samedi 16 janvier 2010

L'imagination et les extrêmes : l'infiniment grand et l'infiniment petit,des frontières que l'Homme cherche à comprendre et à atteindre !

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Notre connaissance s'est étendue dans le domaine de l'infiniment (infini : illimité, qui est susceptible de s'accroître sans fin, par exemple le temps, la durée, l'espace ) grand [ l'espace sidéral]et dans celui de l'infiniment petit [ le monde des molécules, des atomes et de ses particules constituantes] , mais notre propre mesure reste toujours la même ; notre esprit qui nous permet de concevoir ces extrêmes, dont les capacités d'intégration sont limitées en un point du temps et de l'espace, s'accorde mal avec l'immense ( ce qui est sans bornes ) et avec l'infime ( très petit, qui est, à première vue, insignifiant et ne devrait pas compter, mais que la science a promu à l'essentiel des propriétés de la matière et de la durée de certains phénomènes atomiques ...) .

Ils dépassent notre entendement ; nous ne pouvons pas les comprendre, c'est-à-dire en concevoir toutes les propriétés alors même que nous avons construit des appareils qui prolongent nos organes sensoriels du côté du plus grand comme du plus petit et que nous mettons en œuvre toutes les ressources de notre raison et de notre imagination .

L'abord de l'infini est révélateur du conflit des facultés : raison et imagination .

Fénelon, François de SALIGNAC de LA MOTHE,1651- 1715 , prélat français, évêque de Cambrai,membre de l'Académie française, distinguait les mots concevoir et comprendre : concevoir un objet, c'est en avoir une connaissance qui suffit pour le distinguer de tout autre objet sans pour autant en connaître toutes les propriétés .Comprendre signifie connaître directement et avec évidence toutes les propriétés de l'objet .

René Descartes, 1596-1650, philosophe et savant français, Lettre à Thomas More, 5 Février 1649, déclarait absurde et inconsidéré de vouloir porter un jugement sur des choses à la perception desquelles notre esprit saurait atteindre . Les chercheurs n'en sont pas pour cela arrêtés ; ils abordent les sciences de l'infiniment grand et de l'infiniment petit avec des appareils et des techniques de plus en plus puissants ; ils avancent au plus loin par raisonnement et formulent ensuite des hypothèses nourries d'imagination .

Qu'est-ce que l'espace ?
Qu'est-ce que le temps ?
Qu'est-ce que la vie ?

La faculté qui depuis toujours a induit des réponses est indubitablement ( sans aucun doute) l'imagination .

Dès notre enfance, nous recevons une empreinte , marque profonde durable " qui nous façonne " et qui est, en quelque sorte, gravée dans notre personnalité .

L'espace est pour nous quelque chose qui est limité par la mer, par des frontières de nature extrêmement diverses ... et non par un horizon .

Nous concevons mal l'immensité du monde, connu ou deviné .

Le temps est pour nous quelque chose de fragmenté, et non un écoulement .Nous ne pouvons saisir que des durées relativement brèves correspondant à l'histoire humaine, aux quelques générations qui nous précèdent, à notre vie écoulée ; les intervalles de temps plus longs, en particulier, les grandes périodes de l'histoire géologique, n'ont sur nous aucun impact psychique ou émotionnel , sauf si nous sommes des scientifiques des sciences de la terre, de la vie, ou de l'univers .

Même aux confins ( parties d'un territoire situées à son extrémité, à sa frontière) de l'infiniment petit et de l'infiniment grand, des particules de l'atome aux lointaines galaxies, nous classons tout dans le fini, dans le mesurable .

Entre la connaissance sensible et intelligible et la connaissance scientifique, il y a une véritable rupture . Les mécanismes de notre pensée ont un sérieux handicap par rapport aux instruments de précision .

Habitués à faire des raisonnements sur les êtres et sur les choses à petite échelle, nous sommes dépassés dans le monde de la macrophysique comme celui de la microphysique .

Les nombres qui mesurent l'infiniment grands et l'infiniment petit ne correspondent à aucune réalité de notre vie . Les infinis de l'espace, du temps et des nombres, représentent un formidable défi à notre raison et à notre imagination, ils sont au-delà ... ils sont inimaginables .

Le réel microphysique et le réel astrophysique sont à ce point différents du monde dans lequel nous vivons et dont notre langage est l'expression qu'on doit pour parler recourir aux métaphores et aux analogies ... avec toutefois cette particularité que l'on n'a aucune expérience des réalités microphysiques ou macrophysiques ainsi métaphoriquement désignées : ondes ou particules, et qu'il faut ensuite adapter, concilier à la symbolisation du réel, la technicité .

Aux frontières de la physique, le danger est d'être tenté par l'irrationalisme .

L'inconnu comme le connu obéissent certainement à des lois . L'Univers nous échappe mais ayons la conviction qu'il est rationnel, a déclaré Wilhelm Leibnitz , 1646-1716, philosophe et physicien allemand, dans Le Discours de la Métaphysique [ 1865] .

Galilée, 1564-1642, mathématicien, physicien et astronome, fut le premier véritable expérimentateur ; en 1609 il pointa sa lunette rudimentaire vers une longue bande blanchâtre que les hommes de l'Antiquité appelaient le cercle " laiteux " et aperçut ce qu'aucun œil humain n'avait vu avant lui : la Voie lactée est " une masse innombrable d'étoiles " . Le grossissement de sa lunette[ 33 fois) lui permit d'observer quatre des lunes de la planète Jupiter et les phases de Vénus .

Moins d'un siècle plus tard, Antonio Van Leeuwenhock,1632-1723 ,naturaliste hollandais, détecta les bactéries découvrit ainsi au travers d'un instrument de sa fabrication fait de verre et de métal, le monde de l'infiniment petit : une goutte d'eau, grouillant d'organismes vivants ; il observa tout ce qu'il parvenait à placer sous la lentille de son microscope : un jour, il prit un peu de salive et l'examina .A sa grande surprise, il vit " de très nombreux animacules [animaux microscopiques] en mouvement " . Plus tard, il eut ces mots :

" Qui dirait qu'il y a plus d'animaux vivants dans une bouche qu'il n'y a d'hommes dans tout un royaume " ?



Difficile à maîtriser, l'imagination entraîne souvent notre pensée vers l'extravagance et l'irrationnel ; si nous en faisons notre maîtresse, elle devient la " folle du logis " . Sollicitée et orientée, elle est au contraire une puissance génératrice de belles œuvres . Qu'il s'agisse des sciences de l'inerte, de l'astrophysique à la physique nucléaire, des sciences du vivant, de la biochimie à la biologie moléculaire, ou des sciences humaines, de l'anthropologie à la psychologie, qu'il s'agisse des arts ou de la littérature, elle intervient autant, et souvent plus, que la froide raison et sa logique pour créer le beau et découvrir le vrai .

Le mot " créer " signifie donner une existence à partir de rien .

La découverte c'est trouver ce qui est inconnu mais existant, l'invention, créer un objet nouveau .

" L'écrivain, l'artiste créent, l'homme de science découvre " Jean Bernard .

Le rationnel et l'irrationnel coexistent dans l'esprit humain . La pensée rationnelle est ouverte, susceptible de progrès, elle est un cheminement . La pensée irrationnelle, le plus souvent close, est un achèvement .

L'imagination se donne libre cours dans tout ce qui concerne l'irrationnel . Songes et mensonges, mythes et mythologies, magie et sciences occultes ... font appel au dépassement du réel et du rationnel . On a souvent des difficultés pour dire où finit le rationnel, où commence l'irrationnel .

L'ordinateur le plus compliqué fait d'un nombre considérable de composants électroniques reste câblé pour remplir inlassablement les mêmes fonctions, pour exécuter un programme prédéfini . Doté d'une prodigieuse mémoire, il n'a par contre pas d'imagination ... pas de passion ; ses créations sont prévisibles, sans originalité .

Nous allons vous laisser réfléchir à ces dimensions sur lesquelles reposent nos interactions avec le monde qui nous entoure, dans lequel nous sommes immergés . Nous reviendrons sur ce thème en présentant des exemples significatifs dans de nombreux domaines de nos connaissances et de notre environnement .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

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