jeudi 12 mars 2009

Les erreurs concernant les observations,les constatations,les contrôles,les témoignages,les défauts de vigilance et les diverses sortes d'ignorances .

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Bien voir n'est pas chose facile
!

Des " embûches " ( des difficultés qui se présentent comme des pièges, des traquenards, des " empêcheurs " de tourner en rond ! matériels ou humains) se dressent constamment sous les pas de l'observateur : Il doit en être averti, afin de parer ( échapper, se protéger de, se mettre à l'abri de, remédier à) à leurs atteintes ou tout au moins de les pouvoir corriger .

Nous avons à envisager (considérer) les erreurs d'observation à un double point de vue :

- Celui de leur origine .

Dans cette perspective, les erreurs proviennent tantôt de causes objectives (concrètes, désintéressée) ; [ elles ont alors leur source soit dans l'objet même à observer, soit dans les appareils, soit dans d'autres circonstances ] , tantôt de causes subjectives (personnel, tendancieux) ; [elles émanent ( elles proviennent de leurs sources naturelles ) soit du sujet, soit de l'expérimentateur ].

- Celui de leur allure .

Dans cette approche, les erreurs sont tantôt constantes ou variables systématiques [Erreurs spatiales ou Erreurs temporelles, dans la durée] , tantôt accidentelles ou fortuites .

I - PROVENANCE DES ERREURS .

A - Erreurs , inexactitudes concrètes .

1- Dans les sciences physiques, certaines erreurs proviennent de ce que l'objet à mesurer est d'une nature indéterminée ou changeante, que ses limites [ses frontières avec son contexte externe] sont floues (comme par exemple celles de la pénombre d'une éclipse de lune ou celles d'un colorant, de l'encre, qui diffuse dans un liquide, dans de l'eau) .

- Dans les sciences appartenant à la psychologie, cette source d'erreur est bien plus commune encore . Ici, l'objet à observer, c'est le phénomène de conscience ou la manifestation extérieure qui le révèle .

Mais qu'est-ce qui nous conduit à admettre qu'il y a souvent erreur dans l'observation de ces phénomènes ? Qu'est-ce qui prouve l'existence de cette erreur ?

- C'est la même raison que celle qui nous amène à conclure qu'il y a erreur dans une observation physique, à savoir la non-concordance de plusieurs observations successives du même phénomène . Si nous mesurons la sensibilité tactile, ou la mémoire, ou l'attention d'un objet, nous obtenons des valeurs différentes d'un jour à l'autre, même dans les cas où cette mesure est faite avec un grand soin, et dans des conditions identiques . La question primordiale est de savoir ce qu'il s'est passé entre ces observations répétées . On doit donc conclure que l'objet à mesurer - le seuil de sensibilité (la susceptibilité, la réceptivité, la perceptibilité) , le jugement, la mémoire, l'attention, la réaction - sont des phénomènes imprécis, fluctuants, changeants (qui doivent être éduqués minutieusement, intelligemment, dès le plus jeune âge) et qu'en en exprimant la valeur ou le degré par un nombre, ce nombre ne correspondra pas exactement à l'intensité ou/et à la grandeur réelles de l'objet mesuré .

La grandeur réelle de l'objet mesuré :- que peut bien signifier ce " réelle " quand cet objet est un état ou un processus psychologique ? Ne savons-nous pas que le caractère même de notre conscience, de notre moi, est de changer (évoluer) continuellement ; qu'un état psychique, une fois disparu, ne peut jamais revenir identique à ce qu'il fut . Comment pourrait-on admettre qu'une certaine fonction psychique ait une certaine grandeur objective, réelle, puisque cette fonction change constamment sous l'influence de la fatigue, de l'entrain, de l'intérêt, de l'âge, etc. et de mille autres circonstances ? On pourrait concevoir cependant, par abstraction, que chaque fonction a une grandeur définie, mais que cette grandeur varie sous l'influence des facteurs environnants ; si l'observation nous donne des valeurs différentes pour cette même fonction, ce n'est pas qu'elle n'ait pas une grandeur objective et réelle, c'est simplement que nous avons expérimenté dans des conditions autres ; ce ne serait pas la faute de la fonction psychique, mais des facteurs ambiants qui viennent modifier cette grandeur d'un moment à l'autre, ou de l'expérimentateur qui n'a pas su les écarter .
Sans doute, on peut adopter cette manière de voir ; on l'adopte le plus souvent dans le langage courant ; on la présuppose tacitement (sous-entendu) quand on cherche à déterminer telle ou telle aptitude d'un individu . Pratiquement elle a le grand avantage de mettre l'observateur en garde contre les agents perturbateurs si nombreux qui l'entourent . D'ailleurs, elle est inoffensive . Elle ne saurait cependant être raisonnablement soutenue . Voyez donc : cette conception suppose que chaque fonction, chaque aptitude a une valeur déterminée chez un individu donné, et que, si elle varie, c'est sous l'influence d'un facteur surajouté [ un verre de vin, un bon dîner, la fatigue, la colère, la température extérieure ou la pression barométrique, l'insuffisance de l'attention ..., etc.] .
Soit . Mais y a-t-il un moment dans la vie d'un individu où de tels facteurs ne soient pas présents ? Quand un individu où de tels facteurs ne soit pas présents ? Quand un individu est-il assez réellement lui-même, assez exempt de ces influences accidentelles pour qu'on puisse considérer ses aptitudes comme possédant leur valeur réelle ? Est-ce lorsque le baromètre est à variable, ou à beau temps ? lorsque le thermomètre est à variable , ou à beau temps ? lorsque le thermomètre marque 15° ou 18° ? avant ou après le repas ? au printemps ou en hiver ? Ces questions montrent d'elles-mêmes l'absurdité de l'hypothèse de processus psychiques à grandeur réelle et indépendante des mille agents qui les influencent .
Et cependant, je le répète, il y a pratiquement quelque chose de juste dans cette idée : il va sans dire qu'il faudra autant que possible, lorsqu'on examine un sujet, rendre identique toutes les circonstances extérieures ; nous faisons donc comme si cette grandeur réelle existait, puisque nous cherchons à écarter tous les agents qui la pourraient fausser et que nous considérons ses variations comme " accidentellement " . - D'autre part, si les aptitudes d'un individu ne sont pas d'une grandeur fixe et définie, cette grandeur est approximativement définie : les variations qu'elle offre chez un même individu sont en effet limitées . Il n'est donc pas chimérique ( illusoire, irréaliste) de poursuivre leur détermination .
La conception opposée regarde les fonctions et aptitudes comme des phénomènes continuellement variables ; l'individu change à chaque instant, et, prendre une série de mesures sur un même individu, cela a seulement pour but d'obtenir une valeur fictive ( imaginaire, fausse) moyenne, résumant les diverses phases, les diverses variations d'un certain processus psychique de cet individu . Selon cette manière de voir, une mesure psychologique est en réalité une statistique, une statistique des grandeurs offertes pour un même processus par un même individu .
Dans la pratique, ces deux conceptions reviennent au même . Peut-être cependant influent-elles sur l'attitude de l'observateur : tandis que le partisan de la première conception s'efforcera surtout d' exclure les causes perturbatrices et d'opérer avec un soin minutieux, afin d'écarter tout obstacle risquant de voiler la réalité qu'il compte apercevoir toute nue, - au contraire, celui qui juge impossible un tel spectacle sera enclin (prédisposé) surtout à multiplier les observations , dans l'espoir que ces obstacles [insurmontables selon lui] s'annuleront mutuellement, si les observations sont suffisamment nombreuses . Est-il besoin d'ajouter que ces précautions et de l'un et de l'autre peuvent être avantageusement cumulées ?

2 - L'erreur peut aussi tenir à l' instrument qu'on emploie .

Si le chronomètre marche d'une façon irrégulière, il est bien évident que les données qu'il fournira ne pourront pas mériter confiance .

Tout appareil, d'ailleurs, comporte une certaine erreur .

Ainsi les indications d'un chronomètre, qui marque la seconde, ne sont justes qu'à une seconde près ; cela signifie que tous les phénomènes dont la durée s'achève entre le début d'une seconde et la fin de cette même seconde seront indiqués sur le cadran par un même chiffre ; que le phénomène dure 3 secondes, ou 3 secondes 1/4 , ou 3 secondes 9/10 , il sera toujours marqué par le chiffre 3 . C'est pour éviter cet inconvénient que l'on construit des appareils aussi précis que possible, et dont l'erreur soit négligeable par rapport à la grandeur du phénomène qu'on observe .

3 - L'erreur peut encore provenir du fait que des facteurs étrangers se sont introduits subrepticement ( sournoisement, " en douce " !) dans l'expérience et viennent augmenter la grandeur du phénomène à mesurer en s'ajoutant à lui, ou la diminuer en interférant ( interagir, en jouant un rôle actif ) avec lui .

Ainsi, si vous mesurez la fatigue d'un écolier le samedi soir, donc à la fin d'une semaine de travail, il y a des chances que la perspective du dimanche constitue un stimulant de nature à en diminuer les effets ; ou le fait d'avoir gagné sa première course le matin, va " donner un coup de fouet " au sportif dans l'épreuve suivante en lui faisant réaliser un meilleur temps que dans le cas contraire .

B - Erreurs tendancieuses .

Nous poursuivrons ce sujet essentiel et passionnant dans deux à trois jours .

Bien à vous, Gerboise .

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