mercredi 8 août 2007

Proposition de texte concernant le sujet de réflexion sur la mémoire (n° 2' )

Voici une proposition de réponse sur le sujet soumis à votre réflexion le Mardi 24 Juillet 2007 concernant les différences d'efficacité , de qualité de la mémorisation (des notions ) lorsque l' instruction est apportée par autrui , par rapport à une souvenance acquise lors de découvertes personnelles .
Ne plus être capable de se rappeler, au moment opportun, est assez fréquent lorsqu' une structuration efficace n'a pas eu lieu à l'époque de l'acquisition du savoir .Cet acte manqué est le fait qu'un souvenir n'a pas été "rappelé" ou ne peut plus être rappelé, et, non point, comme le pense le sens commun (les on-dit ), la disparition complète d'un souvenir ("mal installé "!) du champ de la conscience .


Énoncé du sujet :


Nous avons la mémoire courte pour les notions dont nous avons été instruit .En revanche, nous n'oublions guère celles que nous avons découvert par nous-mêmes .

Que penser de cette affirmation ; quelles en sont les conséquences pour de nombreux points de vue que vous pourrez choisir dans de nombreux contextes . Essayez de traiter cette question en considérant le monde matériel et ensuite , les relations humaines .


Les lecteurs de Gerboise qui aimeraient approfondir leurs connaissances sur certains mécanismes de l'oubli doivent lire un petit livre publié en collection de poche par la Petite Bibliothèque Payot (n°97) :

Psychologie de la vie quotidienne (1904), Sigmund Freud , 1856-1939 ; dans cet ouvrage, peut-être le plus original de l'auteur , Freud discute d'une façon magistrale des différents types d'oublis , du problème des souvenirs , des méprises et des maladresses, mais surtout des actes anormaux (manqués , lapsus) de la vie de tous les jours , et des conséquences des superstitions liés aux souvenirs , donc à la mémoire .


Nous pouvons rencontrer différents degrés dans l'oubli . C'est ainsi qu'on parle d'oubli volontaire ou inconscient , de falsification de souvenirs , d'impossibilité momentanée ou définitive de rappeler ceux-ci . Il existe des personnes (pas toutes, pourquoi?)qui oublient rapidement surtout en prenant de l'âge , d'autres moins facilement, certaines pas du tout ...


Nous devons examiner deux formes d'oubli :mémoire courte (on oublie vite) ; bonne mémoire (on oublie guère) selon que l'on a été instruit ou que l'on a découvert soi-même sans l'intervention d'autrui .

Dans le cas de la mémoire courte , les souvenirs disparaissent , sans tarder , peu de temps après, assez rapidement de la "zone de stockage" ; à peine laissent-ils des traces .

Dans le cas de la bonne mémoire , lorsque cette dernière est plus rebelle, rétive à l'oubli , quand elle se montre toujours capable de contrôler la présence de souvenirs déterminés en les rappelant, dans leur précision et leur fidélité , nous pouvons maîtriser le passé, lointain ou très proche,sans aucune altération .


Nous devons également définir l'instruction (apprendre) et la découverte par soi-même (trouver) .


Apprendre des autres : Dans l'affirmation de ce sujet, cette expression signifie recevoir ses informations de l'extérieur de bon gré ou malgré soi . Le désir d'apprendre ne fonctionne pas toujours à souhait ou à plein rendement .Prendre possession du savoir devient dès lors plutôt une nécessité imposée de l'extérieur ou un désir purement passager (on apprend simplement pour faire plaisir à quelqu'un ).

Trouver soi-même : Suppose une curiosité intense , une recherche préalable , une découverte . Cela implique que l'on s'est posé une question , que l'on est décidé à résoudre un problème quelconque où spécifique , que l'on s'oriente volontairement et délibérément vers la résolution d'un sujet déterminé . Dans certains cas, par nécessité vitale, poussé par un sentiment intérieur puissant ; dans d'autres parce que la recherche réalisée répond à une curiosité sans cesse en éveil ou à un besoin profond de notre personne .


-Nous avons la mémoire courte, on oublie vite, assez facilement, ce qu'on a obtenu des autres .


Être instruit de...être mis au courant de ..., suppose un apport étranger , qui devient difficile à bien assimiler parce qu'on n'y a presque pas contribué et, surtout, parce qu'il ne cadre pas toujours avec la personnalité, les aspirations intrinsèques , personnelles de celui qui reçoit .

Comment ne pas se rendre compte que le rendement est meilleur dans tous les domaines en particulier, celui de la mémoire, lorsqu'une personne trouve un intérêt à ce qu'elle fait, lorsqu'elle est consciente de toute la complexité et de toutes les conséquences de ce qu'elle est entrain de dominer !

Enfin, on oublie vite, parce que l'on apprend, dans ce cas, sans même se poser de questions , machinalement .La conservation des souvenirs dépend de leur nature, mais, avant tout, de la manière dont se réalise leur acquisition et donc leur mémorisation .


-Cependant ,on n'oublie guère lorsqu'on a découvert soi-même , lors de sa propre investigation .


Du fait, que découvrir , suppose un travail de méditation et de recherche personnelle, une participation active et intéressée, de la part de celui qui veut comprendre et véritablement savoir, est fondamentale.

Nous apprenons ce que nous voulons vraiment connaître et au moment où nous désirons assimiler, nous imprégner de cette connaissance .Nous entreprenons un travail intellectuel en harmonie avec nos moyens, nos goûts, et nos aspirations .

Découvrir, signifie concevoir et imaginer par le travail de sa propre pensée ; talent , attitude de celui qui cherche vraiment à trouver la vérité, la réalité ; c'est aussi la" mise en branle" de l'esprit, sous sa forme investigatrice qui conditionne la conquête du vrai savoir .Ces connaissances "ouvrent l'entendement par les choses", disait le grand philosophe Emmanuel Kant , et laissent dans la mémoire des traces durables , sinon définitives .Cette dernière peut toujours les rappeler, précises et fidèles . Cette forme de savoir ne s'oublie presque pas .


Celui qui apprend par l'instruction, reçoit des vérités . Il ne se pose aucune question, interprète souvent mal et, ainsi , ne fait nullement travailler son esprit critique .

Tout autre est celui qui découvre . Il cherche de lui-même, et parfois, sous la direction de son formateur . Il participe directement à la recherche de la vérité .Celle-ci étant mieux assimilée , il interprète correctement et fournit des réponses justes .Il est certain de retenir ce qui lui paraît clair et qu'il comprend .

Mieux, ce que l'on a cherché reste lié intimement à la vie de la personne et à celle de son esprit .

Ce que l'on a cherché déclenche la joie de la découverte qui naît de l'effort, de la fierté de la réussite et du sentiment d'originalité que procure "la mise à jour"(l'élucidation) du problème résolu .

La leçon collective, n'a de valeur pédagogique réelle que lorsque le formateur recherche, sans cesse, les moyens de rendre le groupe actif, c'est-à-dire, amène les participants (sans en oublier aucun) à observer, à mesurer, à comparer, à vérifier, à réfléchir et s'ils se trompent à recommencer eux-mêmes, à corriger leurs fautes .

Ainsi comprise, elle offre un double avantage : chaque participant progresse et le groupe devient une communauté de travail où les moins habiles sont en quelque sorte, entraînés par les autres . Apprendre ne doit plus consister, pour quiconque, à écouter et retenir les paroles de celui qui "livre"(énonce) ses connaissances . Ce type d' "information", car ce ne sont que des données non traitées , est irrémédiablement voué à l'oubli .

Apprendre doit devenir une recherche personnelle, une participation active et intéressée de celui qui "veut, désire fortement" accéder au réel . Si avec des outils appropriés, on parvient à faire, de celui qui désire acquérir et comprendre, le conquérant de ses connaissances et l'artisan de sa formation, ce dernier, n'oubliera jamais ce qu'il a découvert de lui-même .

La science expérimentale , nos propositions de réalisation, et d' étude des glaçons présentée le 16 Décembre 2006 et traitée le 12 Janvier 2007, ainsi que celle de la différenciation par gravité et donc des expériences de vitesses de sédimentation des particules, présentée le 29 Janvier 2007 et traitée le 6 Avril 2007, dans ce blog, permettent de mettre toute personne en contact avec la réalité .Les notions acquisent lors de ces expériences ne seront jamais oubliées, mais surtout, seront transférables à d'autres contextes totalement différents .

En mathématique, la résolution géométrique des identités remarquables présentées également dans Gerboise est un excellent exercice, un entraînement à construire soi-même des représentations spatiales, inoubliables par l'esprit de celui qui réalise la construction dans l'espace en deux , puis en trois dimensions (voir dans ce blog le 23 Juin 2007) .

Cette participation active de celui qui apprend est telle que les éléments qu'il acquière par lui-même s'incorporent à sa personnalité et en deviennent indissociables . L'activité créatrice, la recherche personnelle, l'effort de découverte, confèrent solidité et fidélité aux connaissances conquises et fait qu'on oublie rarement ces dernières .

Il est nécessaire de définir ici la mémoire et l'oubli :

Mémoriser , c'est fixer dans son souvenir . C'est la faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés (sensations, sentiments, idées, connaissances ...)

"La destruction progressive de la mémoire suit donc une marche logique, une loi . Elle descend progressivement de l'instable au stable . Elle commence par les souvenirs récents qui (...) rarement répétés et par conséquent faiblement associés avec les autres, représentent l'organisation à son degré le plus faible . Elle finit par cette mémoire sensorielle, instinctive, qui, fixée dans l'organisme, devenue une partie de lui-même ou plutôt lui-même, représente l'organisation à son degré le plus fort".
Th. Ribot, Les maladies de la Mémoire .

"L'immense majorité de nos souvenirs naît et meurt à l'état affectif : il n'est donné qu'à un nombre dérisoire d'accéder à la représentation, de passer la rampe de la conscience . Ils agissent sur les états représentatifs, mais sans le devenir eux-mêmes, provoquant des inhibitions
(des blocages, des refoulements ), des pulsions (des besoins, des envies), des résistances (des oppositions, des obstacles, des freins) , faisant leur oeuvre secrète, tirant les ficelles des représentations qui occupent la scène, mais restant dans la pénombre ".
Jean Delay, Les dissolutions de la Mémoire .

"Nous vivons avant tout par l'imagination et par la mémoire : tel est le premier des thèmes de Proust, l'un des plus essentiel peut-être .(...) Ce qu'il y a dans le réel et le présent de richesse et de joie tient surtout à ce qui y survit de passé et s'y dessine d'avenir, à tout ce qu'y insinuent notre imagination et notre mémoire".
Ch. Blondel , Psychographie de M. Proust .

Il existe de nombreuses propositions de sens pour la notion d'oubli ; en voici quelques unes .

Oubli : absence, perte de mémoire, distraction, inattention, négligence, lacune . On parle d'oubli de soi-même , d'abnégation .
Oublier : ne pas penser à, omettre, laisser de côté, passer sous silence, avoir la mémoire courte, cela m'est sorti de l'esprit . Ne pas avoir, ne pas retrouver le souvenir (d'une chose, d'un évènement, d'une personne) . Ne plus savoir pratiquer (un ensemble de connaissances, une technique ...) Cesser de penser à (ce qui est désagréable, ennuyeux) . Ne pas avoir à l'esprit (ce qui devrait tenir l'attention en éveil ) . Négliger volontairement . Avoir sa mémoire courte .
Oublier :c'est une défaillance de la mémoire, c'est perdre le souvenir de quelqu'un ou de quelque chose, de façon volontaire ou non, définitive ou momentanée, normale ou pathologique .

Je savais tout cela par coeur (!), je l'ai oublié !
Il oublie aussi vite qu'il apprend .
S'oublier : négligence, insouciance, non respect de soi .

Enfin :Désapprendre , oublier ce qu'on avait solidement appris . La science la plus difficile était de désapprendre (le faux, le mal), sortir, extraire de son entendement les choses mal conçues, erronées, surtout découvertes malencontreusement par nous-mêmes .
Chasser le naturel, il revient au galop !

Gerboise vous laisse le soin de poursuivre vous-mêmes, en considérant des exemples dans le monde matériel et dans celui des relations humaines , cette aventure dans ce monde de l'oubli, qui existe , secret, clandestin, influent, impitoyable !
Elle espère que vous n'oublierez pas ! ! après avoir "décidé !" de le faire ? Bien à vous .



1 commentaire:

Anonyme a dit…

tout simplement, GENIAL !