dimanche 29 avril 2007

Premières clartés du matin : Vie d' Antan. Constat de comportement.

Illustration de Eddy Krähenbühl , les bâtisseurs de cathédrales,Editions Nathan.

"Le peuple de Paris est tant sot, tant badaud et tant inepte de nature qu'un bateleur(1), un porteur de rogatons(2), un mulet avec ses cymbales(3), un vielleux au milieu d'un carrefour, assemblera plus de gens que ne fera un prêcheur évangélique" .


(1) bateleur : autrefois faiseur de tours de force et d'adresse .

(2) rogatons : reliques.

(3) cymbales :clochettes.


François Rabelais, (1494-1553) Ecivain français, moine, médecin fameux, professeur d'anatomie, puis curé de Meudon ; Vie inestimable du grand Gargantua, père de Pantagruel , Aux lecteurs, Prologue,( 1534).


Ces bateleurs, acteurs de la vie de cette ville très animée qu'était Paris en ces temps là , aussi mystificateurs des foules, attiraient tous ceux qui s'amusaient de la crédulité des badauds, mystifiés par la virtuosité de ces baladins, parfois Troubadours s'exprimant en langue d'oc, dans le midi ; Trouvères énonçant leurs ballades en langue d'oïl , dans le nord de la France.

Agréable dimanche à vous tous, Gerboise.

samedi 28 avril 2007

La vérité et l'erreur :Exactitude et Déformation du Témoignage.

"La vérité ne se juge pas sur le témoignage d'austruy"

Michel de Montaigne, (Essais, Livre II, chap. XII )

Qu'est-ce que la vérité (le vrai) ou l'erreur (le faux, l'erroné )?

La Vérité est l'accord entre la connaissance d'un objet,d'une réalité et ce qui est présenté à ce sujet. L' Erreur, elle, est le désaccord . C'est d'affirmer comme vrai ce qui est faux ; c'est tenir pour vrai ce qui est faux (être dans l'erreur).
Le Vrai, ce qui est réel et non pas imaginaire, ce qui est conforme à la réalité, qui est tel qu'il paraît être !, qui est conforme à la norme !, qui n'implique pas de contradiction !
Le Faux, appliqué à une affirmation :contraire à la vérité (inexact) ; appliqué aux choses ou aux actions : qui ne correspond pas à l'apparence(trompeur) ; appliqué aux personnes : qui se montre autre qu'il n'est (hypocrite)

Mensonge : Mentir, c'est donner comme vraie une affirmation que l'on sait fausse avec l'intention de tromper. Il existe des mensonges : infantile (mensonge pour jouer) ; négligeant (ne pas faire la part du vrai et du faux) ; passionnel (sous l'influence d'un élan émotionnel) ; fictif ou imaginatif (récits piquants ) ; pathologique (fabulateur, mythomane ).

Les erreurs qui sont en relation avec le témoignage : Il existe diverses sortes d'erreurs : de perception (des illusions de nos sens, d'estimation, d' hallucination) ; de mémoire (confusion des souvenirs ) ; d'imagination (création d'images, fabulation) ; de jugement et de volonté (crédibilité excessive) ; positive (décrire un objet pour un autre) ; négative (non existence des faits) ; d'indétermination ou d'incertitude (pas certain de la chose , du fait ) ; d'illusion (fausse description ) ; d' hallucination ( ce qui est décrit ne correspond à aucune réalité) ; par substitution (remplacement d'un objet, d'une personne, d'un lieu, d'une action, d'une parole...) ; par modification( changement partiel des faits) ; de transposition( mettre à la place de ) ; par fusion ou confusion (mélange plus ou moins désordonné) ; par dissociation (disjonction d'un objet en plusieurs parties ) ; par retranchement (suppression d'objet ou de personne) ; par adjonction ( ajout de scène, de personnes) ; par invention (création de toutes pièces) ; de compréhension (fausse conception, interprétation) ; d'estimation (de qualité, de quantité).

Ce thème, simplement présenté aujourd'hui , fera l'objet d'une suite car , très complexe et très compliqué !, crucial dans les sciences et les affaires humaines ! ; il doit être approfondi et illustré par de très nombreux exemples ,car dans tous les contextes de la connaissance , le problème du témoignage et celui de relater, de rendre compte des observations dans l'expérimentation , dans la communication des résultats est fondamental et ne supporte aucune dérive, ni dérapage , les conséquences pouvant être désastreuses .Il s'agit de la vérité scientifique, de la confiance dans les réalisations de la société humaine , de l'image que les terriens peuvent avoir de leur planète et même, parfois , de l'honneur des personnes. Nous développerons des outils qui seront nécessaires pour réaliser de vrais témoignages et transmettre les observations de toute nature sans aucune (le moins possible !) déformation. Nous présenterons la notion de "taux de confiance" qui doit toujours suivre la communication de résultats.
Bien à vous, Gerboise . Bienvenue aux abonnés de la liste biblio-fr




vendredi 27 avril 2007

L'Effort et la Volonté :Discours prononcé par Henri Bergson (*)

(*) Henri Bergson, Philosophe français, (1859-1941), Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, Prix Nobel en 1927.
Discours prononcé devant les élèves du Lycée Voltaire à Paris , à la distribution des prix du 31 Juillet 1902.

Chers Élèves,

Permettez-moi d'abord de remercier votre très aimé et très distingué Proviseur, du grand honneur qu'il a appelé sur moi en me proposant, pour la présidence de cette solennité (...) .
Vous venez d'entendre une belle et profonde leçon sur l'indépendance de l'esprit et l'indépendance de la volonté. Ni l'une ni l'autre de ces deux indépendances ne vient à nous, il faut que nous allions à elles : nous devons les conquérir par l'effort. C'est l'effort qui nous affranchit des servitudes intérieures ; à l'effort seul appartient la puissance libératrice. Je voudrais maintenant vous dire quelques mots de ce que j'appellerai la puissance créatrice de l'effort ; c'est une puissance merveilleuse. Elle métamorphose tout ce qu'elle touche. Elle fait que le plomb le plus vil se change en or le plus pur.
De peu elle tire beaucoup, et de rien quelque chose. Il n'est pas de qualité si précieuse, pas de talent si rare que nous ne puissions nous en doter nous-mêmes; dés que nous avons amené notre volonté au degré de concentration nécessaire, et si, pour ma part, j'étais bien sûr d'avoir conduit la mienne jusque-là, je refuserais comme des cadeaux inutiles, la lampe d'Aladin et la baguette magique qu'on prête aux fées.
J'ai eu pour camarade, sur les bancs du Lycée, un enfant que je ne vous proposerai pas pour modèle, car il n'était, de l'avis de tous ses maîtres, ni très laborieux, ni très intelligent. Il monta de classe en classe avec cette réputation, et fit ce qu'il fallait pour la conserver. Sans descendre au rang des pires, il resta toujours aussi loin des meilleurs, comme s'il se fut dit qu'il faut se défier des extrêmes et que la vertu se tient au milieu. Sa médiocrité se doublant de mauvaise chance, il échoua deux ou trois fois au baccalauréat : je le perdis de vue au moment où se posait la question de savoir qui se lasserait plus tôt, lui de se présenter à la Sorbonne ou ses juges de l'y voir revenir...
Je l'ai retrouvé vingt ans après, je ne dirais pas grand médecin, mais médecin distingué, apprécié, très consulté ; il s'était haussé à la considération, presque à la notoriété, et, chose bien autrement admirable et bien plus désirable encore, il était devenu intelligent .J'ai su depuis, que séduit et enveloppé par l'étude et surtout par sa pratique de la médecine, il s'était comme ramassé en lui-même, qu'il avait tendu tous les ressorts de son âme, fixé sur un seul point son attention jusque-là distraite, lancé un appel à tout ce qu'il avait en lui de puissance de vouloir et de s'émouvoir, et que, par un de ces transferts intérieurs de force, plus fréquents qu'on ne le croit, ayant pour ainsi dire fait monter du coeur à la tête la masse d'énergie ainsi accumulée, il s'était fait ce qu'il avait voulu être, un homme intelligent .

C'est que l'intelligence, mes chers amis, (je parle surtout de l'intelligence adulte, celle que l'homme utilise dans les sciences, dans les arts et le cours ordinaire de la vie) n'est pas ce que quelques-uns d'entre vous se figurent peut-être, un don réparti une fois pour toute entre les hommes, une graine tombée d'en haut, que le caprice du vent porte où il lui plaît de souffler.
Gardons nous de confondre avec l'intelligence elle-même, les fleurs, parfois exquises, que nous voyons pousser sur elle. D'un camarade qui a de la mémoire et une certaine facilité, des saillies piquantes, des invention agréables, vous aimez à dire que c'est un camarade intelligent. Et, certes, cette facilité est souvent le signe extérieur de l'intelligence, et cette vivacité donne à l'intelligence un très grand charme. Mais l'intelligence est autre chose.
D'un homme qui parle bien et qui écoute mieux encore, qui aperçoit tout de suite quelques-unes des grandes lignes du sujet qu'on lui expose et qui, souvent incapable d'aller au delà de cette vision incomplète, s'en contente, en tire même des idées simples destinées à paraître claires, qui apprend ainsi très vite, sur toute espèce de question, juste ce qu'il en faut connaître pour discourir vraisemblablement sur elle, enfin qui a le tact de ne parler et de n'écrire sur un même sujet que pendant un temps bien déterminé, assez long pour qu'il fasse valoir ce qu'il sait, assez court pour qu'il puisse taire ce qu'il ignore, vous entendez encore dire que c'est un homme intelligent. Et je reconnais que cette agilité intellectuelle ne va généralement pas sans quelque intelligence, qu'elle peut rendre de grands services quand elle est modérée par le souci de la vérité, qu'il nous est même indispensable à tous d'arriver à saisir ainsi en gros, du dehors, une foule de choses dont l'intérieur nous échappera toujours. Oui, dans le grand concert que les membres de la société humaine exécutent ensemble, chacun doit sans doute connaître à fond sa partie et le mécanisme de son instrument, mais il ne jouerait même pas en mesure s'il ignorait les autres instruments au point de ne pouvoir les accompagner, ou s'il n'avait pas appris à suivre de loin, sur les mouvements du chef d'orchestre, le dessin extérieur de la partition entière.
J'accorde tout cela, et j'ajoute que l'instruction que vous recevez au lycée doit servir en grande partie à développer chez vous, et aussi à bien diriger, cette puissance de compréhension très générale, infiniment extensible, qui est quelque chose comme une plus grande élasticité de l'intelligence.Mais l'intelligence est autre chose.L'intelligence vraie est ce qui nous fait pénétrer à l'intérieur de ce que nous étudions, en toucher le fond, en aspirer à nous l'esprit et en sentir palpiter l'âme. Que ce soit l'intelligence de l'avocat ou celle du médecin, l'intelligence de l'industriel ou celle du commerçant, toujours l' intelligence est ce courant de sympathie qui s'établit entre l'homme et la chose, comme entre deux amis qui s'entendent à demi-mot et qui n'ont plus de secrets l'un pour l'autre. Voyez comme le critique exercé devine les intentions les plus cachées de l'auteur qu'il commente, comme l'historien sagace lit entre les lignes des documents qu'il compulse, comme le chimiste habile prévoit les réactions du corps qu'il manipule pour la première fois, comme le bon médecin devance les symptômes visibles de la maladie, comme le bon avocat comprend votre affaire mieux que vous ne la comprenez vous-même. Tous ces hommes manifestent dans ces domaines différents, une même puissance de l'esprit, la puissance de s'accorder sur les choses, de les suivre dans leurs mouvements les plus subtils et de vibrer sympathiquement avec elles.
Quelle est cette puissance ? La confondons -nous avec l'ensemble des connaissances acquises et emmagasinées ? Pas tout à fait, puisqu'elle s'applique sans cesse , et avec succès, à des cas entièrement nouveaux. Est-ce purement et simplement, la faculté de raisonner? Pas d'avantage, car le raisonnement tout seul ne nous conduit qu'à des conclusions générales, vêtements tout faits et raides qui arrivent rarement à serrer les formes imprévues et ondoyantes des cas particuliers : or, cette faculté de l'esprit se moule exactement sur la forme propre de chaque question, et ne travaille que sur mesure.Non, ce n'est ni la science toute pure, ni le raisonnement tout seul, ni rien de ce qui s'apprend par coeur, ni rien de ce qui se met en formules. C'est une adaptation exacte de l'esprit à son objet, un ajustement parfait de l'attention, une certaine tension intérieure, qui nous donne au moment voulu la force nécessaire pour saisir promptement, étreindre vigoureusement, retenir durablement.
Enfin, c'est , au sens propre du mot, l'intelligence.
Il suit de là que l'intelligence appuie toujours, chez l'homme fait, dans une direction qu'elle préfère à toutes les autres. Elle a son domaine de prédilection où elle se sent chez elle. Elle a son entourage familier d'objets avec lesquels elle se tient en communication sympathique. L'entourage peut-être plus ou moins varié, le domaine plus ou moins vaste, ils n'en sont pas moins limités :il n'y a pas, il ne peut y avoir d'homme universellement intelligent.
Mais la merveille des merveille est que plus notre intelligence est à son aise sur un terrain déterminé (pourvu qu'il ne soit pas trop étroit), moins elle se sent dépaysée sur tous les autres.
La nature a arrangé les choses ainsi. Elle a ménagé entre les domaines intellectuels les plus éloignés, des communications souterraines. Elle a disposé entre les ordres de choses les plus divers, comme autant de fils invisibles, les lois mystérieuses de l'analogie. Vous serez surpris de voir comment un homme qui a touché le fond de sa science, de son art ou de sa profession, peut évoluer encore avec une facilité relative dans des milieux très différents. Il le pourra surtout s'il a eu le bonheur de recevoir une instruction comme celle que l'on vous donne ici ; car un des principaux objets des études classiques anciennes et modernes, littéraires ou scientifiques, est de procurer à l'esprit, par une gymnastique appropriée, la souplesse qui lui permettra de passer facilement de ce qu'il sait à ce qu'il ignore, et d'utiliser un peu partout la justesse qu'il se sera assurée quelque part. Mais encore faut-il qu'il arrive à cette justesse. Là est tout l'essentiel de l'intelligence.Voyez la corde tendue par un poids. Si vous donnez à côté d'elle, sur un instrument de musique, la note qu'elle est capable de rendre elle-même, elle vibrera à l'unisson ; mais, par là même, elle répondra aussi à toutes les notes qu'on appelle des harmoniques de la première. Ainsi pour notre intelligence. La tension particulière que nous aurons su imprimer à notre esprit, le mettra surtout en état de vibrer à l'unisson d'une certaine note, mais s'il la donne juste, s'il est tendu comme il faut, il pourra donner aussi bien, quoique plus discrètement, mille et mille harmoniques de se son fondamental.
Or, cette adaptation parfaite de l'esprit aux objets dont il s'occupe, adaptation qui est l'intelligence même, l'observation nous montre qu'elle peut s'acquérir dans une large mesure.Elle s'acquiert par un effort de volonté.En dépit des apparences, elle n'est pas autre chose qu'une concentration de l'attention, une forme par conséquent de l'effort volontaire. Plus puissant est cet effort de concentration, plus profonde et plus complète l'intelligence.Vous savez peut-être que l'on commence à étudier d'une manière scientifique, par la méthode expérimentale, les problèmes si délicats qui concernent l'éducation. Ce que l'expérience méthodiquement conduite nous laisse déjà entrevoir, c'est que, en toute espèce de matière, partout où il y a un travail effectué pour comprendre, le progrès ne s'accomplit pas graduellement, par transitions insensibles, comme une observation superficielle le ferait croire. Il procède, en quelque sorte, par secousses brusques. Ainsi, pour prendre l'exemple le plus simple, qu'en nous faisons en pays étranger l'apprentissage d'une langue que nous ne connaissons pas, nous n'entendons pendant longtemps que des sons confus, tous semblables entre eux : un moment arrive où nous distinguons à peu près des mots différents, et cela se fait un beau jour, comme par une illumination soudaine. Puis nous en restons là, et c'est par de nouveaux soubresauts que s'accompliront de nouveaux progrès. La même loi s'applique d'ailleurs à toute espèce d'intelligence, à l'intelligence de la géométrie, à celle de l'algèbre, à celle de toutes les sciences, de tous les arts, de toutes les professions. Maintenant, si l'on examine de plus près encore ce qui se passe, si l'on regarde, pour ainsi dire, derrière ces soubresauts, on s'aperçoit que chacun d'eux correspond à une poussée de la volonté, à une tension plus haute de l'énergie intérieure, à la résolution inébranlablement prise de dépasser le point où l'on a été arrêté et --passez moi cette expression familière--de se hausser d'un cran de plus au-dessus de soi-même. Oh ! c'est un effort pénible, qui exige une dépense croissante de force, comme si le ressort intérieur devenait de plus en plus dur à mesure qu'on le comprime davantage. C'est un effort qui peut devenir douloureux, si douloureux que beaucoup d'entre nous reculent indéfiniment le moment de le faire. C'est pourquoi vous voyez tant d'esprits s'arrêter à mi-chemin, se contenter d'une habileté moyenne, et attendre de l'habitude qu'elle les perfectionne.
Mais l'habitude ne les perfectionnera pas.L'habitude tire de l'effort une fois donné, tout ce qu'il contenait, elle rend honnêtement toute la monnaie de cette d'or, mais elle ne fait que rendre la monnaie, elle ne met pas un sou de plus dans la caisse.
Tout progrès réel de l'intelligence, tout accroissement de portée ou de pénétration, représente un effort par lequel la volonté a mené l'esprit à un degré de concentration supérieur.

La concentration, voilà, mes chers amis, tout le secret de la supériorité intellectuelle. Elle est ce qui distingue l' homme de l'animal, l'animal étant le grand distrait de la nature, toujours à la merci des impressions venues du dehors, toujours extérieur à lui-même, tandis que l'homme se recueille et se concentre. Elle est ce qui distingue l'homme éveillé et sensé de l'homme qui divague et de l'homme qui rêve, ceux-ci abandonnant leur esprit à toutes les idées qui les traversent, celui-là se ressaisissant constamment lui-même, ramenant sans cesse son attention sur les réalités de la vie. Elle est ce qui distingue l'homme supérieur de l'homme ordinaire, celui-ci, satisfait d'une habileté moyenne où il se repose et se détend, l'autre, tendu dans une aspiration à se dépasser lui-même. Elle est peut-être l'essence même du génie, s'il est vrai que le génie soit une vision d'un instant méritée par des années de labeur, de recueillement et d'attente. Oui, nous arrêtons le plus souvent notre regard sur les qualités intellectuelles, parce qu'elles sont ce qui brille à la surface ; nous ne savons pas assez que la source profonde de toute énergie, même intellectuelle, est la volonté. Grâce, délicatesse, ingéniosité de l'esprit, fantaisies de poète, inventions de savants, créations d'artiste, voilà ce qu'on voit : ce qu'on ne voit pas, c'est le travail de la volonté qui se contracte et se tord sur elle-même, pour exprimer de sa substance ces éclatantes manifestations. Telle la rotation puissante de la machine qui tourne obstinément dans l'obscur sous-sol du théâtre se traduit en haut, dans la salle, aux yeux des spectateurs éblouis, par un ruissellement de lumière.

Travaillez donc, mes chers amis, à alimenter en vous ce foyer d'énergie. Rassemblez votre effort, concentrez votre attention, donnez à votre volonté sa plus grande force pour que votre intelligence atteigne à son plus grand rayonnement.
Descendez au plus profond de vous-mêmes pour amener à la surface tout ce qu'il y a , que dis-je ? plus qu'il n'y a, en vous. Sachez que votre volonté peut faire ce miracle. Exigez qu'elle l'accomplisse. Rappelez-vous que vous êtes ici pour cela, que les études que vous faites valent sans doute beaucoup par elles-mêmes, mais qu'elles valent plus encore par l'habitude qu'elles vous donnent de fixer votre attention et d'exercer votre volonté.
Profitez de ces études le plus que vous pourrez, prenez la ferme résolution de devenir, par elles, des citoyens capables de mettre une somme sans cesse croissante d'énergie intellectuelle au service de leur pays, tendez toujours davantage les ressorts intérieurs, n'hésitez pas à les forcer quand il le faudra, et dites vous bien, quoique le surmenage ne soit pas à la mode, que l'avenir est à ceux qui se surmènent.

Ce discours est peut-être d'un autre siècle ! mais Gerboise pense que les rapports aux savoirs exprimés dans ce texte -discours "valent la peine" d'être connus par tout honnête homme , et surtout par nos jeunes qui pourront se représenter tous ces lycéens du Lycée Voltaire en cette année 1902 , qui attendaient anxieusement leurs prix tant souhaités.

jeudi 26 avril 2007

Premières clarté: Simple Réflexion :Stagnation, Renaissance .

Réveil, parmi ces tufs volcanique, de la vie ! au milieu de ces petites particules de lave émises lors de l'explosion du volcan Hverfjall, il y a 2500 ans.(Islande).Le climat froid, la violence du vent, retarde la formation d'un sol volcanique fertile ; pourtant, au bout de centaines d'années, des plantes apparaissent dans les lapilli, vivaces et pleines d'espérances pour l'avenir.
Cette image de la vie , en souvenir de ce couple de volcanologues merveilleux vivant toujours intensément, qu'étaient Katia et Maurice KRAFFT de l'équipe vulcain, qui eux ont disparus dans une nuée ardente en Indonésie . A mes deux amis qui recherchaient toujours des cristaux pour leur minéralogiste baptisé "la mèche au vent". L'image ci-dessus est tirée de leur livre : Les Volcans, édité en 1975 par DRAEGER.


" La [dormance ] de la graine, c'est-à-dire le temps imprévisible qui s'écoulera avant que le mécanisme ne se déclenche, ne relève pas de sa structure, mais d'un ensemble infiniment complexe de conditions qui mettent en cause l'histoire individuelle de chaque graine et toutes sortes d'influences externes . Il en est de même pour les civilisations."

Claude Lévi-Strauss, Ethnologue français (né en 1908 ) , Du miel aux Cendres (1967), Quatrième partie, II ( Ed. Plon ).

Voici un ensemble ... complexe ...! qui mérite réflexion car il concerne la Vie, mais également cette Renaissance Italienne au XVe s. qui se propagea dans toute l' Europe, par le retour aux Idées et à l' Art Antique . Mécanisme biologique, environnemental ; processus sociologique, de Civilisation ? Voici des problèmes épineux à considérer dans notre Blog .Gerboise

mercredi 25 avril 2007

Premières clartés du matin : Simple Réflexion. L' Entendement

Denis Diderot, par L. M. Van Loo (Musée du Louvre, Paris )

"L'entendement a ses préjugés ; le sens, son incertitude ; la mémoire, ses limites ;l'imagination, ses lueurs ; les instruments, leur imperfection . Les phénomènes sont infinis ; les causes, cachées ; les formes, peut-être transitoires .Nous n'avons contre tant d'obstacles que nous trouvons en nous, et que la nature nous oppose au dehors, qu'une expérience lente, qu'une réflexion bornée . Voilà les leviers avec lesquels la philosophie s'est proposé de remuer le monde ".


Denis Diderot, Ecrivain et philosophe français, (1713-1784), De l'interprétation de la nature (1753). Il entreprit l' Encyclopédie avec d'Alembert de 1751 à 1772 .
Cette citation nous fait prendre conscience de la densité, de la profondeur de la pensée de Diderot exprimée dans son message et de sa maîtrise de la Langue Française . Nous vous conseillons d'en faire bon usage et de réfléchir à chaque proposition avec toute votre attention . Bonne journée, Gerboise.

lundi 23 avril 2007

Premières clartés du matin :Complexité et/ou Complication : alternative (*)ou dilemme (*).

(*) Alternative ou Dilemme ? C'est un choix décisif , qui va être important, qui va orienter la réflexion sur le réel devant lequel on se trouve ; c'est également un choix crucial car on se trouve à une sorte de carrefour, où il va être nécessaire de penser aux conséquences dans l'interprétation de la situation présente. Pour préciser le sens des mots : on est en présence
d'une alternative chaque fois que dans un contexte donné, il n'existe que deux possibilités incompatibles pour résoudre un problème ; un dilemme impose une contrainte, une interrogation qu'il va falloir examiner avec soin, pour que la réalité ne soit pas déformée dans notre esprit, ce qui conduirait à une représentation erronée, à une méprise lourde de conséquences.

Ce qui est compliqué implique difficultés, ennuis, contretemps, qui suggèrent, évoquent notamment dans le domaine de la pensée, de la réflexion,du discours, des sentiments, la connaissance des phénomènes et des matériaux, un enchevêtrement, une imbrication que l'on peut démêler plus ou moins aisément.
Ses propos ne faisaient que compliquer la situation, qu'ajouter une incompréhension mal venue pour résoudre l'interprétation de nos résultats qui apparaissaient d'une complexité redoutable.
Ce qui est compliqué est également difficile à comprendre du fait de l'agencement des éléments des différentes parties les unes par rapport aux autres.
Lors de son intervention dans ce congrès, cet intervenant s'est lancé dans une série d'explications très compliquées, qui n'en valaient pas la peine. L'ensemble de l'auditoire n' y a rien compris car il a mélangé plusieurs problèmes sans aucun rapport entre -eux.

Ce qui est complexe est constitué d'une série d'éléments différents parfois totalement abstraits qui contiennent un plus ou moins grand nombre de constituants formant un tout qui d'ordinaire, présente lui-même des aspects diversifiés et dont l'ensemble est le siège d'interactions diverses et inconnues et non prévisibles.
"...entraînés que nous sommes, avec une rapidité qui s'accélère jusqu'à devenir inquiétante, dans un état de choses dont la complexité, l'instabilité, le désordre caractéristique nous égarent, nous interdisent la moindre prévision, nous ôtent toute possibilité de raisonner sur l'avenir."
Paul Valéry, Ecrivain Français, (1871-1945), Regard sur le monde actuel, (1931)

La complexité se révèle, se manifeste à l'expérimentateur, au chercheur, sous l'apparence de cette multitude de situations résultant de l'ensemble des facteurs agissants, mais également des nombreux événements synchrones qui interviennent sur la même matière et enfin sur l'ensemble des phénomènes que nous n'arrivons le plus souvent ni à comprendre ni à maîtriser. La distinction entre le compliqué et le complexe est le résultat des progrès de notre réflexion. On désigne sous le terme de compliqué l'entassement et l'imbrication de dispositifs, de paramètres de tous ordres dont on peut cependant (oppose la réalité à l'apparence) "venir à bout" avec la durée et de l'expertise.
La complexité concerne le vivant, l'imprévisible, l'incertitude, l'invention et non la découverte qui , elle, se révèle à celui qui sait "regarder" ! Sa maîtrise conduit à la connaissance de réalités jusqu'ici inconnues.
La complication ne peut rien créer, le chercheur essaye de la dominer, à la contrôler.
La complexité est détentrice de toutes les potentialités, des transformations, du devenir, des inventions, avec toutes les possibilités de promesses et de difficultés.
L' énoncé "pensée complexe" ne cherche pas à mettre en avant une complication dans la façon de penser, de réfléchir, de signaler les domaines utopiques, chimériques ou inédits ; il faut se hasarder, pour avancer dans l'intelligence (la compréhension) du complexe, pour pénétrer dans un premier degré de compréhension de cette structure équivoque.
Les phénomènes visibles que nous pouvons percevoir ( sensations de nos sens), sont réels, mais leurs complexité n'est perçue comme telle qu'en fonction del'acuité denotre regard et de nos intentions et surtout de notre vision du monde.

Nous reprendrons l'ensemble de ces concepts dans de très nombreux exemples et surtout les expériences que nous vous proposerons de réaliser et d'interpréter . Bonne réflexion.
Gerboise.

vendredi 20 avril 2007

Esquisse de l'évolution du Savoir depuis l'Antiquité (suite 1)


(Réaliser un clic gauche sur le graphique pour l'agrandir et ensuite sur la flèche " précédente" pour revenir sur la page du texte).
Cette carte-graphique va vous permettre de vous situer dans le monde de la Grande Grèce Antique, lors de la lecture de cette suite 1 de l' histoire de l'Université de Paris commmencée le vendredi 23 Mars 2007 . Nous allons poursuivre notre survol , avec ces préliminaires sur cette passionnante aventure de la découverte des premières réflexions profondes de l'humanité sur la connaissance des idées qui sont survenues dans ce monde méditerranéen au sein de ce peuple Grec épris de curiosité et de liberté ; liberté intellectuelle conquise à force de courage et de ténacité, mais qui disparaîtra momentanément pour réapparaître beaucoup plus tard à la Renaissance. Nous étions parvenu , le 23 Mars, à cette époque cruciale nommée ici "l' Enfance de l'intelligence " où apparurent ces grands penseurs , premiers créateurs des notions essentielles qui vont apporter , tout cet acquit du savoir , qui sera transmis plus tard , au Moyen Age, à toutes les Universités Européennes et en particulier à celle de Paris .
Enfance de l'Intelligence
-1- Les Colonies Grecques d'Asie.
L'Ecole de Milet :Thalès, Anaximandre, Anaximène (-600 à -550)
Toutes les choses existent. En quoi sont-elles faites ?
-2- Les colonies Grecques d'Italie et de Sicile.
L'Ecole de la Grande Grèce à Crotone : Pythagore et ses disciples (vers -540).
Y a-t-il de l'ordre dans les choses ? Est-ce un ordre harmonieux qui sculpte les choses ?
A Ephèse et à Elée :Héraclite et Parménide d'Elée (vers -500)
Y a-t-il du mouvement dans les choses ? Les choses ne sont que mouvement !
A Agrigente :Empédocle d' Akragas (vers - 450)
Il y a deux forces : l'Amour et la Haine.
-3- Le Continent Grec.
A Athènes : Anaxagore de Clazomène en Ionie (-500 à -428) s'installe à Athènes et instruisit Périclès.
Il y a un Esprit qui meut les choses. Qu'est-ce qui donne les mouvements aux choses ?
A Abdère : Leucippe, Démocrite.
Les atomes expliquent le monde.
"Ceux qui ne discernent point, dans l'Univers, les traces d'une finalité, en reviennent toujours au Hasard et à la Nécessité".
A Cos : Hippocrate et son Ecole de Médecine.
Régulations internes : comment la matière de la nourriture se transforme-t-elle en matière vivante ?
L'Age ingrat de l'Intelligence
Protagoras d'Abdère :
L'Homme est la mesure de toutes choses.
Tous les Sophistes :
Ils sont grammairiens . La langue leur doit beaucoup. On peut prouver n'importe quoi. Ils méritent des critiques. Ils ont pourtant modifié les conditions d'exercice de l'intelligence.
L'Adolescence de l'Intelligence
-4- Athènes
Athènes : Socrate (-469 à -399)
Peut-on aimer la vérité ?
Il distingue la raison humaine et la raison divine.
"Socrate, le premier, fit descendre la philosophie du ciel, l'introduisit non seulement dans la Ville (Cité ), mais jusque dans les maisons, la força de régler la vie, les moeurs, les biens et les maux " (Cicéron).
La Maturité de l'intelligence
Platon (-427 à -347 ), disciple de Socrate et maître d'Aristote : l'Académie d' Athènes.
Que peut-on connaître ? Théorie des idées : l' Allégorie de la Caverne. (Elle sera commentée par Gerboise dans une prochaine réflexion, car Platon y aborde un des comportements des Humains le plus riche de conséquence en ce qui concerne la réalité et la relativité de la vérité).
Il oppose la stabilité des mots à la mouvance des choses. Les idées, elles ne changent pas, il s'en crée toujours de nouvelles.
La Sagesse de l'intelligence
Aristote :(-384 à -322), le Lycée d'Athènes
Le précepteur d' Alexandre le Grand.
Il fut autant qu'il pouvait l'être un esprit libre.
Il créa la Logique, la Physique, la Métaphysique, l'Ethique et la Politique.
La Logique : c'est l'ordre que la raison introduit dans l'acte qui lui est propre, lorsqu'elle réfléchit.
La Physique : c'est l'ordre que la raison ne fait pas, mais qu'elle découvre et explique par ses causes dans la nature.
La Métaphysique : l'ordre concerne les choses qui font complétement abstraction de toute matière sensible.
L'Ethique ou Science morale : l'ordre que la raison introduit dans les actes de la volonté en vue de régler l'agir humain en vue d'une fin.
La Politique ou Science sociale : intervient dans les mêmes conditions que l'Ethique quand il s'agit de l'agir en Société.
La Logique :comment se servir de sa raison ?
Les présocratiques se sont servis de leur raison sans le savoir.
Socrate, le premier, apporte le souci de définir ce dont on parle.
Platon étudie les règles de l'énonciation du vrai et du faux.
Aristote invente le" syllogisme" (raisonnement déductif rigoureux, démonstration) et fonde la Science, sous le nom" d'Analyse" .
La Physique : quelles sont les causes de l'Univers ? Existe-t-il une hiérarchie dans la nature ?
Les Présocratiques n'ont pas cessé d'étudier la nature.
Platon s'en écarte en étudiant les formes seules.
L'expérimentateur Aristote, commence par établir les quatre sens du mot cause (matérielle, formelle, finale et efficiente) .
La Métaphysique : à la recherche de Dieu. Depuis Thalès, les philosophes recherchent les "Causes".
Parménide, le premier, atteint avec sa raison, l'étoffe intime de l'Univers. Il a donné le premier discours sur l'Etre : une ontologie (partie de la métaphysique qui traite de l'être) . Si Parménide a initié l'Ontologie, la science de l'être, Anaxagore a pressenti la Théologie, la science de Dieu.
Cherchant ce qui meut les choses, il répond que c'est l'Esprit, qu'il substitue au conflit de l'amour et de la haine d'Empédocle.
Platon, le premier, construit une réflexion sur le divin, disciple de Socrate, il attache à la piété une importance capitale et dans le Timée concevra même, avec le Démiurge (créateur organisateur d'un univers), une sorte de pouvoir exécutif de l'âme du monde.
Aristote affirme : "Tout homme a le désir naturel de savoir ". Mais savoir quoi ? Savoir comment ? Il a décrit les cinq défauts habituels de l'intelligence .
Et enfin, il pose la question : Existe-t-il une oeuvre qui ne soit pas l'oeuvre de nul autre ? Cette fois, c'est bien à la recherche de Dieu que va Aristote, le plus intelligent de tous les païens, dira Thomas d'Aquin.
Il a trouvé "la Science que nous cherchons" . C'est la Science de Dieu. Il lui donne son vrai nom : la Théologie. Il y a pour Aristote une Intelligence Divine qui se pense elle-même, dans un acte éternel.
L'Ethique : quel est le but de la vie humaine. Il n'y a point de jeu sans règle du jeu, ni de vie sociale pour les individus sans loi.
Socrate et Platon, les premiers, définissent les vertus.
Aristote remplace l'idée de "Bien" par une fin : le Bonheur.
Ce bonheur ne s'identifie ni aux plaisirs des sens, ni à l'argent, ni aux honneurs, mais consiste dans une certaine perfection de l'activité.
L'acte responsable doit être volontaire, choisi , délibéré et la fin la plus élevée : la contemplation. (Ethique à Nicomaque).
La Politique : l'Homme est un animal politique.
Le problème de la philosophie avant Socrate : les lois sont-elles nature ou convention ? Ce fut l'un des thèmes de discussion favoris des Sophistes . De la nature assurent Hippias et Antiphon. De la convention, inventée par les faibles contre les forts, soutient Calliclès .
Il n'est pas de vie sans règle. Il n'est point de cité sans lois.
A travers cette polémique ( qui se poursuivra dans l'Europe Médiévale et particulièrement à Paris), c'est le fondement de la philosophie politique qui commence d'émerger des écumes de la sophistique .
Enfin Aristote reprend la doctrine païenne de l'esclavage, seule source d'énergie avec les animaux, et la tempère par l'amitié du maître et de l'esclave ; il ajoute, comme prophétique, que "si les navettes (filage de la laine) tissaient d'elles -mêmes et les plectres jouaient de la cithare, alors les chefs d'artisans n'auraient pas besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves".
Visiblement le coeur d'Aristote a des raisons que sa raison, pourtant courageuse, n'ose qu'à peine exposer aux hommes de son temps !
Après cette vitalité intellectuelle, cette réflexion, et ce foisonnement d'idées, les contextes de la civilisation changèrent.
Pour bien comprendre l'évolution de la pensée humaine qui conduira à l'émancipation de l'Europe, il était nécessaire de bien préciser quelques jalons (seulement !) de l'apport créatif initial de la pensée grecque. Dans cette civilisation, l'Art, déjà présent sous toutes ses formes ailleurs..., s'est épanoui en une floraison merveilleuse ; et l'on peut dire de ce peuple privilégié qu'il a crée l"art pur et il serait nécessaire ici, mais... de préciser quel a été le rôle de l'Art dans l'évolution de toute l'humanité !
A bientôt la suite de ces événements qui nous permettra de connaître le rôle de la Rome Antique avant d'aborder les Temps Médiévaux .Gerboise

jeudi 19 avril 2007

Premières clartés du matin :Limites, frontières et confins des savoirs.(*)

( Réaliser un clic gauche sur le graphique pour l'agrandir et ensuite sur la flèche "précédente" pour revenir sur la page du texte.)

(*) Ébauche, figure simplifiée, représentant les traits essentiels du problème des possibles et des réalisables de la connaissance, jusqu'aux confins du néant donc de l'inconcevable dans notre monde actuel, construite en vue de la création d'un "outil" d'analyse et de réflexion.

Nous aurons recours à l'avenir, à ce type d'analyse et de précision sur les conditions d'existence d'une "réalité" dans tous les exemples que nous vous présenterons ; tous ces cas de figure doivent donc être parfaitement intégrés dans votre esprit .

Bonne aventure intellectuelle ! Gerboise.

mercredi 18 avril 2007

Premières clartés du matin : Simple Réflexion.La perception de l'Espace.

Percevoir le monde qui nous entoure , tous les objets et les êtres qui s'y trouvent est fondamental pour notre relation aux écosystèmes qui nous environnent et dans lesquels nous agissons, nous nous déplaçons , nous vivons .L' ensemble de nos sens y contribue ; cette connaissance fera l'objet de plusieurs interventions dans notre Blog. Notre réflexion d'aujourd'hui concerne notre perception et nos relations avec les repères spatiaux de notre environnement.
Percevoir l'espace, c'est percevoir les positions, les repères, les relations, les directions, les distances, les grandeurs, les mouvements et les formes des objets et des êtres, en un mot leurs caractères géométriques permettant de préciser les interactions et les situations dans les divers milieux qui les entourent, les environnent.
Ces positions se définissent, comme en cristallographie pour les minéraux, sujet dont nous reparlerons plus tard, par rapport à un système de référence (trois axes ou trois plans perpendiculaires ), une forme par les rapports de ses parties, une grandeur par son rapport avec une unité . Cependant ces relations spatiales, avant d'être l'objet d'une science abstraite, rationnelle, logique, qui les analysent précisément, sont l'objet d'une perception par un être vivant, un être humain dont les conséquences et l'importance utilitaire est remarquable et considérable.
Pour les êtres vivants et les hommes en particulier, la perception de l'espace, de leur environnement , est un moyen d'agir dans ces milieux et ainsi d'adapter leurs comportements aux caractères géométriques des choses .Elle a préalablement une finalité motrice : codifier les réactions qui permettent d'atteindre un être, un objet, de lui faire face, de s'en rapprocher ou de s'en éloigner, de franchir une certaine distance, d'adapter des actes plus ou moins compliqués à la forme, à la grandeur, à la disposition des choses (utiliser des points d'appui, éviter ou contourner des obstacles, prendre, manier, assembler, mesurer des objets, dessiner, écrire, finalement vivre !
Toutefois, la perception de l'espace a encore une autre fonction : un objet et son environnement matériel peut être caractérisé par ses propriétés géométriques (forme, structure, configuration ), comme par sa couleur, son apparence, son odeur, etc. Elles peuvent servir à le reconnaître . On reconnaît les choses, les êtres à leurs formes et souvent à leurs relations spatiales dans un certain contexte . L'espace n'est ici qu'un moyen de reconnaissance des objets en eux-mêmes, une économie de pensée !

A bientôt, Gerboise .

lundi 16 avril 2007

Premières clartés du matin : Subtilités de la langue française.

Affirmation, Assertion, Allégation, Proposition, Suggestion,Thèse

Affirmation : exclut le doute sur le contenu de ce qui est communiqué ; c'est le fait de soutenir qu'une chose est vraie parce qu'on la croît telle.
Une affirmation péremptoire, c'est-à-dire, qui fait cesser la contestation, sans aucune contradiction possible.

Assertion : ce que l'on communique est soutenu comme étant vrai, mais peut en fait être faux, suppose des preuves qui réfutent son contraire.
Il est toujours nécessaire de vérifier les assertions des expérimentateurs.

Allégation : action de citer un fait pour s'en prévaloir, mais sans le prouver ni même en être certain ; c'est donc présenter pour réel, pour vrai , ce que l'on avance, mais de manière peu ancrée, mal fondée, parfois même erronée.
Lors de ce colloque, nous avions été amené à nier, réfuter fermement les allégations d'un intervenant.

Proposition : c'est une offre, le fait, la chose qu'on met en avant, qu'on propose en vue de l'examiner et d'en discuter, d'en délibérer.
L'ensemble des spécialistes a décidé d'examiner cette proposition.

Suggestion : c'est l'acte d'introduire avec prudence une idée dans l'esprit d'une personne, sans la lui imposer, comme si elle venait par hasard, pour qu'elle en face son profit.
Le comité de lecture lui a suggéré de rédiger à nouveau son mémoire, et de reprendre certaines parties de son texte.

Thèse : il s'agit d'une proposition qu'on avance avec l'intention de la défendre si elle est contestée ou même attaquée.
Voici les arguments et les faits qui nous ont permis de présenter cette thèse ; personne ne pourra la remettre en question sans réaliser de nouvelles expériences ou présenter une nouvelle hypothèse.

Bien à vous, Gerboise.

dimanche 15 avril 2007

Premières clartés du matin :Réalisme (*) et Responsabilité (**)

(*) réalisme :attitude de quelqu'un qui n'agit qu'en se fondant sur le réel et apprécie ce dernier avec justesse .C'est le cas de Georges Friedel, cet ingénieur général des Mines qui a été responsable, en tant que directeur de l' Ecole des Mines de St Etienne de 1910 à 1925 .En dirigeant à cette époque, celle de la Grande Guerre, cette école qui formait des ingénieurs de prospection et d'exploitations minières, il était conscient en descendant lui-même au "fond de la mine" dans les galeries , de la nécessité de donner aux élèves des qualités surtout pratiques et réalistes pour pouvoir exercer des responsabilités touchant la sécurité des hommes et la bonne exploitation des gisements. D'où cet "Avertissement" au début de ses leçons de cristallographie publiées en Janvier 1926 à Strasbourg chez Albert Blanchard, rue de Médicis à Paris.

Ces mises en garde pleines de sagesse pour qui veut enrichir ses propres comportements concernant ses rapports aux connaissances pratiques, doivent être considérées avec beaucoup d'intérêt.

(**) responsabilité : obligation morale de remplir sa charge, son devoir, ses engagements, de rendre compte de ses actes ou de ceux d'autrui, de ses décisions.

"Georges Friedel "considère que le but de l'enseignement, de la formation d'une jeune personne, doit être moins d'instruire que d'éduquer et de faire réfléchir aux conséquences ; moins d'entasser des connaissances que d'apprendre à en digérer quelques-unes ; moins de glisser sur les difficultés que de les mettre en lumières ; moins de laisser croire à l'infaillibilité des méthodes en usage et à la certitude des résultats que d'en montrer les points faibles et de cultiver ainsi l'esprit de critique et de libre examen, base nécessaire de l'esprit de recherche.

Les vrais progrès de la science et des techniques, mais également des idées, sont d'origine essentiellement individuelle et que l'on ne fait pas de la science avec l'imitation servile, de la discipline et de l'organisation. Il est bien vrai que l'édifice de nos connaissances se bâtit peu à peu par la collaboration de beaucoup de gens. Mais il s'en faut de beaucoup que toute pierre ajoutée à cet édifice, quelle que soit sa qualité, trouve sa place et contribue au bien de la construction.
Il n'est pas besoin d'une grande perspicacité, malgré l'aspect extérieur imposant de cet édifice et la hauteur qu'il a atteinte dans ces dernières décades, pour s'effrayer dès aujourd'hui de l'énorme masse des matériaux inconsistants qui entrent dans sa structure, sous lesquels, si l'on n'y prend pas garde, il deviendra bientôt impossible de discerner les fondements solides, et sur lesquels rien de bon ne peut être construit. Apprendre à reconnaître et à balayer cette poussière, en remettant à nu la pierre ferme sur laquelle on pourra continuer à bâtir utilement, tel est, au moins dans notre pays où l'on cherche avant tout la clarté, le rôle que doit présentement assigner l'enseignement. Rôle idéal que nous n'espérons pas atteindre totalement, mais vers lequel nous devons nous efforcer de tendre.

L'instrument le plus actif de ce babélisme menaçant, c'est l'abus de la bibliographie. Trop souvent on enseigne aux jeunes gens, et la mode en est venue du dehors jusque chez nous, que lorsqu'ils veulent entreprendre une recherche, leur premier et d'abord unique soin doit être d'en réunir et d'en compulser la "Literatur" ( expression ironique et critique de ce mode d'utilisation abusif et irréfléchi de la connaissance livresque dans les sciences , Gerboise ). Ce n'est que lorsqu'ils se seront farçi la tête de tout ce qui a été écrit sur le sujet, et par conséquent de dix erreurs pour une vérité, lorsque de cet amalgame ils se seront composé une idée moyenne, nécessairement inexacte, et auront ainsi perdu toute fraîcheur d'impression, qu'ils seront admis à regardes les faits par eux-mêmes. Une telle méthode tend à nous ramener au bavardage livresque du Moyen Âge et à étouffer toute originalité.

Celle que nous préconisons est autre. La lecture, cela va de soit, y tient sa place, mais au second rang. L'essentiel, avant de lire, est de se mettre en face des faits, d'observer, expérimenter et réfléchir sans subir a priori l'influence de ce qu'on pu dire X ou Y. C'est ensuite, au cours du travail et plutôt après qu'avant, que viendra la lecture ; parfois apportant des idées ; rarement parant au danger, si redouté des débutants mais presque toujours chimérique, de refaire ce qui avait été déjà bien fait ; et le plus souvent, mais à la condition express devenir ainsi après l'acquisition de quelques notions personnelles, suggérant la contradiction féconde et les vérifications. (...) Dans ces conditions, et en dépit de la mode, la place de la bibliographie doit rester secondaire et n'est pas dans un ouvrage d'enseignement.

En revanche, par application des mêmes principes, on a cherché sur divers points à mettre en évidence la fragilité de certaines notions généralement admises. Destinées en partie à d'autres qu'aux débutants, ces discussions ont cependant pour principal but de montrer à ceux qui étudient à quel point les idées courantes, mêmes universellement acceptées et ressassées par la "Literatur", peuvent parfois être trompeuses et méritent d'être révisées jusque dans leurs fondements, sans que, bien souvent, il soit nécessaire pour cela de mettre en oeuvre autre chose que des raisonnements et des calculs élémentaires "(..., suivent des exemples en rapport avec la cristallographie ).

On peut se rendre compte encore ici, après la présentation de l'analyse de Louis de Broglie du 12 Avril 2007 :doute et certitude d'un savant, que dans ce présent texte Georges Friedel, lui également, considérait que la vérité scientifique et même technique , n'était absolument pas en relation absolue avec le fait que la grande masse :"la foule", ait, soi-disant ,raison !
Voici une anecdote très intéressante concernant les considérations de G. Friedel sur l'influence néfaste de la "lecture" de documents avant la réalisation d'une étude scientifique : Lors du stage de terrain d'une durée d'un mois en province, qui suivait l'enseignement théorique à l'Institut Français du Pétrole,nous ne savions pas avant le départ, dans quelle région se situerait notre étude de lever géologique ! Impossible de consulter des documents. Nous arrivions, "vierge" de toute idée préconçue, au point de vue des interprétations des géologues qui nous avaient précédés.

Voici donc , encore , un ensemble de réflexions qui vous serviront dans vos relations avec les connaissances. Bien à vous, Gerboise.

jeudi 12 avril 2007

Premières clartés du matin :Réflexions, doutes et certitudes d'un savant : Louis de Broglie

Louis de Broglie (1892-1975) , Physicien français, menbre de l'Académie Française (1933) , Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences (1942-1975 , Prix Nobel de Physique en 1929, dans la Préface d'un de ses livres :
"Nouvelles perspectives en microphysique", écrite en septembre 1955 , Editions Albin Michel,
présente une Réflexion, une sorte de discussion avec lui-même , par rapport à la majorité de la communauté scientifique de son temps , qui devrait vous faire réfléchir au sujet de la vérité, et vous inciter à méditer sur certaines prises de position à propos des apparences et de la réalité des choses par rapport aux conceptions de l'ensemble des membres des communautés humaines .Actuellement rien n'a changé , et ce grand scientifique que fût Louis de Broglie n'en serait pas tellement surpris. Les progrés des techniques évoluent considérablement depuis que l'Homme s'est différencié du monde animal, mais sa psychologie et ses émotions n'ont pas progressé beaucoup jusqu'à aujourd'hui .

Voici les points essentiels de cette préface :

"...Les études de Physique théorique qui forment la première moitié du volume et qui correspondent au titre du livre ont été réparties en deux séries en fonction d'une évolution considérable qui s'est produite dans mon esprit à partir de la fin de 1951 en ce qui concerne l'interprétation de la Mécanique ondulatoire et du dualisme des ondes et des corpuscules. Aprés l'éclosion de la Mécanique ondulatoire, j'avais cherché pendant plusieurs années, de 1923 à 1927, à en obtenir une interprétation conforme à l'idée de causalité et utilisant, suivant la tradition des physiciens, une représentation de la réalité physique à l'aide d'images précises dans le cadre de l'espace et du temps. Les difficultés que j'avais rencontrées en développant cette tentative, l'hostilité qu'elle avait suscitée de la part des autres théoriciens de la Physique m'ont conduit en 1928 à l'abandonner et je me suis rallié pendant près de 25 ans à l'interprétation probabiliste issue des travaux de MM. Born, Bohr et Heisenberg qui était devenue la doctrine officielle de la Physique théorique. Une grande partie des exposés que j'ai publiés dans de précédents volumes de la collection"Sciences d'aujourd'hui" étaient consacrés à cette interprétation probabiliste si subtile et parfois si difficile à exposer avec clarté. Mais au cours de l'année scolaire 1951-52, ainsi que je l'ai expliqué dans les études formant la seconde partie de cet ouvrage, j'ai été amené à reprendre ma tentative d'autrefois et à me demander si ce n'était pas elle qui indiquait la bonne voie à suivre pour parvenir à une véritable compréhension du dualisme des ondes et des corpuscules et à une interprétation vraiment intelligible de la Mécanique ondulatoire. Il en est résulté une orientation nouvelle de ma pensée et de mes travaux au cours de ces quatre dernières années.

Ceux qui s'intéressent à la psychologie des savants seront certainement heureux que je donne ici quelques indications sur les circonstances qui ont provoqué dans mon esprit un retour inattendu vers des idées longtemps abandonnées. Sans doute, comme je l'ai expliqué dans certains des exposés qu'on trouvera plus loin, les travaux MM. David Bohm et Jean-Pierre Vigier ont-ils joué un rôle déterminant dans mon évolution lorsque je les ai connus vers la fin de 1951, mais il est certain que dans mon esprit le terrain était déjà un peu préparé pour ce changement d'attitude.

Je ne parlerai pas des difficultés que j'ai toujours éprouvées en exposant l'interprétation probabiliste de la Mécanique ondulatoire, du regret que j'ai souvent ressenti en voyant la plupart des auteurs oublier ou méconnaître les intuitions physiques qui furent l'origine et la base de cette profonde théorie, ni d'une certaine nostalgie secrète de la clarté cartésienne qui m'envahissait quand je cherchais à m'orienter au milieu du brouillard dont est enveloppée la Physique quantique actuelle.Mais je veux mentionner le fait suivant. Pendant les années 1950 et 1951 , j'avais pris comme sujet de mes cours à l'Institut Henri- Poincaré un examen détaillé et critique de l'interprétation probabiliste de la Physique quantique. J'avais entrepris cet examen avec un préjugé encore favorable à cette interprétation et j'avais fait une étude consciencieuse non seulement du formalisme impeccable qui la traduit mathématiquement, mais aussi des critiques qui lui avaient été adressées par Einstein M. Schrödinger et des réponses faites à ces critiques par M. Bohr et ses disciples. Malgré ma tendance d"alors à conclure en faveur de l"interprétation probabiliste, je fus progressivement frappé par la force des objections qu'on pouvait lui opposer et par une certaine obscurité des arguments mis en avant pour écarter ces objections. J'avais aussi étudié la théorie de la mesure de . von Neumann : j'en admirais la belle ordonnance logique, mais je la trouvais très abstraite et reposant sur une analyse un peu trop schématique des conditions de la mesure en Microphysique ; de plus, les conséquences auxquelles sont parvenus M. von Neumann et ses commentateurs en poussant jusqu'au bout leurs conceptions et en représentant les appareils macroscopiques de mesure et l'observateur lui-même par des fonctions d'onde me paraissaient invraisemblables et je ne pouvais admettre que la"prise de conscience" par un observateur d'un phénomène macroscopique observable puisse intervenir d'une façon effective dans le déroulement des événements microphysiques.
Il m'apparaissait peu à peu que les partisans de l'interprétation probabiliste passaient sans cesse un peu subrepticement de l'idée d'une onde simple représentation subjective de probabilité à l'idée opposée d'une onde possédant une certaine réalité physique et que c'était en oscillant entre ces deux point de vue qu'ils parvenaient à voiler les difficultés auxquelles se heurtait leur doctrine. Je reconnaissais que moi-même, entraîné par la mode régnante, j'avais fait inconsciemment dans les années précédentes une périlleuse gymnastique intellectuelle de ce genre et je commençais à apercevoir la cause des malaises que j'avais souvent ressentis en cherchant à exposer clairement les principes de l'interprétation probabiliste.

Ainsi, vers la fin de 1951, tout se trouvait préparé dans mon esprit pour la volte-face que j'allais accomplir et qui fut comme une brusque cristallisation d'éléments déjà présents dans ma pensée. C'est là un phénomène psychologique dont l'importance dans la recherche scientifique a été déjà signalé, notamment par Henri Poincaré. Il me paraît d'ailleurs probable que, chaque fois qu'un homme prend dans n'importe quel domaine une décision importante dont rien dans sa conduite antérieure n'annonçait la venue, ce revirement imprévu a été peu à peu préparé dans les profondeurs de son inconscient par une lente évolution et résulte d'un brusque phénomène de cristallisation analogue à celui que je viens d'analyser.

Sans doute me demandera-t-on à quelle conclusion je suis parvenu après avoir , depuis environ quatre ans, soumis à un nouvel examen la question de l'interprétation de la Mécanique ondulatoire et du dualisme des ondes et des corpuscules. Avant de répondre à cette question, je voudrais d'abord insister sur le fait que, dans l'étude de ce problème, je n'ai été guidé par aucune opinion philosophique préconçue en faveur du déterminisme des phénomènes physiques : ce qui m"apparaît comme essentiellement désirable, ce n'est pas tant le rétablissement du déterminisme que le retour à des images spatio-temporelles précises permettant de comprendre clairement de quoi on parle. Il est possible que ce retour aux images claires entraîne inéluctablement le rétablissement du déterminisme et c'est bien ce qui se passe dans la théorie de la double solution que j'avais proposé en 1927 et que j'ai reprise dans ces dernières années. Mais je crois assez dangereux de vouloir soumettre les théories physiques à des idées admises a priori ou de vouloir en déduire des conséquences philosophiques souvent très extrapolées. Ainsi on a voulu tirer de l'interprétation indéterministe et de la notion de complémentarité des conclusions bien fragiles et périlleuses, comme par exemple de mettre en relation les incertitudes de Heisenberg avec le libre arbitre humain : les relations d'incertitude qui s'appliquent au mouvement des électrons et dérivent des conditions de la mesure en Microphysique n'ont sans doute rien à voir avec le libre arbitre. En pareille matière, il est certainement plus sage pour le savant de rester sur le terrain relativement solide de la Physique théorique proprement dite et de s'aventurer le moins possible sur les sables mouvants des extrapolations philosophiques (...).

Je m'arrêterai un instant sur l'étude intitulée " Le dualisme des ondes et des corpuscules dans l'oeuvre d'Albert Einstein " dont le sujet est plus "dramatique" qu'on ne pourrait le croire au premier abord. J'ai cherché à y montrer comment la tentative d'interprétation de la mécanique ondulatoire par la théorie de la double solution que j'avais poursuivie de 1924 à 1927 était le prolongement naturel de la découverte par Einstein des quanta de lumière et de ses idées sur le dualisme des ondes et des corpuscules et sur les relations des corpuscules et des champs. L'échec au conseil Solvay d'octobre 1927 de cette tentative, à laquelle Einstein paraît avoir accordé une insuffisante attention, devait avoir pour lui une conséquence inattendue. En effet , cet échec, en provoquant le triomphe en apparence définitif de l'interprétation purement probabiliste qu'Einstein n'a jamais admise, devait conduire l'illustre physicien à terminer sa vie scientifique dans une sorte de douloureux isolement où il faisait paradoxalement figure d'homme qui n'a pas su suivre le mouvement des idées de son temps. Peut-être l'avenir lui accordera-t-il sur ce point une sorte de réparation posthume (...)"

Louis de Broglie, Septembre 1955 .

Après mure réflexion, Gerboise a décidé de ne pas faire de coupures dans le corps du texte de cette Préface de Louis de Broglie. Bien entendu, nous sommes conscient que le contenu technique de ce texte sera pour la plupart d'entre vous peut-être ennuyeux et même un peu fastudieux , voire parfois incompréhensible. Le contenu explicatif du message, concernant la physique, qui présente le contenu scientifique de l'ouvrage , n'est pas en lui-même l'objet de notre citation . Nous avons désiré vous faire percevoir un des aspect non négligeable du travail scientifique , qui est celui de l'acquisition et de la création du savoir. L'auteur , dans cette préface a traité ensemble les deux aspects du problème, et particulièrement celui de la relation du "découvreur" avec la collectivité scientifique. La nature humaine de cette relation a été présentée par Didier Anzieu dans son livre : Le groupe et l'inconscient , que nous avions porté à votre connaissance dans notre blog le 27 Janvier 2007, sous l'intitulé , Redoutable problème !
En lisant le texte de Louis de Broglie, on peut constater le réalisme, l'honnêteté et la modestie de ce grand esprit. Mais on peut également voir comment ce savant d'une intelligence, et d'une Créativité remarquables, s'est laissé subjuguer par l'air du temps de son époque, lui, et tout l'ensemble de cette communauté scientifique qui suivait passivement les "maîtres à penser". Mais son intime conviction sous-jascente ,cette pensée permanente, immuable, plongée au fond de sa conscience a refait surface après 25 années de sommeil !
C'est pourquoi l'unanimité presque totale d'une collectivité, n'est pas l'équivalent d'une preuve scientifique. Les interprétations des modifications des climats sont un des exemples typiques de ce problème. Les climats sur notre planète évoluent depuis toujours, particulièrement depuis les grandes glaciations de l'Ere Quaternaire, en particulier en relation avec l'activité à la surface du soleil par exemple. Il y a quelques milliers d'années le Sahara n'était pas un désert ; les restes fossiles dans des sédiments lacustres des affleurements géologiques du Tanezrouft, de la"femme de Brini", en témoignent. Les milliers de fragments de troncs d'arbres silicifiés de cette époque récente, qui jonchent la surface des regs sont des témoins incontournables de ces évolutions climatiques à une époque où l' Homme se déplaçait uniquement à pied !

C'est le même "état d'esprit" qui règne chez de très rares policiers (heureusement) et autres investigateurs..., qui ne relèvent et retiennent que les éléments d'observations qui vont dans le sens de leur thèse, de leurs présomptions initiales.
Tout élément étranger à cette façon de "voir les choses" est systématiquement écarté, non visible ; une sorte de cécité s'est installée, des éléments importants sont ignorés, l'esprit rejette inconsciemment(?) tout ce qui le dérange.

Si l'un de nous, modeste scientifique à la retraite, a tenu aujourd'hui à vous présenter cette réalité, vécue par ce personnage qui a fait l'admiration du monde, c'est qu'il a été plongé lui également dans ce dilemme, lutter, essayer d'imposer ses observations et ses interprétations ou faire "autre chose ". C'est ainsi qu'une route nouvelle ,merveilleuse, a été tracée dans le champ de l'enseignement de l'entendement et de la raison depuis presque 30 années et que notre blog , Gerboise, continue dans cette voie, a essayer de faire prospérer la Réflexion et le Savoir chez tous ceux qui le désireront.

C'est une belle leçon de réalisme, et c'est pourquoi on doit se rendre compte que l'unanimité de l'ensemble d'une collectivité n'est pas une preuve scientifique.

A bientôt,Gerboise.

dimanche 8 avril 2007

Premières clartés du matin :Réflexions sur les sciences sociales et les sciences exactes !

"...Comme, par ailleurs, le problème clé qui se pose aux sciences de la nature est celui de leur inscription dans la complexité socio-culturelle, les scientifiques de ces sciences, de par leur formation/déformation dont j'ai parlé, ne sont pas , loin de là, préparés à comprendre cette inscription, c'est-à-dire à comprendre leur science même. (1)
Par contre, le sociologue, s'il dispose d'une culture qui lui a fait engranger les apports théoriques de ... (ici liste de nombreux penseurs ) et autres, s'il s'intéresse aux problèmes et travaux de sociologie de la science, dispose d'un site plus favorable pour envisager les vastes et profonds problèmes sociaux que pose aujourd'hui la connaissance scientifique.
Mais, pas plus, pas moins qu'un autre, il (le sociologue ) n'est qualifié pour affronter les problèmes de fond aveuglés à l'intérieur de chaque discipline, notamment le problème de la connaissance de la connaissance
.

Il n'y a aucun site favorable d'où l'on puisse préjuger a priori de la justesse d'une pensée. Il n'y a aucun tribunal suprême pour juger de la clairvoyance ou de l'intelligence. Si un esprit se montre rationnel et rigoureux dans le champ clos de sa discipline, il ne peut être crédité de cette qualité ni sur le plan des idées générales, ni sur les terrains de la vie intellectuelle, sociale et politique. C'est à lui de manifester dans ces domaines l'attention aux données, la critique des sources, la pertinence du diagnostic, l'adéquation de la théorisation, la prudence là où l'information fait défaut, la hardiesse là où il faut se dresser contre le courant. C'est à chacun de tenter d'éviter l'illusion et l'arrogance, de discerner ceux qui le trompent, de vivre pleinement ce que signifie le mot recherche dans le jeu incertain de la vérité et de l'erreur.

Le comprend-on ? Il ne s'agit pas ici d'opposer l'expérience vécue à l'abstraction théorique, les sciences sociales aux sciences exactes, la réflexion philosophique à la théorie scientifique. Il s'agit de les enrichir les unes les autres en les faisant communiquer... "

Edgar Morin, Science avec Conscience, Librairie Arthème Fayard, 1982 .

Les "états d'âme" de ce penseur profond, souvent abstrait, pénétrant, pugnace, (qui présente en toutes circonstances de l'ardeur dans une sorte de lutte qu'il a engagée pour justifier les prérogatives des sciences sociales )mais toujours très critique envers les savants des sciences dites exactes, doivent être pris en considération et analysés avec toute l'attention qu'ils méritent. La connaissance de ses oeuvres provoque toujours une réflexion intense très bénéfique à tout individu qui apprécie les provocations intellectuelles.

(1)Edgar Morin, présente et affirme ici que "les scientifiques de ces sciences ne sont pas préparés à comprendre " l'ensemble des connaissances, même celles de leur propres disciplines.
Cette affirmation est difficilement acceptable car elle laisse penser que cette situation est générale, ce qui n'est absolument pas le cas.


Des Pasteur, des Claude Bernard, des Sigmund Freud, des Flammarion, des Schrodinger, des Louis de Broglie, des Einstein ..., avaient une vie sociale très active et avaient su se construire des relations en dehors de leurs préoccupations scientifiques dans le monde extérieur, en particulier celui des Sciences Sociales.

A seize ans, Pasteur était passionné par la peinture, faisait des tableaux et étudiait l'histoire de la vie des grands peintres.
A dix-huit ans, Claude Bernard écrivait une tragédie.
A vingt ans Freud se passionnait pour la physiologie animale et le problème des niches écologiques.
Flammarion, se passionnait pour la vulgarisation des sciences et publiait son Astronomie Populaire.
Schrodinger, étudiait l'histoire des civilisations et des religions de l'Extrême- Orient ; en 1941, à Dublin en Irlande, il écrivit :" Qu'est-ce que la vie ?, un chef-d'oeuvre touchant tous les aspects de l'écologie du monde vivant et de l'humanité.
Louis de Broglie, préparait une licence d'histoire ; plus tard après ses travaux sur la mécanique ondulatoire, il discuta des problèmes de la vulgarisation scientifique, présenta ce s thèmes : La culture scientifique suffit-elle à faire un homme?; La science contemporaine et les valeurs humaines traditionnelles.
Einstein, jeune ingénieur au bureau des inventions de Berne, en Suisse, consacra ses loisirs à l'étude des problèmes fondamentaux et humains de la physique et publia son livre : Comment je vois le monde.

Malgré ce constat de désacccord avec cette affirmation de Edgar Morin qu'il était nécessaire de préciser, nous reprendrons plus tard l'analyse de ses ouvrages provocateurs, mais qui sont d'un très grand intérêt car ils incitent à une réflexion constructive sur les problèmes essentiels de la "connaissance de la connaissance " thème favori de cet auteur !

A bientôt, GERBOISE.

vendredi 6 avril 2007

Différenciation par gravité ,(suite 2 )*

Ce graphique , qui au premier regard semble compliqué à dépouiller, est en fait très simple à analyser.
(comme toujours vous pouvez l'agrandir par un clic gauche, revenir au texte par un clic sur la flèche "retour")
Il est structuré de la façon suivante :
Au centre se situe la relation de Stokes avec les 5 facteurs intervenant sur les phénomènes de déplacement d'un objet verticalement vers le bas ou vers le haut ou selon une trajectoire en spirale tourbillonnaire plus ou moins ample dans le cas où sa forme serait plane en feuille ou très allongée par rapport sa section, donc en filament . De là, sortent 5 flèches bleues se dirigeant vers les 5 domaines du graphique représentant chacun le contexte d'interaction agissant sur l'évolution de la vitesse des corps qui se déplacent ou restent immobiles selon les environnements traversés.
Trois d'entre ces facteurs(2, 3, et4) , agissent ou n'agissent pas sur les corps selon les circonstances et leur nature ; les deux autres ( 1 et 5 ) interviennent négativement soit, comme dans le cas (1) , lorsque la forme de l'objet s'écarte de l' isodimensionnalité ( feuille ou filament) ; soit quand le facteur , cas (5) , est en rapport avec la viscosité du milieu fluide, cette dernière lorsqu'elle est élevée s'oppose à tout déplacement ou ralentit considérablement ce dernier.
La dernière grille, tout en bas à droite, représente l'ensemble des 16 domaines qui seront commentés à partir du graphique ci-dessous.


Voir l'utilisation de "La Grille " matrice 4x4 , théorique du 16-02-2007:
http://lesgerboises.blogspot.com/2007/02/la-grille-matrice-4x4-un-outil.html
Analyse de l'évolution de la vitesse limite de déplacement d'un "objet " dans un fluide en corrélation (rapport réciproque entre deux choses ou deux termes dont l'un appelle logiquement l'autre) avec les 4 facteurs : (W , 1 et 1' , rayon au carré, donc sa dimension) ; ( X ,2 et 2', G = constante de gravitation du lieu où se produit ou non le mouvement) ; ( Y , 3 et 3' , valeur absolue de la différence de densité entre l'objet et le fluide) ; ( Z , 4 et 4', viscosité du fluide dans lequel se produit ou non le mouvement.

En W 1 , les dimensions peuvent être importantes, d'où existence de grandes vitesses de déplacement possibles ; les durées de parcourt sont courtes,dans ce cas les interactions objet-fluide (altérations, attaques, dissolutions, pollutions ) sont faibles ou nulles.

En W 1', les particules sont si minuscules ( R est très petit) que la vitesse de déplacement est extrêmement faible ; les durées de parcourt peuvent être très longues et les interactions avec le milieu plus ou moins fluide ou plus ou moins visqueux peuvent devenir ici très importantes.

En X 2 , la constante de Gravitation est forte, c'est presque uniquement le cas de deux contextes tout à fait opposés ; l'un se situe près ou au centre des grandes planètes, au coeur des étoiles où la gravitation joue un rôle majeur dans les évolutions de ces astres ; l'autre concerne les milieux artificiels, les centrifugeuses et les ultra centrifugeuses utilisées dans les laboratoires et l'industrie, particulièrement en Biologie moléculaire pour séparer des molécules dont les dimensions sont situées entre le micromètre et quelques centaines d'angstroem (1 dix milliardième de mètre).

En X 2' , la constante de gravitation diminue avec l'altitude et devient très très faible dans les stations orbitales où règne l'apesanteur . Des expériences y sont réalisées en vue de connaître les propriétés de la matière minérale et vivante.

En Y 3 , la densité de l'objet qui doit se déplacer et celle du fluide dans lequel doit se faire le déplacement est différente, soit la densité de l'objet est supérieure et il se dirige vers le bas,(il descend comme les microcristaux de minéraux formés durant la formation de la glace dans la partie centrale des glaçons qui se déposent dans la partie inférieure), soit elle est inférieure et il se dirige vers le haut (il monte comme le font les micro bulles de gaz formées dans les mêmes conditions que les microcristaux précédents ou celles formées à l'ouverture des bouteilles de Perrier ou de Champagne).

En Y 3' ,c'est le cas où il n'y a plus aucune différence dans les valeurs des densités de l'objet et celle du fluide. C'est un contexte où l'immobilité est absolue. C'est le cas des sous-marins qui se stabilisent en plongée à une profondeur donnée en agissant les ballasts (par remplissage ou expulsion d'eau)

En Z 4 , la Viscosité a des valeurs très fortes et oppose une résistance importante aux déplacements des objets, même de grandes dimensions ; c'est le cas des "boues de forages pétroliers à grande profondeur dans lesquelles on ajoute de l' huile pour remplacer l'eau et ainsi augmenter la viscosité, du sulfate de baryum pour augmenter la densité du liquide, ce qui augmente le poids de la colonne de boue, donc la pression exercée sur les parois pour contenir l'éruption éventuelle d'un gisement de gaz ; c'est le cas également du verre fondu dans les fours de verreries pour que les matériaux étrangers ( fragments de briques réfractaires) remontent à la surface et puisse ainsi être évacués ; c'est le cas , aussi des sables mouvants au repos qui se fluidifient lors des vibrations crées par le passage d'une personne ; c'est la situation des magmas fondus des éruptions volcaniques et, leurs équivalents que sont les coulées de boues qui , elles aussi, dévalent les pentes des volcans en charriant des blocs parfois énormes à de grandes distances.

En Z 4' , nous sommes en présence ici des milieux très fluides qui vont permettre, n'offrant que peu de résistance, des vitesses très grandes. Ce sont les milieux de sédimentations marins, fluviatiles, lacustres ; et toutes les retombées de particules dans les milieux aériens

Il est très important de préciser que les limites entre tous ces divers domaines(au nombre de 16 , auxquels il faut ajouter ceux dûs aux coefficients de forme non isodimentionnels qui interviennent par une augmentation de la durée de déplacement ,), sont théoriques et donc artificielles dans la réalité ; ces "frontières ne sont pas absolues, elles peuvent se déplacer en relation avec les divers contextes et circonstances.






(*)voir 29-01-2007 ,Gouttes de pluie et brouillard ; puis la suite 1, expériences de sédimentation . Pour agrandir le schéma :faire un clic gauche dessus et ensuite un clic sur la flèche "précédente" pour revenir sur la page du texte .

Un ensemble de commentaires très importants doit être présenté à propos du graphique ci-dessus. Vous pourrez commencer à l'analyser et constater par vous même l'étendue des domaines dans lesquels interviennent les différents facteurs de la Relation de Stokes.
Gerboise.


mercredi 4 avril 2007

Premières clartés du matin :Subtilités de la langue.

Intelligence , Esprit , Raison , Bon sens , Jugement , Entendement , Capacité , Génie

Intelligence :Façon de comprendre, de saisir par la pensée, faculté de connaître , pouvoir de choisir parmi plusieurs idées celle qui est juste, conforme à la vérité ou adaptée aux circonstances. (Pénétration, sagacité, perspicacité, lucidité, clairvoyance, compréhension )

Esprit : a un sens tantôt plus étendu qu' intelligence puisqu'il désigne parfois l'âme toute entière - et tantôt un sens plus restreint, lorsqu'il désigne cette faculté de finesse que Pascal et Voltaire ont si bien définie.( Inspiration, talent, disposition , goût, imagination)

Raison : désigne un des aspects de l'intelligence. La raison est surtout la faculté de rechercher la cause, le pourquoi des idées et des choses et leur enchaînement, de démêler le vrai, et même de concevoir la vérité absolue. (discernement)

Bon sens :c'est l'intelligence s'appliquant aux choses communes, universelles , aux données immédiates de la réalité, et qui consiste surtout à se garder de jugements et de solutions extrêmes. On l'appelle aussi le sens commun.

Jugement : c'est , comme la raison, un des aspect de l'intelligence. Il compare les objets et il juge. Il discerne le vrai du faux, il affirme ou il nie. Avoir du jugement c'est avoir du bon sens.
Faculté qui nous permet de décider et d'apprécier, avec finesse et justesse, dans la conduite et dans la connaissance, à propos de choses dont nous découvrons les rapports, les conséquences, avec habileté .(clairvoyance)

Entendement : a un sens plus restreint qu' intelligence. L'entendement désigne des facultés intellectuelles qui élaborent les connaissances une fois acquises ; il est passif et ouvert ou fermé à certaines idées. ( concevoir, juger, raisonner )

Capacité : le fait d'avoir toutes les qualités requises, aptitudes et connaissances pour réaliser une chose importante ou remplir une fonction , compétences. ( disposition, faculté)

Génie :est un don supérieur qui nous rend capables de créer quelque chose de grand ; il est l'intelligence à son plus haut point. Faculté de concevoir, d'imaginer, de créer, regarde l'invention, implique l'inspiration et enchérit sur Talent qui est une disposition à réussir dans un art avec une habileté naturelle ou acquise. (instinct)

Peut-être avez-vous d'autres suggestions à nous présenter ? Bien à vous ,Gerboise .





mardi 3 avril 2007

Premières clartés du matin : Conviction


"O jeunesse, jeunesse, toujours nommée imprévoyante et légère de siècle en siècle ! De quoi t'accuse-t-on aujourd'hui ? [...] Amis, qu'est-ce qu'une grande vie, sinon une pensée de la jeunesse exécutée par l'âge mûr ?
La jeunesse regarde fixement l'avenir de son oeil d'aigle, y trace un large plan, y jette une pierre fondamentale ; et tout ce que faire notre existence entière, c'est d'approcher de ce premier dessein" .

Alfred de Vigny, La Lecture (1797-1863) , Écrivain français.
Bonne journée, Gerboise.

lundi 2 avril 2007

Commentaire 3, marchés financiers, Analyse Rationelle (*).


Notre blog "Savoirs et Réflexions" a pour principal objectif, au côté d'autres projets, de conduire nos lecteurs vers l'analyse rationnelle des contextes de toute nature .Parmi toutes les qualités requises pour la maîtrise des connaissances et du langage , ce "tour d'esprit" équivalent aux "tours de main" des artisans, est un des seuls outils capable de vous aider à être cohérent (1) dans toutes vos démarches quelles qu'elles soient.
Vous pouvez accéder à l'intégralité de nos commentaires sur la psychologie des marchés financiers en cliquant sur ce lien :

Nous allons pour soutenir, étayer cette affirmation nous référer au travail de John Bollinger publié dans son livre :
" Bollinger on Bollinger Bands ". Copyrights 2002 by the McGraw-Hill Companies, Inc. traduit de l'américain par Guy Russel en Français pour les Editions Valor en 2003 .

Dans les études des Marchés Financiers, il existe plusieurs manières , outils (tours de main !) pour appréhender leurs évolutions, pour essayer de comprendre les "mécanismes "qui les animent ! Ces outils, efficaces pour l'examen d'une situation complexe donnée, serviront ultérieurement à la recherche et à la découverte dans d'autres contextes, de propriétés et d'idées nouvelles.
Un des outils, parmi les plus utilisé, est l' Analyse Technique utilisée comme "Aide à la décision".
C'est dans notre cas l'étude des statistiques concernant les marchés .Ces études de Statistique (2)et de Probabilités (3) sont fondamentales dans de nombreuses Sciences physiques, chimiques et humaines pour la connaissance macroscopique (à l'échelle de nos sens) en vue de concevoir les phénomènes microscopiques à l'échelle des atomes et des molécules qui concernent les études de la matière et de l'énergie dans les milieux inertes et ceux qui appartiennent aux êtres vivants.

Un deuxième outil, utilisé dans les marchés financiers est l' Analyse dite "Fondamentale". Il s'agit de l'étude de l'ensemble (!) des informations sur les Sociétés et les Entreprises "cotées en bourse".Ces études sont utilisées également comme instrument d'aide à la décision.

Dans notre histoire des idées, des techniques et des sciences , l'évolution dans toute l' Europe, à partir du XVIIeme siècle, concernera celle des grands organismes d' État et des importantes Entreprises Industrielles, d'où la présentation de cette analyse fondamentale.

Nous sommes donc en symbiose totale (4) avec les propos de John Bollinger, concernant son "Analyse Rationnelle" dont nous allons citer ci-dessous , une partie située dans sa préface. Elle nous permettra de présenter une discussion importante à propos des comportements humains en général , dans des contextes très divers, techniques, scientifiques et médicaux en particulier.

"L'analyse technique se fonde sur l'hypothèse selon laquelle toutes les informations utiles sont déjà reflétées dans la structure de prix, qui représente donc la meilleure source d'information. L'analyse fondamentale évalue le prix d'un titre sur la base de facteurs économiques et propres à la société. Si l'écart entre la valeur théorique ainsi obtenue et la valeur de marché est suffisamment important, il faut agir. En définitive, les techniciens croient au verdict du marché et les fondamentalistes croient en la justesse de leur analyse.
Il est important de concevoir que le titre n'est pas la société et vice-versa. Il existe certes un rapport entre la valeur fondamentale d'une société et son prix de marché, mais cette relation est essentiellement psychologique.

Traditionnellement, on estime que les fondamentaux d'une société déterminent in fine sa valeur vénale. Voici quelques contre-exemples : le recul d'un titre peut nuire directement à une société voyant fondre la valeur de leurs stocks-options, les salariés clés peuvent chercher à changer de société ; pis l'effondrement de la valeur boursière d'une société peut lui bloquer l'accès aux financements nécessaires à sa survie. Quel que soit le cas de figure, les investisseurs utilisant l' Analyse Rationnelle ont des meilleures cartes en main, car ils analysent à la fois la société et son titre.
En matière d'investissement, on obtient les meilleurs résultats en combinant l'analyse technique et l'analyse fondamentale. Cette approche crée un cadre qui permet à l'investisseur ( 5 ) ou au trader (6 ) de mettre en oeuvre des décisions rationnelles, tout en maîtrisant (7 ) ses émotions.

Les émotions sont le pire ennemi de l'investisseur.N'avez vous jamais vendu durant la formation d'un paroxysme de vente, ou acheté au pic du marché ; ne vous êtes vous jamais inquiété de sombrer dans un "bear market" ( 8), ou de manquer le prochain "bull market" ( 9) ? L'analyse rationnelle permet d'éviter ces écueils en aidant l'investisseur à prendre des décisions en pleine connaissance de cause. A la différence du troupeau - ballotté entre la cupidité et la peur, et renouvelant sans cesse, continuellement les mêmes erreurs - l'analyste rationnel agit de façon indépendante, et met toutes les chances de son coté.

En guise de conclusion et pour rentrer dans le vif du sujet, il convient de définir l'outil faisant l'objet de cet ouvrage. Les Bandes de Bollinger sont des bandes qui traversent et entourent la structure des prix. Elles définissent les plus hauts et les plus bas relatifs ; les prix proches de la bande supérieure sont élevés, cependant que ceux proches de la bande inférieure sont peu élevés. Les bandes se fondent sur une moyenne mobile (10) décrivant la tendance intermédiaire. Typiquement calculée sur 20 périodes, cette moyenne mobile est appelée bande médiane. La largeur des bandes est déterminée par une mesure de volatilité ( 11) appelée écart - type ( 12 ). La série utilisée pour calculer la volatilité est la même que celle qui détermine la moyenne mobile. Les bandes supérieure et inférieure se situent à deux écart-type de la moyenne."

Voilà , l'avertissement de John Bollinger, plein de la sagesse d'un "vieux routier" des marchés financiers ! Les comportements humains dans beaucoup de circonstances sont très souvent en relation avec des émotions plus ou moins intenses, mais celles engendrées dans le cadre des marchés financiers sont difficiles à maîtriser , car on ne sait jamais exactement qui agit et pourquoi comme dans la nature ! L'étude de ce contexte, redoutable de conséquences, nous permettra de nous enrichir de l'analyse de ces expériences et des mécanismes moteurs des agissements parfois impitoyables du genre humain et du monde vivant. Ces genres de situations se rencontrent, règnent un peu partout dans notre environnement et il est nécessaire de s'aguerrir, de se munir d'instruments , de stratégies et de tactiques pour avancer dans la connaissance.
Après cette vue un peu alarmiste mais réaliste,nous terminerons par cette note encourageante :
Acquérir cette capacité de décrypter les situations difficiles est réjouissant. C'est ce que ces outils nous permettront d'atteindre si nous faisons l'effort de volonté de comprendre pour ne pas être influencé, suggestionné ( action sur l'esprit et les intentions d'une personne), à la limite manipulé.

A bientôt pour retrouver les obscurités, puis les lueurs de ces milieux parfois insaisissables.
Nous partirons à la conquête du savoir.

Gerboise.

(*) rationnel : (cohérent, précis ) , fondé sur le raisonnement et non sur l'empirisme c'est-à-dire le parti-pris de n'agir qu'en s'appuyant sur des cas particuliers ou sur des habitudes.
(1) cohérent : se dit d'un ensemble d'idées qui, sans obligatoirement découler les unes des autres, peuvent s'accorder, ne pas se contredire
(2) statistique : qui concerne les grands nombres, les phénomènes difficiles à analyser, pour lesquels une étude exhaustive est impossible, à cause de leur multitude et de leur complexité.
(3) probabilité : grandeur numérique par laquelle on exprime le caractère possible et non certain d'un phénomène, d'un événement, surtout en économie, en physique, en sciences humaines (études par sondage)
(4) symbiose : en étroite union , en harmonie, en communauté d'esprit.
(5) investisseur : qui place ses capitaux dans une entreprise.
(6) trader : qui spécule sur les hausses et les baisses à très court terme.
(7) se maîtriser : se discipliner, se contrôler.
(8) bear market : marché baissier, bear=ours.
(9) bull market : marché haussier, bull=taureaux.
(10) moyenne mobile : les bandes de Bollinger sont tracées à deux écarts-types au-dessus et au-dessous d'une moyenne mobile à 20 périodes (ici, dans le schéma ci-dessus, 20 jours).
Pour obtenir cette moyenne mobile, on additionne les prix de clôture du marché le soir,pendant 20 jours et on réalise (fait) la moyenne en divisant la somme par 20 ; puis le jour suivant on ajoute la valeur de sa clôture et on soustrait la valeur du prix de clôture d'il y a 20 jours ; puis on fait une nouvelle moyenne dont la valeur a avancé d'un jour, et ainsi de suite chaque jour , d'où son nom de moyenne mobile !
Les prix rencontreront souvent une résistance au niveau de la bande supérieure et un support au niveau de la bande inférieure.
(11) volatilité : la distance entre les 2 bandes de Bollinger se contracte et se dilate en fonction des évolutions de la volatilité des prix durant une période de 20 jours. Cette volatilité mesure le potentiel de variation de l'ensemble des prix de clôture étudiés sur une période déterminée ; plus l'écart entre les valeurs des prix sur la période donnée est grand et plus la volatilité sera élevée.
(12) écart-type : c'est un concept statistique qui décrit comment les prix se dispersent (plus ou moins grande amplitude ) autour de leur valeur moyenne sur 20 jours dans notre cas, utilisé par J.Bollinger.
Nous tenons ,ici, à remercier Monsieur Antoine DUBLANC de nous avoir autorisé à utiliser les ouvrages de la collection des Editions VALOR et à citer de courts passages comme nous venons de le faire ci-dessus.
Depuis son premier livre sur:
"Découverte de l' Analyse Technique"-sur les traces des gourous de Wall Street-
1ère édition Peyrat-Courtens,1989;
2ème édition VALOR 1991;
que nous avons connu en Mai 1995, et avec lequel l'un d'entre nous s'est initié à cette science, plutôt à cet Art et poursuivi son enrichissement intellectuel à l'aide du très grand nombre d' ouvrages d'auteurs américains sur les marchés financiers traduits en français par A. Dublanc et ses collaborateurs, que vous trouverez sur le site internet :
Ces ouvrages excellents, remarquables, sélectionnés par cette équipe, nous ont permis d'enrichir notre savoir sur cette collectivité humaine, et ainsi appris à connaître la sociologie, la psychologie, les us et coutumes de la communauté financière.
Leur consultation vous permettra de bien connaître les fonctionnements de ces milieux et leurs façons de penser, d'entrevoir le monde(!) , mais également des analystes financiers de tous les marchés mondiaux, qui "font la pluie et le beau temps" sans que l'on puisse savoir la plupart du temps quels sont leurs critères de décision, sauf qu'ils agissent comme les "moutons de Panurge ". Ils ont , paraît-il, le droit de se tromper, mais tous ensembles !
Malgré toutes ces considérations, Gerboise est toujours optimiste, mais réaliste. Un scientifique rationnel qui, grâce à la fréquentation de ce" Biotope" ( lieu où vivent en symbiose un ensemble d'êtres vivants , dépendants les uns des autres) , a eu la chance de "se frotter" à un milieu très enrichissant.