dimanche 27 juillet 2008

Histoire de la langue et de la littérature françaises : 2 - XIVe et XVe siècles, (suite n° 1, du 20-07-2008)

Jean Gerson (1363-1429) , théologien et chancelier de l'Université de Paris, s'efforça tout particulièrement de mettre fin au schisme entre l'Église et l'Université . En insistant sur la nécessité de la vie intérieure et de la méditation personnelle, il fut un orateur écouté dont les sermons attiraient un large public .

http://lesgerboises.blogspot.com/2008/07/histoire-de-la-langue-et-de-la.html
( première partie)

Le XIVe siècle et le XVe sont une période de transition entre le vrai Moyen Âge et la Renaissance . La langue allège (rend moins pénible, moins complexe) sa déclinaison (ensemble des formes que prennent les noms, pronoms et adjectifs suivant les nombres, les genres et les cas) , sa conjugaison (ensemble des formes verbales) , sa syntaxe (étude des règles qui président à l'ordre des mots et à la construction des phrases, dans une langue) et commence à s'enrichir de mots savants .

La littérature montre la prédominance de l'esprit bourgeois ( au Moyen Âge : Citoyen d'une ville, bénéficiant d'un statut privilégié) , sur l'esprit chevaleresque (digne d'un chevalier, bravoure, courtoisie). Le roman en vers disparaît ; la prose se développe, l'éloquence ( don de la parole, facilité pour bien s'exprimer ; art de toucher et de persuader par le discours) et l'érudition ( savoir approfondi fondé sur l'étude des sources historiques, des documents, des textes) , apparaissent .

*) Conteurs et historiens : La littérature narrative s'épanouit, d'une part, en contes et nouvelles ; d'autre part,en chroniques écrites avec un réel souci d'exactitude,d'ordre et de style.
Le plus célèbre des chroniqueurs est Froissart [1337-1410], qui a été le narrateur le plus vivant et le plus pittoresque des guerres et de la vie seigneuriale de son temps . Ses récits aimables et brillants manquent de jugements, sauf sur les Allemands qu'il appelle des " convoiteux" . Au contraire Comynes qui vient après lui [1445-1511] est un véritable historien qui, dans ses Mémoires, raconte en diplomate et en politique les événements des règnes de Louis XI et de Charles VIII .

**) Les poètes : La poésie devient surtout un art sous l'influence de Guillaume de Machault qui répandit les genres compliqués qu'on nomme le chant royal , le virelai , la ballade , le rondeau . Dans ces genres se distinguèrent Eustache Deschamps , Christine de Pisan et le gracieux Charles d'Orléans [1391-1465] . Il faut mettre à part de ces rimeurs Villon , auteur du Grand Testament , mauvais sujet et vrai poète, qui garda dans sa vie déréglée une réelle fraîcheur d'âme, et qui est resté un de nos grands lyriques (dont l'œuvre est destinée à être mise en musique et chantée, jouée sur une scène) , par suite de l'intensité de son émotion et la personnalité de son expression .

***) Érudits et orateurs : Sous l'impulsion de Charles V, les études classiques commencent à être en honneur . Des érudits lisent et traduisent des textes anciens . Le plus connu est Oresme , traducteur d'Aristote .
L'influence antique donna aux orateurs de la gravité dans la pensée et de la période dans le style . Leur éloquence rendit célèbres Jean Gerson [ voir la gravure en tête] , qui fut la gloire de l'Université de Paris, et Alain Chartier [1392-1432] , qui fut moraliste en même temps que poète . La fin du XVe siècle vit la réputation des cordeliers Maillard et Menot , vigoureux prédicateurs populaires .

****) Le théâtre : Les représentations publiques prirent une grande extension . On joua des drames religieux : les mystères ; des pièces morales ou satyriques : les moralités ; des pièces comiques : les farces et les sottises .
Ces représentations devinrent peu à peu le privilège de certaines corporations : les Clercs de la Basoche jouèrent les moralités et les farces ; les Enfants sans souci jouèrent les sottises, et les Confrères de la Passion jouèrent les mystères . Les mystères mettent en scène des sujets religieux coupés de scènes populaires et sont souvent très longs . On cite la Passion d'Arnoul Gréban qui a 35000 vers et les Actes des Apôtres de Simon Gréban qui a 62900 vers . Parmi les farces, nous lisons encore le Franc Archer de Bagnolet et la Farce de l' Avocat Patelin , qui est une vraie comédie .

La suite, prochaine, nous fera apprécier , tout d'abord, la prose au XVIe siècle, puis dans un autre billet , sa poésie , avant d'aborder les contributions et les créations des grammairiens et les philosophes du XVIIe siècle .

Bien à vous, Gerboise .

samedi 26 juillet 2008

Et si nous orientions nos regards (*) et notre esprit critique, un instant, vers cet astre (**) qui nous éclaire, mais surtout nous réchauffe ! (***)

Oui, ce sont les Astronomes qui se sont , depuis l' Antiquité chinoise et grecque, et surtout sous le règne du roi Louis XIV,au XVIIe siècle , inquiétés des sursauts d'énergie de notre astre, le Soleil : observations des taches noires à sa surface . (Vous pouvez agrandir la gravure par un clic gauche et ensuite revenir vers le texte en reculant d'une page) .

Gravure extraite d'un merveilleux ouvrage, plein d'humour :

LE GRAND LIVRE DES PETITS MÉTIERS de Robert Lépine, peintre et illustrateur ; Texte de Françoise Moine, journaliste-écrivain ; RTL Éditions Luxembourg, 1984 .

Nous vous recommandons de vous procurer ce livre que l'on pouvait à l'époque acquérir pour 289 Francs, environ 40 euros. La qualité des dessins et des textes est surprenante . Il mérite vraiment de faire partie des volumes d'une Bibliothèque Municipale et/ou privée . Nous reprendrons l'analyse de cet ouvrage dans un prochain billet de notre blog .


(*) nos regards : notre curiosité, notre "soif " ( désir passionné et impatient, aspiration vers un idéal , besoin, envie d'acquérir les moyens de pouvoir échanger, communiquer) de connaître et de comprendre .
(**) cet astre : corps céleste considéré par rapport à son influence directe et indirecte sur la Terre, et donc sur les hommes .
(***) réchauffer : redonner de la chaleur à un objet, mais également ranimer les esprits, [les ramener à la réalité !] , les consciences [il n'est pas possible et honnête de proclamer la première interprétation venue à l'esprit] , les cœurs, les sentiments . Le Soleil n'a-t-il pas très souvent tenu ce rôle particulier de réjouir, de "réconforter" les êtres humains et d' "animer"(donner la vie et le mouvement) toute la Nature ?

Pour vraiment comprendre l'importance de ce facteur primordial , mais sous-estimé, parfois même négligé, voire dédaigné [le rôle de notre étoile, le Soleil ] dans les diverses interférences (interactions) des phénomènes intervenant lors d'un réchauffement et/ou refroidissement climatique l'ouvrage que voici est vraiment nécessaire .

Histoire solaire et climatique d'Elisabeth Nesme-Ribes [dédié à sa mémoire] et de Gérard Thuillier, préfacé par Jean-Claude Pecker, Professeur honoraire au Collège de France, Membre de l'Académie des Sciences, publié en 2000 par les Éditions Belin, Pour la Science .

http://www.editions-belin.com
http://www.pourlascience.com

Son prix de 130 francs, environ 20 euros , permet de l'acquérir et d'en faire une référence personnelle, ou si cette dépense ne vous est pas possible, de l'obtenir dans une bibliothèque .

Cet ouvrage vous permettra de dominer toutes les connaissances nécessaires pour être capable d'évaluer et de jauger (apprécier par un jugement de valeur) les affirmations des uns et des autres, et de construire votre propre vision vraiment personnelle de la réalité.

Voici la présentation de l'éditeur au verso de ce livre :

" Il y a deux mille ans, les astronomes chinois observaient des taches à la surface du Soleil . Mais il fallut attendre le XVIIe siècle et l'invention de la lunette astronomique pour entreprendre leur observation scientifique . A la suite de la création de l' Académie Royale des Sciences et de la construction de l'Observatoire de Paris, une étude systématique du Soleil fut mise en œuvre dans la seconde moitié du XVIIe siècle . Cette période, appelée " petite glaciation " , se caractérisait par une diminution significative du nombre de taches solaires et un climat rigoureux . Trois siècles plus tard, ces recherches se révèlent d'une grande importance pour la compréhension du climat de la Terre et sa prévision en fonction des humeurs de notre étoile .
Ce livre raconte comment les premières mesures effectuées au XVIIe siècle ont conduit à prendre en compte le rôle particulier du Soleil dans la climatologie . Il retrace l'influence de l'astre lumineux sur le climat de notre planète . Les auteurs s'interrogent aussi sur l'origine du réchauffement actuel : est-il dû au renforcement de l'effet de serre ou à l'activité solaire croissante ? Comment la conjonction particulière de ces deux phénomènes influencera-t-elle le climat du siècle prochain ? "

Elisabeth Nesme-Ribes, décédée, docteur ès sciences et directeur de recherches au CNRS, était astrophysicienne à l' Observatoire de Meudon . Ses travaux scientifiques ont été consacrés à la physique solaire .
Gérard Thuillier , docteur ès sciences et ingénieur de recherches au CNRS, est géophysicien au Service d'Aéronomie du CNRS . Son activité scientifique concerne les relations entre le soleil et l'atmosphère de la Terre .

Nous reprendrons par la suite des données de ce livre enrichissant en vue de les intégrer dans notre schéma de réflexion sur de nombreux contextes .

Bien à vous, Gerboise .

jeudi 24 juillet 2008

La leçon de piano: interactions entre deux mondes, celui de l'espace et celui du temps; donc celui de la lumière et celui des ondes sonores .

Serge Rachmaninoff , compositeur, pianiste et chef d'orchestre russe . Portrait de Serguëi Vassilievitch Rachmaninov par Konstantin Somov, 1925 .
Jeunes Filles au piano, Tableau de Pierre-Auguste Renoir, 1892, huile sur toile, 116 x 90 cm, Paris, musée d'Orsay. Le thème de la musique de cette peinture, avec l'idée d'harmonie et du pouvoir évocateur visuel et sonore qui l'accompagne, nous plonge dans les Préludes de Serge RACHMANINOFF, [ 1873-1943] , le Matin, Au Crépuscule ...

L'architecture, la sculpture, la peinture requièrent l'espace comme donnée primordiale de leur existence : la musique requiert le temps .
D'un seul coup d'œil nous pouvons appréhender la globalité du plus vaste tableau - ou même de l'ensemble des fresques du plafond de la Chapelle-Sixtine (Chapelle du Vatican, tirant son nom du pape Sixte IV qui la fit élever par Giovani de Dolci en 1473 et décorer par Botticelli ...) ; appréhension très insuffisante, bien sûr, et qui appelle une plus longue contemplation , tout autant que l'examen de chaque détail . Mais il est exclu qu'un seul "coup d'oreille" (!) nous livre la globalité de la plus brève des œuvre musicale imaginable [ un seul son ne pourrait constituer un fait musical qu'au sein des plages de silence qui l'environnerait] .

Un monde de sons et de bruits nous entoure, témoignages de la nature vivante . Un autre monde d'images et de couleurs nous permet de percevoir notre environnement visuel et de l'associer à cet autre monde auditif, l'un constitué d'ondes lumineuses qui impressionne notre oeil, l'autre, d'ondes sonores qui vont vibrer les différentes parties de notre appareil auditif .

" Je ne puis écrire un poème : je ne suis pas poète, écrit Mozart à son père . Je ne puis disposer mes phrases d'une façon tellement artiste qu'elles diffusent tour à tour de l'ombre ou de la lumière : je ne suis pas peintre . Je ne puis exprimer par des gestes et des pantomimes mes pensées et mes sentiments : je ne suis pas danseur . Mais je le puis par les sons : je suis musicien" .

Un musicien aujourd'hui oublié, Lesueur, dont Berlioz fut l'élève, soutient dans ses écrits que l'objet de la musique est de peindre . Non pas de décrire ou d'évoquer des sentiments, mais d'imiter des événements, des paysages, des êtres ou des objets . Il rangeait la musique au nombre des arts d'imitation .
De tous temps, en effet, les musiciens ont combiné les sons de telle sorte que des analogies apparaissent entre ces sons, d'une part, et, d'autre part, les contours, les mouvements, les couleurs des choses réelles .

"On pourrait citer d'innombrables exemples de ces ~peintures ~ plus ou moins fidèles, plus ou moins réussies, depuis le célèbre Chant des oiseaux, de Janequin, où quatre voix groupées selon certains rythmes rappellent les cris enivrés du petit peuple ailé, par une belle matinée de printemps, jusqu'à la puissante locomotive lancée à cent kilomètres à l'heure que M. Honegger nous décrit dans son poème symphonique Pacific 231 . Un grand compositeur russe, Moussorgsky est l'exemple le plus typique peut-être d'un génie uniquement descriptif : il n'écrivait de musique que pour décrire, avec le maximum d'exactitude, les êtres et les choses" .

Mais entre les objets et les sons la différence reste essentielle . Et la description par les notes sera toujours bien vague à côté de celle qu'on peut tenter au moyen des mots, du crayon ou du pinceau : la musique est l'art de penser avec les sons . Le rapport de l'homme aux œuvres d'art , quelles qu'elles soient, peut être considéré, analysé du point de vue de la conception, de la réalisation et du point de vue de la méditation, de la considération admirative : de l'émerveillement, parfois de l'extase . L'être humain se réalise dans la création, mais également dans la contemplation . Ce que l'œuvre fait naître, c'est à la fois un témoignage sur un genre d'activité hautement organisée d'un temps et d'un lieu et un témoin de la manière dont l'homme ici et maintenant entend, voit et comprend, dont il satisfait les besoins artistiques qui sont de tous les temps .

Voici ce que nous pouvions exprimer , dans ce premier billet concernant nos sensations parmi les plus précieuses qui nous conduisent aux perceptions du monde qui nous environne, et que nous pouvons représenter selon nos désirs, notre attirance, notre volonté d'agir, et nos dons personnels qui seront mis en valeur en fonction des contextes rencontrés . Ils seront à l'origine de ces hasards complexes qui nous feront écrire toutes sortes de mémoires, peindre , exprimer ce qui nous touche au fond de notre âme , travailler la matière amoureusement avec nos mains et nos outils , ou créer, exécuter, interpréter de la musique, des pièces de théâtre , des comédies, des danses , des pantomimes qui nous feront vibrer jusqu'aux tréfonds de notre être :

Représentations inconscientes de notre personnalité, de ce qui caractérise ce que nous sommes authentiquement, chacun d'entre nous ! Révélations intimes ?

Bien à vous, Gerboise .

dimanche 20 juillet 2008

Histoire de la langue et de la littérature françaises : I - Des origines au XIVe siècle .

Le premier monument de notre littérature (les œuvres écrites, dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques) , la Cantilène de Sainte Eulalie, date du Xe siècle . Dès lors se développe au Moyen Âge une littérature qui est épique* satirique**, dramatique*** , lyrique**** ou historique***** .

*) épique : qui raconte en vers (écriture en vers : fragment d'énoncé formant une unité rythmique définie par des règles concernant la longueur, l'accentuation, ou le nombre de syllabes) une action héroïque [épopée] ; épique : digne de figurer dans une épopée : long poème ou récit de style élevé où la légende se mêle à l'histoire et le merveilleux au vrai pour célébrer un héros ou un grand fait , ainsi que des aventures glorieuses .

**) satirique : poème où l'auteur attaque les vices, les ridicules de ses contemporains ; écrits, discours qui s'attaque à quelque chose, à quelqu'un, en se moquant ; pamphlet : critique moqueuse .

***) dramatique : destiné au théâtre ( en parlant d'un ouvrage littéraire) ; drame : en histoire littéraire, Genre dramatique comportant des pièces dont l'action généralement s'accompagne d'éléments réalistes, familiers, comiques . Toute pièce d'un caractère pathétique [opposé à comédie] .

****) lyrique : se dit de la poésie qui exprime des sentiments intimes au moyen de rythmes et d'images propres à communiquer au lecteur l'émotion du poète ; plein d'un enthousiasme, d'une exaltation de poète .

*****) historique : qui a trait à la connaissance et au récit des événements du passé [ relatifs à l'évolution de l'humanité, d'un groupe, d'un homme ] jugés dignes de mémoire : les faits sont ainsi relatés . Récit d'un développement dans le temps d'une genèse . Histoire : la mémoire des hommes .

*) Littérature épique : Aux veillées des châteaux et aux haltes des pèlerins, des musiciens-poètes, appelés jongleurs , chantaient les exploits chevaleresques des princes et des héros . Leurs compositions formèrent de longs poèmes appelés chansons de geste ou romans . Les unes sont d'inspiration française et célèbrent surtout Charlemagne et son entourage ; les autres sont d'inspiration bretonne et chantent les aventures du roi Artus[ ou Arthur] , et des chevaliers de la Table Ronde ; d'autres enfin sont d'inspiration antique .
Le plus célèbre de ces poèmes et le plus ancien est la Chanson de Roland [Xe siècle] œuvre faisant partie de la Geste du roi, biographie légendaire de Charlemagne écrite vers la fin du XIe siècle qui raconte les prouesses et la mort, à Roncevaux du paladin Roland, neveu de Charlemagne : c'est une véritable épopée . Dans la suite , l'inspiration chevaleresque s'affaiblit et, la chanson de geste tourne au roman d'aventures et au roman d'amour .

**) Littérature satirique : A côté de la littérature féodale se développe une littérature bourgeoise, non plus héroïque, mais satirique, qui eut aussi ses Romans . C'est le Roman de Jean Renart , trouvère français [fin XIIe - début XIIIe siècle] auteur de romans en vers , dont le récit d'aventures chevaleresques, Guillaume de Dole et Le Lai de l'ombre [ 1220] , modèle de discussion courtoise et de stratégie amoureuse , suite de poèmes piquants, railleurs qui, sous des personnages d'animaux [ déjà ! ] , critiquent les institutions féodales, la noblesse et le clergé . C'est aussi le Roman de la Rose , oeuvre de deux poètes consécutifs, Guillaume de Lorris et Jean de Meung , allégorique dans sa première partie, satirique dans la seconde .
D'autres genres satiriques furent les Fabliaux, contes souvent grossiers mais pleins de vie ; les Dits, disputes et débats où s'exercèrent des poètes dont le plus grand est Ruteboeuf [ 1290] .

***) Littérature dramatique : Il y avait dans les églises des cérémonies dialoguées . On en vint à représenter, sur une estrade à trois étages, la terre, l'enfer et le paradis, des drames édifiants tirés de la Bible ou de la Vie des Saints . A ce genre appartiennent la Représentation d'Adam [ XIIe siècle] ; le Jeu de St-Nicolas de Jean Bodel et le Miracle de Théophile de Ruteboeuf . Parallèlement se développe une littérature comique dont il nous reste le Jeu de la Feuillée et le Jeu de Robin et de Marion .

****) Littérature lyrique : On relève de bonne heure des chansons, des cantilènes (d'autrefois : Chant profane , monotone, mélancolique ) et des pastourelles (terme de danse , quadrille; sorte de comédie spirituelle ou religieuse qui se jouait aux laudes [ louanges] de Noël) . Puis sous l'influence des troubadours (langue d'oc) méridionaux, il se forma une poésie courtoise, sèche et maniérée , mais délicate de sentiments et savante de forme . Ce fut la poésie des trouvères (langue d'oil ) dont les plus fameux sont Gace Brûlé , Thibault de Champagne et encore Ruteboeuf .

*****) L'histoire : L'histoire ne comprenait guère que des annales rédigées en latin dans les couvents, quand parurent deux grands écrivains : Villehardouin qui décrivit avec force la conquête de Constantinople [1207] et Joinville [1224-1317] qui raconta avec émotion la vie du roi Saint Louis .

La suite , prochaine, nous conduira du XIVe au XVe siècle, vers les conteurs, les historiens, les poètes, les érudits et les orateurs ; enfin vers le théâtre .

Plus tard, nous aborderons les divers rôles des écrits scientifiques et de la vulgarisation , ainsi que leurs influences dans les domaines des Arts , des Sciences humaines et de l'histoire .

Bien à vous, Gerboise .

dimanche 13 juillet 2008

14 Juillet 1789 : Prise de la Bastille .

La Bastille en 1740 . Paris à travers les âges .

Firmin-Didot et Cie éditeurs .

" Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur De Launay " ; Gouache ( peinture à l'eau où les matières colorantes sont délayées dans une solution de gomme; ici tableau peint à la gouache), choisi dans une illustration abondante, sinon toujours véridique, ce témoignage de facture naïve restitue jusque dans les détails la topographie des lieux et les épisodes du siège .

Musée Carnavalet, Paris . Photographie Lauros-Giraudon .

Tableau de H. JOSSE . La prise de la Bastille . Dressant ses huit tours massives entre le faubourg Saint-Antoine et la ville, la Bastille symbolisait l'arbitraire ( qui dépend du bon plaisir, du caprice de quelqu'un; détention arbitraire, pouvoir despotique, tyrannique) . Réputée imprenable, la forteresse tombe pourtant aisément . L'action insurrectionnelle du 14 Juillet a immédiatement été perçue comme événement révolutionnaire fondateur, ainsi qu'en témoignent les récits des ambassadeurs étrangers . Date de la fête nationale jusqu'à l' Empire, puis à nouveau à partir de 1880, le 14 Juillet demeure la date référentielle de la conquête de la liberté .

Le 14 Juillet 1890, la forteresse étant totalement rasée, eut lieu la première commémoration de la prise de la Bastille, la fête de la Fédération . Ce fut un spectacle extraordinaire qui occupa une place à part dans les fêtes de la Révolution . Cette célébration officielle eut lieu sur le Champ de Mars . Après, les Parisiens de toutes conditions dansèrent du 15 au 20 Juillet à la Bastille et aux Champs-Elysées illuminés . Un défilé militaire, suivi d'une messe célébrée par Talleyrand sur l'autel de la patrie et du serment civique prononcé par La Fayette, fit parti des festivités .
Unanimité nationale, expression d'une révolution achevée ? Tel était le projet ! La réalité fut autre .

Dix années bouleversèrent la France et la feront changer, non seulement de siècle, mais également d'époque .

" Dans cette séquence historique, l'épisode fondateur a, pour certains, tout inventé de notre modernité démocratique . Pour d'autres, en revanche, la révolution constituante a trahi les principes solennellement énoncés en 1789 par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen . Sans vouloir conjuguer de façon artificielle deux interprétations apparemment contradictoires, une évidence, toutefois, semble s'imposer . " L'an I de la liberté " est et demeure le symbole d'une irrémédiable fracture qui ouvre, à la France et au monde, un horizon nouveau, celui de l'espérance humaine de vivre dignement -- entendons, comme l'écrira un peu plus tard le philosophe allemand Fichte, " aussi facilement, aussi librement, aussi humainement que la Nature le permet sur Terre " . ( Sélection du Reader's Digest, 1987)

La Bastille, ancienne forteresse construite sous Charles V [1370], cette citadelle militaire devint prison d'État sous Richelieu . C'est désormais une vaste place au centre de laquelle se dresse la colonne de Juillet, en bronze et surmontée d'un génie de la Liberté, qui fut érigée de 1833 à 1840 pour commémorer les combattants de Juillet 1830 .

Il ne fallait pas oublier de se joindre aux réjouissances liées à cette étape, ce bouleversement majeur de l' Histoire de notre douce France . Bien à vous, Gerboise .

vendredi 4 juillet 2008

Premières clartés du matin : Discours à son fils ...


" Mon fils, mon bien-aimé, lorsque tu seras homme,
Quand tu liras ces vers, où, tremblant, je te nomme,
Souviens-toi que ta vie eut un rose matin,
Une aube claire ; et pense à ceux dont le destin
Est, depuis le berceau, pénible, triste, sombre,
Qui n'ont pas eu d'aurore et n'ont connu que l'ombre,
Qui n'ont pas eu d'aurore et n'ont connu que l'ombre,
Souviens-toi que ce sont tes frères . Va vers eux ... "


Eugène Rostand, 1868 . ( Vers dédiés à son fils Edmond Rostand, né le 1er Avril 1868) .



" J'ai tant de ferveur pour la vérité que, si humble soit-elle et même venant de moi, elle me transporte. "

Jean Rostand, Carnet d'un biologiste, 1959

jeudi 3 juillet 2008

Avidité (*) ou désintéressement (**) ?


(*) avidité : désir ardent, immodéré d'obtenir quelque chose, vivacité avec laquelle on le satisfait ; convoitise, besoin insatiable, inapaisable, d'acquérir des biens terrestres ; implique une sorte de brutalité dans la jouissance . On peut parler de rapacité : avidité sans bornes, à s'emparer du bien d'autrui avec la brusquerie d'un animal se jetant sur sa proie ou sa nourriture . Voracité des oisillons, jamais rassasiés du Loriot d' Europe . La femelle vêtue d'une robe olivâtre sans éclats, l'oiseau jaune d'or et noir suspend aux branches, comme nous pouvons l'observer sur la photo ci-dessus, son nid en forme de hamac léger .
C'est aussi courir avec l'envie d'espérer tout savoir ( avide de...) même superficiellement !

(**) désintéressement : détachement louable de tout intérêt personnel ; ne plus porter d'attention à quelque chose ; indifférence : le fait de ne pas s'intéresser à certaines possessions, d'objets, de faits, d'actes, de significations, parce qu'elles ne touchent pas les préoccupations essentielles de la pensée ; l'entrainement à ce type de connaissance et de réflexion n'a jamais été suscité, ni mis en valeur .

Entre ces deux extrêmes, les comportements concernant l'intérêt, la maîtrise des informations qui nous arrivent de toute part, oscillent sans aucune mesure, retenue . C'est triste, mais c'est ainsi ; il est très difficile de changer le monde : c'est une œuvre , un travail de longue haleine, qui exige beaucoup de temps et d'efforts . Cela nécessite une dose d'esprit critique et de volonté non négligeable ! C'est l' héritage de notre origine animale qui revient en surface . L'avidité et la peur en sont les manifestations parmi les plus évidentes .
Malheureusement d'ailleurs , il existe dans nos sociétés des personnages qui savent provoquer, profiter et exploiter ces ambivalences (caractère de ce qui comporte deux [ ou plusieurs] composantes de sens contraire) et ainsi "manipuler les esprits" non avertis , non armés pour dominer ces abus, ces escroqueries, ces mystifications .

Vous pouvez , et vous devez vous demander quel est le rapport entre ces oisillons affamés, avides de nourriture (êtres sans réflexion ) et notre sujet ? N'est-ce pas la même chose (une équivalence) quand cette envie boulimique (excessive) qui fait se " jeter" certains [ ! ] de nos contemporains sur la moindre actualité, nouvelle , qui surgit des ondes et/ou des " canards " ?

Où parfois, alors que l' intérêt pour un événement devrait prévaloir, une
inattention générale prédomine . Ces faits primordiaux sont négligés et parfois même, engendrent un certain mépris, et à certains moments , ils sont susceptibles de passer complètement inaperçus submergés par des nouvelles dérisoires, creuses et inutiles, qui ne font qu'encombrer l'esprit .
Il est nécessaire d'en être conscient !

Bien à vous, Gerboise .

mardi 1 juillet 2008

A l' heure de l'Europe, n'est-il pas utile de connaître l'opinion de Ernest RENAN en 1882 , en vue de forger son propre esprit critique?

Qu'est-ce qu'une nation ?

Tel est le titre d'une conférence faite par Ernest Renan, 1823-1892, aux étudiants de la Sorbonne, à Paris, le 8 Mars 1882 . Il y affirmait avec éloquence le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais il mettait en garde son auditoire contre les confusions auxquelles peut prêter l'idée de nation et l'utilisation néfaste qu'en font les racistes ( racisme : doctrine qui affirme la supériorité de certains hommes, et fonde sur cette soi-disant,[ qui prétend être] supériorité le droit de les dominer), ceux qui confondent race ( ethnie) et nation : " de nos jours... on confond, disait-il, la race (une lignée) avec la nation et l'on attribue à des groupes ethnologiques ou plutôt linguistiques une souveraineté analogue à celle des peuples réellement existants ."

Qu'est-ce donc qu'un peuple, une nation ? Écoutons le conférencier .

" Une nation est une âme ( le principe de la pensée, de la vie morale; l'esprit, et surtout le dynamisme de l'être animé, le courage, les états de conscience, l'être moral constitué par le groupe qu'est une nation; on parle de l'âme d'un peuple, de l'esprit d'une époque comme d'une métaphore, une image commode que la nature complexe des phénomènes qu'elle désigne ne contribue que trop souvent à faire prendre à la lettre) , un principe spirituel (caractère de ce qui est indépendant de la matière, de l'ordre de l'esprit; qui est d'ordre moral et n'appartient pas au monde physique : valeurs spirituelles d'une civilisation) . Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une constituent cette âme, ce principe spirituel : l'une est dans le passé, l'autre dans le présent . L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis ( se dit d'un bien sur lequel plusieurs personnes ont un droit et qui n'est pas matériellement divisé entre elles ) .
L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas . La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements . Le culte des ancêtres nous ont faits ce que nous sommes . Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire [ j'entends de la véritable ] ,voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale .
Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore : voilà les conditions essentielles pour être un peuple . On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts .
On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet . Le chant spartiate : " Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes ", est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie .
Dans le passé un héritage de gloire et de regrets à partager; dans l'avenir un même programme à réaliser; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques; voilà ce que l'on comprend malgré la diversité de la race ( de l'ethnie, de ses racines, de ses origines) et de la langue . Je disais tout à l'heure : " avoir souffert ensemble " ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie . En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes; car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun . Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et ceux qu'on est disposé à faire encore . Elle suppose un passé; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune . L'existence d'une nation est [ pardonnez-moi cette métaphore ] un plébiscite ( élire quelqu'un ou approuver quelque chose à une majorité écrasante ) de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie ..."

" Je me résume, Messieurs . L'homme n'est esclave ni de sa race (ni de ses racines, de ses origines sociales et géographiques, ni de son peuple d'origine ethnique, ni de sa culture de civilisation, de connaissance, ni de ses savoirs), ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des montagnes .Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation . Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication (le renoncement) de l'individu au profit de la communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister ."

Ernest Renan, écrivain français . De sa recherche d'une
certitude, et de son amitié intellectuelle avec Marcelin Berthelot,chimiste et homme politique français,qui fut ministre de l'instruction publique , allait sortir L'Avenir de la Science, 1848, publié en 1890 .

En ces temps actuels, où beaucoup de nos concitoyens ont des difficultés à se situer dans le monde complexe, plein d'impondérables et d'incertitudes , dans lequel nous sommes tous plongés, ce discours de RENAN tenu aux étudiants de la Sorbonne en 1882, devrait nous faire réfléchir à la nécessité de cultiver un esprit critique puissant qui puisse nous permettre de tenir notre place au sein de notre nation : notre douce France ! mais également et en même temps au cœur de cette "vieille Europe !", berceau d'une grande partie de la culture de notre planète .
Bien à vous, Gerboise .