mardi 27 avril 2010

L'essence*, la quintessence** du langage .

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* essence : nature intime des choses, ce que nous comprenons qu'elles soient, son intelligibilité .

** quintessence : ce en quoi se résument l'essentiel et le plus pur de quelque chose, le meilleur .

"" La langue n'est pas seulement un instrument ; elle est à la fois le contenant et le contenu de la littérature . Combien s'étend le champ que ces mots nous offrent afin que nous le possédions, le cultivions et le fertilisions !

Si les mots ne sont pas seulement des signes, mais s'ils sont en même temps des réceptacles dans lesquels nous découvrons des pensées, alors, je considère une langue dans son ensemble, comme une vaste enceinte enfermant des pensées rendues visibles, comme un champ sans bornes d'idées .

De longs siècles et des générations successives ont déposé dans cette réserve les trésors de leurs idées . ""

Johann Gottfried Herder .1744-1803 ; extrait de : " La littérature allemande contemporaine " .

lundi 26 avril 2010

Propos sur les comportements concernant l'activité scientifique au cours des âges:Positions de certains savants et philosophes : Ernst Mach .

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Ernst Mach, 1838-1916 .

Physicien et philosophe autrichien . Sa critique des principes de la mécanique newtonienne, influença considérablement la pensée d'Einstein .

Ernst Mach fit d'importantes découvertes et écrivit nombre d'ouvrages classiques sur la mécanique, la théorie de la chaleur, l'optique et l'acoustique . Professeur aux Universités de Gratz, en Autriche, puis de Prague en république Tchèque, il savait intéresser et s'attacher son auditoire . Tandis qu'il ne se reconnaissait aucun droit au titre de philosophe, il acceptait celui de spécialiste de la psychologie de la connaissance et de la méthodologie . En réalité, il formula un positivisme nouveau, différent de celui d'Auguste Comte, car il attribuait une égale importance aux faits psychiques et aux faits physiques .

Il cherchait à définir un point de vue entièrement indépendant de la métaphysique, à éliminer les hypothèses que ne peut contrôler l'expérience, à créer une épistémologie qui garantisse les prérogatives de l'empirisme, sans qu'intervienne aucune ontologie ( qui appartient à l'ordre de l'étant, c'est-à-dire à l'ordre de l'expérience ; s'oppose à la phénoménologie ; partie de la métaphysique qui traite de l'être, indépendamment de ses déterminations particulières) , qu'elle soit idéaliste ou matérialiste .

Essayant d'éviter, dans le domaine scientifique, les conceptions anthropomorphiques (tendances a attribuer aux choses des réactions liées aux activités humaines) , il regardait la causalité elle-même comme une survivance de la religion primitive, et ne voulait admettre que la relation fonctionnelle, comme on en use dans la terminologie mathématique . Pour lui, les lois de la nature ne faisaient que traduire les données de l'expérience, chaque jour vérifiées un peu plus . La conception habituelle des choses se trouvait remise en question par le fait que le langage n'a, pour les exprimer, que les mêmes mots, même quand elles changent . Pour lui, les choses se caractérisent comme des symboles de groupes ou de complexes de sensations, telles que les sons, couleurs, odeurs, pression, température, impressions temporelles et spatiales . Par suite, le moi [l'égo], pour autant qu'il est connaissable, se ramène à un faisceau de sensations changeantes, et aucune différente fondamentale entre le monde psychique et le monde physique ne peut s'établir .

Cependant, Ernst Mach insistait sur le fait qu'il n'y a pas d'actes isolés de percevoir, de sentir, de vouloir et de penser, et que la vie psychique est non seulement réceptive, mais active .
Il a exposé ses théories dans : Analyse des sensations [1886] et dans Connaissance et Erreur [1905] .

Dans ce dernier ouvrage, Ernst Mach analyse minutieusement , entre autres choses, les mécanismes qui conduisent l'être humain, le " Chercheur ! en particulier ", à manipuler consciemment, volontairement ou à son insu, sans en avoir conscience, les résultats de ses activités, donc à provoquer, à créer des erreurs .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

samedi 24 avril 2010

Propos sur les comportements concernant l'activité scientifique au cours des âges:Positions de certains savants et philosophes:René Descartes .

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René Descartes, 1596-1650.

René Descartes représente l'esprit d'une époque qui s'est débarrassée du principe d'autorité et des opinions conventionnelles .

Descartes, à la fois philosophe et mathématicien, invente une méthode en métaphysique (au-delà, au-dessus de la physique, abstrait) et ouvre des horizons scientifiques . Dans le Discours de la Méthode [1637], il définit l'intuition et la déduction et pose l'évidence de son existence comme critérium de la vérité .

Aussi grand savant que profond philosophe, René Descartes invente la géométrie analytique par l'application de l'algèbre à la géométrie ; pose les principes de la physique mécanique et du déterminisme biologique comme de la psycho-physiologie . Dans sa morale, qu'une mort prématurée ne lui a pas permis d'achever, il développe l'idée de générosité, fondement de la dignité humaine .

Les Règles de la Méthode .


" Le premier [précepte, commandement] était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle (à condition de s'y connaître, de savoir, d'être compétent) ; c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation ( avec irréflexion, en faisant " les choses ! à la va-vite " ) et la prévention (le parti pris, la partialité); et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute .

Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre .

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres .

Et le dernier
, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre ."

~Discours de la Méthode ~

Que de sages conseils, qui auraient dû être profitables à " la réflexion " concernant les causes du réchauffement climatique, et à d'autres problèmes aussi fondamentaux. Si "certains esprits " avaient été capables de " s'ouvrir " , et avaient été en situation de les connaître et ainsi, de les prendre en considération, au lieu de s'enfoncer dans des raisonnements futiles et des interprétations limitées . En ne mettant pas en corrélation , par exemple, les phénomènes tels que les éruptions gigantesques se déroulant dans les zones superficielles à la surface de notre Étoile : le Soleil !, et les variations climatiques en particulier, sur notre planète Terre .

Voici donc après les conseils de Michel de Montaigne , ceux de René Descartes, suivis la prochaine fois de ceux de Ernst Mach qui publia en 1905 : Connaissance et Erreur .

Ils sont tous précieux, car de différentes manières, chacun d'entre eux nous apporte un point de vue particulier qui va nous permettre de jauger les comportements de certains de nos concitoyens non épris de cet esprit d'authenticité, d'objectivité qui révèle un véritable " Homme de Science " digne de ce label [ ce qui marque, ce qui classe quelqu'un,ce qui le caractérise ; ici, au point de vue de la valeur morale et de l'éthique ] .

Cordialement, bien à vous tous, Gerboise .

vendredi 23 avril 2010

Propos sur les comportements concernant l'activité scientifique au cours des âges .Positions de certains savants et philosophes:Michel de Montaigne.





Ci-dessus Tycho Brahé, astronome Danois, 1546-1601, [dans son observatoire, Joan Blaeu, 1662].

Le roi Frédéric II de Danemark lui ayant octroyé en 1576 l'île de Hveen [Sund] pour y construire son laboratoire [ château d' Uraniborg] il consacra à l'observation les vingt années qu'il y passa .

Oui, 20 années d'observation et de réflexion , avant de prendre une décision définitive !

Et ceci à une époque où l'on pouvait perdre sa vie en proclamant les résultats de ses propres interprétations sur le Monde !

Ceci devrait faire réfléchir les tenants du réchauffement climatique anthropique qui se précipitèrent pour nous imposer leur croyance , sans prendre en considération les thèses contradictoires .

Tycho Brahé y abritait les instruments qu'il fabriquait lui-même pour mesurer la position des étoiles et des planètes . Pour parfaire leurs positions, il réalisait des instruments monumentaux, comme le quadrant mural que l'on peut observer sur l'image ci-dessus . Sur cette illustration , Tycho Brahé assis pointe son doigt vers une ouverture par laquelle il mesure la hauteur d'une étoile dans le ciel . Grâce à ses observations d'une très grande précision, il résolu sans aucune ambiguïté le conflit toujours latent entre les tenant du modèle copernicien de l'Univers et le modèle de Ptolémée .
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L'authenticité réelle de l'évidence ? Contrevérités, désinformation, manipulations de certains,qui sont indignes de vivre dans la collectivité humaine !

Michel Eyquem de Montaigne, 1533-1592 .

Alors que les gentilshommes ornaient habituellement leurs armoiries de devises grandiloquentes (avec emphase : avec exagération, ceux qui abusent des grands mots ou des effets faciles) , Montaigne écrivit simplement sous les siennes :

" Que sais-je ? " .

Il vécut en un temps de querelles incessantes entre théologiens, philosophes et savants, à une époque aussi sanglantes de guerres de religions . Pour lui, il combattit en faveur de la paix et de la tolérance, usant, pour ce propos, des armes de l'ironie et du scepticisme . Contre ce fanatisme, il fit appel à la pensée claire et à la raison réfléchie, et, par son talent littéraire, il réussit à communiquer à certains de ses contemporains, le goût de la sagesse et le sens de la mesure .

Ne serait-il pas indispensable, à notre époque, en ce moment, où certains esprits s'échauffent, au sujet du réchauffement climatique,et, également pour d'autres problèmes importants à résoudre, d'adopter cette sagesse et surtout le sens de la mesure, cette belle leçon que ce sage nous a intentionnellement léguée ?

Dans son livre, Les Essais, Michel de Montaigne tente de renverser les prétentions [de croire détenir seul la vérité] de tout dogmatisme et de tout fanatisme, en montrant la commune faiblesse des hommes .

Il déclare que l'infatuation ( le narcissisme,l'autosatisfaction , ces sentiments d' être trop pénétré de ses mérites, content de soi, prétentieux) et la suffisance ( cette croyance de quelqu'un,une personne qui a une trop haute idée d'elle-même et qui tranche sur tout et sans douter de rien) constituent la maladie caractéristique de l'homme qui, en fait, se révèle comme la plus fragile des créatures .

Mais sa manière d'exhorter à l'humilité n'a rien de commun avec celle des prédicateurs ; il met simplement l'accent sur le caractère personnel de ses vues et de ses expériences, et ne contraint point les autres à penser comme lui . Il étudie la civilisation d'Athènes et s'intéresse aussi à la vie des Indiens d'Amérique . A ceux qui pensent que l'univers entier n'est fait que pour la commodité et le service des humains, il n'oppose qu'un sourire . Mais, tout en rejetant la téléologie anthropocentrique et en refusant de croire à une vérité absolue, Michel de Montaigne est loin de nier les valeurs de la vie humaine, de la nature, des arts et des sciences .

La relativité des valeurs ne lui est pas une preuve qu'il n'existe ni valeurs, ni devoirs . La bienveillance envers ses semblables se présente à lui comme une valeur presque absolue .

Pour ces confessions que constitue son livre, Michel de Montaigne a créé un nouveau genre littéraire, l'essai .
Bien d'autres, depuis, l'ont utilisé, Bacon, Descartes, Locke, Rousseau, Voltaire ... ; jusqu'à nos jours il est demeuré populaire . Un des plus fervents lecteurs de Montaigne fut William Shakespeare ; Molière l'imita, et Laurence Sterne, et Anatole France et quantité d'autres .

Belle et profonde leçon, sans doute ?

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

jeudi 22 avril 2010

Fable : Le petit Poisson et le Pêcheur,de Jean de la Fontaine .Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras .L'un est sûr,l'autre ne l'est pas



Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie ;
Mais le lâcher en attendant,
Je tiens pour moi que c'est folie :
Car de l'attraper il n'est pas certain .

Un Carpeau qui n'était encore que fretin,
Fut pris par un Pêcheur au bord d'une rivière .
" Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin ;
Voilà commencement de chère et de festin :
Mettons-le en notre gibecière . "
Le pauvre Carpillon lui dit en sa manière :
" Que ferez-vous de moi ? je ne saurais fournir
Au plus qu'une demi-bouchée .
Laissez-moi carpe devenir :
Je serai par vous repêchée ;
Quelque gros partisan m'achètera bien cher :
Au lieu qu'il vous en faut chercher
Peut-être encore cent de ma taille
Pour faire un plat : quel plat ? croyez-moi, rien qui vaille .
- Rien qui vaille ? eh bien ! soit, repartit le Pêcheur :
Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur,
Vous irez dans la poêle ; et vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire . "

Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras :
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas .

Jean de la Fontaine .



L'analyse de nombreux domaines de la vie permet de démontrer la véracité de la morale qui découle logiquement et pratiquement de cette fable (petit récit d'une action feinte, souvent amusant, destiné à instruire dans lequel on exprime une moralité sous le voile de quelque fiction, allégorie) .

" Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être ;
Le plus simple animal nous y tient lieu du maître,
Une morale nue apporte de l'ennui,
Le conte fait passer le précepte avec lui .
En ces sortes de feintes, il faut instruire et plaire . "

Jean de la Fontaine .

Fable : petit conte en vers ou en prose dans lequel sont mis en scène et personnifiés des animaux, des végétaux ou des objets et qui est composé dans le but d'inculquer un principe d'éthique, une sorte de déontologie et de valeurs .

Conte : par contre ici, nous sommes en présence du récit d'une aventure imaginaire, invraisemblable ou merveilleuse, fait pour amuser ou pour produire sur l'esprit une vive impression .

Roman : conte très long qui est une suite d'aventures créées de toutes pièces et propres à exciter l'intérêt .

Nouvelle : conte inédit et qui, pour la longueur, tient le milieu entre le conte proprement dit et le roman ; elle a pour but de passionner et d'émouvoir .

Gerboise vous propose de réfléchir sur les conséquences de la morale de cette fable dans la vie de tous les jours .

Voici quelques pistes, en vue de vous guider, d'orienter votre réflexion :

- Les achats et les ventes d'actions, des valeurs en Bourse, sur les marchés financiers .
- Les occasions d'acquisitions diverses remisent à plus tard .

- Les décisions quotidiennes qui auraient dues être prisent et ne le furent point à temps .
- ...... ?

Dans ces divers cas, nous avons pu tergiverser en pensant qu'il était nécessaire d'y réfléchir plus longuement, et que " l'on verra plus tard " ! [pour prendre la décision] ; ou d'attendre une circonstance aléatoire , jugée favorable, pour enfin, agir .

D'où la nécessité de savoir[d'être capable de], prendre ses décisions rapidement, et de savoir peser le " pour et le contre " dans l'instant, dans les meilleurs délais : à bon escient (avec de bonnes raisons ou de mauvaises raisons) et cela :

avant que les circonstances favorables changent ou s'annihilent (disparaissent) !

Nous vous proposerons un certain nombre de circonstances dans la vie quotidienne dans lesquelles la morale de cette fable est fondée, et d'autres conjonctures où " les choses " sont contraires ou moins évidentes .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

samedi 17 avril 2010

Monde de la Science et le domaine sentimental :les interactions,les retentissements;effets indirects ou effets en retour. Conséquences tendancieuses*.

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*tendancieuses : de tendance, ce qui porte à être, à agir, à se comporter de telle ou telle façon ; orientation commune à une catégorie de personnes ; évolution de quelque chose ou de quelqu'un , dans un même sens .

PHILOSOPHIE DU RIRE ET DES PLEURS

Livre de Alfred STERN, Docteur en philosophie, professeur, membre du corps enseignant de California Institute of Technology, Passadena et de The University of Southern California, Los Angeles , publié aux Presses Universitaires de France[P.U.F.] ,1949 .

Voici la première partie de son introduction qui s'intitule : L'univers de la science et le globe sentimental .

Cette partie vous permettra de comprendre tout l'intérêt de la lecture de cet ouvrage fondamental pour la compréhension des rapports entre les choses matérielles et les sentiments humains de ce monde dans lequel nous venons faire, durant notre vie sur terre, un très court , mais fabuleux séjour .

Nous avons décidé de vous faire connaître ce texte car Alfred STERN, son auteur, a su nous faire saisir les différences profondes et les complémentarités entre deux mondes, celui de l'étude de la matière inerte et celui dans lequel se sont développés nos sentiments, nos rires, nos pleurs, toute notre âme . En réalisant cela, il va nous permettre de comprendre ce qu'est, ce que doit être [ impérativement ] l'activité scientifique, ce que les scientifiques doivent faire et surtout ne pas faire .

Dans notre quête de la recherche des valeurs nécessaires pour apprendre à développer notre esprit critique et de ne pas subir les informations erronées , parfois manipulées, qui nous arrivent de toute part , cette comparaison permanente [de ce qu'est la science, de ce que doit être ce spécialiste de la matière et du rationnel, mais aussi de ce qu'est cet être plein de passions, inexorablement recouvert de son manteau sentimental , qui du fait de lui , trop souvent un être manipulable et
parfois manipulateur ] est nécessaire . Elle vous aidera à mieux saisir toutes les subtilités nécessaires pour comprendre les qualités, mais aussi les bassesses présentes chez certains individus,et même dans un certain nombre de communautés et associations humaines .

Voici le texte d'Alfred STERN

"" N'est-ce pas un anachronisme d'écrire des livres philosophiques à l'âge atomique ?

Est-ce sensé d'inventer de subtiles théories philosophiques sur le rire et les pleurs, à une époque où une seule bombe atomique peut, en moins d'une seconde, effacer le rire de cent mille visages humains, en faisant disparaître ces cent mille visages, avec les corps qui les portent ? Ne vaudrait-il pas mieux n'écrire qu'une philosophie des pleurs alors qu'il n'est pas certain qu'une guerre atomique, une fois déclenchée, laisse intacts assez d'yeux pour pleurer ceux qui disparaîtraient dans la poussière cosmique ?

(Il est nécessaire d'être conscient que ces questions sensibles, douloureuses, furent posées par l'auteur de ce livre en 1949, à peine quatre années après le double cataclysme, celui de Hiroshima et celui de Nagasaki trois jours après :le 9 Aout 1945 . Les esprits , à l'époque étaient encore imprégnés profondément par ces événements émouvants ).

Quand on pose le problème plus général de la justification de la philosophie à l'âge atomique, on tient compte du fait curieux que la deuxième guerre mondiale semble avoir déplacé l'équilibre entre la philosophie et la science .

En tant que guerre idéologique, elle a été une guerre éminemment philosophique . A vrai dire, elle a été une guerre entre deux philosophies morales opposées .

Mais au lieu d'aboutir à une victoire nette de l'une de ces deux philosophies de la vie, la deuxième guerre mondiale a vu surgir, au dernier moment, un autre vainqueur d'une puissance terrifiante : la science, la science atomique, la physique et la chimie nucléaires, accompagnées d'une nouvelle technique atomique, véritablement grandiose dans sa sombre majesté .

Et soudain nous voyons cette nouvelle science s'ériger en idéologie, qui se substitue aux anciennes idéologies philosophies, voulant imposer sa loi à la vie des peuples .
Et ceci non pas par la volonté des créateurs de cette nouvelle science, qui eux, au contraire, sont devenus extrêmement modestes et consciencieux sous le poids de leur responsabilité séculaire, mais par la seule existence des instruments et des méthodes crées par cette science .

En entreprenant d'écrire une nouvelle philosophie à une pareille époque chiliastique (qui a rapport au chiliasme : doctrine de ceux qui pensaient, qu'après le jugement universel, les prédestinées demeureraient mille ans sur la terre et y jouiraient de toutes sortes de plaisirs) , il faut d'abord se demander si l'équilibre entre la philosophie et la science a réellement été bouleversé au préjudice de la première .

Certes, le progrès scientifique a été vertigineux, au cours de ces années
dernières . Du Ve siècle avant notre ère jusqu'à la fin du XIXe, notre connaissance de la structure intime du monde matériel se borna aux seuls atomes, auxquels s'ajoutèrent les groupes d'atomes, appelés molécules . Et soudain, après quelques dizaines d'années, on nous montre que l'atome n'est pas, l'indivisible tel que ses pères intellectuels Leucippe et Démocrite se le représentaient, qu'il est décomposable en un grand nombre de particules élémentaires, appelées électrons, protons, neutrons, positrons, mesotrons . En même temps, la physique moderne surmonte la rigidité classique des principes de conservation de la masse et de l'énergie, nous indiquant la formule miraculeuse qui les traduit l'une dans l'autre l'autre, et inventant les moyens techniques ingénieux de réaliser cette traduction, c'est-à- dire de libérer l'énergie atomique .

Ces grandioses conquêtes de l'esprit scientifique donneront, sans doute, un nouvel essor au " scientisme " , à ce culte quasi religieux de la science, que nous avons déjà vu surgir une autre fois, au cours du XIXe siècle, avec la tendance de substituer la science à la philosophie .

Tantum possumus, quantum scimus, a dit Francis Bacon, l'homme qui vit, dans la puissance de nos réalisations, la mesure de notre savoir . Puisque c'est le savoir scientifique et non le savoir philosophique, qui nous permet les réalisations gigantesques de l'âge atomique, n'est-ce pas un anachronisme (caractère de ce qui est anachronique, déplacé de son époque ; qui est d'un autre âge) de faire la chasse aux fantômes conceptuels de la philosophie ?

Telle est la question que nous posent déjà les apôtres (les prédicateurs) du nouveau scientisme absolu .

Cependant, on peut les réfuter par un seul argument, qui, à la fois, met en relief la raison d'être de la philosophie, en général, et l'entreprise plus spéciale de la philosophie du rire et des pleurs .

A savoir l'argument que le monde de la science est un monde où nous vivons, souffrons et nous réjouissons, est un monde où l'on pleure et où l'on rit, et seule la philosophie peut en tenir compte .

Tout ceci ne va pas de soi et exige quelques explications . Celles-ci résident dans la différence fondamentale qui existe entre science et philosophie .

Ce qui fait le caractère distinct de toute philosophie, c'est qu'elle considère le rapport entre la pensée déterminante et les objets déterminés, tandis que les sciences se bornent à examiner les rapports mutuels des objets déterminés .

Autrement dit : toutes les sciences examinent les rapports mutuels des objets, rapports appelés " lois physiques " , " lois naturelles " , etc., mais ce faisant les sciences font méthodiquement abstraction des rapports de ces objets avec le sujet, qui est à la fois sujet connaissant et sujet appréciant .

Mais puisque le sujet connaissant est lié à un sujet appréciant et que c'est l'appréciation qui fait la valeur, le monde de la science, construit en vertu d'une élimination méthodique de tous les rapports des objets avec le sujet, est un monde exempt de valeurs .

Et un monde exempt de valeurs est un monde où l'on ne rit pas et ne pleure pas, tout rire et tous pleurs exprimant des appréciations .

( et donc, comme le pense Gerboise, un monde dans lequel on ne croit pas, il ne semble pas, il n'apparaît pas, où les choses n'ont pas l'air ,mais sont ou ne sont pas . C'est là que réside tous les problèmes actuels dans les discours et les incompréhensions des discussions sur les origines anthropiques [c'est-à-dire humaines] ou autres [ différences portant sur la nature, étrangère à l'humanité] , du " réchauffement climatique en particulier! ) .

La philosophie étant appelée à considérer les rapports entre la pensée déterminante et les objets déterminés - ou bien, dit de façon moins abstraite, les rapports de tout objet avec le sujet connaissant et appréciant - cette philosophie est seule qualifiée à comprendre et à interpréter le monde où l'on rit et où l'on pleure, le monde où nous vivons, le monde des émotions et des valeurs .

Notre distinction entre science et philosophie explique donc le fait que nous nous trouvons en face de deux univers différents :

- L'univers de la science,

qui se compose d'atomes dépouillés de qualités subjectives, d'électrons, de protons, de neutrons, d'ondes, de champs électromagnétiques et de vecteurs, un univers considéré comme purement objectif, ne contenant que la description des rapports mutuels des objets, après l'élimination méthodique des rapports de ces objets avec le sujet connaissant et appréciant .

De par sa genèse gnoséologique ( à partir des fondements de la connaissance absolue) cet univers de la science sera donc indépendant du sujet connaissant c'est-à-dire de caractère réaliste - et exempt de valeurs et de hiérarchies, celles-ci présupposant un sujet appréciant, qui, dans la constitution de l'univers scientifique, a été éliminé méthodiquement . Cet univers de la science est donc celui qui, selon Spinoza ( philosophe hollandais, 1632-1677 ) , ne connaît " ni bien ni mal " .

De l'autre côté nous avons

- L'univers de la philosophie .

Vu qu'à la différence de la science, la philosophie ne se borne pas à considérer les rapports mutuels des objets connaissables, mais considère leurs rapports avec le sujet connaissant et appréciant, son univers ne sera pas fait de fictifs objets " purs " , sans qualités subjectives, comme les atomes . Embrassant les objets et le sujet, dans tous leurs rapports mutuels, la philosophie se trouvera devant un univers constitué de choses aux qualités subjectives .

Son monde sera fait non pas d'ondes sonores, mais de sons, non pas de mouvements moléculaires, mais de qualités : chaud, froid, doux, amer, sucré, acide, astringent ...

Dû à la considération des rapports des objets connaissables avec le sujet connaissant, l'univers de la philosophie sera donc, de par sa nature, d'orientation idéaliste, et vu que le sujet connaissant est lié au sujet appréciant, l'univers philosophique sera d'orientation axiologique, c'est-à-dire qu'il sera un univers dans lequel chaque objet sera support d'une valeur . Ce sera un monde caractérisé par une inégalité de rang parmi les objets, un monde de hiérarchies, à la différence de l'univers de la science, qui en est exempt et où il n'existe pas d'objet privilégié .

Si cet univers du philosophe est si proche de celui de la vie courante, c'est que la vie - comme la philosophie - ne fait pas abstraction des rapports des objets au sujet connaissant et appréciant . Avec la différence cependant que dans le cas de la philosophie il s'agit d'une attitude méthodique et dans celui de la vie d'une habitude .

Étant donné qu'à la différence de l'univers de la science , l'univers de la philosophie fait face à un sujet appréciant - et appréciant en vertu de sentiments de valeurs - nous voulons désigner cet univers du philosophe par le nom de " globe (sphère ,étendue de pouvoir, d'influences, de connaissances, de talent considérée par rapport à celui qui les possède )sentimental " .

Le globe sentimental est le monde de nos évaluations . Puisque le rire et les pleurs sont nos évaluations marginales, ils forment les deux pôles de notre globe sentimental .

On ne saurait, en effet, mieux caractériser notre globe sentimental que par l'affirmation qu'il représente le monde où l'on rit et où l'on pleure, tandis que l'univers de la science, ayant éliminé le sujet, est exempt de ces émotions évaluatrices .

Lequel des deux univers est [et doit être] le " véritable " : celui de la philosophie et de la vie ou celui de la science ?
A notre époque on tend nettement à attribuer une réalité supérieure à l'univers de la science, où nos représentations sont réduites à leur squelette mathématique . Henri Bergson se moqua de cette tendance, en écrivant :

" Hypnotisés, pour ainsi dire, par le vide que notre abstraction vient de faire, nous acceptons la suggestion de je ne sais quelle merveilleuse signification inhérente à un simple déplacement de points matériels dans l'espace, c'est-à-dire à une perception diminuée, alors que nous n'aurions jamais songé à doter d'une telle vertu l'image concrète, plus riche cependant, que nous trouvons dans notre perception immédiate " [ Henri Bergson, L'énergie spirituelle, chap. VII, P. 221 ] .

Néanmoins, il ne s'agit pas là d'un simple caprice . La réalité supérieure qu'on a tendance à attribuer à l'univers de la science nous semble un résultat du fait qu'il nous permet de maîtriser la réalité avec beaucoup plus de succès et d'obtenir plus de conquêtes sur la nature . C'est pourquoi on le croit plus proche de celle-ci .

Si donc on considère l'univers de la science comme le " véritable " , c'est, en général, pour des raisons d'ordre pragmatique .

Tout cela ne doit cependant pas nous faire oublier que l'univers de la philosophie est plus riche que celui de la science, puisque la description philosophique ne comprend pas seulement les rapports mutuels des objets, mais aussi leur rapports avec le sujet, rapport méthodiquement négligé par la description scientifique .

Cependant, toute cette rivalité entre les univers de la science et de la philosophie nous paraît bien stérile .

Au fond la différence entre science et philosophie, telles que nous les avions définies, se ramène à une différence d'ordre méthodologique, la science étant la méthode de considérer entre eux les rapports mutuels des objets déterminés, en faisant abstraction de leur rapport avec la pensée déterminante et appréciante, la philosophie étant la méthode qui considère les objets déterminés dans leur rapport avec la pensée déterminante et appréciante . Ainsi la différence entre les deux univers, résultant de ces deux méthodes, est essentiellement d'ordre méthodologique, et il paraît oiseux de discuter pour savoir lequel des deux est l'univers " véritable " . Issus de besoins intellectuels différents, ils sont appelés à remplir des fonctions
différentes, et il faut renoncer à vouloir tirer de l'univers de la science des réponses qu'il ne saurait donner, puisque les présuppositions de celles-ci ont été auparavant éliminées .

Même pour admirer la science il faut se placer en dehors d'elle, puisque l'univers de la science étant dû à l'élimination des rapports des objets au sujet appréciant ne connaît pas de valeurs,pas de différences de valeurs, pas de hiérarchies, pas d'émotions, pas d'admiration .

Démocrite lui-même, père de l'atomisme, n'aurait pu devenir le " philosophe qui rit " s'il était resté confiné dans son univers scientifique où tout ce qui se passe est ramené à des réunions et à des séparations d'atomes, car un mouvement atomique n'est ni meilleur ni pire, ni plus gai ni plus triste que l'autre .

Les immenses succès que notre époque vient de remporter par ses opérations exécutées sur le globe (l'ensemble de l'environnement, du milieu) abstrait de la science, ne doivent cependant pas nous faire oublier le rôle non moins immense du globe sentimental de la vie et de la philosophie, dans l'ensemble de l'existence . Sous un certain angle on pourrait affirmer que le globe abstrait présuppose le globe sentimental .

Car les théories scientifiques et les découvertes de la science doivent leur création au sentiment de valeur qui se rattache à l'idée de vérité
.

Il en est de même de tout autre domaine de l'existence : le grand homme d'État ne serait qu'un monsieur quelconque sans le sentiment de confiance qu'il inspire aux foules, et l'œuvre d'art ne serait que le produit d'une simple technique sans le sentiment de beauté qu'elle fait naître et dont elle est le produit . Les batailles les plus glorieuses de l'histoire ne seraient que de vils massacres sans le sentiment d'enthousiasme patriotique qui anime les lutteurs et la patrie ne serait qu'un territoire géographique, une région habitable sans le sentiment d'amour qui se rattache à son sol, à son histoire, à sa population ( ceci demande réflexion dans la conjoncture actuelle en l'année 2010, dans laquelle " on " veut, on [ certains personnages ] envisage de faire disparaître, d'annihiler, la notion de "Nation ", voire même de peuple français).

Finalement, la construction de la bombe atomique, suprême triomphe du globe (du monde, du microcosme , du domaine ) scientifique, aurait été à l'œuvre d'une gigantesque autodestruction de l'humanité, sans grandeur véritable, voire un crime, si elle n'avait pas été entreprise au service d'un idéal, de l'idéal de la libération de l'humanité de l'esclavage fasciste et guerrier . Mais cet idéal, les hommes de science ne purent le trouver sur leur globe (domaine, leur champ d'étude, le ressort : domaine où s'étend la compétence ou le pouvoir de quelqu'un ) abstrait d'atomes et de neutrons ; ils durent l'importer du globe (domaine, champ qu'embrasse tout ce qui se rapporte à un art, une science, à une faculté de l'intelligence ) sentimental, où habitent toutes les émotions et les valeurs guidant l'humanité, toutes les peines et toutes les joies, toutes les larmes et tous les sourires .

C'est ce globe (ce champ, cette acception [cet acte de recevoir, de donner ] affective) sentimental que nous voulons explorer, et il nous paraît digne d'un tel effort .

Nous l'étudierons notamment sous l'angle de ses manifestations les plus énigmatiques que sont le rire et les pleurs . " "

Cordialement, bien à vous, Gerboise .


lundi 12 avril 2010

Préjuger* et préjugés**,un fléau***,une calamité****,qui empoisonne nos esprits, qui ne devrait jamais hanter***** l'entendement des scientifiques ¤




¤ comme le firent ces pionniers de la conquête du ciel, qui eux n'eurent jamais de préjugés [comme leurs opposants de l'époque, les tenants " du plus léger que l'air "] .Ils allèrent de l'avant, dans les airs, par tous les temps,conquérir le monde [ sans s'occuper de tous les détracteurs aux idées préconçues, formées avant toute expérience] .Ils prirent [aux risques et périls de leur vie ( de telle sorte que toutes les conséquences négatives soient assumées par eux qui acceptèrent ces initiatives et en assumèrent la responsabilité) ] eux un engagement audacieux aux conséquences imprévisibles, sans commune mesure avec celui qu'acceptent de subir actuellement les tenants du réchauffement climatique contemporains , ces " empêcheurs de se construire une vue saine et objective de la réalité ! " , ceux qui voudraient " nous la faire à l'influence "! c'est à dire : chercher à obtenir un avantage à l'intimidation, en profitant de la position[dite scientifique] qu'ils occupent ,sans qu'une discussion sérieuse soit engagée avec leurs contradicteurs.

De tous temps, les " Préjugés " ont régnés, ont sévis, "ont mis sous leur joug " ,ont exercés leur servitude,sur de nombreuses nouveautés . Il a fallu la présence de précurseurs audacieux, réalistes,courageux , qui devant les aléa, les risques, les impondérables des innovations, ont été capables de comprendre, de "voir " [se rendre compte] le bon côté des choses . Ils induisirent dans l'esprit de leurs concitoyens des sentiments d'aventure, qui leur permirent de vaincre l'immobilisme et les principes de précautions autoritaires et abusifs .


L'avion de Hubert Latham [son Antoinette] lors de sa traversée du pas de Calais le 19 Juillet 1909, tentative qui se solda par un échec . L'image ci-dessus montre sa tentative vue par " Le Petit Journal " : Latham vient de décoller de Sangatte ; au premier plan, le torpilleur " Le Harpon " de la Marine nationale, qui recueillera l'aviateur français après son bain forcé dans les eaux de la Manche .


Ci-dessus l'image d'un meeting aérien vu par " Le Petit Journal " . L'exploit de Blériot allait donner une popularité immense à l' aéronautique .

" Celui qui a posé le premier jalon ! "

PRÉJUGÉS ou RÉALITÉS !

Voici ce texte prémonitoire, prophétique et réaliste qui , dans l'euphorie générale, parut à l'époque dans :

Les Hommes du Jour, n° 85, le 4 Septembre 1909 .

" " Louis Blériot ! Ce nom, inconnu hier, vient d'éclater comme une fanfare d'allégresse . Il nous a paru, ce rude champion de la science, cet énergique, qui brave les éléments et défie le ciel, plus symbolique que ses confrères en aviation, les Latham et les Farman . C'est lui qui a posé pour ainsi dire, le premier jalon . La traversée de la Manche n'était rien et, cependant, c'était immense . Plus tard, cela semblera un jeu à nos petits-fils mieux armés et plus habiles et, pourtant, c'est un fait d'une incalculable portée . Cela comptera dans les annales des découvertes humaines, comme l'invention de la poudre ou l'invention de l'imprimerie . Petit fait entraînant d'énormes conséquences . On a pas assez fêté et salué l'inventeur et le navigateur, conduisant ses frères sur une route jusqu'alors inaccessible ...

...L'humanité, qui n'a pas encore pu faire le tour de son pauvre globe , qui n'est pas entièrement maîtresse des eaux, s'élance maintenant à la conquête des airs . Il y a là de quoi effarer les esprits et susciter les rêves impossibles . Nous n'y sommes pas encore, certes . Mais c'est un commencement et une promesse ! Et les rêves s'échafaudent . On voit l'espace semé de multiples oiseaux mécaniques dévorants l'azur et lançant l'épouvante parmi le peuple ailé des airs . Que vat-il résulter de cela ? Sans doute les modes de construction bouleversés de fond en comble ; des stations aériennes s'élevant au-dessus des villes ; les chemins de fer abandonnés ; l'automobile lui-même {sic} dédaigné ; l'invention humaine prenant un essor insoupçonné . Et qui sait ? Des découvertes imprévues se réalisant soudain : le pôle violé ; les secrets des régions inabordables violemment arrachés . Et l'Homme-Dieu, enfin maître souverain de son domaine, exploré dans tous ses coins et recoins, songeant à d'autres voyages et à d'autres conquêtes dans les espaces interplanétaires .Sublimes désirs de fol orgueil .

Mais voici les songes abominables, les ambitions ignobles : la destruction s'installe dans l'air devenu complice de la cruauté humaine ; des flottilles chargées d'obus explosifs, jetant la mort et précipitant les ruines . Vraiment, de l'angoisse se mêle à l'espoir . Que va-t-il sortir de cela ? Peut-être rien ... Peut-être, comme toujours, un peu de bien et un mal immense . L'homme est-il condamné à tourner toujours dans le cercle vicieux où, à chaque découverte, à chaque invention venant changer la face des choses et améliorer les relations humaines, succède un renouveau de barbarie malfaisante et féroce ? ...

...Et maintenant voilà le problème résolu ou à peu près . Cela aura coûté pas mal d'énergie et d'efforts . Sans doute, nous n'y sommes pas complètement . L'aéroplane n'est, ne peut être jusqu'à présent qu'un simple appareil de locomotion purement individuel . Nous ne possédons pas encore l' " aérobus " et des années s'écouleront avant que nous prenions nos billets pour New York en passant par-dessus l'Atlantique . Mais tout de même quels progrès inouïs accomplis depuis quelques années . Vous souvient-il du temps où nous lisions Jules Verne et où nous étions émerveillés par Robur le Conquérant ? Voici que l'imagination du romancier populaire, qui a pressenti tant de découvertes et d'inventions renversantes, prédites en un moment où rien ne les laissait prévoir, voilà donc que son imagination se trouve bien au-dessous de la réalité . Car il n'y a pas à le nier . Nous touchons à la conquête définitive de l'air . Déjà nous sentons les ailes nous pousser . Encore un peu de patience, et l'Homme-Oiseau sera . Vive le progrès ! Ce XXe siècle est le siècle des miracles et, comme le dit Nietzsche, l'heure de midi a sonné pour l'humanité .

Il ne manque guère que les poètes pour compléter la fête . Jean Aicard ( écrivain, poète et académicien, 1848-1921) s'est bien occupé de cette histoire, il est vrai ; mais Jean Aicard, c'est Jean Aicard . Et l'aé-Rostand n'a pas encore dit son dernier mot . Ça viendra .""


Présentation ci-dessous d'un premier numéro d'un journal de l'époque : " Le Matin " du 25 Juillet 1909 .

( Vous pourrez effectuer un clic gauche sur chacune des images de la "Une " de chaque Journal, pour l'agrandir , et ensuite revenir à la page précédente) .

Présentation ci-dessous d'un deuxième numéro du Journal " Le Matin " , celui du 26 Juillet 1909 .




* Préjuger :

Se prononcer sans posséder tous les éléments du problème ; avoir des préjugés : jugement arrêté avant que l'on puisse en donner une justification rationnelle et tenu ordinairement pour erroné ; opinion et préférence injustifiées .

Conjecturer : à ce qu'on peut préjuger, les choses [les évolutions du climat] vont se passer de la sorte .

1 - Verbe transitif (se dit de tout verbe qui peut avoir ,s'employer avec un complément d'objet) .

Atteindra-t-il la réalité, la vérité .

Dans le langage ordinaire, " préjuger une question " : la décider avant de l'avoir approfondie, avant d'avoir connaissance de tout ce qui doit servir à la résoudre .

Préjuger signifie aussi " prévoir par conjecture " [ cela arrivera ainsi, autant qu'on peut le préjuger] .

2 - Verbe intransitif ( se dit d'un verbe qui n'admet aucun complément d'objet et peut constituer avec le sujet une phrase minimale achevée : [Soleil brille, ] .

Nous traquions la vérité dans l'expérience . [verbe transitif direct]
La vérité reposerait-elle sur l'expérience ? [ verbe transitif indirect]

Préjuger de : dans la langue usuelle :
- décider d'une question avant d'avoir les éléments propres à la trancher .
- prévoir par conjecture : autant qu'on peut le préjuger [l'anticiper] .

Porter un jugement prématuré sur quelque chose ; considérer comme résolue, dans tel ou tel sens, une question qui ne l'est pas encore .

C'est également présumer, se faire d'avance une opinion, appuyée sur des indices soi-disant objectifs donnés par les choses, mais qui demande à être appuyée par des preuves pour devenir une certitude .

** Préjugés :
Suppositions, erreurs : opinions,formées, reçues et adoptées sans examen[ entendement plein de préjugés] , sans raison valable, par paresse d'esprit ou déférence excessive à l'autorité, à la façon de penser commune ,soit qu'on a jugé d'après des circonstances inappropriées, soit par excès de confiance, soit par suite d'habitudes contractées ...... ; idées, opinions préconçues .

Présomptions, éléments qui, sans constituer une preuve formelle, entre pour une large part dans la formation d'une opinion

Ce qui a été jugé auparavant dans un cas qui nous a paru semblable ou analogue .

Comment intervenir en vue que ces préjugés ne s"enracinent pas dans les esprits définitivement car , en général ils ont " la peau dure " .

La société est très souvent confrontée, est en butte à de nombreux préjugés dont elle est souvent une victime et il est très difficile de s'en prendre à des préjugés " souvent coriaces "!

*** fléau : tout ce qui est nuisible, funeste, redoutable, dévastateur, désole toute une société par son ampleur.

****calamité : grand malheur public, infortune qui frappe à la fois un grand nombre de personnes ou une grande étendue du pays ; c'est un fléau qui répand la désolation ,en particulier dans les cas de la manipulation de la pensée .

***** hanter : obséder, peupler ( être là, omniprésent ) , fréquenter (qui laisse supposer une certaine influence néfaste sur vos propres comportement) .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

vendredi 2 avril 2010

Gustave Le Bon et le suffrage universel :Approbation*ou opposition** dans un contexte démocratique***,une foule?; adhésion à une proposition précise .

.

* - approbation :adhésion,consentement, le fait d'approuver, accord que l'on donne ; jugement favorable .
** - opposition : manifestation de volonté destinée à empêcher l'accomplissement d'un acte, d'une décision ; contestation et hostilité a une personne, une idée .
*** - contexte : [ ensemble des circonstances dans lesquelles s'insère un fait, une décision] démocratique , milieu, société où on laisse à tous la liberté d'opinion, d'expression ; qui favorise le peuple, la majorité .
Le suffrage universel et Condorcet, philosophe, mathématicien et homme politique français, 1743-1794, membre de l'Académie des Sciences[1769] ;ou comment se pose le problème de l'action collective : comment une décision rationnelle peut-elle survenir, émerger, à partir d'une pluralité ,d'une diversité d'opinion s'exprimant par le vote ?
L'auteur de l' " Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ", 1793, [ texte qui est considéré constituer le testament des Lumières] étudiera ce thème de la diversité d'opinion, du point de vue des probabilités : étant donné que chaque électeur a une certaine probabilité de prendre une " bonne décision " , quelle est la probabilité, la vraisemblance que le corps électoral s'engage collectivement vers une décision avisée, éclairée, sage ; et pour ce faire, quel est le mode de scrutin qui optimisera cette probabilité ?
Condorcet fut un des précurseurs de la théorie de la décision . D'après lui, une décision rationnelle ne peut émerger, naître de la collectivité que si celle-ci est constituée d'individus " suffisamment ( suffire : avoir juste la quantité, la qualité, la force nécessaire pour réaliser quelque chose) instruits . Il engagera toute sa personne , ses actions, en faveur de l'instruction publique, car il fut motivé par ses réflexions mathématiques sur la décision collective et sur l'ensemble des valeurs de l'humanité .


Suffrage universel : étendu à tous les individus [sauf les exceptions prévues par la loi] ; conséquences qui sont communes à tous les hommes ou à un groupe donné; qui peut s'appliquer à tous : la Science est universelle, elle résulte de l'approbation de l'ensemble de la communauté scientifique ; le jugement universel est celui qui s'applique à tous les cas, est vrai partout et toujours .

La foule au sens de Gustave Le Bon :

Un ensemble d'électeurs est une foule, au sens où l'entendait Gustave Le Bon . Cet amalgame, cette comparaison, cette assimilation en quelque sorte peut choquer au premier abord . Cependant il est nécessaire de se rappeler que la foule psychologique n'est pas forcément rassemblée, regroupée physiquement .

Cette collectivité d'électeurs est une foule, une sorte de regroupement devant prendre une décision, établir un choix .

L'effacement, l'évanouissement de la personnalité consciente et l'orientation des sentiments et des pensées dans un même sens, premières caractéristiques, physionomies d'une foule en voie de s'organiser, de se structurer, n'impliquent pas toujours la présence simultanée de plusieurs individus en un même lieu .

Des centaines de milliers d'individus isolés, cloisonnés peuvent à un moment donné, sous l'emprise, l'influence de certaines émotions, de sentiments impétueux [ ainsi ,un événement national considérable ] , acquérir les caractères, les particularités d'un attroupement,d'une foule psychologique . Là, se situe une des découvertes, et si l'on peut dire ainsi ,
un des traits de génie, une des " trouvailles " fondamentales du docteur Gustave Le Bon, un des aspects de sa théorie parmi des éléments les plus susceptibles d'une nouvelle lecture inédite ,actuellement .

Effectivement, quelle remarquable anticipation d'une réalité contemporaine majeure : la " foule téléspectatrice " !

La similitude, la ressemblance mentale des individus rassemblés à la même heure devant le même programme de télévision est une réalité quotidienne de nos jours et dont chacun est en mesure d'apprécier l'importance à la similitude des réactions ou des mœurs, à l'analogie des conversations du lendemain .

Que ce soit un discours électoral, un programme littéraire ou un feuilleton anglo-saxon, nous pouvons dire que l'ensemble des téléspectateurs engendre une foule (une masse, une multitude de gens) devant la " lucarne " , momentanément, parfois même, presque continuellement, rassemblée et soumise aux mêmes influences , à la même emprise( pressions insidieuses ...) .

Bien sûr, le fait que cette dite " foule " ne soit point physiquement rassemblée lui confère des caractéristiques, des particularités notablement différentes de celles, par exemple, de la "foule révolutionnaire " . La contagion, particulièrement, ne se propagera pas de la même façon, aussi brutale et subite .

Cependant ,comment ne pas envisager dans une image de ce type d'événement, de cette foule électorale, justement soumise, dans sa grande majorité, au même " bourrage de crâne " , à la même intoxication, au même " matraquage " publicitaire, promotionnel " télévisé, durant les campagnes électorales, et, parfois même dans leur intervalle . L'ensemble des électeurs est, par son essence, sa nature même, divisé, peut-on objecter .

C'est une réalité . Sur cette foule hétérogène anonyme, mais non rassemblée physiquement, les effets d'une campagne multipartisane et démocratique ne peuvent engendrer l'unanimité . Mais si l'on suppose, dans un autre contexte, qu'à l'inverse l'agent porteur de l'information, -donc l'excitant - soit unique [discours du chef de l'État, par exemple] . Par delà les différences d'opinions, il peut alors se produire un " effet de foule ", d'ailleurs positif ou négatif, en faveur de ce président ou contre ce dernier . Par conséquent, un " oui " massif ou un " non " imposant pourra sortir des urnes [ indépendamment des votes blancs, nuls et des abstentionnistes !] en réponse à un référendum par exemple, sans égard au résultat intermédiaire qu'avait obtenu le parti du président aux précédentes élections législatives .

Le suffrage est un droit, un devoir [pas une obligation en France] . Manié par un " meneur "[ un provocateur] auréolé d'un certain prestige chez certains, il est certainement, également une arme
subversive efficace . Par exemple, le Général de Gaulle saura s'en souvenir, à juste titre parce que l'électorat réagit dans cette circonstance, bien que non rassemblé physiquement sur un site, comme une foule . Le docteur Gustave Le Bon l'avait bien vu, senti, " touché du doigt " . Dans cette circonstance, encore une fois il bouscule les idées reçues comme l'avait déjà défini Condorcet [ philosophe, mathématicien {études des probabilités} et homme politique ] dans ses analyses des scrutins aux temps de la Révolution française .

Le suffrage, le résultat d'élections, qui conduit à une approbation ou à un rejet dans cette offre, ce choix proposé , est l'une de nos institutions majeures : de ce résultat dépend la désignation de nos gouvernants .

Indépendamment de ses conséquences pratiques, il présente également un aspect mythique ;

n'est-il pas habituellement considéré comme la plus grande conquête de la fin du XIXe siècle ?

n'est-il pas le déclin , l'abandon relatif de la désignation arbitraire des " Chefs " ? n'est-ce pas le commencement des règnes des peuples enfin maîtres [relatifs !] de leurs destinées ?

Pourtant, dès son intronisation, le suffrage a provoqué bien du souci à ses défenseurs .

N'est-ce pas ce système de choix qui a porté au pouvoir Louis- Napoléon en 1852, infligeant ainsi aux républicains un Second Empire ?

S'ils avaient pu lire dans l'avenir, les démocrates n'auraient-ils pas été effrayés d'y voir le suffrage universel amener Hitler au pouvoir en 1933 ?

Gustave Le Bon, lui, n'eût pas été étonné . L'élection du second Bonaparte rentre bien dans la ligne explicative de la psychologie des foules . C'est le prestige de son glorieux homonyme qui a séduit les électeurs . Tant il est vrai que " les hommes en foule ne sauraient se passer de maître " et qu'ayant perdu Napoléon, la foule électorale cherchait inconsciemment à le retrouver . Mais pour l'ensemble de la classe politique républicaine des années 1890-1900, il y avait dans les résultats de cette première élection au suffrage universel une évidente " dysfonction " ( trouble dans le fonctionnement) .

Le suffrage, disait-on, était mal rodé, le peuple mal préparé . Ce "dire "qui courrait insidieusement dans certains esprits et se répandait " de part la ville, à travers la nation, montre toute la profondeur de cette mentalité sous-jascente de l'époque et de l'atmosphère délétère, irrespirable, malsaine, qui règne toujours lors des commentaires des résultats des périodes électorales, même de nos jours .

Les idées du docteur Gustave Le Bon ont choqué, indignent toujours actuellement , parce qu'il disait, lui, précisément l'inverse :

Voilà ce qu'est le suffrage et il ne peut en être autrement car l'électorat est une foule .

Nous devons réfléchir à toutes les conséquences de cette déclaration . L'auteur de " La psychologie des foules " dresse dans le chapitre intitulé " La foule électorale " (p. 107) , une véritable liste de " conseils aux candidats " , dont l'apparence des éléments est perfide, même quelque peu machiavélique .

Il est très formateur pour l'esprit, de considérer les conséquences des conseils préconisés par l'auteur de la psychologie des foules . Ces foules électorales, ces foules hétérogènes anonymes, " n'exercent une action que sur un seul point déterminé : choisir entre divers candidats . Lorsqu'on prête attention à ce qu'elles ont de commun avec les caractères des foules hétérogènes anonymes on constate :

" Une faible aptitude au raisonnement, une absence d'esprit critique, une irritabilité manifeste, une crédulité aveugle ( grande facilité à croire) , un simplisme (vice de raisonnement d'un esprit ayant tendance à négliger les faits prépondérants, les choses importantes) lourd de conséquences . On découvre aussi dans leurs décisions l'influence des meneurs et le rôle des facteurs précédemment énumérés : l'affirmation, la répétition, le prestige et la contagion " .


En réfléchissant, on peut prévoir ce qui pourra les fasciner, les attirer : tout d'abord, le prestige . Le docteur Gustave Le Bon précise avec sa finesse habituelle : " le prestige personnel ne peut être remplacé par celui de la fortune . Le talent, le génie même ne sont pas des éléments de succès . Cette nécessité pour le candidat d'être pourvu, investi de prestige, d'ascendant, est capitale . Si les électeurs composés du peuple des petits métiers, des artisans, des gens de la campagne choisissent si rarement un des leurs pour les représenter, c'est que les personnalités sorties de leur rang n'ont pour eux aucun prestige . Ils ne nomment guère un égal que pour contrecarrer un patron puissant ... "


Non seulement le candidat doit être pourvu, "revêtu " de séduction ,de prestige,
mais son rayonnement, ses interventions doivent " surcharger l'électeur ", accabler ce dernier de multiples manières, le bombarder, le submerger de slogans, des plus irrationnelles, extravagantes flagorneries, flatteries, et ne pas hésiter à lui débiter les plus chimériques,invraisemblables, fabuleuses," promesses en l'air " dites de Gascon: en somme, " du vent " .

Il devra enfoncer, écraser le candidat adverse en " démontrant, établissant, par affirmation, répétition et contagion qu'il est le dernier des gredins et que personne n'ignore qu'il a commis plusieurs escroqueries . Si l'adversaire connaît superficiellement ou pas la psychologie des foules, il essaiera de se justifier par des arguments au lieu de répondre simplement aux affirmations calomnieuses par d'autres affirmations diffamatoires, et n'aura, dès lors, aucune chance de l'emporter " .

Ces assertions (affirmations) " machiavéliques " , perfides, dont la justesse est aisément et toujours vérifiables de nos jours à chaque campagne électorale, doivent être complétées par d'autres conseils :

Le programme écrit du candidat ne doit pas être trop catégorique, clair, tranchant, car ses adversaires pourraient le lui reprocher [ il pourrait s'en mordre les doigts plus tard] , mais son programme verbal ne saurait être trop excessif , démesuré ! " Sur le coup " , sur le moment, ces disproportions [exagérations] apportent, produisent une abondance d'effets, mais n'engagent à pas grand chose dans l'avenir .

L'influence, l'action des " mots et des énoncés, des aphorismes " (des sentences) a également une importance non négligeable .

L'orateur, le tribun qui déclame, qui sait les manier, les manipuler, peut conduire certains foules à son gré .

Des expressions telles que : " l'infâme capital, les vils exploiteurs, l'admirable ouvrier, la socialisation des richesses " , produisent toujours le même effet, bien qu'un peu usées déjà .
Mais le candidat qui peut découvrir une formule neuve, bien dépourvue de sens précis et par conséquent adaptable aux situations les plus diverses, obtient un succès infaillible " .

De raisonnement, il n'est pas question .

" Les foules ont des opinions imposées, jamais raisonnées "[ Psychologie des foules p. 109-110] .

A l'époque où écrit notre auteur, l'affaire Boulanger [ le boulangisme : fut l'une des premières crises que traversa le régime républicain] venait comme une démonstration éclatante confirmer la véracité de ces considérations .

" Telle est la psychologie des foules électorales ; elle est identique à celle des autres foules : ni meilleure, ni pire " .

Que faut-il entreprendre à propos du suffrage universel : est-il nécessaire de le transformer
( opérer un changement total de forme ou de manière d'être , donner un autre aspect, changer, modifier ) ou à la limite de l'abolir (mettre hors d'usage ce qui faisait autorité) , l'éradiquer ( supprimer définitivement quelque chose) ?

Sans doute, disait le Docteur Gustave Le Bon , " les suffrages des foules sont souvent bien dangereux " et " les inconvénient du suffrage universel sont évidemment trop visibles pour être méconnus " ...

La grandeur d'une civilisation ne peut sans aucun doute dépendre du suffrage, représentant uniquement le nombre . Est-il nécessaire pour autant s'élever contre le suffrage universel ? Non, nous recommande Gustave Le Bon . D'abord, parce que malgré ses inconvénients incontestables, il est élevé à la hauteur d'un dogme (d'un article de foi, qui exprime un fait d'une manière péremptoire, indiscutable) . on ne discute pas plus avec les croyances des foules qu'avec les manifestations d'un volcan en pleine activité .

Le dogme du suffrage universel possède de nos jours le pouvoir, l'ascendant, l'influence qu'eurent jadis les dogmes chrétiens et que d'autres religions ont encore de nos jours . Il faut impérativement se conduire en ce qui les concerne de la même manière que nous devrions le faire vis-à-vis de tous les dogmes religieux .

L'usure du temps seul peut agir sur eux .

Ensuite, parce qu' il s'agit d'une institution par excellence qui répond aux "temps d'égalité " . En effet, lorsque la société est hiérarchisée, on donne sa confiance à ceux que l'on ressent comme étant dominants, une certaine élite . Dans les temps d'égalité, seul le nombre, l'adhésion du nombre à une opinion, peut seule rassurer certains individus isolés, séparés d'un milieu humain qui lui dictait la conduite à suivre et les idées auxquelles ils pouvaient adhérer : seule la consécration par le nombre [comme le comportement des moutons de Panurge ; se dit des gens qui s'imitent niaisement les uns les autres; lire Rabelais qui décrit une vengeance ...] peut prouver sinon le bien-fondé (avoir de bonnes raisons pour ...) d'une idée, du moins son caractère adapté à une situation, une circonstance donnée, un peuple bien défini, une époque précise .

Le docteur Gustave Le Bon avait cité la phrase de Tocqueville :

" Dans les temps d'égalité, les hommes n'ont aucune foi les uns dans les autres à cause de leur similitude ( leurs ressemblances) ; mais cette même similitude leur donne une confiance presque illimitée dans le jugement du public ; car il ne leur paraît pas vraisemblable qu'ayant tous des lumières pareilles (équivalentes) la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre " .

S'il ne faut pas supprimer le suffrage universel en l'état actuel des choses, est-il nécessaire, impératif de l'aménager, le transformer, le restreindre ?

Non, précise le Docteur Gustave Le Bon .

En effet, une des grandes lois de la psychologie collective est que " en foule les hommes s'égalisent toujours et, sur des questions générales, le suffrage d'une petite cinquantaine d'académiciens n'est pas meilleurs que celui d'un nombre équivalent de balayeurs des trottoirs d'une ville, même si il s'agit de la capitale, de Paris ...!

Le fait pour un individu de savoir le latin ou la physique, d'être nutritionniste, vétérinaire, médecin ou un juge d'instruction ne le dote pas, sur les questions de sentiment, de clartés particulières "

En effet, disons-le à nouveau, ce n'est pas la logique rationnelle qui gouverne les foules, mais les argumentations, les logiques affectives ou mystiques .

" Devant les problèmes sociaux, pleins de multiples inconnues et dominés par la logique mystique ou la logique affective, toutes les ignorances s'égalisent . Si, ainsi, des gens bourrés de science composaient à eux seuls le corps électoral, nous n'aurions aucune des difficultés actuelles en moins et sûrement, en plus la lourde tyrannie des castes " .

Nous pouvons sur la fin de ce texte relatif au suffrage universel, terminer sur une idée très appréciée de Gustave Le Bon lui-même :

" Restreint ou général, sévissant dans un pays républicain ou dans un pays monarchique, pratiqué en France, aux Pays- Bas, en Grèce, en Espagne ou au Portugal, le suffrage des foules est partout semblable et traduit souvent les aspirations et les besoins inconscient de la race ( l'ethnie) .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .