dimanche 4 janvier 2009
L'écriture et la lecture: Le propre d'un écrit doit être de solliciter l'activité de la pensée plutôt que d'en dispenser, de...(*)
(*) ...de proposer la recherche et non l'acquisition .
Les caractéristiques de l' écriture ont évolué depuis les premiers caractères cunéiformes des grands empires de la Mésopotamie tracés sur des tablettes d'argile [voir ci-dessus] .
L'écriture fournit un exemple excellent de ces outils créés par l'homme, qui s'enrichissent avec le temps de tous les perfectionnements que l'usage impose ou suggère . Des premiers signes gravés jadis sur la pierre, aux caractères que nous imprimons aujourd'hui sur le papier, il y a un progrès, qui n'est pas seulement matériel .
Nous savons qu'avant d'écrire des mots, les hommes ont commencé par écrire des idées . L'image, le schéma, a été d'abord employé comme un signe des objets .
L'époque de l'invention de l'écriture, peut être regardée comme un moment critique dans l'histoire de l'esprit humain . Elle a permis de matérialiser la pensée et de réaliser une extériorisation de la mémoire . Sans elle, l'humanité aurait ressemblé à un homme qui ne se souviendrait pas du " tout " (de la totalité) , ou, ce qui est pis, peut-être, se souviendrait inexactement de ce qu'il aurait fait la veille .
L'écriture est la mémoire solide du genre humain .
Sachant ce que nous faisons et d'où nous venons , nous pourrons le jour opportun, à tout moment dans le futur, savoir où nous allons , et ce que nous devons faire, réaliser pour parvenir, à partir de ces écrits, à progresser, à nous intégrer pleinement dans toutes les situations ! . L'écriture a permis surtout , à l'humanité, d'avoir la possibilité de conserver les observations, les découvertes, les inventions ou les réflexions des hommes exceptionnels dans les techniques, dans les sciences et dans les arts .
La spécificité de l'écriture, c'est qu'elle requiert, demande logiquement, sa propre lecture .
Cependant, au même titre que les divers milieux que nous avons sous les yeux, le même écrit offre au regard, à notre entendement, une infinité de perspectives, d'éventualités, d'éclairages possibles qui varient, évoluent selon la direction de notre attention, nos intérêts et nos goûts, la profondeur et la délicatesse de notre esprit du moment , les orientations de notre conscience, de notre audace morale et intellectuelle , de notre santé !
Le prodige de l'écriture, c'est donc de réussir à capter l'existence même de la pensée au moment où elle s'échappe, mais de telle manière qu'elle puisse recommencer une activité toujours nouvelle, comme cela arrive à la musique, dont on peut dire qu'on ne l'épuise jamais et que, pour se répandre, chez celui qui la joue et celui qui l'écoute, elle reçoive toujours une interprétation différente, qui ne coïncide pas toujours avec celle de son auteur, et qui y ajoute indéfiniment . Ce qui est vrai aussi de l'auteur lui-même quand il se remet en présence de cette œuvre qu'il a faite une fois pour toutes et qu'il n'achève jamais de découvrir en la relisant .
Quand on dit : " Il faut lire ce livre ", on a tort de penser qu'il s'agit d'une même opération à laquelle tous les êtres humains peuvent être conviés et qui pour un moment les égalise . Car on ne lit jamais le même livre (le même écrit) , on ne le lit pas avec le même regard, on n'y voit pas les mêmes choses, on n'en tire pas les mêmes leçons, on n'en parle pas dans le même langage .
Les uns y cherchent certains faits, les autres certaines idées, d'autres de simples émotions (provocations de l'esprit) . Un petit nombre seulement rencontrent la pensée d'un autre . La plupart y découvrent, comme dans un miroir, une image de la leur, qui vaut tantôt moins et tantôt davantage, et qui mesure à la fois sa faiblesse, sa vulnérabilité et sa force, sa vigueur .
A bientôt vous lire, peut-être ? Bien à vous, Gerboise .
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