samedi 24 octobre 2009

La Vérité : d' Alphonse de Lamartine, 1790-1869, * Morceau extrait des Harmonies poétiques et religieuses, 1830 , Editions Hachette .

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*Le premier en date et l'un des plus grands parmi les poètes romantiques, homme politique et orateur, Lamartine est surtout un sentimental et un rêveur un peu nonchalant (qui manque d'activité, d'ardeur, par insouciance, indifférence) . Son œuvre est toute pleine de lui-même, de ses tristesses, de ses amours, de ses désespoirs, et aussi de sa foi religieuse, sincère et profonde, bien qu'un peu vague . En vers, son style est coulant, harmonieux, trop souvent négligé et même incorrect . En prose, sa langue est plus ferme et plus sobre .

" Avez-vous vu, le soir d'un jour mêlé d'orage,
Le soleil qui descend de nuage en nuage,
A mesure qu'il baisse et retire le jour,
De ses reflets de feu les dorer tour à tour ?
L'œil les voit s'enflammer sous son disque qui passe,
Et dans ce voile ardent croit adorer sa trace :
" Le voilà, dites-vous, dans sa blanche toison
Que le souffle du soir balance à l'horizon ;
Le voici dans les feux dont cette pourpre éclate :
Non, non, c'est lui qui teint ces flocons d'écarlate !
Non, c'est lui qui, trahi par ce flux de clarté,
A fendu d'un rayon ce nuage argenté ;
Voile impuissant ! le jour sous l'obstacle étincelle ;
C'est lui ! la nue est pleine et la pourpre en ruisselle ! "
Et, tandis que votre œil à cette ombre [question d'intelligence : Quel est ici le sens du mot ombre ? Ne fait-il pas antithèse ? ( contraste) ] attaché
Croit posséder enfin l'astre déjà couché ,
La nue à vos regard fond et se décolore ;
Ce n'est qu'une vapeur qui flotte et s'évapore,
Vous le cherchez plus loin, déjà, déjà trop tard!
Le soleil est toujours au delà du regard ;
Et,le suivant en vain de nuage en nuage,
Non, ce n'est jamais lui, c'est toujours son image !
Voilà la vérité ! Chaque siècle à son tour
Croit soulever son voile et marcher à son jour ;
Mais celle qu'aujourd'hui notre ignorance adore
Demain n'est qu'un nuage, une autre est près d'éclore .
A mesure qu'il marche et la proclame en vain,
La vérité qui fuit trompe l'espoir humain,
Et l'homme qui la voit dans ses reflets sans nombre
En croyant l'embrasser, n'embrasse que son ombre .
Mais les siècles déçus, sans jamais se lasser,
Effacent leur chemin pour le recommencer ."

Les mots, les expressions ou les membres de phrases écrits en italiques de ce texte devraient être expliqués au point de vue du sens ou de la grammaire : voilà un excellent exercice !

De plus, il serait enrichissant et instructif de réfléchir , et peut-être même d'essayer de répondre aux questions suivantes que nous devrions nous poser après la lecture de ce texte .

- Comment le poète symbolise-t-il la vérité ?
- Que représente le soleil couchant ?
- Et les nuages qu'il dore ?
- Que pensez-vous de la conception que Lamartine se fait de la vérité ?
- Est-il exact de dire que les hommes n'embrassent jamais que son ombre ?
-
Si vous n'êtes pas de cet avis, dites pourquoi .
- Pourquoi les siècles déçus recommencent-ils leur chemin sans jamais se lasser ?
- Quels sont les caractères du tableau que peint Lamartine dans la première partie ?
- Signalez et appréciez les images les plus remarquables .
- Comment l'auteur a-t-il su rendre poétique la seconde partie, qui exprime des idées abstraites ?
- Que pensez-vous du style ?
- N'y trouve-t-on pas quelques expressions vagues ou impropres ?
- Lesquelles ?
- Commentez la pensée suivante : " La vérité est un dépôt comme la richesse . Nous n'en sommes, pour ainsi dire, que des trésoriers ; nous ne l'amassons que pour la répandre " .

Bonne lecture et bonne méditation .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .






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