conduit à apprécier une grande finesse de présentation dans le langage ) . Et si ~comme le fit jadis son maître Virgile ~il ne les gagne pas à la pratique des travaux champêtres, au moins leur apprendra-t-il à les aimer, à les respecter .
On dira de lui : " Si Orphée entraînait les arbres par les accords de sa lyre, Columelle, en chantant la vie rustique, entraîne les villes même à la campagne . "
Et ainsi, par le concours du savant et du poète, le même but sera doublement atteint . Honneur donc à tous deux .
A bientôt, bien à vous, Gerboise .
Avec Virgile (poète latin dont l'influence fut très grande sur toutes les littératures occidentales ) , ~ - 70 à ~+ 19 , la poésie avait dit les derniers mots des préceptes champêtres, quand, trois quarts de siècle plus tard, Pline le Naturaliste, esprit aussi vaste qu'écrivain élégant, entreprit de composer une sorte d'Encyclopédie, que le temps a respectée dans son ensemble, alors qu'il ne nous a légué que partielles et mutilées tant d'autres œuvres remarquables d'une bien moindre étendue .
" Pline, a dit Buffon, naturaliste et écrivain français [1707-1788] , semble avoir mesuré la nature et l'avoir trouvée trop petite encore pour l'immensité de son esprit . Son Histoire Naturelle comprend, indépendamment de l'histoire des animaux, des plantes et des minéraux, l'histoire du ciel et de la terre, la médecine, le commerce, la navigation ; l'histoire des arts libéraux et mécaniques, l'origine des usages ; enfin toutes les sciences naturelles et tous les arts humains ; et ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans chaque partie Pline est également grand ; l'élévation des idées, la noblesse du style, relèvent encore sa profonde érudition . Non seulement il savait tout ce qu'on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépendent l'élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d'esprit, une hardiesse ( témérité) de pensée, qui est le germe de la philosophie . Son ouvrage, toujours aussi varié que la nature, la peint toujours en beau ; c'est, si l'on veut, une compilation (recueil) de tout ce qui avait été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avait été fait d'excellent et d'utile à savoir ; mais cette copie a de si grands traits ( caractères de grande qualité ) , cette compilation contient des choses rassemblées d'une matière si neuve, qu'elle est préférable à la plupart des originaux qui traitent des mêmes matières . "
Le travail immense de Buffon fait un si magnifique éloge contient une partie spécialement consacrée à l'agriculture et assez étendue pour qu'en la détachant il ait été possible d'en former un volume où se trouvent résumées, comme d'ailleurs le constate l'auteur lui-même, non seulement toutes les pratiques anciennes, mais encore celles qui, au temps où il écrivait, constituaient de nouvelles découvertes .
Il avait pour but essentiel la vulgarisation des connaissances rustiques . " Ceux, dit-il, qui ont jusqu'à présent traité de cette matière semblent avoir trop oublié qu'ils devaient écrire non pour des savants, mais pour des laboureurs . " Nul doute en effet que les " laboureurs " ses contemporains n'aient tiré de réels avantages du soin qu'il prend d'allier toujours ~sans aucun trivial sacrifice toutefois~ la science exacte à la simplicité, et se donnant à lui-même pour précepte (règle) de la manière d'enseigner que " le temps et l'expérience sont les deux maîtres infaillibles " .
Toujours avide ( impatient de) de pénétrer les secrets de la nature, et d'ailleurs comprenant de la plus noble façon les devoirs inhérents (propres à ) aux importantes fonctions dont il était investi [ car c'était en remplissant avec zèle de hauts emplois qu'il trouvait le temps de se livrer aux études les plus profondes ] , Pline devait couronner la plus active et la plus féconde carrière par un de ces actes d'audace qui font date dans l'histoire de l'honneur et de la passion scientifique .
En l'an 79 de notre ère, Pline commandait à Misène les forces navales romaines, sous l'empereur Titus [construction du Colisée de 75 à 83] , qui défendaient les côtes méridionales de l'Italie, quand arriva cette première et formidable éruption du Vésuve qui devait ensevelir les villes de Pompéi, d'Herculanum, de Stabie, établies au pied de la montagne [ bien que le Vésuve, ancien cratère éteint sans doute, dût offrir les caractères d'une montagne volcanique, on n'avait alors souvenir d'aucune de ses éruptions . Celle de l'an 79 peut donc être considérée comme la première et comme constituant, si nous pouvons ainsi dire, les débuts de l'activité de ce volcan aux âges historiques ] .
A la première nouvelle du terrible événement, le savant, désireux en même temps et de porter secours aux populations et d'étudier de près le phénomène, fit aussitôt appareiller plusieurs galères, avec lesquelles il se dirigea vers le lieu du désastre .
Bientôt cependant le seul navire qu'il montait continua d'avancer sous la pluie de poussières et de pierres embrasées qui obscurcissait le ciel . Impassible, Pline couvrait de notes ses tablettes . Il voulut même aborder, et aborda en effet sur un des points de la côte les plus voisins du volcan . Là, il périt bientôt étouffé (par les gaz suffocants des émanations toxiques ) ; quelques jours plus tard son corps fut retrouvé couvert de cendres .
Quand Pline fait la critique des écrivains qui, selon lui, pour enseigner la science rurale se tiennent en des "régions littéraires trop élevées ", on croit qu'il a particulièrement en vue son contemporain Modératus Columelle [écrivain latin, originaire de Cadix, en Espagne ] , qui, alors que le Naturaliste donnait simplement un des livres de son grand ouvrage [ le XVIIIe] à l'agriculture, composait et publiait un traité d'agronomie, une Économie rurale très complète, très détaillée, et par conséquent très étendue,d'une grande richesse, formant d'ailleurs l'œuvre la plus considérable en ce genre que nous aient léguée les auteurs romains .
L'Economie rurale de Columelle, divisée en douze livres dont un, le dixième, qui traite de la culture des jardins, est écrit en vers, semble en effet inspirée par un désir aussi évident de faire œuvre belle que de faire œuvre utile .
Pendant que Pline, savant austère (sévère, décrivant strictement la réalité sans effets de langage ) , philosophe pratique, tient à être particulièrement entendu des humbles, et pour cela, sans cesser d'être élégant, s'efforce de parler un langage dépouillé de tous vains ornements, Columelle au contraire, poète rêveur, esprit amoureux du beau, du riche langage, entend, selon la charmante locution consacrée chez les anciens, ne jamais prendre la plume sans " sacrifier aux Grâces " .
Disciple enthousiaste du poète des Géorgiques (poème didactique de Virgile) , dont il aspire non à refaire, mais à continuer ou compléter l'œuvre, il recueille, pour l'accomplir pieusement, un vœu qu'a incidemment formé son glorieux devancier .
" Je laisse les jardins ; un autre les chantera, " a dit Virgile en achevant son poème des champs . Cet autre ce sera lui, Columelle .De là ce dixième livre écrit dans la langue des Muses . Et toutes les fois que, sans s'astreindre ( se soumettre) au rythme poétique, l'occasion s'offrira pour lui d'appeler l'inspiration, de subir l'enthousiasme, toujours il s'abandonnera à ses hauts instincts littéraires .
Aussi, pendant que Pline servira de mentor ( de guide, de conseiller sage et expérimenté ) aux paysans, Columelle sera plus particulièrement lu, goûté par les raffinés (dont l'éducation a conduit à apprécier une grande finesse de présentation dans le langage ) . Et si ~comme le fit jadis son maître Virgile ~il ne les gagne pas à la pratique des travaux champêtres, au moins leur apprendra-t-il à les aimer, à les respecter .
On dira de lui : " Si Orphée entraînait les arbres par les accords de sa lyre, Columelle, en chantant la vie rustique, entraîne les villes même à la campagne . "
Et ainsi, par le concours du savant et du poète, le même but sera doublement atteint . Honneur donc à tous deux .
A bientôt, bien à vous, Gerboise .
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