dimanche 28 novembre 2010

Lueurs* de l'aube à approfondir : posséder cette audace, cette ardeur pour entreprendre, aller de l'avant !

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*Lueurs : illuminations soudaines de l'Esprit ; expressions vives de la Réflexion .

Les processus rationnels clarifient, la réflexion , la pensée, mais, même les timorés [ c'est-à-dire ceux qui sont pénétrés de la crainte de mal faire ; dont les appréhensions entravent sans cesse l'action, en deux mots: les craintifs] peuvent apprendre à penser clairement, sans ambiguïté .

La raison sans l'action est comme un système sans énergie, comme un être lâche, sans ambition, sans caractère .

Une fois que l'on a décidé ce qui doit être fait, réalisé, il faut impérativement mobiliser son énergie pour exécuter, réaliser l'objectif qui a été défini, fixé . Si l'on sait vraiment où l'on en est, et si le but que l'on s'est fixé est définitivement admis par soi-même, dans son propre entendement, alors, nous devons mobiliser notre énergie en vue de réaliser pleinement nos propres intentions, l'objectif fixé .

Lorsque nous savons où nous voulons aller, ce que nous devons entreprendre, rien ne devrait nous dissuader de prendre l'initiative de " mettre sur le métier ", de faire "ce grand voyage " ! et , ni la peur, ni le doute, ni la crainte du ridicule, ni celle des conséquences imprévues ne devraient surgir dans notre tête et nos entrailles .

Dans toute entreprise, soyez certain d'avoir un but, un dessein bien défini, imaginez que vous l'avez atteint et examinez si le résultat vous satisfait - mais sans vous leurrer sur votre présente situation .

Ce sont les processus rationnels qui vous fourniront votre plan d'action et vous empêcheront de connaître les affres [ l'angoisse extrême] de l'erreur .

" Un tombeau suffit à présent à celui qui trouvait trop petit le monde entier" .

[ Épitaphe d'Alexandre le Grand ]

A bientôt , Gerboise

samedi 27 novembre 2010

Le cerveau de l'homme est-il un ordinateur ? Une question sans réponse définitive, en dernière analyse ? Que peut-on penser de ce problème* ?


* Voici une réponse provisoire [peut-être?], mais qui permet d'envisager des éventualités et simultanément des obstacles majeurs, présentée par deux membres du Collège de France et de l'Académie des Sciences :


Alain Connes, médaille Fields (équivalente au prix Nobel, pour les mathématiques) , est titulaire de la chaire d'Analyse et de Géométrie au Collège de France .


Jean-Pierre Changeux, auteur de L' homme neuronal est titulaire de la chaire de Communications Cellulaires au Collège de France .


Dans leur livre : Matière à Pensée , publié en 1989, chez Odile Jacob, Éditeur , dont voici situé au verso de l'ouvrage, la présentation .

"
Quel est le lien entre le monde physique et le cerveau ? Les objets mathématiques existent-ils indépendamment du cerveau de l'homme, ou sont-ils seulement le produit de l'activité cérébrale ? Les mathématiques sont-elles universelles ? Mais le sont-elles au point de nous servir à communiquer avec d'hypothétiques habitants d'autres planètes ? L'éthique, qui nous fait distinguer le bien du mal, peut-elle être fondée sur des principes aussi universels que ceux des mathématiques, qui transcenderait la diversité des cultures et l'intolérance des idéologies ? La morale peut être reposer sur des fondements naturels, il faudrait rechercher dans le fonctionnement du cerveau humain en société ?

Telles sont quelques-unes des questions essentielles instruites dans ce livre original et stimulant. Par la qualité de ses auteurs et la fécondité de leur réflexion, il constitue un événement exceptionnel. »

Avez-vous fait une visite au deuxième blog : "Esioberg" ? pour y accéder réalisez un clic gauche sur la gerboise du bas dans la colonne située à gauche .


Voici le début de l'avant-propos de l'ouvrage :


« Les mathématiciens font en général bon ménage avec les biologistes. Mais ils se parlent peu. Leurs connaissances et leurs motivations sont si éloignées que le dialogue paraît impossible. L'enjeu est cependant considérable. Personne ne niera que l'on fait des mathématiques avec son cerveau.

Mais aucune machine construite par l'homme n'est encore parvenue à reproduire les facultés de raison et d'invention de notre machine cérébrale.

Y arrivera-t-on un jour ? Une authentique intelligence artificielle est-elle réalisable à partir de la matière ? Telle est l'interrogation centrale de ce livre... »


Ces deux éminents scientifiques , dans la sixième partie de l'ouvrage : « Les machines à penser » , paragraphe 5, page 220 , Le cerveau de l'homme est-il un ordinateur ? , présentent au cours d'un dialogue, leurs interrogations pour les lecteurs .


« Jean-Pierre Changeux, JPC : Il est satisfaisant de constater notre totale convergence de vue à cet égard. Venons-en maintenant au dernier point : la différence entre le cerveau humain et les « machines à penser » actuelles [le texte a été écrit en1989]. Les ordinateurs dont nous disposons sont très performants pour certaines catégories d'opérations. Par exemple, ils calculent extrêmement vite. Ils font des multiplications à 10 chiffres en quelques secondes, ou même en quelques fractions de secondes. Mais ils sont évidemment très limités dans d'autres domaines. Par exemple, un ordinateur aura d'énormes difficultés à reconnaître un coquelicot dans une forêt ou un papillon dans la jungle , alors que l'homme le fait instantanément ! On souligne souvent également que les machines sont dépourvues d' « affectivité », de « corps » ! Mais surtout, incapables d'anticipation, d'intentionnalité ( intention : acte de la volonté considéré par rapport à son but ; l'intentionnalité est ce pouvoir qu'a la conscience de viser un objet ou mieux l'^^etre de la conscience en tant qu'elle est ouverture à l'objet) , elles ne peuvent construire leur programme sans « maître » extérieur . Leurs facultés d'auto -organisation sont très réduites, voire inexistantes. J'aimerais bien savoir ce que tu penses, toi qui pratiques les échecs avec, pour adversaire, une machine qui sait jouer aussi bien, sinon mieux que l'homme.

Les ordinateurs utilisés actuellement manquent, me semble-t-il, de deux propriétés que le cerveau humain possède.

On peut tout d'abord remarquer que, dans le cerveau, le programme et la machine - pour employer le modèle de Turing ( mathématicien et logicien britannique , 1912-1954, ; il imagina en 1936, la machine de Turing, automate fictif universel, base de la théorie des ordinateurs, capable, par définition, d'effectuer tous les calculs. Turing parvient montrer ainsi qu'il existe des problèmes que sa machine ne peut pas résoudre, et qui donc sont insolubles par les méthodes calculatoires) - sont, dès les premiers stades du développement, très intriqués avec l'architecture connexionnelle. Il est difficile, sinon impossible, de définir un programme indépendant de la connectivité de la machine cérébrale. Les objets de sens se déposent (engendrent des structures moléculaires) progressivement dans la mémoire à long terme, au cours du développement. Le hardware ( mot anglais américain « quincaillerie »[ argot des ingénieurs ] . Les éléments matériels d'un système informatique ) se construit progressivement en fonction de la composition génétique de l'individu, mais aussi de l'interaction constante avec le monde extérieur. Mais surtout, propriété au centre de nos entretiens, le cerveau se comporte comme une machine évolutive. Il évolue, selon un modèle darwinien, simultanément à plusieurs niveaux et suivant plusieurs échelles de temps. Voilà ce qui, selon moi, différencie le cerveau des machines construites actuellement. Outre, bien sûr, l'intentionnalité, propriété liée à l'évolution et peu abordée parce que relevant du niveau d'organisation le plus élevé.


Qu'est-ce qui, selon toi, différencie le cerveau humain des machines construites de nos jours ?

Et comment en concevoir une qui se rapprocherait du cerveau humain ?


Alain Connes , AC : Examinons tout d'abord le cas des machines qui jouent aux échecs . L'intentionnalité est alors très simple : gagner la partie . C'est une chose extrêmement simple à définir . Définir une fonction d'évaluation qui estime à quel point on est proche de l'intention poursuivie pendant le jeu est relativement aisé . On peut donc construire une machine qui utilise une fonction d'évaluation déterminée par cette intentionnalité bien définie . Dans le cas du cerveau au contraire, l 'intentionnalité change selon les problèmes qui se présentent .

Le cerveau doit ainsi créer lui-même la fonction d'évaluation adéquate à une intentionnalité donnée .

Plus précisément, il doit pouvoir apprécier si cette fonction d'évaluation est adaptée à l'intentionnalité donnée . Il doit donc, j'ignore comment, posséder une fonction d'évaluation de fonctions d'évaluation !


JPC : C'est ce qu'on peut appeler, avec Granger (, la raison stratégique .


AC : Oui,mais je voulais établir une hiérarchie. D'une part, nous avons les fonctions d'évaluation. Une fonction d'évaluation peut-être identifiée à un but . Se donner une intentionnalité revient un peu à se donner une fonction d'évaluation. Toutes les fonctions d'évaluation, certes,ne sont pas bonnes, parce que certaines correspondraient à des intentionnalités contradictoires, tandis que d'autres ne seraient adaptées à aucune intentionnalité. Mais on peut définir plus ou moins une intentionnalité comme une fonction d'évaluation cohérente. Dans une situation donnée, le cerveau doit élaborer lui-même ce genre de fonction d'évaluation . Il doit donc être capable de créer, ou, tout du moins, de choisir parmi celles qui existent déjà . Et pour ce faire, il doit lui-même posséder une fonction d'évaluation établie une fois pour toutes qui lui permette de savoir si la fonction d'évaluation qu'il crée est adaptée au but qu'il poursuit.

JPC : Ce mécanisme suppose la mémoire .

AC : Effectivement, la mémoire, les expériences acquises.
Le cerveau peut s'appuyer sur des analogies pour comparer la situation présente à celles qu'il a connues auparavant.

JPC : Il existe d'une part une mémoire génétique. L'organisme humain, tel qu'il est aujourd'hui, résulte de multiples générations d'organismes qui, auparavant, ont déjà vécu ce genre d'expérience.

La réponse à un problème nouveau qui se présente est donc inscrit dans la mémoire des gènes
.

D'autre part, le cerveau est ouvert sur la réalité extérieure, et surtout, peut puiser dans la mémoire à long terme qui s'est déposée au cours de l'expérience postnatale.

AC : C'est au deuxième niveau que se pose le problème fondamental.

Quel peut être le mécanisme qui permet au cerveau de choisir une fonction d'évaluation appropriée à son but ? Quels critères permettent de choix ? Tant que ne sera pas compris ce phénomène, on sera très loin du deuxième niveau, comme c'est le cas dans les machines qui existent actuellement.

JPC : C'est-à-dire qu'elles n'en sont même pas au troisième niveau .

AC : Elles n'en sont qu'au premier niveau. Elles permettent seulement de faire des additions ou des multiplications , même extrêmement compliquées, ou bien de jouer aux échecs. Mais la fonction d'évaluation, comme l'intentionnalité, est toujours donnée à l'avance. Aucune machine n'est aujourd'hui capable de construire elle-même la fonction d'évaluation adaptée à l'intentionnalité qu'on lui propose.

JPC : Les ordinateurs actuels ne sont même pas capables d'avoir des intentions.

AC : Non, puisqu'ils ne sont pas en interaction évolutive avec le monde physique.

Malgré leur mémoire, ils n'ont pas de passé autre que celui que nous lui imposons.

Ils sont non évolutifs. Il est certain que l'affectivité intervient dans le phénomène. Quand on se donne un but, c'est pour se faire plaisir, à moins d'être masochiste !

JPC : Cette capacité de se faire plaisir, est elle-même déterminée par notre passé évolutif . Si nous nous autodétruisions en nous faisant plaisir, il est certain que nous ne serions plus là !

AC : Bien sûr. Mais je pense que le mécanisme qui permet d'estimer si la fonction d'évaluation est appropriée au but suppose l'affectivité. Celle-ci est en effet nécessaire pour que l'on puisse apprécier ce qui s'est passé. L'adaptation de la fonction d'évaluation au but proposé ne peut se mesurer que par le plaisir ou le déplaisir qu'il engendre. Imaginons par exemple un joueur d'échecs, qui, bien que capable de calculer comme un ordinateur, choisit une mauvaise fonction d'évaluation. Il est bien évident qu'il sera grandement frustré lorsqu' il constatera qu'il perd toutes les parties qu' il joue . Le choix d'une mauvaise fonction d'évaluation ne lui aura procuré que du déplaisir. Mais ce dernier n'apparaîtra qu'à la fin des parties, et pas plus tôt. Sa fonction d'évaluation inadaptée l'empêchera de comprendre, au cours du jeu, que sa position est mauvaise et qu'il est en train de perdre. Pourtant, au vu du résultat final il comprendra l'inadéquation de sa fonction d'évaluation.

JPC : N'oublions pas que ce système d'évaluation interne (plaisir / déplaisir) et lui-même prédéterminé par le passé évolutif de l'espèce .

Ces affects sont déjà déterminés dans leur réactivité aux signaux du monde extérieur et du monde intérieur.


AC : De nos jours, les machines supposent une intentionnalité prédéterminée. De ce fait, elles en restent au premier niveau.

JPC: Mais alors, comment construire des machines qui accèdent au deuxième niveau ?"

( à suivre, dans un prochain billet intitulé par les deux auteurs:" Une machine qui souffre et s'autoévalue" [paragraphe 6, page 226] )

Nous vous conseillons fortement d'acquérir ce précieux ouvrage dans lequel vous trouverez un grand nombre d'interrogations pertinentes qui viendront nourrir votre réflexion sur la manière dont nous sommes capable, nous-mêmes, d'envisager, de considérer, des problèmes fondamentaux qui se posent parfois à nous .

Fidèlement vôtre . Gerboise .



jeudi 25 novembre 2010

Lueurs* de l'aube à approfondir .

* Lueurs : illuminations soudaines de l'Esprit ; expressions vives de la Réflexion .

« Ma façon de plaisanter est de dire la vérité.
C'est la plaisanterie la plus drôle du monde »

G.B. SHAW

« Le paradoxe est qu'en notre temps de changement profond et rapide, alors que l'avenir est déjà parmi nous, dévorant sous nos yeux le présent, nous n'avons jamais été moins certains de ce qui nous attend . »

E. HOFFER

« Bien que tout accomplissement véritable soit le fait de ceux qui n'ont pas encore atteint le dernier poste, chacun est soumis à l'influence du Principe de Peter , car tous sont susceptibles de promotion. Lorsque de trop nombreux individus atteignent leur niveau d'incompétence, le bois mort s'accumule, la bureaucratie prolifère, la qualité se détériore, la médiocrité triomphe, les compagnies font faillite, les gouvernements s'écroulent, la civilisation tombe en poussière et l'avenir de l'homme s'obscurcit. »

L.J. PETER

A bientôt , Gerboise

samedi 20 novembre 2010

La Géologie : découverte d'un livre enrichissant,formateur, enthousiasmant*,passionnant:Monts et Merveilles** de Maurice Mattauer,Editions Hermann***.




Ci-dessus, reproduction de la figure 1 . 5, du livre de Maurice Mattauer : le mouvement actuel des plaques de la lithosphère, de l'écorce terrestre, à l'échelle du globe . Grâce à la tomographie ( du grec "tomos " : morceau coupé . c'est un procédé d'exploration par la propagation des ondes dans la lithosphère permettant d'obtenir l'image d'une mince couche des terrains à une profondeur voulue) sismique, on sait depuis 1998 que les " subductions " (enfoncement oblique d'une plaque dans l'asthénosphère, couche d'environ 700 kilomètres d'épaisseur, qui constitue le substratum, assise sur laquelle repose la lithosphère . A l'échelle géologique, il s'y produit des mouvements de convection de matière responsables du déplacement des plaques) peuvent descendre jusqu'à 2900 km .

(Vous pouvez réaliser un clic gauche sur l'image pour l'agrandir, puis reculer d'une page en vue de poursuivre votre lecture) .

( En réalisant un clic gauche sur la deuxième image de gerboise : Esiobreg, dans la partie supérieure de la colonne de gauche ,vous pourrez atteindre un autre blog destiné aux jeunes, enfants et adolescents) .

" ... On compte actuelllement sur la Terre six grandes plaques analogues à celles représentées au cours de l'expérience du schéma situé ci-dessous ; elles sont séparées soit par de grandes failles situées dans les océans, soit par des chaînes de montagnes . Une plaque apparaît donc limitée par une autre, aucune d'elles n'étant fixe . Aussi, lorsque deux plaques s'écartent et laissent place à un océan, les conséquences de ce mouvement sont ressenties sur toutes les autres plaques ; c'est pourquoi l'on de la tectonique globale . D'une façon générale, tout écartement de plaques provoque ailleurs un rapprochement de plaques .
A tout océan correspond donc une chaîne de montagne [ voir la figure ci-dessus] . Cette notion est fondamentale pour les géologues, car elle signifie que l'étude des chaînes de montagnes passe par celle des océans ... "




Ci-dessus, reproduction de la figure 1 . 3 : Une expérience analogique de la tectonique des plaques .

" Pour mieux visualiser le comportement général des plaques, que le profane peut avoir du mal à imaginer concrètement, une expérience est possible . Elle consiste à simuler le comportement de la lithosphère et de l'asthénosphère à l'aide de deux couches de paraffine de densités différentes, que l'on superpose dans un récipient dont on chauffe la partie inférieure [voir la figure ci-dessus] . La couche la plus épaisse et la plus sombre sera la couche inférieure et représentera le manteau, tandis que l'autre, plus fine, plus claire et plus légère, sera la partie supérieure et représentera l'écorce d'une plaque continentale . En chauffant régulièrement l'ensemble par le bas, on verra la moitié inférieure se ramollir et se transformer en asthénosphère tandis que la moitié supérieure restera rigide et simulera la lithosphère . Si, dans certaines parties, on accentue le chauffage, la plaque perdra un peu de son épaisseur . Si, en revanche, on interrompt le chauffage en d'autres endroits, elle s'épaissira un peu plus .
La Terre est une machine thermique fonctionnant de même, aux gré des apports de chaleur venus des profondeurs ... " .


La figure ci-dessus, humouristique mais réaliste, présentée par l'auteur de l'ouvrage, illustre schématiquement les mécanismes de la déformation de la lithosphère terrestre . Il est nécessaire de préciser que les plissements dans la lithosphère ne peuvent se produire qu'à de grandes profondeurs où la pression exercée par le poids des formations situées au-dessus est considérable .


* enthousiasme : émotion vive portant à admirer ,"coup de cœur" .
** Beautés et richesses de la géologie .
*** Hermann, Éditeurs des Sciences et des Arts .

Gerboise, vient de découvrir dans une bibliothèque, cette semaine , le livre de Maurice Mattauer, professeur à l'université des sciences et techniques du Languedoc à Montpellier , édité en 1999 .
Maurice Mattauer est lauréat de la Leopold-von-Buch-Plakette de la Deutsche Geologische Gesellschaft, en reconnaissance de ses travaux éminents de géologue et de tectonicien . Il a en outre reçu la Arthur Holmes Medal " in recognition of outsanding scientific achievement in the Earth Sciences " .

Je me rappelle de discussions constructives, avec lui - dont je conserve un très bon souvenir - concernant les « dites déformations» de minéraux [ les feldspaths] que j'attribuais à des structures de croissances cristallines et de déformations liées à la dilatation thermique du cristal dans les magmas fondus et lui, tectonicien, à des actions purement mécaniques postérieures lors des compressions tectoniques à grandes profondeurs . Ces structures [ fissurations thermiques] primitives [antérieures] des cristaux centimétriques de ces feldspath orientés dans le flux magmatique, semblaient, paraissaient, être le résultat de ruptures lors de la déformation tectonique postérieure à la cristallisation du liquide magmatique .

Nous étions à cette époque aussi enthousiastes l'un que l'autre . C'est toujours avec passion que je livre dans mon blog, une grande partie de mes connaissances et de mes réflexions et celles des auteurs que j'admire . La découverte de l'ouvrage de Maurice Mattauer et de son avant-propos :« La montagne, une passion», m'a beaucoup réjoui , en découvrant chez lui cette persistance , cet attachement passionnel et chaleureux toujours présent, visible dans son texte, malgré les longues années qui se sont écoulées .

Je vais me permettre ci-dessous de vous présenter ses réflexions sur les Sciences de la Terre , puis sa présentation de la Montagne , situées au début de l'ouvrage ,qui ont toujours fait l'objet de ses recherches et de ses interrogations .


« Les montagnes ne sont pas immobiles. Elles naissent, vivent et meurent. Elles bougent sous nos yeux ; mais leur mouvement est imperceptible à l'échelle humaine : un sommet ne s'élève guère de plus d'un millimètre par an .

A l'échelle géologique, il en va autrement. L'unité de temps y est le million d'années : la variation d'altitude du même sommet atteint alors 1000 mètres .

Les géologues ont peu à peu réussi à reconstituer, dans leurs grandes lignes, les modifications qui se sont produites dans les principales chaînes du globe : les chaînes récentes, comme les Alpes ou l'Himalaya, ou les chaînes anciennes mortes,comme la chaîne hercynienne . Chaque pierre à un âge et une histoire : en observant les minéraux et les pierres,on parvient à reconstituer l'évolution qui a transformé la nature. La pierre cesse d'être un bloc inerte pour devenir le témoin de l'histoire de la Terre.

Pour des durées de 10 à 100 millions d'années, très courtes à l'échelle de la Terre -vieille de 4,6 milliards d'années - les bouleversements sont considérables . On voit disparaître de grands océans, on assiste à la collision de continents, à la surrection (soulèvement lent et progressif d'une partie de la lithosphère terrestre) puis à la destruction de reliefs de plus de 5000 m d'altitude ; le front des montagnes peut s'avancer de plusieurs centaines de kilomètres sur les continents bordiers .

La découverte de la tectonique des plaques a révolutionné la géologie. elle fournit une explication globale de la dérive des continents et explique le mécanisme de la naissance et de la disparition des océans. Elle donne en même temps un cadre planétaire à la formation des chaînes, nées du rapprochement des plaques .

On essaye maintenant de reconstituer les mécanismes généraux : ceux qui interviennent actuellement dans les immenses zones de reliefs de la planète, continuellement secoués par des tremblements de terre, et ceux qui ont affecté de nombreuses vieilles chaînes figées depuis des millions d'années.

La complexité de ces données ne permet pas une approche abstraite. On échafaude des modèles fondés sur l'observation d'un grand nombre d'objets de différentes échelles. Partant de l'atome ou du cristal, on en arrive au déplacement des continents à l'échelle de la planète entière ; on en étudie les roches, les affleurements, les paysages, les montagnes. On utilise pour cela des microscopes, des cartes, des photographies aériennes, les photographies de satellites, des enregistrements d'ondes sismiques ; on analyse le magnétisme des roches et leurs propriétés physiques, grâce à des techniques de plus en plus sophistiquées, comme l'informatique, le spectromètre de masse, etc.

Le géologue est un clinicien qui analyse le terrain qu'il arpente (mesurer un terrain ; parcourir à grands pas) , établit des diagnostics et construit des modèles que les observations successives modifient au fur et à mesure.

Son travail se nourrit d'observation, d'études, de comparaisons, d'intuition et d'imagination .

En parcourant les montagnes du globe et en ramassant des pierres, on apprend l'évolution des chaînes et l'on peut reconstituer leur passé. La démarche scientifique rejoint ainsi le rêve et la poésie.


LA MONTAGNE, UNE PASSION

Au-dessus d'un monde en perpétuelle agitation, les montagnes évoquent la stabilité et la pérennité (état, caractère de ce qui dure toujours, continuité) . Dominant des siècles d'histoire bouleversée, elles semblent sereines et apparemment inchangées, comme si leurs masses rocheuses ne trahissaient aucune vie . L'alpiniste, gravissant ces parois rebelles, observe la pierre afin d'y découvrir prises et appuis , mais c'est avant tout vers le ciel qu'il dirige son regard, et c'est en contemplant les étoiles qu'il se laisse aller à la rêverie. Il sait qu'à des années-lumière de là, des astres sont en train de naître, de vivre ou de disparaître dans l'infini du temps ; il le sait et cette mystérieuse évolution lui plaît. Il écoute l'astronome lui conter mille histoires merveilleuses et se laisse griser par le firmament et ses lumières scintillantes . La montagne qui le porte n'est plus pour lui qu'un piédestal ( ce qui sert à s'élever, à monter) , bloc minéral inerte dont l'érosion viendra inéluctablement à bout (épuisera) .

Et pourtant… combien de mystères sont ainsi foulés aux pieds, ignorés de ceux qui ne connaissent pas la terre ? Cet alpiniste emporté par la magie des cieux ne soupçonne pas que, sous ses semelles, palpite tout un univers aussi chargé d'histoire. Il ne devine pas qu'en s'y arrêtant un instant, il pourrait y lire le récit de l'évolution du monde, parcourir des millions d'années, voir surgir des continents et des océans à jamais disparus . Il connaît la rêverie de l'astronome, mais ignore l'exaltation du géologue (voir le livre de Pierre Termier : A la Gloire de la Terre que nous avons présenté dans notre blog).

C'est la tête penchée et les yeux rivés au sol que le géologue arpente les chemins de montagne. À intervalles réguliers, on le voit se baisser et ramasser des cailloux. Parfois, il les brise avec un marteau et en observe les morceaux à la loupe . Il en rejette certains et enfouit les autres dans son sac . Il grimpe et descend, tourne et contourne, va et revient sur ses pas, accumulant toujours de nouvelles trouvailles n'intéressant que lui. « Avez-vous trouvé de l'or ? » lui demande-t-on à son retour au village où ce collectionneur bizarre est, le plus souvent, pris pour un original. C'est en fouillant dans son sac à merveilles que l'on peut se faire une idée de ce que recouvre son étrange activité. Parmi les pierres et la poussière, on découvre en général un petit carnet où dessins et graphiques ponctuent des séries de remarques dont la lecture donne le vertige. Il est en effet question de mondes engloutis, de continents disloqués ou d'animaux inconnus.

À travers ces bribes ( petites quantités, savoirs rudimentaires), c'est l'histoire de la terre que l'on touche du doigt.

Pour le géologue, le moindre caillou prend les allures d'une machine à remonter le temps, qui lui permet de reconstituer, à partir d'un moment de l'histoire géologique, l'évolution entière de notre planète. Comme l'observateur des astres, l'observateur des pierres parcourt à grandes enjambées les millions d'années qui, peu à peu, ont construit l'univers. Les yeux du géologue, lorsqu'il contemple un sommet, reflètent la même profondeur insondable que ceux de l'astronome scrutant les étoiles. Se mouvant comme lui dans le temps et l'espace, il songe à l'océan qui précéda la montagne quelque cent millions d'années plus tôt, il tente d'imaginer sa forme et ses rivages et évaluer la vitesse à laquelle les eaux se sont retirées. Il veut savoir comment et pourquoi la montagne a surgi à cet endroit précis et à quel moment . Parfois, il descend dans les entrailles de la chaîne, pour mieux reconstituer les courants de matière qui ont joué sous l'écorce terrestre, quelques centaines de kilomètres plus bas .

Pour cet homme, la montagne n'est pas ce bloc inerte à peine sensible à l'érosion du temps, mais une entité vivante, changeante et et mouvante.
Tel un être vivant, elle naît , grandit , mûrit , se modifie sans cesse, connaissant même des périodes d'intense activité, et peu à peu s'affaisse , vieillit et finit par mourir.
Son ossature demeure longtemps après et se retrouve souvent exhumée dans une nouvelle chaîne de montagnes, , jeunes et vigoureuses, qui, à son tour, connaîtra vie et déclin.

Le géologue est donc un véritable historien, reconstituant des mondes entiers avec leur géographie, leur faune , leur flore et leurs paysages à jamais disparus.
L'histoire qu'il retrace est peuplé de chocs inouïs et de révolutions brûlantes où les raz-de-marées succèdent aux séismes, tandis que des bouleversements plus terribles encore se préparent dans les profondeurs surchauffées de l'écorce terrestre.

LA FASCINATION

Le géologue n'est pas seul à subir cette fascination, et cette histoire a nourri bon nombre de légendes, depuis les temps les plus reculés. Ainsi, dans la Bible [ Psaume 104] :

Les eaux recouvraient les montagnes,
Elles s'enfuirent devant ta menace.
Au bruit du tonnerre, elles reculèrent épouvantées .
Les montagnes surgirent, les vallées se creusèrent.

Ainsi voit-on le mythe rejoindre la réalité et se confondre avec elle.

Pour reconstituer cette histoire, point n'est besoin de sonde ou de télescope . Ce que des astronautes sont allés chercher sur la Lune, ce que les sondes ont rapporté de la planète Mars, chacun peut le collecter simplement sur la Terre.

Il suffit de marcher , de grimper, d'escalader, puis d' apprendre à voir et à observer, pour comprendre .

… « Casser du caillou en réfléchissant» , la devise des géologues, illustre bien ce perpétuel va-et-vient de l'observation à la réflexion, attitude comparable à celle qui, à une autre échelle, anime l'archéologue …

… Enfin, et surtout, le géologue se préoccupe des déformations subies par les roches, à toutes les échelles. Autrement dit, ses yeux ne s'arrêtent pas derrière la loupe, mais peuvent également devenir ceux du tectonicien se concentrant par exemple à l'étude du plissement ou des tremblements de terre.
De l'atome au kilomètre , le géologue doit pouvoir adapter son regard à tous les stades de sa recherche …

Nous serons amenés par la suite, à utiliser,comme outils intellectuels et pratiques, les nombreuses analyses de comportement présentées par l'auteur et les profondes réflexions qui jalonnent l'ensemble des chapitres de l'ouvrage qui est un modèle pédagogique inestimable
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Cordialement vôtre, Gerboise .

mardi 2 novembre 2010

Les beautés de notre langue française,illustrées dans les paroles de cette merveilleuse chanson : La langue de chez nous :chantée par Yves Duteil .*

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Nous allons illustrer les propos concernant le fond et la forme de notre billet : La magie des mots.... du lundi 25 octobre 2010, publié sur un notre site " Esiobreg " , par les paroles merveilleuses de cette chanson . Cet exemple nous permettra d'avoir conscience du fait que le fond et la forme d'un texte ne font qu'un .

Pour accéder au site Esiobreg, il vous suffit de cliquer sur la deuxième image située dans la colonne de gauche du présent blog .


La langue de chez nous

par Yves Duteil


C'est une langue belle avec des mots superbes
Qui porte son histoire à travers ses accents
Où l'on sent la musique et le parfum des herbes
Le fromage de chèvre et le pain de froment

Et du Mont-Saint-Michel jusqu'à la Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce pays
On dirait que le vent s'est pris dans une harpe
Et qu'il en a gardé toutes les harmonies

Dans cette langue belle aux couleurs de Provence
Où la saveur des choses est déjà dans les mots
C'est d'abord en parlant que la fête commence
Et l'on boit des paroles aussi bien que de l'eau

Les voix ressemblent aux cours des fleuves et des rivières
Elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux
Parfois même aux torrents qui charrient du tonnerre
En polissant les pierres sur le bord des ruisseaux

C'est une langue belle à l'autre bout du monde
Une bulle de France au nord d'un continent
Sertie dans un étau mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d'un volcan

Elle a jeté des ponts par-dessus l'Atlantique
Elle a quitté son nid pour un autre terroir
Et comme une hirondelle au printemps des musiques
Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs

Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout,
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu'on y parle encore la langue de chez nous

C'est une langue belle à qui sait la défendre
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu'il faut pour vivre en harmonie

Et l'Île d'Orléans jusqu'à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s'est pris dans une harpe
Et qu'il a composé toute une symphonie

Et de l'Île d'Orléans jusqu'à Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s'est pris dans une harpe
Et qu'il a composé toute une symphonie.

Dans un prochain billet nous analyserons le vocabulaire du texte de cette chanson, en définissant les mots qui pourraient poser des problèmes de compréhension.

Bien à vous, Gerboise .