mercredi 7 octobre 2009
Constatations paradoxales*,réflexions réalistes à propos de ces intermédiaires que sont les financiers,dans les échanges de biens,de valeurs,d'argent
.
* paradoxales : qui tient au paradoxe, opinions qui vont à l'encontre de l'opinion communément admise ; propositions à la fois vraies et tendancieuses liées à des préjugés .
Le financier (un manieur de valeurs, celui qui fait des affaires, des opérations financières, celui qui s'entend à la gestion des finances publiques ou privées, celui qui réalise de grosses affaires d'argent, des opérations de banque, de bourse...) est un " marchand d'argent " ( un fournisseur, un négociant) !
Marchand d'abord, marchand plus que n'importe qui . Il incarne le type même de " l'intermédiaire " .
S'il sème, c'est, comme le vent, avec indifférence .
Il ne crée, ne transforme, n'augmente, ne diminue ni n'embellit la marchandise ; il la déplace, la " revend " telle quelle .
Le fruitier du coin qui vous sert des poires ou des bananes, y ajoute au moins du papier pour les envelopper . Le financier n'ajoute rien . Il a de l'argent , des valeurs, sous une espèce . Il vous l'échange contre de l'argent, des valeurs sous une autre espèce .
Il prélève sa commission . Et c'est tout .
Marchand au paroxysme (au plus haut degré, à l'extrême) . Tout commerce ne vit que de l'échange, du mouvement ; mais le mouvement est plus ou moins rapide, plus ou moins calculé, plus ou moins sensible aux influences extérieures .
Pour les établissements financiers, le mouvement est une nécessité intime (essentielle, secrète ...) : toute immobilisation d'argent, du moment que son détenteur ne fait pas fructifier (produire un effet, des résultats avantageux, des " fruits " ) cet argent, implique une perte d'argent . Le rêve du financier serait une circulation au maximum de vitesse sans jamais aucune immobilisation .
La chose se complique, assurément, avec les circonstances . Mais il y a toujours, au fond, ce fait dominant : que, pour le financier, peu importent la provenance et la destination de l'argent ; seule compte, pour lui, l'opération ... Par fonction, l'établissement financier est cynique (qui exprime avec réalisme des sentiments, des opinions, des actes qui choquent le sentiment moral, impudent) : elle fait ses opérations, le plus d'opérations possibles, dans la guerre comme dans la paix, dans l'amour comme dans la haine, dans la ruine des peuples comme dans leur prospérité . Elle n'a pas d'idées politiques : le mouvement quel qu'il soit, s'il exige de l'argent, -et il en exigera toujours, - comportera pour elle des " commissions " .
Il ," l'établissement financier " n'a donc ni frein, ni scrupule, ni préoccupation ?
Si . Et c'est là que sa psychologie devient un peu plus difficile à saisir .
Marchand, marchand au paroxysme, le financier !
Mais marchand d'argent . Comme ce commerce diffère des autres !
Prenez une entreprise industrielle.
Sa force se répartit en plusieurs éléments : il y a l'homme, ses facultés d'invention et de réalisation ; l'outil, la matière première ; la main-d'œuvre ; la clientèle . Chaque élément, avec de la prudence et de la volonté,peut se transformer, s'adapter aux circonstances .
C'est un mécanisme délicat, il se rompt, tombe en miettes ou progresse, toujours vulnérable, mais toujours palpitant et plus ou moins humain .
Prenez même une simple boutique : il y a l'emplacement, l'activité ou le savoir-faire du boutiquier, la marchandise qu'on peut remplacer par une autre : là aussi quelque chose de complexe et d'humain .
Dans un établissement financier au contraire, règne une terrible simplicité : l'argent y est à la fois le moyen et la fin, l'instrument de travail et la marchandise .
L'instrument de travail ... Comprenez qu'en écoulant sa marchandise, le marchand d'argent, un banquier, ce financier, diminue ses possibilités de travail, ampute, pour ainsi dire, son outillage . Contradiction profonde qui domine la profession : un financier qui aurait vendu ou prêté tout son capital, ne pourrait plus travailler qu'avec son bénéfice ou ses commissions, et, ce bénéfice employé à son tour, il serait réduit à l'inertie ( manque absolu d'activité) , il devrait fermer son comptoir, son officine . Il serait alors rentier ; il ne serait plus financier .
Pour n'être pas épuisé à la première étape, il doit " reprendre " le plus tôt possible l'argent qu'il a vendu ou prêté . Cela, on le devine, accroît du même coup son âpreté ( caractère dur, pénible, rude ou violent) et son indifférence . Peu lui importent les circonstances dans lesquelles il fera une opération, pourvu qu'il la fasse . Mais peu lui importent aussi bien les suites de l'opération, puisque, d'après la loi de sa propre vie, il ne la fait qu'autant qu'il soit sûr de pouvoir dégager bientôt son capital .
Comment acquiert-il cette assurance ?
Ici, nous pénétrons au cœur du drame moderne .
L'Argent ... On en parle . Mais qu'est-ce que l'argent ?
L'argent c'est la représentation impersonnelle, mobile et passive d'une richesse cristallisée ( concrétisée, encapsulée, qui a pris corps,qui a été rendue fixe, stable) .
C'est un résultat acquis, une épargne .
L'homme ordinaire se sert de l'argent pour acquérir de quoi vivre ou travailler, autrement dit créer . Mais le financier, lui qui ne crée rien et pour qui l'argent est tout - instrument et marchandise - court un risque absolu du seul fait qu'il le détient . Toute perte qu'il subit est une perte à laquelle lui-même n'a aucun moyen de remédier .
Ainsi le souci du risque tient le financier à la gorge .
Or, nouvelle contradiction profonde, ce financier, désarmé devant toute perte d'argent, n'a d'autre raison d'être que d'exposer son argent, d'ouvrir des crédits .
Prenons garde à la confusion des mots, mère des malentendus . Le mot " crédit " a un sens moral et une signification bancaire .
Accorder du crédit à quelqu'un, c'est faire confiance à ses facultés humaines .
Par contre, le crédit bancaire, dans la rigueur du terme, ne tient pas compte de l'homme .
Le crédit bancaire est un échange de valeurs antérieurement acquises et immédiatement monnayables, d'un côté comme de l'autre . L'équilibre se fait, non pas entre l'argent prêté et la possibilité éventuelle de celui qui obtient le prêt, de le rembourser, mais entre l'argent donné sur l'heure et la garantie réelle également donnée sur l'heure .
Il ne faut pas trop se fier aux adoucissements d'apparence . Le matérialisme de l'argent, quelles que puissent être les inclinations particulières des personnes, commande inexorablement le matérialisme des rapports d'échanges dont il fait l'objet .
Et voici que nous saisissons les deux traits psychologiques de l'établissement financier dans le monde contemporain .
Les financiers apprécient une affaire, une entreprise, un État,non pas pour son passé, son avenir, sa capacité morale, mais par rapport à sa valeur de garantie ou de liquidation . Ils promènent, sur les fourmilières humaines et la carte du monde, des regards de liquidateurs : de liquidateurs qui courent un risque limité à la durée d'une opération . Le financier cherche d'abord la garantie immédiate, le bien réel promptement saisissable, et, ayant tout, le bien saisissable par excellence, l'or !
Quoi qu'il fasse, dise ou prétende, la nature de sa profession exige qu'il ne tienne compte que des richesses acquises . Il porte le même intérêt aux dépouilles des peuples malheureux qu'à la fortune des peuples prospères .
Un autre trait résulte, chez le financier, de la nécessité où il vit de ne se démunir de son argent que contre garantie : ce trait est une sorte de férocité qu'il montre dès que son débiteur, peuple ou individu, glisse vers la faillite . Alors rien ne l'arrête dans ses tentatives pour dégager son argent ... Que de fois cette férocité apparut au cours des crises économiques !
Homme privé, il peut pratiquer la vertu . Certains financiers déploient, en ville, une magnifique générosité . Mais les sociologues enseignent que la vertu des personnes n'empêche pas une collectivité d'intérêts de subir la poussée de sa seule constitution matérielle .
L'opinion publique adresse, d'ailleurs, bien souvent aux banquiers ou financiers des reproches qu'ils ne méritent pas tout à fait . Elle confond, notamment, finance et spéculation . Or les vrais financiers spéculent moins volontiers que leurs clients .
Qu'ils s'enrichissent aisément, c'est là encore une erreur populaire . Dans tous les pays du monde, à commencer par les États-Unis, le nombre des grandes fortunes qui s'élevèrent sur les établissements financiers proprement dits est moindre que celui des fortunes fondées sur le commerce ou l'industrie . La fortune de financier, parfois rapide, porte le signe de l'éphémère, parce que le financier, ne créant pas, ne saurait réagir contre un gros aléa ( impondérable, imprévu) .
C'est pour se protéger contre ces aléas, comme pour accroître son champ d'action, que la finance devint, dès la fin du siècle dernier, de plus en plus " internationale " .
Internationale, pourtant, la finance française l'est aussi peu que possible ; Elle l'est malheureusement trop peu, pas assez . La plupart de nos établissements financiers n'ont pas de succursales importantes à l'extérieur, et, pour y faire des opérations, elles paient parfois aux banques étrangères des courtages très onéreux, dont le poids retombe sur notre commerce . Si la France peut avoir raison de se plaindre des agissements, à son égard, de la finance internationale, elle aurait surtout raison de déplorer que sa finance, à elle, se fût mise, par excès de prudence, hors d'état d'agir internationalement .
L'internationale financière englobe, en premier lieu, les places d'Amsterdam, Francfort, Londres et New-York . Le mouvement de concentration et d'alliance financières fut d'autant plus remarquable aux Etats-Unis qu'il y succédait aux batailles terribles qui ont illustré Wall-Street dans le dernier quart du XIXe siècle . L'ancienne génération de financiers ne rêvait que de luttes . La nouvelle génération a tissé et tisse chaque jour un réseau immense de cartels ( concentration qui réunit des entreprises de même nature dans le but d'acquérir un monopole ) et de consortiums ( groupements d'entreprises) . Elle procède par coopération, et non plus par étranglement .
Ne soyons pas trop sévère pour cette génération . Elle eut au moins le mérite, pendant la guerre, d'escompter la victoire .
Mais n'attendons d'elle que ce que lui dicte son instinct .
La haute, moyenne et basse finance excelle dans la causerie intime ; elle y apporte des moyens de persuasion que seule, elle possède . Et ce sont ces succès d'intimité qui la font paraître redoutable .
Au vrai, elle est faible . Faible parce qu'il suffit d'un geste d'homme ou d'un mouvement de la foule pour déjouer tous ses calculs . Faible, parce qu'elle vit sous l'obsession du risque . Seul est redoutable qui consent à braver le risque .
Mais le financier qui se dévoue à une cause ou à une idée, voilà un seigneur " , (un gentilhomme ).
Que ces multiples Réflexions, ci-dessus, qui certainement vous atteindront au plus profond de vous-même, et vous contraindront à devenir plus réaliste, à avoir " les pieds sur terre " , vous arment, vous endurcissent, vous aguerrissent, vous cuirassent, vous trempent et enrichissent votre esprit critique : le bien parmi les plus précieux que l'on puisse maîtriser !
Cordialement votre, bien à vous, Gerboise .
* paradoxales : qui tient au paradoxe, opinions qui vont à l'encontre de l'opinion communément admise ; propositions à la fois vraies et tendancieuses liées à des préjugés .
Le financier (un manieur de valeurs, celui qui fait des affaires, des opérations financières, celui qui s'entend à la gestion des finances publiques ou privées, celui qui réalise de grosses affaires d'argent, des opérations de banque, de bourse...) est un " marchand d'argent " ( un fournisseur, un négociant) !
Marchand d'abord, marchand plus que n'importe qui . Il incarne le type même de " l'intermédiaire " .
S'il sème, c'est, comme le vent, avec indifférence .
Il ne crée, ne transforme, n'augmente, ne diminue ni n'embellit la marchandise ; il la déplace, la " revend " telle quelle .
Le fruitier du coin qui vous sert des poires ou des bananes, y ajoute au moins du papier pour les envelopper . Le financier n'ajoute rien . Il a de l'argent , des valeurs, sous une espèce . Il vous l'échange contre de l'argent, des valeurs sous une autre espèce .
Il prélève sa commission . Et c'est tout .
Marchand au paroxysme (au plus haut degré, à l'extrême) . Tout commerce ne vit que de l'échange, du mouvement ; mais le mouvement est plus ou moins rapide, plus ou moins calculé, plus ou moins sensible aux influences extérieures .
Pour les établissements financiers, le mouvement est une nécessité intime (essentielle, secrète ...) : toute immobilisation d'argent, du moment que son détenteur ne fait pas fructifier (produire un effet, des résultats avantageux, des " fruits " ) cet argent, implique une perte d'argent . Le rêve du financier serait une circulation au maximum de vitesse sans jamais aucune immobilisation .
La chose se complique, assurément, avec les circonstances . Mais il y a toujours, au fond, ce fait dominant : que, pour le financier, peu importent la provenance et la destination de l'argent ; seule compte, pour lui, l'opération ... Par fonction, l'établissement financier est cynique (qui exprime avec réalisme des sentiments, des opinions, des actes qui choquent le sentiment moral, impudent) : elle fait ses opérations, le plus d'opérations possibles, dans la guerre comme dans la paix, dans l'amour comme dans la haine, dans la ruine des peuples comme dans leur prospérité . Elle n'a pas d'idées politiques : le mouvement quel qu'il soit, s'il exige de l'argent, -et il en exigera toujours, - comportera pour elle des " commissions " .
Il ," l'établissement financier " n'a donc ni frein, ni scrupule, ni préoccupation ?
Si . Et c'est là que sa psychologie devient un peu plus difficile à saisir .
Marchand, marchand au paroxysme, le financier !
Mais marchand d'argent . Comme ce commerce diffère des autres !
Prenez une entreprise industrielle.
Sa force se répartit en plusieurs éléments : il y a l'homme, ses facultés d'invention et de réalisation ; l'outil, la matière première ; la main-d'œuvre ; la clientèle . Chaque élément, avec de la prudence et de la volonté,peut se transformer, s'adapter aux circonstances .
C'est un mécanisme délicat, il se rompt, tombe en miettes ou progresse, toujours vulnérable, mais toujours palpitant et plus ou moins humain .
Prenez même une simple boutique : il y a l'emplacement, l'activité ou le savoir-faire du boutiquier, la marchandise qu'on peut remplacer par une autre : là aussi quelque chose de complexe et d'humain .
Dans un établissement financier au contraire, règne une terrible simplicité : l'argent y est à la fois le moyen et la fin, l'instrument de travail et la marchandise .
L'instrument de travail ... Comprenez qu'en écoulant sa marchandise, le marchand d'argent, un banquier, ce financier, diminue ses possibilités de travail, ampute, pour ainsi dire, son outillage . Contradiction profonde qui domine la profession : un financier qui aurait vendu ou prêté tout son capital, ne pourrait plus travailler qu'avec son bénéfice ou ses commissions, et, ce bénéfice employé à son tour, il serait réduit à l'inertie ( manque absolu d'activité) , il devrait fermer son comptoir, son officine . Il serait alors rentier ; il ne serait plus financier .
Pour n'être pas épuisé à la première étape, il doit " reprendre " le plus tôt possible l'argent qu'il a vendu ou prêté . Cela, on le devine, accroît du même coup son âpreté ( caractère dur, pénible, rude ou violent) et son indifférence . Peu lui importent les circonstances dans lesquelles il fera une opération, pourvu qu'il la fasse . Mais peu lui importent aussi bien les suites de l'opération, puisque, d'après la loi de sa propre vie, il ne la fait qu'autant qu'il soit sûr de pouvoir dégager bientôt son capital .
Comment acquiert-il cette assurance ?
Ici, nous pénétrons au cœur du drame moderne .
L'Argent ... On en parle . Mais qu'est-ce que l'argent ?
L'argent c'est la représentation impersonnelle, mobile et passive d'une richesse cristallisée ( concrétisée, encapsulée, qui a pris corps,qui a été rendue fixe, stable) .
C'est un résultat acquis, une épargne .
L'homme ordinaire se sert de l'argent pour acquérir de quoi vivre ou travailler, autrement dit créer . Mais le financier, lui qui ne crée rien et pour qui l'argent est tout - instrument et marchandise - court un risque absolu du seul fait qu'il le détient . Toute perte qu'il subit est une perte à laquelle lui-même n'a aucun moyen de remédier .
Ainsi le souci du risque tient le financier à la gorge .
Or, nouvelle contradiction profonde, ce financier, désarmé devant toute perte d'argent, n'a d'autre raison d'être que d'exposer son argent, d'ouvrir des crédits .
Prenons garde à la confusion des mots, mère des malentendus . Le mot " crédit " a un sens moral et une signification bancaire .
Accorder du crédit à quelqu'un, c'est faire confiance à ses facultés humaines .
Par contre, le crédit bancaire, dans la rigueur du terme, ne tient pas compte de l'homme .
Le crédit bancaire est un échange de valeurs antérieurement acquises et immédiatement monnayables, d'un côté comme de l'autre . L'équilibre se fait, non pas entre l'argent prêté et la possibilité éventuelle de celui qui obtient le prêt, de le rembourser, mais entre l'argent donné sur l'heure et la garantie réelle également donnée sur l'heure .
Il ne faut pas trop se fier aux adoucissements d'apparence . Le matérialisme de l'argent, quelles que puissent être les inclinations particulières des personnes, commande inexorablement le matérialisme des rapports d'échanges dont il fait l'objet .
Et voici que nous saisissons les deux traits psychologiques de l'établissement financier dans le monde contemporain .
Les financiers apprécient une affaire, une entreprise, un État,non pas pour son passé, son avenir, sa capacité morale, mais par rapport à sa valeur de garantie ou de liquidation . Ils promènent, sur les fourmilières humaines et la carte du monde, des regards de liquidateurs : de liquidateurs qui courent un risque limité à la durée d'une opération . Le financier cherche d'abord la garantie immédiate, le bien réel promptement saisissable, et, ayant tout, le bien saisissable par excellence, l'or !
Quoi qu'il fasse, dise ou prétende, la nature de sa profession exige qu'il ne tienne compte que des richesses acquises . Il porte le même intérêt aux dépouilles des peuples malheureux qu'à la fortune des peuples prospères .
Un autre trait résulte, chez le financier, de la nécessité où il vit de ne se démunir de son argent que contre garantie : ce trait est une sorte de férocité qu'il montre dès que son débiteur, peuple ou individu, glisse vers la faillite . Alors rien ne l'arrête dans ses tentatives pour dégager son argent ... Que de fois cette férocité apparut au cours des crises économiques !
Homme privé, il peut pratiquer la vertu . Certains financiers déploient, en ville, une magnifique générosité . Mais les sociologues enseignent que la vertu des personnes n'empêche pas une collectivité d'intérêts de subir la poussée de sa seule constitution matérielle .
L'opinion publique adresse, d'ailleurs, bien souvent aux banquiers ou financiers des reproches qu'ils ne méritent pas tout à fait . Elle confond, notamment, finance et spéculation . Or les vrais financiers spéculent moins volontiers que leurs clients .
Qu'ils s'enrichissent aisément, c'est là encore une erreur populaire . Dans tous les pays du monde, à commencer par les États-Unis, le nombre des grandes fortunes qui s'élevèrent sur les établissements financiers proprement dits est moindre que celui des fortunes fondées sur le commerce ou l'industrie . La fortune de financier, parfois rapide, porte le signe de l'éphémère, parce que le financier, ne créant pas, ne saurait réagir contre un gros aléa ( impondérable, imprévu) .
C'est pour se protéger contre ces aléas, comme pour accroître son champ d'action, que la finance devint, dès la fin du siècle dernier, de plus en plus " internationale " .
Internationale, pourtant, la finance française l'est aussi peu que possible ; Elle l'est malheureusement trop peu, pas assez . La plupart de nos établissements financiers n'ont pas de succursales importantes à l'extérieur, et, pour y faire des opérations, elles paient parfois aux banques étrangères des courtages très onéreux, dont le poids retombe sur notre commerce . Si la France peut avoir raison de se plaindre des agissements, à son égard, de la finance internationale, elle aurait surtout raison de déplorer que sa finance, à elle, se fût mise, par excès de prudence, hors d'état d'agir internationalement .
L'internationale financière englobe, en premier lieu, les places d'Amsterdam, Francfort, Londres et New-York . Le mouvement de concentration et d'alliance financières fut d'autant plus remarquable aux Etats-Unis qu'il y succédait aux batailles terribles qui ont illustré Wall-Street dans le dernier quart du XIXe siècle . L'ancienne génération de financiers ne rêvait que de luttes . La nouvelle génération a tissé et tisse chaque jour un réseau immense de cartels ( concentration qui réunit des entreprises de même nature dans le but d'acquérir un monopole ) et de consortiums ( groupements d'entreprises) . Elle procède par coopération, et non plus par étranglement .
Ne soyons pas trop sévère pour cette génération . Elle eut au moins le mérite, pendant la guerre, d'escompter la victoire .
Mais n'attendons d'elle que ce que lui dicte son instinct .
La haute, moyenne et basse finance excelle dans la causerie intime ; elle y apporte des moyens de persuasion que seule, elle possède . Et ce sont ces succès d'intimité qui la font paraître redoutable .
Au vrai, elle est faible . Faible parce qu'il suffit d'un geste d'homme ou d'un mouvement de la foule pour déjouer tous ses calculs . Faible, parce qu'elle vit sous l'obsession du risque . Seul est redoutable qui consent à braver le risque .
Mais le financier qui se dévoue à une cause ou à une idée, voilà un seigneur " , (un gentilhomme ).
Que ces multiples Réflexions, ci-dessus, qui certainement vous atteindront au plus profond de vous-même, et vous contraindront à devenir plus réaliste, à avoir " les pieds sur terre " , vous arment, vous endurcissent, vous aguerrissent, vous cuirassent, vous trempent et enrichissent votre esprit critique : le bien parmi les plus précieux que l'on puisse maîtriser !
Cordialement votre, bien à vous, Gerboise .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire