dimanche 12 décembre 2010

Langue française : écueils*, pièges et difficultés . Pléonasmes** .

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*Ecueils : obstacles dangereux sur lesquels échouent et sombrent la logique, la vertu, l'honneur, la fortune, la réputation ; causes d'échec ; dangers, pièges .


** Pléonasme : Figure de grammaire qui consiste à répéter , redoubler un rapport grammatical ou une idée pour donner plus de véhémence (discours véhément, discours plein de chaleur, force) à l'expression : " et que m'a fait à moi cette Troie où je cours ? " Racine ; emploi de mots en apparence superflus, mais qui donnent plus de force, « entendu de mes oreilles », plus de grâce à la phrase, mettre dans un plus grand relief tel ou tel élément de la pensée ; désigne aussi cette répétition inutile de termes différents, qui ont le même sens, faite par maladresse .


Le pléonasme, dont l'étymologie grecque signifie « ce qui est en plus qu' il ne faut» , surabonder, est la répétition de la même idée par des mots différents . Dans certains cas, le pléonasme était intentionnellement employé et constitue une figure de langage, comme dans l'exemple : je l'ai VU, dis-je, VU, de mes propres yeux VU, ce qui s'appelle VU, [Molière], et insiste sur la pensée . Mais souvent il n'est que la répétition inconsciente de la même idée exprimée par deux termes différents : dans ce cas, le pléonasme est vicieux il doit être soigneusement évité .

Il y a des pléonasmes qui sont de simples redondances ( caractère de ce qui apporte une information déjà obligatoirement donnée sous une autre forme) maladroites, mais inoffensives, telles que :
« mieux vaut n'en rien dire plutôt que d'en parler trop peu » Gide, Journal ; « Tout valait mieux plutôt que cette curiosité malsaine » Carco, l'Homme traqué .
Dans ces deux phrases plutôt fait double emploi avec mieux .


« Je suivais derrière avec le porteur »
« Tout redécouvrir à nouveau »

Le pléonasme devient une véritable incorrection quand un mot grammatical, un pronom en particulier, en reprend un autre avec lequel il fait double emploi dans les exemples suivants :

Abolir entièrement .
Achever complètement .
Ajouter en plus .
Allumer une lumière .
Assez satisfaisant .
Au jour d'aujourd'hui .
Car en effet .
Collaborer ensemble .
Comparer entre eux .
Descendre en bas .
Eau liquide .
Enfin, pour terminer .
Entrer dedans .
Erreur involontaire .
Être contraint malgré soi .
Être le premier en tête .
Faire une chute verticale .
Hasard imprévu .
Inhumer en terre .
Marcher à pied .
Monopole exclusif .
Percer un trou .
Préférer plutôt .
Premier en tête du classement .
Prévoir d'avance .
Progresser en avant .
Puis ensuite .
Redemander de nouveau .
Refaire encore .
Regards sur le monde actuel .
Répéter de nouveau .
Rien qu'un seul .
S'enchevêtrer les uns dans les autres .
S'entraider mutuellement .
Se réunir ensemble .
Seul et unique en son genre .
Sortir dehors .
Tomber d'en haut .
Voyons voir .

Il est important de remarquer que lorsque l'un des deux termes est déterminé, il n'y a plus pléonasme, une idée nouvelle étant introduite dans l'expression : monter en haut de l'escalier ; inhumer en Terre Sainte, etc.

Mais le pléonasme d'insistance dont use abondamment la langue parlée, parfois, peut produire dans la langue littéraire un heureux effet de style . Il permet, en effet, de projeter en tête de la phrase ou de rejeter à la fin un mot important [sujet ou complément] qu'on veut mettre en valeur, en le reprenant ou en l'annonçant par un pronom : « Ils ont la figure huileuse, les domestiques » Aragon .

Voici d'autres exemples :

Mauvais cauchemar : on admet généralement « d'affreux cauchemar » mais le cauchemar est toujours mauvais . On parlerait mieux d'un mauvais rêve .

Se succéder les uns les autres. Se succéder suffit .
Mais succéder n'a pas toujours la même forme pronominale . Il peut avoir le sens, non seulement de « venir après » mais aussi de remplacer .


Enfin, " pour en terminer " [!] (enfin : sert à présenter le dernier élément d'une énumération; en dernier lieu ,pour en finir . Par humour nous terminons, nous-mêmes [!] au début ce paragraphe par un pléonasme qui ne se justifie pas ; "pour en terminer"n'est pas nécessaire .) nous pouvons dire qu'il s'agit d'une surabondance de termes, donnant plus de force à une expression . C'est une figure de syntaxe par laquelle on ajoute à une phrase des mots qui paraissent superflus par rapport à l'intégrité grammaticale, mais qui servent pourtant à y ajouter des idées accessoires, surabondantes, soit pour y jeter de la clarté , soit pour en augmenter l'énergie .

Bien à vous, Gerboise .