mardi 17 février 2009
L'art et la manière d'écrire correctement les mots d'une langue : notre orthographe est souvent arbitraire . Réflexions et considérations essentielles
Pour commencer nous allons attirer votre attention sur le fait qu'il existe souvent un désaccord [* voir plus loin ] entre la prononciation et l'orthographe des mots français : l'écriture ne reproduit pas fidèlement les sons ; ceci donne lieu à de nombreuses fautes .
Il semble au premier abord, que l'on devrait écrire les mots comme on les prononce . C'est l'orthographe dite " phonétique " . Il y a lieu de distinguer l'orthographe de mots et l'orthographe d'accord .
En fait la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir .
Si défectueuse et si arbitraire qu'on puisse juger notre orthographe, il est essentiel de l'accepter comme un fait de société, comme une nécessité, une obligation, une exigence indispensable, inévitable ou comme une convenance sociale et s'y soumettre, parce que les fautes d'orthographe, trop souvent présentes , suffisent à qualifier une personne et ainsi, à la classer dans la catégorie des illettrés, ou pire dans le groupe des gens étourdis et peu sérieux sur lesquels on ne pourra pas strictement s'appuyer en toute confiance !
[*] Les causes de ce désaccord entre l'orthographe et la prononciation sont diverses , voici :
A - Notre orthographe ne correspond pas à la prononciation actuelle .
Vous devez savoir que notre langue à fait suite à la langue latine (elle-même très influencée par la langue grecque ) . Au fur et à mesure que la prononciation des mots latins [ceux de la langue de l'empire romain] se transformait, on s'efforçait d'adapter l'écriture à cette prononciation . Mais à partir du XIIIe siècle environ, on prit l'habitude de conserver la même orthographe alors que la prononciation continuait à se modifier . Il en résulte que l'orthographe actuelle correspond à peu près à la prononciation sous Philippe II Auguste, 1165-1223, Roi de France, 1180-1223, qui pourvut l'université de Paris de statuts en 1215 .
Avant François 1er [ 1494-1547, Roi de France, 1515-1547, qui fut un des grands introducteurs de la Renaissance Italienne en France] , ni l'orthographe ni la prononciation du français n'étaient soumises à des règles fixes ; le désordre était poussé à ce point que l'on trouve souvent dans le même manuscrit plus de vingt variantes pour le même mot . L'imprimerie commença la réforme, mais ce fut surtout le XVIe siècle qui régularisa définitivement le langage parlé et le langage écrit, en ramenant ce dernier dans la voie de l'étymologie, telle, du moins, qu'il la concevait, et en fixant le langage parlé d'après l'usage à la cour du Roi . Les règles posées à cette époque et complétées par l'Académie française (en 1635, Richelieu la charge de donner à la langue une orthographe officielle) au commencement du siècle suivant, et en réalité, mises en pratique plus par les corporations d'imprimeurs que par les écrivains ou le public lettré, furent un peu plus tard légèrement modifiées par Voltaire et Beauzée, et ce sont elles qui règnent encore aujourd'hui . Par suite de cette réforme, plusieurs milliers de mots ont perdu quelques- unes de leurs lettres ; d'autres en ont ajouté ou repris .
La question de la réforme de l'orthographe a repris une certaine actualité dans les dernières années du XIXe siècle . Les difficultés de notre orthographe sont nombreuses, mais en définitive, la lutte est entre deux systèmes : le système phonétique qui prétend écrire comme l'on parle, et le système étymologique, qui veut conserver dans chaque mot la trace de son origine . Nous avons déjà dit pourquoi un système phonétique rigoureux est une chimère ( illusion sans rapport avec la réalité) ; ajoutons que son introduction brusque mettrait dans un extrême embarras toutes les personnes de l'âge adulte .
On lit avec les yeux, non avec les oreilles,
et un changement agressif dans les figures et les associations de lettres rendrait les mots méconnaissables et la lecture pénible . Qui reconnaîtrait sous les formes filosofi ou fotografi , les mots philosophie ou photographie ? D'autre part, les jeunes gens élevés avec une nouvelle orthographe ne liraient plus qu'avec peine les anciens livres . Enfin, comment se ferait, dans l'écriture, la distinction des mots dont la prononciation est semblable ?
C'est surtout pour la langue scientifique, qui se lit plus qu'elle ne se parle, que cette distinction a de l'importance : il convient que des orthographes différentes aident à l'intelligence des mots qui se ressemblent . Nous citerons, par exemple, trois suffixes très usités dans la langue scientifique qui se confondraient d'une manière fâcheuse dans l'orthographe phonétique, ce sont : file dérivé du latin filum , fil ; phile , du grec philos , ami, et phylle , du grec phullon , feuille .
Il est important de distinguer également l'orthographe de mots et l'orthographe d' accord .
Sur la seconde, il y a peu à dire si ce n'est que quelques grammairiens ont accumulé des conceptions insoutenables . La vérité est que l'accord est déterminé par des règles générales et le sens de la phrase . Tout accord qui peut se justifier par le sens et la logique doit être considéré comme correct .
Pour l'orthographe de mots, il y a lieu de s'en tenir, en principe, à l'orthographe étymologique .
En définitive, la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Il faut savoir en prendre son parti . Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir ; mais il y a un intérêt manifeste à ce que les variations soient aussi lentes que possibles . Tandis que les modifications du langage n'offrent que des avantages très minimes, le fait de ne plus comprendre les anciens auteurs présente des inconvénients graves . Aussi la sagesse paraît être dans une attitude conservatrice qui met un frein aux fantaisies du caprice et de la mode . Sans empêcher les changements nécessités par le progrès des idées .
B - Notre orthographe est dans l'obligation d' " avoir des égards " pour l'étymologie .
Les grammairiens, surtout depuis la Renaissance[XVIe siècle], ont voulu que l'orthographe respecte l'étymologie ( science de la filiation des mots, reconstitution de leur histoire, de leur origine) et conserve le plus possible aux mots français, en dépit de leur prononciation, la forme du mot latin dont ils provenaient . C'est ainsi que nous écrivons temps et corps avec p et s pour rappeler tempus et corpus , mais ni le p ni l' s ne se prononcent .
D'autre part, certains mots transmis par la parole ne s'écrivent pas comme d'autres, de même origine, calqués directement par les savants sur le mot latin . Ainsi, de bouche en bouche au cours des siècles, aurum est devenu or , tandis que le verbe aurifier a été fait d'après le latin . Il se trouve donc qu'aujourd'hui le même son o est noté de deux façons différentes dans ces deux mots . Des erreurs ont été commises et des lettres ajoutées, qui n'existaient pas en latin : c'est le cas pour le p de dompter et de d de poids .
C - Donc, on peut constater que notre orthographe peut être fréquemment arbitraire (qui dépend de la seule volonté, libre arbitre, n'est pas lié par l'observation de règles, de raisons) .
Certaines orthographes sont dues à la fantaisie des clercs [des intellectuels, des lettrés] , des imprimeurs ou des grammairiens . Dans la famille de char , seul le mot chariot ne prend qu'un r . Trappe a deux p alors qu' attraper n'en a qu'un . Siffler prend deux f et persifler un seul, etc.
Au XXe siècle, avec l'école obligatoire, tout le monde est concerné par ces problèmes . Si les controverses concernant une orthographe compliquée et peu cohérente, étaient déjà posées par les écrivains, les imprimeurs et les clercs, elles sont maintenant soulevées par les " pédagogues " , les spécialistes de la langue et l'opinion publique .
Nous aurons l'occasion de poursuivre ce passionnant sujet à l'occasion de notre investigation sur nos façons d'exprimer nos Savoirs et notre Réflexion à l'aide de notre belle langue française.
A bientôt, bien à vous, Gerboise .
Il semble au premier abord, que l'on devrait écrire les mots comme on les prononce . C'est l'orthographe dite " phonétique " . Il y a lieu de distinguer l'orthographe de mots et l'orthographe d'accord .
En fait la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir .
Si défectueuse et si arbitraire qu'on puisse juger notre orthographe, il est essentiel de l'accepter comme un fait de société, comme une nécessité, une obligation, une exigence indispensable, inévitable ou comme une convenance sociale et s'y soumettre, parce que les fautes d'orthographe, trop souvent présentes , suffisent à qualifier une personne et ainsi, à la classer dans la catégorie des illettrés, ou pire dans le groupe des gens étourdis et peu sérieux sur lesquels on ne pourra pas strictement s'appuyer en toute confiance !
[*] Les causes de ce désaccord entre l'orthographe et la prononciation sont diverses , voici :
A - Notre orthographe ne correspond pas à la prononciation actuelle .
Vous devez savoir que notre langue à fait suite à la langue latine (elle-même très influencée par la langue grecque ) . Au fur et à mesure que la prononciation des mots latins [ceux de la langue de l'empire romain] se transformait, on s'efforçait d'adapter l'écriture à cette prononciation . Mais à partir du XIIIe siècle environ, on prit l'habitude de conserver la même orthographe alors que la prononciation continuait à se modifier . Il en résulte que l'orthographe actuelle correspond à peu près à la prononciation sous Philippe II Auguste, 1165-1223, Roi de France, 1180-1223, qui pourvut l'université de Paris de statuts en 1215 .
Avant François 1er [ 1494-1547, Roi de France, 1515-1547, qui fut un des grands introducteurs de la Renaissance Italienne en France] , ni l'orthographe ni la prononciation du français n'étaient soumises à des règles fixes ; le désordre était poussé à ce point que l'on trouve souvent dans le même manuscrit plus de vingt variantes pour le même mot . L'imprimerie commença la réforme, mais ce fut surtout le XVIe siècle qui régularisa définitivement le langage parlé et le langage écrit, en ramenant ce dernier dans la voie de l'étymologie, telle, du moins, qu'il la concevait, et en fixant le langage parlé d'après l'usage à la cour du Roi . Les règles posées à cette époque et complétées par l'Académie française (en 1635, Richelieu la charge de donner à la langue une orthographe officielle) au commencement du siècle suivant, et en réalité, mises en pratique plus par les corporations d'imprimeurs que par les écrivains ou le public lettré, furent un peu plus tard légèrement modifiées par Voltaire et Beauzée, et ce sont elles qui règnent encore aujourd'hui . Par suite de cette réforme, plusieurs milliers de mots ont perdu quelques- unes de leurs lettres ; d'autres en ont ajouté ou repris .
La question de la réforme de l'orthographe a repris une certaine actualité dans les dernières années du XIXe siècle . Les difficultés de notre orthographe sont nombreuses, mais en définitive, la lutte est entre deux systèmes : le système phonétique qui prétend écrire comme l'on parle, et le système étymologique, qui veut conserver dans chaque mot la trace de son origine . Nous avons déjà dit pourquoi un système phonétique rigoureux est une chimère ( illusion sans rapport avec la réalité) ; ajoutons que son introduction brusque mettrait dans un extrême embarras toutes les personnes de l'âge adulte .
On lit avec les yeux, non avec les oreilles,
et un changement agressif dans les figures et les associations de lettres rendrait les mots méconnaissables et la lecture pénible . Qui reconnaîtrait sous les formes filosofi ou fotografi , les mots philosophie ou photographie ? D'autre part, les jeunes gens élevés avec une nouvelle orthographe ne liraient plus qu'avec peine les anciens livres . Enfin, comment se ferait, dans l'écriture, la distinction des mots dont la prononciation est semblable ?
C'est surtout pour la langue scientifique, qui se lit plus qu'elle ne se parle, que cette distinction a de l'importance : il convient que des orthographes différentes aident à l'intelligence des mots qui se ressemblent . Nous citerons, par exemple, trois suffixes très usités dans la langue scientifique qui se confondraient d'une manière fâcheuse dans l'orthographe phonétique, ce sont : file dérivé du latin filum , fil ; phile , du grec philos , ami, et phylle , du grec phullon , feuille .
Il est important de distinguer également l'orthographe de mots et l'orthographe d' accord .
Sur la seconde, il y a peu à dire si ce n'est que quelques grammairiens ont accumulé des conceptions insoutenables . La vérité est que l'accord est déterminé par des règles générales et le sens de la phrase . Tout accord qui peut se justifier par le sens et la logique doit être considéré comme correct .
Pour l'orthographe de mots, il y a lieu de s'en tenir, en principe, à l'orthographe étymologique .
En définitive, la langue écrite et la langue parlée sont deux langues distinctes qui s'adressent à deux sens différents .
Il faut savoir en prendre son parti . Ces deux langues tendent évidemment à se rapprocher et à se ressembler le plus possible ; mais comme elles sont l'une et l'autre dans un état de variation perpétuelle, elles n'y peuvent jamais parvenir d'une manière absolue . Cette variabilité des langues est un fait nécessaire qu'on doit subir ; mais il y a un intérêt manifeste à ce que les variations soient aussi lentes que possibles . Tandis que les modifications du langage n'offrent que des avantages très minimes, le fait de ne plus comprendre les anciens auteurs présente des inconvénients graves . Aussi la sagesse paraît être dans une attitude conservatrice qui met un frein aux fantaisies du caprice et de la mode . Sans empêcher les changements nécessités par le progrès des idées .
B - Notre orthographe est dans l'obligation d' " avoir des égards " pour l'étymologie .
Les grammairiens, surtout depuis la Renaissance[XVIe siècle], ont voulu que l'orthographe respecte l'étymologie ( science de la filiation des mots, reconstitution de leur histoire, de leur origine) et conserve le plus possible aux mots français, en dépit de leur prononciation, la forme du mot latin dont ils provenaient . C'est ainsi que nous écrivons temps et corps avec p et s pour rappeler tempus et corpus , mais ni le p ni l' s ne se prononcent .
D'autre part, certains mots transmis par la parole ne s'écrivent pas comme d'autres, de même origine, calqués directement par les savants sur le mot latin . Ainsi, de bouche en bouche au cours des siècles, aurum est devenu or , tandis que le verbe aurifier a été fait d'après le latin . Il se trouve donc qu'aujourd'hui le même son o est noté de deux façons différentes dans ces deux mots . Des erreurs ont été commises et des lettres ajoutées, qui n'existaient pas en latin : c'est le cas pour le p de dompter et de d de poids .
C - Donc, on peut constater que notre orthographe peut être fréquemment arbitraire (qui dépend de la seule volonté, libre arbitre, n'est pas lié par l'observation de règles, de raisons) .
Certaines orthographes sont dues à la fantaisie des clercs [des intellectuels, des lettrés] , des imprimeurs ou des grammairiens . Dans la famille de char , seul le mot chariot ne prend qu'un r . Trappe a deux p alors qu' attraper n'en a qu'un . Siffler prend deux f et persifler un seul, etc.
Au XXe siècle, avec l'école obligatoire, tout le monde est concerné par ces problèmes . Si les controverses concernant une orthographe compliquée et peu cohérente, étaient déjà posées par les écrivains, les imprimeurs et les clercs, elles sont maintenant soulevées par les " pédagogues " , les spécialistes de la langue et l'opinion publique .
Nous aurons l'occasion de poursuivre ce passionnant sujet à l'occasion de notre investigation sur nos façons d'exprimer nos Savoirs et notre Réflexion à l'aide de notre belle langue française.
A bientôt, bien à vous, Gerboise .
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