Histoire de la langue et de la littérature françaises : 12- Survol de la 1ère période du XIXe siècle de la Poésie et du théatre [*]

[*] Suite n°11 du 18 Octobre 2008 .

Le romantisme renouvelle dans la poésie l'inspiration, la langue et le vers .
Les poètes chantent désormais leurs passions et leurs pensées . Ils écrivent une langue pittoresque et particulière où tous les mots ont droit de cité . En même temps on brise la rigidité des vers, on invente ou retrouve les mètres (dans la versification française, se dit du nombre de syllabes et de la césure nécessaire à la formation de chaque genre de vers : Le mètre de la poésie classique est l'alexandrin) variés , les strophes musicales, la période lyrique, la rime riche .

*) Poètes romantiques :

Lamartine (1790-1869), âme noble et tendre, écrivain spontané, avant tout poète du sentiment, épanche ses tristesses et son optimisme dans les Méditations et les Harmonies . Deux grands poèmes, la Chute d'un ange et Jocelyn, exposent sa conception idéale de la destinée humaine . Quelques-unes de ses pièces sont la perfection même .

Vigny (1797-1863) a laissé, outre des romans et des drames, un recueil de poèmes qui comptent par la noblesse et la hauteur de la pensée . Vigny, poète philosophe, a surtout chanté la détresse humaine et le stoïcisme, sujets où il a atteint souvent une magnifique grandeur .

Victor Hugo (1802-1885) domine tout le siècle de sa puissante imagination et de sa virtuosité verbale . Il est en évolution constante, tour à tour romantique, symboliste, philosophe humanitaire . A la première partie de son oeuvre appartiennent les Odes, les Orientales, les Feuilles d'automne, les Chants du Crépuscule, les Voix Intérieures, les Rayons et les Ombres . Le pittoresque exotique, les émotions intimes, l'actualité, les grands problèmes moraux en sont les principaux thèmes . Il a le don du rythme, de l'image, des fortes antithèses (opposition de deux pensées, de deux expressions que l'on rapproche dans le discours pour en faire mieux ressortir le contraste) si bien qu'il sent et voit plus qu'il ne pense, ce qui fait l'âme même de la poésie .

Alfred de Musset (1810-1857), romantique dans ses premières poésies, s'abandonne à son tempérament sensible et ardent qui fit de lui le délicieux élégiaque (qui est dans le ton mélancolique et tendre d e l'élégie, c'est à dire d'un poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des sentiments nostalgiques) des Nuits . Sa poésie est toute en éloquence, en délicatesse et en jeunesse . C'est le poète de l'amour et de la douleur .

Théophile Gautier (1811-1872) commença par être peintre, il fut peintre en poésie . Chez lui les idées se résolvent en formes et en couleurs . Il compose en tableaux, et en fait système comme l'indique le titre Émaux et Camées . Notons encore les Iambes fougueux de Barbier .

**) Le drame romantique :

S'opposant à la tragédie classique, le drame romantique renonce aux unités, exige le mélange du tragique et du comique, admet à la scène l'histoire, la philosophie et le lyrisme, impose la couleur locale et le décor exact . Chaque auteur s'y taille une place selon ses ressources . Alexandre Dumas, conteur infatigable et entraînant, découpe en tableaux scéniques des épisodes d'histoire . Victor Hugo reste un grand poète dans Hernani, Ruy Blas, les Burgraves . Son lyrisme s'y déploie à l'aise dans tous les tons, même dans le comique .

***) La comédie :

Le romantisme est peu favorable à la comédie . La vie bourgeoise fait le fond des pièces de Scribe, dont le théâtre, sans observation ni vie, est remarquable par la science de la scène . A cet adroit faiseur on préfère le fin et délicat Musset dans ses exquises comédies sentimentales telles que : Il ne faut jurer de rien, On ne badine pas avec l'amour .

Dans une des prochaines suites de cette " Histoire de la langue et de la littérature françaises ", nous continuerons , en abordant la prose de la deuxième période du XIXe siècle, de rencontrer de grands romanciers tels que Flaubert, Zola, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Pierre Loti ; des historiens, comme Taine et Renan ; des philosophes : Claude Bernard, Renouvier et Th. Ribot , sans oublier Sainte- Beuve et Jules Ferry .

A bientôt, bien à vous, Gerboise .