jeudi 18 juin 2009
Un habitat artificiel s'est peu à peu substitué à un écosystème naturel.Le zoologue Desmond Morris dans le ZOO HUMAIN nous fait saisir cette situation
.
IL EST NÉCESSAIRE D'AVOIR CONSCIENCE DE CE QUE NOUS SOMMES RÉELLEMENT, NOUS AUTRES, LES ÊTRES HUMAINS, POUR POUVOIR RESTER EN ÉTAT D'ÊTRE RÉALISTE ET CONSCIENT DE NOTRE VÉRITABLE PERSONNALITÉ .
L'auteur du SINGE NU (voir notre billet du 7 Novembre 2008) nous fait découvrir dans ce merveilleux petit livre publié par les Éditions Bernard Grasset, en collection du Livre de Poche [** n° 3148] les vicissitudes de l'Homme et de ses animaux familiers captifs, tous les deux prisonniers de la nouvelle Société dans laquelle ils se trouvent plongés .
C'est un ouvrage que tous les lecteurs de notre blog " Savoirs et Réflexions " doivent absolument lire .
Dans un prologue, l'éditeur nous présente l'auteur et nous situe le contexte de ce remarquable et étonnant discours sur l' Homme et les animaux confinés dans ces centres de détention à liberté limitée que sont devenus les nouveaux territoires habités par ces êtres vivants !
Voici :
" Desmond Morris est né en Angleterre en 1928 . Diplômé de zoologie, il travaille de 1951 à 1956 à Oxford avec le groupe de Niko Tibergen . De 1956 à 1959, il dirige le service des émissions de télévision rattaché au Zoo de Londres . Nommé en 1959 directeur du département des mammifères de ce Zoo, il y poursuit actuellement [1969] ses recherches . Depuis 1967, il dirige également l'Institut des Arts contemporains . Après le Singe nu ... Desmond Morris a rédigé dans la même veine d'humour scientifique le Zoo Humain. A ce spécialiste de zoologie, on doit aussi une Biologie de l'art ."
" Dans l'étendue de sa domination sur la planète, l'homme perd souvent de vue qu'il se définit essentiellement comme un animal doué de raison classé parmi les mammifères de l'ordre des primates à côté des lémuriens et des singes . Diffère-t-il d'ailleurs tellement de ces derniers ? Dans le Singe nu, le zoologiste Desmond Morris a très brillamment démontré que non . Singes nus nous sommes, frères bavards du babouin . L'étude de notre comportement en tant qu'individus a entraîné Desmond Morris à examiner notre vie sociale selon la même méthode critique de naturaliste observant une espèce animale quelconque dans son milieu naturel . A ceci près que la prolifération humaine et la multiplication des villes ont pratiquement supprimé la nature pour ne laisser que des conditions artificielles comparables à celles d'un zoo .
Le paradoxe du monde moderne est, en effet, de contraindre à vivre dans un cadre ultra-perfectionné des " animaux " qui restent soumis aux impératifs biologiques des temps primitifs . L'homme captif de sa technique saura-t-il supporter cette distorsion ( déformation, déséquilibre, absence d'harmonie dans une évolution ;
effet qui prive un résultat statistique de son caractère représentatif en le faussant systématiquement ) , pourra-t-il rendre vivable le zoo humain ?
Il a su déjà merveilleusement s'adapter . Desmond Morris l'expose avec une ironie ( manière de se moquer [de quelqu'un ou de quelque chose] en disant le contraire de ce qu'on veut exprimer ; disposition moqueuse ; façon de le faire en s'ingéniant à rendre sensible à un esprit fin la fausseté ou l'invraisemblance de ce qu'on énonce ) et une maestria ( maîtrise, facilité et perfection dans l'exécution d'une œuvre d'art, d'une action, d'une narration : d'un exposé écrit ou oral,détaillé ,d'une suite de faits) scientifique qui rendent son livre aussi divertissant qu'instructif .
Introduction de l'ouvrage :
" Les pressions de la vie moderne deviennent (le livre a été écrit en 1970) accablantes (pénibles) , le citadin harassé qualifie souvent le monde grouillant où il vit de jungle de béton . Expression pittoresque qui veut décrire le mode de vie dans un centre urbain à forte densité de population, mais ce n'en est pas moins une description grossièrement inexacte, comme pourrait le confirmer quiconque a étudié une vraie jungle .
Dans les conditions normales dans leur habitat naturel, les animaux sauvages ne se mutilent pas, ne se masturbent pas, n'attaquent pas leur progéniture, n'ont pas d'ulcère à l'estomac, ne deviennent pas fétichistes, ne souffrent pas d'obésité, ne forment pas de couples homosexuels et ne commettent pas de meurtres .
Chez les humains citadins, inutile de dire que tout cela se produit .
Cela trahit-il alors une différence fondamentale entre l'espèce humaine et les animaux ?
Au premier abord, il le semblerait . Mais c'est là une illusion trompeuse . D'autres animaux ont en effet ce comportement dans certaines circonstances, et plus précisément lorsqu'ils sont victimes des conditions anormales qu'impose la captivité . L'animal de zoo en cage présente toutes ces anomalies que nous connaissons si bien pour les avoir observées sur nos congénères humains . Il est dès lors évident que la ville n'est pas une jungle de béton, mais un zoo humain .
Il ne faut pas comparer le citadin et l'animal sauvage, mais le citadin et l'animal captif . Le moderne animal humain ne vit plus dans des conditions naturelles pour son espèce .
Pris au piège, non pas par un chasseur travaillant pour un zoo, mais par sa propre et brillante intelligence, il s'est installé dans une immense ménagerie où, incapable de trouver le repos, il court constamment le danger de craquer sous cette tension impitoyable .
Toutefois, malgré les pressions, les avantages sont substantiels . Le monde du zoo, comme un parent gigantesque, protège ses pensionnaires : on leur assure nourriture, boisson, abri, hygiène et soins médicaux ; les problèmes fondamentaux de la survie se trouvent réduits au minimum . Les pensionnaires ont donc du temps de libre . La façon d'utiliser ce temps dans un zoo non humain varie, bien sûr, d'une espèce à l'autre . Certains animaux se détendent tranquillement et sommeillent au soleil ; d'autres trouvent l'inactivité prolongée de plus en plus difficile à supporter . Si vous êtes pensionnaire d'un zoo humain, vous appartenez inévitablement à cette seconde catégorie . Doté d'un cerveau inventif et qui a le goût profond de l'exploration, vous ne parviendrez pas à vous détendre très longtemps . Vous serez poussé inlassablement vers des activités de plus en plus élaborées . Vous chercherez, vous organiserez, vous créerez et, au bout du compte, vous vous serez plongé plus profondément encore dans une captivité plus étroite . Avec chaque raffinement nouveau, vous vous trouverez un peu éloigné de votre état naturel tribal, cet état dans lequel vos ancêtres ont vécu pendant un million d'années .
L'histoire de l'homme est l'histoire de sa lutte pour s'accommoder des conséquences de cette difficile progression .
C'est une situation confuse et qui prête à confusion, en partie à cause de sa complexité même et en partie parce que nous jouons là un double rôle puisque nous sommes tout à la fois spectateur et participant . Peut-être cette situation deviendra-t-elle plus claire si nous l'envisageons du point de vue du zoologue, et c'est ce que je vais tenter de faire dans les pages qui suivent . Dans la plupart des cas j'ai délibérément choisi des exemples qui seront familiers aux lecteurs occidentaux . Cela ne veut toutefois pas dire que pour moi mes conclusions ne valent que pour les cultures occidentales . Bien au contraire, tout donne à penser que les principes de base s'appliquent uniformément aux citadins du monde entier.
Si j'ai l'air de dire " faites machine arrière, vous courez à la catastrophe " , laissez-moi vous assurer qu'il n'en sera rien ? Au cours de l'infatigable évolution de notre société, nous avons triomphalement lâché la bride à nos puissants instincts d'invention et d'exploration : ils sont partie intégrante de notre héritage biologique . Ils n'ont rien d'artificiel ni d'antinaturel . Ils sont à l'origine de notre grande force tout autant que de notre grande faiblesse . Ce que j'essaie de montrer, c'est le prix de plus en plus lourd qu'il nous faut payer pour satisfaire ces instincts et quelle ingéniosité nous déployons pour régler cette facture, si exorbitante qu'elle soit . Les mises sont chaque jour plus élevées, le jeu plus risqué, les pertes plus stupéfiantes, le rythme de la partie plus endiablé . Mais malgré les dangers qu'ils présentent, c'est le jeu le plus passionnant que le monde ait jamais vu . Il serait stupide de suggérer qu'on devrait donner un coup de sifflet pour tenter de l'interrompre . Néanmoins, il y a différentes façons d'y jouer, et en comprenant mieux la vraie nature des participants il devrait être possible de rendre le jeu encore plus profitable, sans qu'il devienne pour autant plus dangereux ni même, en fin de compte, désastreux pour l'espèce tout entière .
L'aventure de l' Humanité : ce fut un très long parcours harassant , au début progressif permettant aux êtres humains de s'adapter aux différents contextes ; plein d'embûches, oui ! , mais également fécond en aventures formatrices, efficientes, qui va vers la fin , ces derniers siècles, avec l'avènement de l'organisation moderne,aller en s' accélérant, laissant " l'homme " démuni , privé des possibilités d'adaptations psychiques et morales aux nouveaux contextes : "
C'est ce que va nous faire percevoir Desmond Morris ... poursuivons un peu notre citation en vue de vous faire saisir l'intérêt de prendre possession du contenu de ce livre ... de ne pas seulement le lire, mais de réfléchir profondément à toutes les conséquences de son contenu sur nous-mêmes, sur notre propre évolution personnelle !
" Imaginez un territoire de30 kilomètres de long sur 30 kilomètres de large . Supposez -le sauvage, peuplé d'animaux petits et grands . Représentez-vous maintenant un groupe compact de soixante êtres humains campant au milieu de cette région .
Essayez de vous voir assis là, en tant que membre de cette tribu miniature, avec le paysage, votre paysage, s'étendant autour de vous à perte de vue .
Nul sauf ceux de votre tribu n'utilise ce vaste espace . C'est votre domaine exclusif, le terrain de chasse de votre tribu . De temps en temps les hommes de votre groupe partent à la poursuite d'une proie . Les femmes cueillent des fruits et des baies . Les enfants jouent bruyamment dans les parages du camp, imitant les techniques de chasse de leurs pères . Si la tribu s'implante bien et se développe, un petit groupe s'en séparera pour coloniser un nouveau territoire . Peu à peu l'espèce va se répandre .
" Imaginez un territoire de 30 kilomètres de long sur 3à de large . Supposez-le civilisé, peuplé de machines et de constructions . Représentez-vous maintenant un groupe compact de six millions d'êtres humains campant au milieu de cette région . Essayez de vous voir assis là, avec tout le paysage complexe de la grande ville s'étendant tout autour de vous, à perte de vue .
Comparez maintenant ces deux paysages . Dans le second il y a cent mille individus pour chacun de ceux qui se trouvent dans le premier . L'espace est demeuré le même . En termes d'évolution, ce changement dramatique a été presque instantané : Il n'a fallu que quelques milliers d'années pour transformer le décors un en décors deux .
L'animal humain semble s'être brillamment adapté aux nouvelles et extraordinaires conditions qui lui sont imposées, mais il n'a pas eu le temps de changer sur le plan biologique, d'évoluer pour devenir une nouvelle espèce génétiquement civilisée .
Ce processus civilisateur s'est fait entièrement par l'apprentissage et le conditionnement .
Biologiquement parlant, il est toujours le simple animal tribal décrit dans la première scène . Il a vécu ainsi, non pas pendant quelques siècles, mais pendant un bon million d'années . Au cours de cette période, il a certes subi des changements d'ordre biologique . Il a évolué de façon spectaculaire . Les pressions dont il a dû triompher pour survivre étaient fortes et elles l'ont modelé .
Il s'est passé tant de choses durant les derniers millénaires, les années citadines, les années chargées de l'homme civilisé, qu'il nous est difficile de nous faire à l' idée que cela ne représente qu'une partie infime de l'histoire humaine . Elle nous est si familière que nous nous imaginons vaguement être parvenus à ce stade par un développement progressif et que, par conséquent,
nous sommes parfaitement équipés sur le plan biologique pour affronter tous les nouveaux risques que présente la société .
Si nous nous obligeons à réfléchir là-dessus avec une froide objectivité, force nous est de reconnaître qu'il n'en est rien .
C'est seulement notre incroyable souplesse, notre ingéniosité et notre faculté d'adaptation qui nous donnent ce sentiment .
Le simple chasseur de la tribu fait de son mieux pour arborer ses nouveaux atours le cœur léger et l'âme fière ; mais ce sont des habits compliqués, encombrants, et il ne cesse de trébucher dedans . Toutefois, avant d'examiner la façon dont il trébuche et perd si fréquemment l'équilibre, il nous faut voir d'abord comment il a réussi à coudre le fabuleux manteau de civilisation dans lequel il s'enveloppe .
Il nous faut commencer par abaisser la température jusqu'à revenir au coeur de la dernière période glaciaire, disons il y a vingt mille ans .
Nos ancêtres chasseurs avaient déjà réussi à se répandre à travers la plus grande partie du Vieux Monde, et n'allaient pas tarder à passer de l'extrémité orientale de l'Asie jusque dans le Nouveau Monde . Avoir atteint une expansion aussi fracassante signifiait sans doute que leur simple mode de vie de chasseurs était déjà suffisant pour faire pièce ( s'opposer, contrecarrer) à leurs rivaux carnivores . Mais cela n'a rien de si surprenant quand on songe que les cerveaux de nos ancêtres de la période glaciaire étaient déjà aussi grands et aussi hautement développés que les nôtres aujourd'hui . En ce qui concerne le squelette, la différence n'est pas grande entre nous . Physiquement parlant, l'homme moderne était déjà entré en scène .
A dire vrai, s'il était possible, à l'aide d'une machine à voyager à travers le temps, d'amener chez vous l'enfant nouveau-né d'un chasseur de la période glaciaire et de l'élever comme votre propre enfant, personne sans doute ne s'en apercevrait .
En Europe le climat était hostile, mais nos ancêtres le combattaient vaillamment . En utilisant les techniques les plus simples, ils parvenaient à abattre du très gros gibier . Par bonheur ils nous ont laissé un témoignage de leurs talents de chasseur, non seulement sous la forme des reliefs de repas que l'on peut de temps en temps déterrer du sol de leurs cavernes, mais aussi grâce aux extraordinaires fresques peintes sur les parois de celles-ci . Les mammouths velus, les rhinocéros à épaisse toison, les bisons et les rennes dont nous avons retrouvé les portraits ne laissent aucun doute quant à la nature du climat .
Lorsque aujourd'hui on émerge des ténèbres d'une caverne pour sortir dans la campagne inondée de soleil, il est difficile d'imaginer celle-ci peuplée de ces créatures enveloppées d'épaisses fourrures . Le contraste entre la température alors et maintenant frappe l'esprit .
A mesure que la dernière période de glaciation touchait à sa fin, la glace commençait à se retirer vers le nord au rythme de 50 mètres par an et les animaux de pays froids se déplaçaient vers le nord . D'épaisses forêts prenaient la place des paysages glacés de la toundra . La grande période glaciaire s'est terminée il y a environ dix mille ans, annonçant une nouvelle époque dans le développement de l'homme .
La percée devrait se faire à l'endroit où l'Afrique, l'Asie et l'Europe se rejoignent . Là, à l'extrémité orientale de la Méditerranée, s'opéra un léger changement dans les habitudes alimentaires de l'espèce humaine, qui allait modifier tout le cours du progrès humain . C'était en soi un changement assez trivial ( banal, commun) et assez simple, mais son impact devait être considérable . Cela nous paraît aujourd'hui tout naturel :
Nous appelons cela l' AGRICULTURE .
Jusqu'alors toutes les tribus humaines avaient deux façons de se nourrir : les hommes chassaient les animaux comestibles et les femmes cueillaient les végétaux comestibles . On équilibrait le régime en partageant . Pratiquement tous les membres adultes actifs de la tribu étaient des pourvoyeurs de nourriture . On stockait relativement peu de réserves alimentaires . On se contentait d'aller chercher ce qu'on voulait quand on en avait besoin . C'était moins hasardeux qu'il n'y paraît car évidemment la totalité de la population humaine était alors infime comparée aux chiffres énormes qu'elle atteint aujourd'hui . Toutefois, même si ces premiers chasseurs-cueilleurs avaient connu une réussite appréciable et s' étaient répandus au point de couvrir une grande partie du globe, leurs unités tribales demeuraient petites et simples .
Durant les centaines de millénaires au long desquels s'était poursuivie l'évolution humaines, les hommes s'étaient peu à peu adaptés, aussi bien physiquement que mentalement, sur le plan des structures comme sur celui du comportement, à ce mode de vie de chasseurs .
Le pas suivant, celui qui les mena à l'agriculture et à la production d'aliments, leur fit franchir un seuil auquel ils ne s'attendaient pas et
les précipita si vite dans une forme d'existence sociale inconnue qu'ils n'eurent pas le temps d'acquérir de nouvelles qualités soumises au contrôle génétique pour s'y habituer .
Désormais leur faculté d'adaptation et leur souplesse de comportement, leur capacité d'apprendre et de s'accommoder de modes de vie nouveaux et plus complexes allaient être mises à rude épreuve .
L'urbanisation et les détails compliqués de la vie citadine n'étaient plus qu'à un pas de là .
Par bonheur, le long apprentissage de la chasse avait développé l'ingéniosité et un système d'aide mutuelle .
Les chasseurs humains, certes, gardaient encore un sens inné de l'autorité et de la rivalité, comme leurs ancêtres singe [issus d'une branche évolutive parallèle] , mais leur sens de la rivalité s'était trouvé grandement atténué par un besoin de plus en plus pressant de coopérer . C 'avait été leur seul espoir de triompher dans la concurrence qui les opposait aux tueurs professionnels du monde carnivore établis depuis longtemps avec leurs griffes acérées, comme les grands félins .
Les chasseurs humains avaient développé leurs esprit de coopération en même temps que leur intelligence et que leur goût de l'exploration, et la combinaison des deux s'était révélée d'une redoutable efficacité .
Ils apprenaient vite, ils se souvenaient bien et étaient capables de rapprocher les éléments séparés de ce qu'ils avaient appris autrefois pour résoudre des problèmes nouveaux . ..
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... La plus ancienne ville connue s'élevait à Jéricho il y a plus de huit mille ans, mais la première civilisation totalement urbaine s'est développée bien plus à l'est par-delà le désert de Syrie, à Sumer ( en Mésopotamie) . C'est là, il y a cinq à six mille ans, que naquit le premier empire et qu'on supprima le " pré " du mot préhistoire
grâce à l'invention de l'ECRITURE . ..
... Ce fut ce changement, ce passage de la société personnelle à la société impersonnelle qui allait causer à l'animal humain ses plus grandes angoisses dans les millénaires à venir ...
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...Même si les techniques et communications de masse font dans les années à venir des progrès d'une surprenante nouveauté et auxquels on ne pense même pas aujourd'hui (1970) , elles continueront d'être handicapées par les limites biosociales de notre espèce .
Nous ne sommes pas équipés comme les termites, pour devenir les membres consentants d'une vaste communauté . Nous sommes et nous serons probablement toujours au fond, de simples animaux tribaux ...
...Maintenant que nous avons esquissé le cours des événements qui nous a amenés jusqu'à notre situation sociale actuelle, nous pouvons commencer d'examiner plus en détails les diverses formes grâce auxquelles nos modes de comportement ont réussi à s'adapter à la vie dans le zoo humain ou, dans certains cas, comment cette tentative s'est soldée par un échec désastreux ... "
Gerboise vous laisse maintenant la possibilité de continuer de découvrir la suite de cette épopée fantastique narrée par ce zoologue, si vous le désirez bien sûr . Cette lecture enrichira votre esprit et attisera votre Réflexion .
Bonne lecture de ce petit ouvrage pas onéreux publié en livre de poche par les éditions Bernard Grassé .
Bien à vous, cordialement, Gerboise .
IL EST NÉCESSAIRE D'AVOIR CONSCIENCE DE CE QUE NOUS SOMMES RÉELLEMENT, NOUS AUTRES, LES ÊTRES HUMAINS, POUR POUVOIR RESTER EN ÉTAT D'ÊTRE RÉALISTE ET CONSCIENT DE NOTRE VÉRITABLE PERSONNALITÉ .
L'auteur du SINGE NU (voir notre billet du 7 Novembre 2008) nous fait découvrir dans ce merveilleux petit livre publié par les Éditions Bernard Grasset, en collection du Livre de Poche [** n° 3148] les vicissitudes de l'Homme et de ses animaux familiers captifs, tous les deux prisonniers de la nouvelle Société dans laquelle ils se trouvent plongés .
C'est un ouvrage que tous les lecteurs de notre blog " Savoirs et Réflexions " doivent absolument lire .
Dans un prologue, l'éditeur nous présente l'auteur et nous situe le contexte de ce remarquable et étonnant discours sur l' Homme et les animaux confinés dans ces centres de détention à liberté limitée que sont devenus les nouveaux territoires habités par ces êtres vivants !
Voici :
" Desmond Morris est né en Angleterre en 1928 . Diplômé de zoologie, il travaille de 1951 à 1956 à Oxford avec le groupe de Niko Tibergen . De 1956 à 1959, il dirige le service des émissions de télévision rattaché au Zoo de Londres . Nommé en 1959 directeur du département des mammifères de ce Zoo, il y poursuit actuellement [1969] ses recherches . Depuis 1967, il dirige également l'Institut des Arts contemporains . Après le Singe nu ... Desmond Morris a rédigé dans la même veine d'humour scientifique le Zoo Humain. A ce spécialiste de zoologie, on doit aussi une Biologie de l'art ."
" Dans l'étendue de sa domination sur la planète, l'homme perd souvent de vue qu'il se définit essentiellement comme un animal doué de raison classé parmi les mammifères de l'ordre des primates à côté des lémuriens et des singes . Diffère-t-il d'ailleurs tellement de ces derniers ? Dans le Singe nu, le zoologiste Desmond Morris a très brillamment démontré que non . Singes nus nous sommes, frères bavards du babouin . L'étude de notre comportement en tant qu'individus a entraîné Desmond Morris à examiner notre vie sociale selon la même méthode critique de naturaliste observant une espèce animale quelconque dans son milieu naturel . A ceci près que la prolifération humaine et la multiplication des villes ont pratiquement supprimé la nature pour ne laisser que des conditions artificielles comparables à celles d'un zoo .
Le paradoxe du monde moderne est, en effet, de contraindre à vivre dans un cadre ultra-perfectionné des " animaux " qui restent soumis aux impératifs biologiques des temps primitifs . L'homme captif de sa technique saura-t-il supporter cette distorsion ( déformation, déséquilibre, absence d'harmonie dans une évolution ;
effet qui prive un résultat statistique de son caractère représentatif en le faussant systématiquement ) , pourra-t-il rendre vivable le zoo humain ?
Il a su déjà merveilleusement s'adapter . Desmond Morris l'expose avec une ironie ( manière de se moquer [de quelqu'un ou de quelque chose] en disant le contraire de ce qu'on veut exprimer ; disposition moqueuse ; façon de le faire en s'ingéniant à rendre sensible à un esprit fin la fausseté ou l'invraisemblance de ce qu'on énonce ) et une maestria ( maîtrise, facilité et perfection dans l'exécution d'une œuvre d'art, d'une action, d'une narration : d'un exposé écrit ou oral,détaillé ,d'une suite de faits) scientifique qui rendent son livre aussi divertissant qu'instructif .
Introduction de l'ouvrage :
" Les pressions de la vie moderne deviennent (le livre a été écrit en 1970) accablantes (pénibles) , le citadin harassé qualifie souvent le monde grouillant où il vit de jungle de béton . Expression pittoresque qui veut décrire le mode de vie dans un centre urbain à forte densité de population, mais ce n'en est pas moins une description grossièrement inexacte, comme pourrait le confirmer quiconque a étudié une vraie jungle .
Dans les conditions normales dans leur habitat naturel, les animaux sauvages ne se mutilent pas, ne se masturbent pas, n'attaquent pas leur progéniture, n'ont pas d'ulcère à l'estomac, ne deviennent pas fétichistes, ne souffrent pas d'obésité, ne forment pas de couples homosexuels et ne commettent pas de meurtres .
Chez les humains citadins, inutile de dire que tout cela se produit .
Cela trahit-il alors une différence fondamentale entre l'espèce humaine et les animaux ?
Au premier abord, il le semblerait . Mais c'est là une illusion trompeuse . D'autres animaux ont en effet ce comportement dans certaines circonstances, et plus précisément lorsqu'ils sont victimes des conditions anormales qu'impose la captivité . L'animal de zoo en cage présente toutes ces anomalies que nous connaissons si bien pour les avoir observées sur nos congénères humains . Il est dès lors évident que la ville n'est pas une jungle de béton, mais un zoo humain .
Il ne faut pas comparer le citadin et l'animal sauvage, mais le citadin et l'animal captif . Le moderne animal humain ne vit plus dans des conditions naturelles pour son espèce .
Pris au piège, non pas par un chasseur travaillant pour un zoo, mais par sa propre et brillante intelligence, il s'est installé dans une immense ménagerie où, incapable de trouver le repos, il court constamment le danger de craquer sous cette tension impitoyable .
Toutefois, malgré les pressions, les avantages sont substantiels . Le monde du zoo, comme un parent gigantesque, protège ses pensionnaires : on leur assure nourriture, boisson, abri, hygiène et soins médicaux ; les problèmes fondamentaux de la survie se trouvent réduits au minimum . Les pensionnaires ont donc du temps de libre . La façon d'utiliser ce temps dans un zoo non humain varie, bien sûr, d'une espèce à l'autre . Certains animaux se détendent tranquillement et sommeillent au soleil ; d'autres trouvent l'inactivité prolongée de plus en plus difficile à supporter . Si vous êtes pensionnaire d'un zoo humain, vous appartenez inévitablement à cette seconde catégorie . Doté d'un cerveau inventif et qui a le goût profond de l'exploration, vous ne parviendrez pas à vous détendre très longtemps . Vous serez poussé inlassablement vers des activités de plus en plus élaborées . Vous chercherez, vous organiserez, vous créerez et, au bout du compte, vous vous serez plongé plus profondément encore dans une captivité plus étroite . Avec chaque raffinement nouveau, vous vous trouverez un peu éloigné de votre état naturel tribal, cet état dans lequel vos ancêtres ont vécu pendant un million d'années .
L'histoire de l'homme est l'histoire de sa lutte pour s'accommoder des conséquences de cette difficile progression .
C'est une situation confuse et qui prête à confusion, en partie à cause de sa complexité même et en partie parce que nous jouons là un double rôle puisque nous sommes tout à la fois spectateur et participant . Peut-être cette situation deviendra-t-elle plus claire si nous l'envisageons du point de vue du zoologue, et c'est ce que je vais tenter de faire dans les pages qui suivent . Dans la plupart des cas j'ai délibérément choisi des exemples qui seront familiers aux lecteurs occidentaux . Cela ne veut toutefois pas dire que pour moi mes conclusions ne valent que pour les cultures occidentales . Bien au contraire, tout donne à penser que les principes de base s'appliquent uniformément aux citadins du monde entier.
Si j'ai l'air de dire " faites machine arrière, vous courez à la catastrophe " , laissez-moi vous assurer qu'il n'en sera rien ? Au cours de l'infatigable évolution de notre société, nous avons triomphalement lâché la bride à nos puissants instincts d'invention et d'exploration : ils sont partie intégrante de notre héritage biologique . Ils n'ont rien d'artificiel ni d'antinaturel . Ils sont à l'origine de notre grande force tout autant que de notre grande faiblesse . Ce que j'essaie de montrer, c'est le prix de plus en plus lourd qu'il nous faut payer pour satisfaire ces instincts et quelle ingéniosité nous déployons pour régler cette facture, si exorbitante qu'elle soit . Les mises sont chaque jour plus élevées, le jeu plus risqué, les pertes plus stupéfiantes, le rythme de la partie plus endiablé . Mais malgré les dangers qu'ils présentent, c'est le jeu le plus passionnant que le monde ait jamais vu . Il serait stupide de suggérer qu'on devrait donner un coup de sifflet pour tenter de l'interrompre . Néanmoins, il y a différentes façons d'y jouer, et en comprenant mieux la vraie nature des participants il devrait être possible de rendre le jeu encore plus profitable, sans qu'il devienne pour autant plus dangereux ni même, en fin de compte, désastreux pour l'espèce tout entière .
L'aventure de l' Humanité : ce fut un très long parcours harassant , au début progressif permettant aux êtres humains de s'adapter aux différents contextes ; plein d'embûches, oui ! , mais également fécond en aventures formatrices, efficientes, qui va vers la fin , ces derniers siècles, avec l'avènement de l'organisation moderne,aller en s' accélérant, laissant " l'homme " démuni , privé des possibilités d'adaptations psychiques et morales aux nouveaux contextes : "
C'est ce que va nous faire percevoir Desmond Morris ... poursuivons un peu notre citation en vue de vous faire saisir l'intérêt de prendre possession du contenu de ce livre ... de ne pas seulement le lire, mais de réfléchir profondément à toutes les conséquences de son contenu sur nous-mêmes, sur notre propre évolution personnelle !
" Imaginez un territoire de30 kilomètres de long sur 30 kilomètres de large . Supposez -le sauvage, peuplé d'animaux petits et grands . Représentez-vous maintenant un groupe compact de soixante êtres humains campant au milieu de cette région .
Essayez de vous voir assis là, en tant que membre de cette tribu miniature, avec le paysage, votre paysage, s'étendant autour de vous à perte de vue .
Nul sauf ceux de votre tribu n'utilise ce vaste espace . C'est votre domaine exclusif, le terrain de chasse de votre tribu . De temps en temps les hommes de votre groupe partent à la poursuite d'une proie . Les femmes cueillent des fruits et des baies . Les enfants jouent bruyamment dans les parages du camp, imitant les techniques de chasse de leurs pères . Si la tribu s'implante bien et se développe, un petit groupe s'en séparera pour coloniser un nouveau territoire . Peu à peu l'espèce va se répandre .
" Imaginez un territoire de 30 kilomètres de long sur 3à de large . Supposez-le civilisé, peuplé de machines et de constructions . Représentez-vous maintenant un groupe compact de six millions d'êtres humains campant au milieu de cette région . Essayez de vous voir assis là, avec tout le paysage complexe de la grande ville s'étendant tout autour de vous, à perte de vue .
Comparez maintenant ces deux paysages . Dans le second il y a cent mille individus pour chacun de ceux qui se trouvent dans le premier . L'espace est demeuré le même . En termes d'évolution, ce changement dramatique a été presque instantané : Il n'a fallu que quelques milliers d'années pour transformer le décors un en décors deux .
L'animal humain semble s'être brillamment adapté aux nouvelles et extraordinaires conditions qui lui sont imposées, mais il n'a pas eu le temps de changer sur le plan biologique, d'évoluer pour devenir une nouvelle espèce génétiquement civilisée .
Ce processus civilisateur s'est fait entièrement par l'apprentissage et le conditionnement .
Biologiquement parlant, il est toujours le simple animal tribal décrit dans la première scène . Il a vécu ainsi, non pas pendant quelques siècles, mais pendant un bon million d'années . Au cours de cette période, il a certes subi des changements d'ordre biologique . Il a évolué de façon spectaculaire . Les pressions dont il a dû triompher pour survivre étaient fortes et elles l'ont modelé .
Il s'est passé tant de choses durant les derniers millénaires, les années citadines, les années chargées de l'homme civilisé, qu'il nous est difficile de nous faire à l' idée que cela ne représente qu'une partie infime de l'histoire humaine . Elle nous est si familière que nous nous imaginons vaguement être parvenus à ce stade par un développement progressif et que, par conséquent,
nous sommes parfaitement équipés sur le plan biologique pour affronter tous les nouveaux risques que présente la société .
Si nous nous obligeons à réfléchir là-dessus avec une froide objectivité, force nous est de reconnaître qu'il n'en est rien .
C'est seulement notre incroyable souplesse, notre ingéniosité et notre faculté d'adaptation qui nous donnent ce sentiment .
Le simple chasseur de la tribu fait de son mieux pour arborer ses nouveaux atours le cœur léger et l'âme fière ; mais ce sont des habits compliqués, encombrants, et il ne cesse de trébucher dedans . Toutefois, avant d'examiner la façon dont il trébuche et perd si fréquemment l'équilibre, il nous faut voir d'abord comment il a réussi à coudre le fabuleux manteau de civilisation dans lequel il s'enveloppe .
Il nous faut commencer par abaisser la température jusqu'à revenir au coeur de la dernière période glaciaire, disons il y a vingt mille ans .
Nos ancêtres chasseurs avaient déjà réussi à se répandre à travers la plus grande partie du Vieux Monde, et n'allaient pas tarder à passer de l'extrémité orientale de l'Asie jusque dans le Nouveau Monde . Avoir atteint une expansion aussi fracassante signifiait sans doute que leur simple mode de vie de chasseurs était déjà suffisant pour faire pièce ( s'opposer, contrecarrer) à leurs rivaux carnivores . Mais cela n'a rien de si surprenant quand on songe que les cerveaux de nos ancêtres de la période glaciaire étaient déjà aussi grands et aussi hautement développés que les nôtres aujourd'hui . En ce qui concerne le squelette, la différence n'est pas grande entre nous . Physiquement parlant, l'homme moderne était déjà entré en scène .
A dire vrai, s'il était possible, à l'aide d'une machine à voyager à travers le temps, d'amener chez vous l'enfant nouveau-né d'un chasseur de la période glaciaire et de l'élever comme votre propre enfant, personne sans doute ne s'en apercevrait .
En Europe le climat était hostile, mais nos ancêtres le combattaient vaillamment . En utilisant les techniques les plus simples, ils parvenaient à abattre du très gros gibier . Par bonheur ils nous ont laissé un témoignage de leurs talents de chasseur, non seulement sous la forme des reliefs de repas que l'on peut de temps en temps déterrer du sol de leurs cavernes, mais aussi grâce aux extraordinaires fresques peintes sur les parois de celles-ci . Les mammouths velus, les rhinocéros à épaisse toison, les bisons et les rennes dont nous avons retrouvé les portraits ne laissent aucun doute quant à la nature du climat .
Lorsque aujourd'hui on émerge des ténèbres d'une caverne pour sortir dans la campagne inondée de soleil, il est difficile d'imaginer celle-ci peuplée de ces créatures enveloppées d'épaisses fourrures . Le contraste entre la température alors et maintenant frappe l'esprit .
A mesure que la dernière période de glaciation touchait à sa fin, la glace commençait à se retirer vers le nord au rythme de 50 mètres par an et les animaux de pays froids se déplaçaient vers le nord . D'épaisses forêts prenaient la place des paysages glacés de la toundra . La grande période glaciaire s'est terminée il y a environ dix mille ans, annonçant une nouvelle époque dans le développement de l'homme .
La percée devrait se faire à l'endroit où l'Afrique, l'Asie et l'Europe se rejoignent . Là, à l'extrémité orientale de la Méditerranée, s'opéra un léger changement dans les habitudes alimentaires de l'espèce humaine, qui allait modifier tout le cours du progrès humain . C'était en soi un changement assez trivial ( banal, commun) et assez simple, mais son impact devait être considérable . Cela nous paraît aujourd'hui tout naturel :
Nous appelons cela l' AGRICULTURE .
Jusqu'alors toutes les tribus humaines avaient deux façons de se nourrir : les hommes chassaient les animaux comestibles et les femmes cueillaient les végétaux comestibles . On équilibrait le régime en partageant . Pratiquement tous les membres adultes actifs de la tribu étaient des pourvoyeurs de nourriture . On stockait relativement peu de réserves alimentaires . On se contentait d'aller chercher ce qu'on voulait quand on en avait besoin . C'était moins hasardeux qu'il n'y paraît car évidemment la totalité de la population humaine était alors infime comparée aux chiffres énormes qu'elle atteint aujourd'hui . Toutefois, même si ces premiers chasseurs-cueilleurs avaient connu une réussite appréciable et s' étaient répandus au point de couvrir une grande partie du globe, leurs unités tribales demeuraient petites et simples .
Durant les centaines de millénaires au long desquels s'était poursuivie l'évolution humaines, les hommes s'étaient peu à peu adaptés, aussi bien physiquement que mentalement, sur le plan des structures comme sur celui du comportement, à ce mode de vie de chasseurs .
Le pas suivant, celui qui les mena à l'agriculture et à la production d'aliments, leur fit franchir un seuil auquel ils ne s'attendaient pas et
les précipita si vite dans une forme d'existence sociale inconnue qu'ils n'eurent pas le temps d'acquérir de nouvelles qualités soumises au contrôle génétique pour s'y habituer .
Désormais leur faculté d'adaptation et leur souplesse de comportement, leur capacité d'apprendre et de s'accommoder de modes de vie nouveaux et plus complexes allaient être mises à rude épreuve .
L'urbanisation et les détails compliqués de la vie citadine n'étaient plus qu'à un pas de là .
Par bonheur, le long apprentissage de la chasse avait développé l'ingéniosité et un système d'aide mutuelle .
Les chasseurs humains, certes, gardaient encore un sens inné de l'autorité et de la rivalité, comme leurs ancêtres singe [issus d'une branche évolutive parallèle] , mais leur sens de la rivalité s'était trouvé grandement atténué par un besoin de plus en plus pressant de coopérer . C 'avait été leur seul espoir de triompher dans la concurrence qui les opposait aux tueurs professionnels du monde carnivore établis depuis longtemps avec leurs griffes acérées, comme les grands félins .
Les chasseurs humains avaient développé leurs esprit de coopération en même temps que leur intelligence et que leur goût de l'exploration, et la combinaison des deux s'était révélée d'une redoutable efficacité .
Ils apprenaient vite, ils se souvenaient bien et étaient capables de rapprocher les éléments séparés de ce qu'ils avaient appris autrefois pour résoudre des problèmes nouveaux . ..
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... La plus ancienne ville connue s'élevait à Jéricho il y a plus de huit mille ans, mais la première civilisation totalement urbaine s'est développée bien plus à l'est par-delà le désert de Syrie, à Sumer ( en Mésopotamie) . C'est là, il y a cinq à six mille ans, que naquit le premier empire et qu'on supprima le " pré " du mot préhistoire
grâce à l'invention de l'ECRITURE . ..
... Ce fut ce changement, ce passage de la société personnelle à la société impersonnelle qui allait causer à l'animal humain ses plus grandes angoisses dans les millénaires à venir ...
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...Même si les techniques et communications de masse font dans les années à venir des progrès d'une surprenante nouveauté et auxquels on ne pense même pas aujourd'hui (1970) , elles continueront d'être handicapées par les limites biosociales de notre espèce .
Nous ne sommes pas équipés comme les termites, pour devenir les membres consentants d'une vaste communauté . Nous sommes et nous serons probablement toujours au fond, de simples animaux tribaux ...
...Maintenant que nous avons esquissé le cours des événements qui nous a amenés jusqu'à notre situation sociale actuelle, nous pouvons commencer d'examiner plus en détails les diverses formes grâce auxquelles nos modes de comportement ont réussi à s'adapter à la vie dans le zoo humain ou, dans certains cas, comment cette tentative s'est soldée par un échec désastreux ... "
Gerboise vous laisse maintenant la possibilité de continuer de découvrir la suite de cette épopée fantastique narrée par ce zoologue, si vous le désirez bien sûr . Cette lecture enrichira votre esprit et attisera votre Réflexion .
Bonne lecture de ce petit ouvrage pas onéreux publié en livre de poche par les éditions Bernard Grassé .
Bien à vous, cordialement, Gerboise .
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