mardi 22 septembre 2009

Premières clartés du matin : Paul Verlaine ~ Chanson d'Automne , Sagesse ~!Réflexions sur le fait de faire de son esprit une boutique d'Apothicaire !


Café Le Cloporte, 13 Rue de l'Ancienne Comédie à Paris.

Ce billet sera le premier d'une série concernant les faits, les facteurs et les éléments divers, qui contribuent au cours du temps [ la durée de la vie d'une personne, d'un être humain], à :

- à faire diminuer progressivement ou brutalement la qualité de sa Réflexion, de son esprit critique, de sa présence d'esprit : éléments qui seraient responsables d'une réflexion déficiente, d'une acquisition des Savoirs ,qui deviendrait de plus en plus difficile , ces derniers devenant médiocres et même parfois , totalement absents .

C'est un premier point de vue concernant cette situation : une disparition progressive, la destruction, d'une qualité !

- mais il existe toujours une deuxième possibilité responsable de cette carence : c'est dans notre situation, dans ces circonstances, le manque d'éléments intrinsèques et/ou extrinsèques qui servent à les forger dès l'enfance en particulier la genèse progressive de la réflexion .

C'est dans l'ordre des choses en ce monde : lorsqu'une matière, un objet, un phénomène, une propriété, un concept, un être, apparaît [ou disparaît] il y a, il existe toujours deux ou plusieurs sortes de possibilités .

1 - Celles qui dépendent de la genèse, d'une élaboration de la chose ,

2 - Celles qui sont à l'origine de sa disparition, de son extinction, de son élimination .

Dans le premier cas : Absence de synthèse, de formation. Les conditions de genèse, de croissance, de développement ne se sont pas produites .

Dans le deuxième cas : présence, action d'éléments de destruction, d'instabilité, de transformation . Les conditions d'épanouissement, de prolifération cessent et la disparition est inévitable ; des facteurs négatifs vont agir et être à l'origine de la décrépitude, dans des conditions néfastes .

D'où ce conseil impératif, utile en toute circonstance :

Ne pas "se jeter " immédiatement sur la première et seule idée venue à l'esprit, mais penser à la nécessité absolue,de réfléchir à toutes les autres possibilités, éventualités, hypothèses ...

Ce type de comportement éviterait bien des déboires, des échecs et des erreurs bien regrettables conduisant la plupart du temps à des désastres de toute nature .

Dans le cas présenté ici de Paul Verlaine, ce grand poète : un esprit et un corps bien " construits " en sa toute première jeunesse, se sont " altérés, dégradés, aliénés, avilis, dépravés " au cours du temps, sous l'emprise des excès alcooliques ...

Quel gâchis ! ( Situation désastreuse, échec total)

Nous serons amenés à présenter des exemples de cas inverses dans lesquels les circonstances de l'enfance ont été défavorables à l'édification, à la construction d'un esprit ouvert, curieux, vif, audacieux et bien "rempli , garni " ; mais par contre plus tard , où certaines conjonctures ( situations qui résultent d'une rencontre de circonstances favorables ) de la vie adulte seront le point de départ d'une nouvelle situation propice à l'essor de l'esprit .

Quelles perspectives de bonheur !
( Situations favorables à la création, réussite sans limites)

Voici deux poèmes de Verlaine :


Chanson d'Automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte .

Déchéance, décrépitude ...

...Verlaine n'est pas aussi noir que la légende l'a décrit . S'il a été malheureux, s'il l'a toujours été, on s'en apercevait quelquefois à ses mutismes soudains, à ses sauvageries, qui étaient plutôt de la timidité de chat échaudé, dès qu'il a pu surmonter inquiétudes et regrets, nul homme plus avenant, plus gai, plus obligeant que ce rude . Il parlait beaucoup, disait tout, parfois brutalement, presque toujours d'une façon amusante . Il riait de grand coeur et sans fiel .

Le " qu'en dira-t-on " , les rumeurs méchantes, lui avaient mis aux mains une lyre murale dont les cordes ressemblaient fort à des barreaux . Les barreaux , Verlaine les assumaient . Ce furent les galons et les chevrons d'un poète errant, d'un philosophe honnête quand même, à travers toutes tentatives et en dépit de tel tempérament infernal .


Sagesse ...

Bon chevalier masqué qui chevauche en silence .
Le malheur a percé mon cœur de sa lance .

Le sang de mon vieux cœur n'a fait qu'un jet vermeil .
Puis s'est évaporé sur les fleurs, au soleil .

L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche .

Alors le chevalier Malheur s"est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché .

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure .

Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un cœur me renaissait, tout un cœur, pur et fier

Et voici que, fervent d'une candeur divine .
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or je restais tremblant, ivre, incrédule un peu .
Comme un homme qui voit des visions de Dieu .

Mais le bon chevalier, remontée sur sa bête .
En s'éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria [ j'entends encore cette voix] :
" Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois . "

J'avais peiné comme Sisyphe
Et comme Hercule travaillé
Contre la chair qui se rebiffe .

J'avais lutté, j'avais baillé
Des coups à trancher des montagnes .
Et comme Achille ferraillé .

Farouche ami qui m'accompagnes .
Tu le sais, courage païen .
Si nous en fîmes, des campagnes .

Si nous avons négligé rien
Dans cette guerre exténuante .
Si nous avons travaillé bien !

Le tout en vain : l'âpre géante
A mon effort de tout côté
Opposait sa ruse ambiante .


Fléau, calamité qui s'abat sur un homme !


C'est, disait-on à l'époque, lors de la conquête de l'Algérie, que l' absinthe était ( liqueur alcoolique verte, nocive, faite avec une plante aromatique amère, en vogue à l'époque) cette " Sorcière verte ", source de folie et de crime, d'idiotie et de honte ( sa fabrication a été effectivement interdite par une loi en 1915) .

C'est elle qui tuera lentement le poète comme elle a tué, diminué ou rendu folle toute une génération d'intellectuels . Pour tous ceux qui, comme Verlaine, guettaient " l'Heure Verte " tant attendue dès les cinq coups d'horloge, haïe et adorée à la fois, offrait avec les sortilèges de ses paradis artificiels un sursis empoisonné .

Être ivre, oublier les réalités sordides, les bassesses humaines, la misère, oublier la solitude ! Aimer et être aimé . Être un autre dans un autre monde . L' Absinthe pour Verlaine c'était aussi cela : un songe pour initié .

Nous pourrions nous interroger sur la possibilité d'éradiquer les méfaits des drogues de toutes natures, matérielles , morales,ces dernières liées au langage ,aux écrits, aux images , mutilés , trompeurs ; nos anciens du XIXe siècle, raisonnables , avaient réussi à faire disparaître cette " Tueuse verte ! "

. Pourquoi ne pas utiliser les mêmes armes de nos jours ?

Le Savoir et la Réflexion de tous, biens parmi les plus précieux, inestimables , les plus utiles, mais les plus mal partagés, et incorrectement répartis pour les êtres humains que nous sommes, pourraient progresser harmonieusement pour le bien de l'Humanité !

Cordialement, bien à vous, Gerboise .


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